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CONSTRUCTION DU MODÈLE D'ANALYSE

V. 1.2.2.2 La carte convexe :

V.2 L'enquête sur terrain :

V.2.1 L'observation en situation par prise de photos :

V.2.1.2 Les interactions sociales en face-à-face :

Les interactions sociales relevées sur terrain concernent tous les types d'interactions en face-à-face actives entre deux personnes ou plusieurs personnes en position statique.

Ces interactions concernent :

15. les discussions entre deux ou plusieurs personnes,

16. les regroupements volontaires de deux ou plusieurs personnes tels les rassemblements, sit-in, ou autres pour intérêt général (actions communes) ou individuel (consulter sa note affichée sur une surface verticale), ou simplement deux individus réunis volontairement sans se parler.

Ces interactions se produisent dans des positions diverses :

Debout en milieu de chemins de circulation, ou en retrait des grands flux, assises sur des bancs publics, sur des haies, des trottoirs ou simplement par terre. Les positions peuvent être également allongées.

Suivant l'enquête pilote, effectuée sur terrain, deux grandes familles d’interactions ont été observées :

 Des interactions qui semblent avoir un caractère public et qui semblent accepter de partager l'espace extérieur avec les autres. Elles se produisent dans l'espace public, fréquenté et accessible par tous les usagers. Ce sont les rencontres naturelles, quotidiennes et ordinaires.

 D'autres types d’interactions semblent faire partie du domaine du privé et de l'intime. Ce type de rencontre semble posséder des logiques spatiales qui s'éloignent du domaine du public et choisit des espaces écartés des flux d'usagers et isolés.

Pour pouvoir organiser les interactions en modèles, nous avons recouru aux travaux d'Edward. T. Hall (1961) sur la proxémique, ainsi qu’aux travaux de Barker sur les sites-environnementaux ou « behavioural settings ». (Barker, 1968), et ceux d'Altman (1977) sur l'intimité.

La distinction des types d’interactions se base sur la distance interpersonnelle entre les interactants, accompagnée d’informations tirées à partir des postures et de comportements spécifiques qui confirment les statuts de ces interactions.

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La distinction s'appuie également sur des paramètres environnementaux que sont principalement :

 la protection visuelle : elle implique le choix de l'espace de l'interaction, exposé ou protégé visuellement.

 densité d'occupation : le degré de fréquentation, le degré d'écartement ou d'implication par rapport aux flux de passants.

Le choix de l'espace est un des mécanismes de régulation du degré d'intimité selon Altman (1977).

La correspondance entre le caractère environnemental et comportemental semble spécifier également la présence de sites environnementaux spécifiques dans l'espace ouvert public du campus Elhadj Lakhdar.

A partir de là, la recherche a pu classer les interactions en deux familles :

V.2.1.2.1 Les interactions publiques :

Elles sont celles des relations quotidiennes dans l'espace public. Dans les termes de Hall, ces distances peuvent être personnelles, sociales ou publiques. Ces interactions acceptent de partager l'espace public avec la communauté ; elles semblent se produire en milieu des flux de passants -à partir desquelles elles se forment. Elles ne semblent pas rechercher de protections visuelles vis-à-vis des autres. On retrouve ici la qualification de Ostermann et Timpf (2007) citée précédemment, de ce type d'appropriation de l'espace en tant que « equal participation » ou participation égalitaire des interactants dans l’espace, ne favorisant aucune catégorie d'utilisateurs aux dépends des autres (Ostermann & Timpf, 2007).

V.2.1.2.2 Les interactions privées :

La deuxième famille d’interactions est celle des rapports à distances intimes dans les termes de Hall (1961). Ces dernières se reconnaissent par des distances très réduites entre les interactants accompagnées de comportements spécifiques. Il est cependant important de mentionner que la recherche a émis une réserve quant à la détermination d'une distance donnée. Ces distances sont très sensibles aux facteurs culturels qui échappent au cadre de cette recherche, d'où l'importance de recherches anthropologiques sur les distances interpersonnelles dans la société algérienne ou plus précisément par rapport à une société estudiantine à Batna. La distinction se limitera à des distances qui permettent une communication corporelle intense (rapprochement côte à côte,

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accolades, baisers, etc.), parfois même plus intense que la communication verbale. On note également des postures plus détendues des interactants par rapport à celles de la sphère publique et une volonté délibérée de se cacher, qui est manifestées par certains comportements. Les emplacements semblent être choisis en rapport avec leur faible densité en flux d'usagers. Les distances que les interactants laissent avec les autres usagers sont importantes. On note également une gêne manifestée quand un intrus -l'enquêteur en l'occurrence- s'approche ou prend son appareil photo. Ces types d’interactions recherchent également des emplacements éloignés des flux de passants et d'usagers ; les interactants choisissent d'ailleurs des endroits qui sont, parfois exigus en profitant des protections visuelles disponibles comme les décrochements des bâtiments, les haies végétales ou construites et parfois des espaces isolés d'échelle plus grande. Ce processus semble faire partie de ce qu’appellent Ostermann et Timpf (2007) comme

« process of domination » dans le sens où, seulement, certaines catégories d'usagers utilisent ces espaces (Ostermann & Timpf, 2007).

