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ESPACE ET CONFIGURATION SPATIALE

I.3 La morphologie urbaine :

Selon Allain Rémy, cité par Hassoun (2009), la morphologie urbaine est l’étude de la forme physique de la ville. Elle s’intéresse à la constitution de son tissu, aux rapports réciproques des éléments qui le constituent formant des combinaisons particulières et des figures urbaines particulières, à l’image des rues, places, parcs, etc. Elle analyse la réalité urbaine à plusieurs niveaux d’échelle et en intégrant une pluralité des points de vue, permettant ainsi, de dépasser les cloisonnements disciplinaires (Hassoun, 2009).

Alain Rémy précise que cette discipline se rattache dans ses aspects théoriques à la géographie urbaine, à l'histoire et à l'architecture, tandis que sous ses aspects pratiques, elle relève de l'urbanisme, de l'aménagement urbain et de la composition urbaine.

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(Noppen, 2008). Elle se base sur les études de la morphologie, introduite dans les sciences naturelles par Goethe à la fin du XIIIe siècle pour désigner « la connaissance spécifique de la constitution formelle et des métaphores des organismes vivants, des végétaux et des animaux. » (Malfroy, 1987).

I.3.1 Historique

Le terme morphologie urbaine est apparu chez les géographes allemands et britanniques entre les deux guerres mondiales, dont Leighley, J.B. (1928) et Fleure, H.J. (1931).

Cette école se régénère dans les années 60 et 70 comme critique du mouvement moderne. Elle se présente dans deux écoles différentes que sont, la typomorphologie italienne et la morphologie britannique. Elle s’enrichit également de l’apport de l’histoire de l’architecture, de l’architecture, des approches structuralistes et phénoménologiques ou sémiologiques. (Hassoun, 2009).

I.3.2 Éléments d’analyse

Cette approche comme par une description de l’environnement physique urbain en plusieurs étapes :

1. Discernement des constantes : Ceci concerne le site, les contraintes qu'il impose, le rôle des grands axes structurants, ainsi que les grandes fonctions urbaines et leurs traductions spatiales.

2. Identification des échelles : la morphologie urbaine opère sur les grandes échelles. La plus petite unité abordée est le quartier. Elle n'étudie généralement pas le cadre bâti ou le parcellaire (Noppen, 2008).

3. Classification des typologies de villes (le fait urbain),

4. Hiérarchiser les composantes urbaines (la structure urbaine),

5. Analyse de l’évolution urbaine, et histoire de la forme urbaine. (morphogenèse), 6. les grandes fonctions urbaines et leur traduction spatiale (le système urbain).

La morphologie urbaine aborde plusieurs échelles de l’environnement urbain. Elle traite de l’échelle de la macroforme, de l’agglomération et de l’aire urbaine, des rapports de contrôle entre leurs différentes entités, ainsi que celle du plan général de la ville, aussi bien que l’échelle des maillages de détail. Les analyses morphologiques se complètent

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également, par d'a0utres domaines comme celui de la typomorphologie, de l'analyse phénoménologique et perceptuelle, ainsi que la sémiogenèse3 (Noppen, 2008).

La recherche en morphologie urbaine concerne également la forme et la formation des maillages urbains et des tracés de rues, la formation des tracés parcellaires, l’occupation du sol et le rapport plein/vide (ou bâti /espace libre), la forme de l’espace public (types de places, types de rues ou de jardins, classification), de la ville verticale, ainsi que les différentes formes de l’étalement urbain (Hassoun, 2009).

La donnée spatiale est étudiée dans ce qui suit à travers l'œuvre de deux grands auteurs de cette approche que sont Pierre Lavedan et Michael Robert Gunther Conzen.

Lavedan caractérise la ville et fait ressortir une typologie de ses formes urbaines caractéristiques issues de son développement historique, villes spontanées, villes créées, éléments du site et croissance urbaine.

Il fait également ressortir ce qu'il appelle la structure de la ville et qui est constitué des éléments suivants :

3. Le plan :

Le plan gère les relations entre les différentes composantes morphologiques de la ville : Le rapport des surfaces libres et bâties, à travers les tracés, les formes et le sens des extensions urbaines, ainsi que les différents éléments qui génèrent le plans (fleuves, routes, montagnes, etc.), ainsi que les trames urbaines.

Les espaces libres : Il s’agit des éléments constitutifs de l’espace publics. Lavedan étudie la classification de ces différents espaces et leurs structures. On peut citer :

1. les rues, classification des rues et leur structure ;

2. les places : typologies de places, fonctions et structure de places ;

3. les jardins : typologies de jardins (rues jardins, places jardins, parcs, terrains de jeux.

4. les cours d'eau.

3 Etude de la ville comme représentation (Noppen, 2008).

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4. Les surfaces bâties : Celle-ci s’analyse par trois critères selon Lavedan que sont : 1. La géométrie : elle concerne son occupation du sol, son échelle et hauteur ; 2. l’agencement volumétrique : Homogénéité, hétérogénéité ;

3. les techniques de construction ; 4. en dernier lieu, les quartiers.

Il aborde également la vie urbaine, à travers l'équipement urbain et notamment la circulation.

Michael Robert Gunther Conzen est également une des principales références de la morphologie urbaine. Conzen critique les instruments de représentation cartographique classiques. Il stipule que le cadre bâti n’est pas assez bien mis en évidence. Il note également que dans ces instruments, la liaison qui intègre l’analyse du bâti et l’utilisation du sol « land use » est absente. Conzen met en œuvre un nouvel instrument de représentation de l’espace urbain qui sera très utilisé après ; notamment dans les analyses typomorphologiques qu’on verra dans ce chapitre. Il s’agit du « Town plan »,

« le plan urbain ». Celui-ci constitue « La composition topographique d’une agglomération urbaine dans toutes ses caractéristiques artificielles. » (Hassoun, 2009).

Le plan urbain contient trois composantes essentielles : 1. les rues et leurs organisations ;

2. les lots et leurs agrégations en pâtés de rues ; 3. Les édifices –ou plutôt leurs plans de masse.

Fig. n°09 (à gauche) :

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Fig. n° 11 : Plan urbain d'Alnwick (Allemagne) par Conzen. Source : Noppen (2008).

Selon Karam Hassoun, deux grandes tendances divisent le champ de la morphologie urbaine ;

o d’un côté, un courant fonctionnaliste qui la relie aux processus économiques et sociaux, et à l’interaction des différents acteurs dans l’urbain,

o de l’autre côté, une autre approche physique et vitaliste qui insiste sur l’autonomie des formes.

La première tendance permet d’expliquer les contraintes et évaluer la pertinence et l’efficacité des formes, du point de vue des activités et des flux. La deuxième fait ressortir des connaissances sur la forme et son évolution, mais elle fait ressortir également des outils efficaces d’intervention. Chaque tendance possède toutefois ses propres inconvénients. La première risque de négliger les formes et les maintient dans une sorte de décor de fond, alors que la deuxième risque de mener à des critères purement paysagers et formalistes aux dépend des contraintes sociales.

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I.3.3 Discussion : La donnée spatiale en morphologie urbaine

L'objet d'étude de la morphologie urbaine est principalement la forme physique de la ville. Son étude concerne l'échelle macro ainsi que l'échelle urbanistique de détail. Son approche spatiale cependant, n‘aborde pas l’échelle de l’architecture. On relève dans cette étude, une notion importante qui est celle du plan, celui qui gère la relation entre les différentes composantes formelles de la ville. Il donne forme, entre autres, à l'espace libre et ses composants (la rue, la place, le jardin), qui est ici, la donnée spatiale la mieux appréhendée.

La morphologie urbaine traite également de problématiques connexes à la forme, notamment les fonctions urbaines et principalement, les circulations. Celle-ci également intéresse cette recherche en ce qu'elle est liée à l'espace libre et constitue même un volet de sa définition.

La définition spatiale dans cette tendance reste tout de même cloisonnée dans une échelle déterminée. L'espace urbain est considéré, mais celui proprement architectural n'est pas abordé. Les développements de cette discipline dans la typomorphologie essaient de relier les deux espaces, tels qu'on le verra. Il est également à constater à travers les deux écoles de morphologie abordées (physique et sociale) que l'interaction entre l'homme et l'espace est abordée dans un seul sens. La première développe une connaissance approfondie de la forme et de son évolution au dépends d'une connaissance aussi du contexte social, tandis que la deuxième aborde essentiellement les interactions socio-économiques en tant que créatrices des formes urbaines.