V.2.2 Le questionnaire :

L'enquête par observation direct permet de distinguer la dimension publique ou privée des interactions mais ne peut connaître celle locale-spatiale, de celle globale-transpatiale. Ceci a exigé l'élaboration d'un questionnaire qui cible les occupants de certains espaces choisis tout au long de l'espace ouvert du campus (places, esplanades, cours intérieures de départements, espaces devant cafètes, etc.).

Il est effectué afin de connaître jusqu'à quel point les interactions observées sur terrain s'établissent vis-à-vis de stratégies spatiales globales ou locales.

Le questionnaire est effectué à travers un formulaire de questions en trois pages et constitué de quatorze questions fermées, semi fermées et ouvertes et qui sont issues de l’analyse conceptuelle. (Voir annexe n°11).

Ces dernières concernent entre autres trois volets essentiels :

8. Des informations générales : catégorie d'usager, sexe, résident ou externe.

9. Des informations en rapport avec des propriétés configurationnelles, notamment la nature globale et locale de la fréquentation. Elles sont présentées ci-dessous :

a. la spécialité d'études : cette information permet de localiser la principale destination de l'individu et permet de savoir si cette dernière est dans le voisinage de l'espace dans lequel il est interrogé,

b. les raisons d'être venu à cet endroit : cette question permettrait de savoir s'il

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existe des raisons d'ordre configurationnel qui motivent la venue de l'individu interrogé, à l'exemple de la proximité d'un attracteurs, le degré de fréquentation et de passage, la facilité d'accès, les potentialités de rencontrer des amis, les possibilités de vues, etc.

c. les différentes destinations les plus fréquentées du campus,

d. les différents endroits extérieurs fréquentés dans l'espace du campus,

e. les accès à partir desquels, l'individu entre dans le campus. Cette question permet de connaître le parcours journalier de l'individu entre l'accès au campus et les différentes destinations auxquelles il a affaire,

f. le degré de passage à travers des raccourcis.

10. Des informations relatives à une évaluation de l'endroit fréquenté et de tout l'espace du campus :

a. une évaluation du degré de satisfaction par rapport à cet endroit,

b. La manière de parcourir les espaces du campus, afin de savoir jusqu'à quel point, l'individu profite des potentialités visuelles (profiter de la vue) et sociales (faire des rencontres) de l'espace et si celui-ci les offre vraiment.

c. le sentiment de sécurité dans l'espace du campus et les endroits ou les individus ne se sentent pas en sécurité.

d. Le degré et la durée de fréquentation de cet espace en terme de périodes, de jours de semaine, de moments de la journée, de la durée de séjour permettent d'informer si cet endroit est un endroit fréquemment, occasionnellement, ou rarement utilisé. Ceci permet de spécifier le statut de l'individu et éviter des coïncidences qui puissent fausser les résultats.

Ce questionnaire est censé offrir des informations essentielles sur la nature des fréquentations des différents espaces extérieurs si, elles sont hétérogènes et notamment interdisciplinaires ou si par contre elles ne concernent que des usagers de la même discipline. Ceci doit renvoyer aux interactions spatiales et transpatiales citées par Hillier

& Hanson (1984). Le questionnaire permet de questionner jusqu'à quel point, l'espace ouvert peut constituer une interface entre étudiants, enseignants et chercheurs de différentes disciplines, et par là s'il peut contribuer à enrichir l'activité universitaire, tels que le stipulent Greene & Penn (1997) ou Hillier & Pen (1991). Ceci n'est pas abordé dans ce travail mais le support spatial du campus peut être questionné pour son impact sur l'activité universitaire dans des travaux ultérieurs.

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Par ailleurs, notre questionnaire indique d'autres informations comme les bâtiments et les espaces les plus fréquentées ou des informations relatives à évaluation que donnent les usagers par rapport aux conditions de l'utilisation de l'espace ouvert. Il est important de connaître également, les motifs non-configurationnels qui orientent le choix des usagers, dont on peut citer climat ou la qualité de l'aménagement.

V.3 Conclusion :

Dans ce chapitre, il a été possible de ressortir les dimensions et les indicateurs mesurables sur terrain des deux principaux concepts mis en relation dans cette recherche.

La configuration spatiale est analysée du point de vue de la visibilité et de l'accessibilité, à travers plusieurs techniques de représentation relatives à ces deux dimensions. L'indicateur essentiel est celui de l'intégration. Il est accompagné d'un ensemble d'autres indicateurs configurationnels d'ordre local et global, du premier comme du deuxième degré. La recherche se fixe sur celui de l’intégration, la connectivité et de l'intelligibilité. Ces propriétés configurationnelles de l'espace ouvert du campus Elhadj Lakhdar de Batna sont discutées dans le chapitre suivant.

L'utilisation de l'espace est approchée à travers des enquêtes sur terrains qui relèveront les indicateurs du mouvement avec ses deux composantes mouvement-destination et mouvement-passage et les interactions sociales avec leurs composantes publiques et privées, ainsi que celles locales-spatiales et globales-transpatiales. Les enquêtes par observation directe et par questionnaire sont présentées et discutées dans le chapitre VII. Ceci permettra de confronter les résultats des analyses configurationnelles et celles de l'utilisation de l'espace et de ressortir jusqu’à quel point, les premières affectent-elles les secondes.

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