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4.3.1 Le caractère volontaire et les motifs de la fréquentation de l'urgence psychiatrique

Près de deux personnes sur trois (62,6%) fréquentent l'urgence sur une base involontaire (tableau 4.6). Une légère différence de proportion existe entre les femmes (69,2%) et les hommes (59,8%). Les personnes de l'extérieur de l'île de Montréal sont amenées plus souvent à l'urgence involontairement (74,1%) que celles de la région métropolitaine (58,5%). Si on observe cette variable en tenant compte de l'âge, on remarque que pour les personnes de moins de 40 ans, environ une sur deux (53,4%) est amenée à l'urgence de façon involontaire, alors que pour celles ayant plus

13 de 40 ans, cette situation existe dans le cas de trois personnes sur quatre (74,7%). Les personnes plus âgées risquent d'être depuis une plus longue période de temps dans l'itinérance. Elles seraient donc peut-être plus réfractaires aux interventions. D'autre part, les jeunes font plus clairement usage de drogues. La fréquentation de l'urgence peut ainsi représenter la possibilité d'obtenir des médicaments ou une ordonnance ou un répit entre deux “ voyages ”.

Tableau 4.6

Caractère volontaire de la fréquentation de l'urgence psychiatrique selon la provenance

Fréquentation de

l'urgence Montréal Extérieur de Montréal Total

N % N % N % Volontaire 54 41,5 15 25,9 71 37,4 Involontaire 76 58,5 43 74,1 119 62,6 Total 130 100,0 58 100,0 190 100,0 Valeurs manquantes : 10 Tableau 4.7

Motifs de fréquentation de l'urgence psychiatrique selon la provenance

M o t i f s Montréal Extérieur de Montréal Total

N % N % N % Demande d'évaluation 56 44,4 22 40,0 80 43,7 Plainte 12 9,5 5 9,1 17 9,3 Crise 26 20,6 18 32,7 44 24,0 Autres 32 25,5 10 18,2 42 23,0 Total 126 100,0 55 100,0 183 100,0 Valeurs manquantes : 17

Tel qu'illustré dans le tableau précédent (4.7), les raisons invoquées quant à la fréquentation de l'urgence psychiatrique, pour l'ensemble des personnes itinérantes, sont les suivantes : demande

d'évaluation (43,7%); crise (24,0%); autre type de raison (23,0%); et plainte (9,3%). Près du tiers des personnes de l'extérieur de l'île de Montréal (32,7%) fréquentent l'urgence psychiatrique à cause d'une crise, comparativement à 20,6% pour les celles de Montréal. Et une proportion deux fois plus élevée d'hommes (27,8%) que de femmes (14%) fréquente l'urgence en raison d'une crise. Afin de tenter d'expliquer la différence selon l'âge quant au caractère volontaire ou non de la fréquentation de l'urgence, nous avons examiné le motif de cette fréquentation. On remarque ainsi qu'un peu plus de personnes de 40 ans et plus sont amenées à l'urgence en raison d'une plainte (11,5%) ou d'une crise (28,2%) comparativement à celles ayant moins de 40 ans (8% et 21% respectivement).

4.3.2 La provenance de la personne itinérante

Différents référents sont identifiés dans les fiches de profil (tableau 4.8). Dans la moitié des cas (50,3%), les personnes ont été conduites à l'urgence psychiatrique par Urgences-Santé. La police intervient dans un cas sur cinq (21,1%), soit en effectuant le transport seule ou en aidant les techniciens-ambulanciers. Elle intervient seule un peu plus souvent auprès des femmes (20%) que des hommes (8,9%). Ainsi, dans 71,4% des cas, la personne est amenée à l'urgence par Urgences- Santé, la police ou les deux. C'est un pourcentage beaucoup plus élevé que ce qu'avait obtenu Migneault (1993), soit 50%. D'après nos consultations, l'explication suivante peut être avancée afin d'expliquer cette différence marquée entre nos résultats et ceux de Migneault. Au début de l'application du protocole, la connaissance de l'horaire de garde par Urgences-Santé et la police était déficiente. Depuis, une sensibilisation de plus en plus grande à cet égard de la part de ces deux intervenants est présente. De plus, il y aurait des demandes d'intervention plus nombreuses par les organismes communautaires. Un dernier facteur peut contribuer à cette augmentation du nombre d'interventions par Urgences-Santé et la police. C'est la sensibilisation plus poussée de la société ainsi qu'une intolérance plus marquée face à la présence de personnes itinérantes dérangeantes dans certains lieux publics, particulièrement au centre-ville.

Treize personnes (soit 7%) ont été transférées d'un autre centre hospitalier et onze (6%) sont conduites à l'hôpital par un intervenant d'une ressource communautaire. Une personne sur dix (11,4%) se présente d'elle-même à l'urgence. Les autres cas (4,2%) sont amenés par une autre personne. Au sujet des transferts d'un autre hôpital, ceux-ci sont généralement en lien avec le protocole de sectorisation. Encore ici, nos résultats diffèrent de ceux de l'étude précédemment citée (Migneault, 1993). Cet auteur mentionne que 31% des personnes itinérantes se sont présentées seules à l'urgence, 13% ont été transférées d'un autre établissement et 6% arrivent accompagnées

15 d'un ami ou d'un membre de la famille. Ce pourcentage élevé de personnes ambulatoires peut être indicatif du fait qu'elles connaissent l'urgence et s'y rendent donc en cas de besoin.

Tableau 4.8

Référents9

à l'urgence psychiatrique selon la provenance

Référents Montréal Extérieur de Montréal Total

N % N % N % Aucun (auto-référence) 17 13,7 4 6,9 21 11,4 Police 16 12,9 5 8,6 22 11,9 Urgences-Santé 55 44,4 37 63,8 93 50,3 Police et Urgences-Santé 13 10,5 3 5,2 17 9,2 Ressource communautaire 9 7,3 2 3,4 11 6,0 Centre hospitalier 10 8,1 3 5,2 13 7,0 Autres 4 3,1 4 6,9 8 4,2 Total 124 100,0 58 100,0 185 100,0 Valeurs manquantes : 15

Nous n'avons pas d'information au sujet du lieu physique d'où provient la personne. Quelques personnes travaillant dans les urgences ont écrit que les policiers font quelques transports dans les cas où une évaluation est demandée par la cour. La personne itinérante arrive alors de la cour ou d'un établissement de détention. Mais de façon générale, nous ignorons les cas où la personne a été ramassée dans la rue ou dans une ressource, par exemple.

Avant d'amener la personne à l'urgence, un contact préparatoire a été effectué dans un peu plus du tiers des cas (36,2%). Spécifions que lorsque le transport se fait par ambulance, les techniciens-ambulanciers n'avertissent le personnel de l'hôpital que s'il y a une urgence. Ce contact, lorsqu'il est fait, l'est principalement par le technicien-ambulancier (34,8%) ou par un membre du personnel de l'hôpital d'où provient le patient lorsqu'il s'agit d'un transfert (30,4%).

4.3.3 Les antécédents hospitaliers de la personne itinérante

Le personnel des urgences psychiatriques met beaucoup d'accent sur le temps passé à rechercher des renseignements au sujet des personnes itinérantes fréquentant les dites urgences. Nous avons donc voulu en savoir un peu plus à ce sujet.

Un peu plus de trois personnes sur quatre (77,5%) sont inconnues de l'établissement. Des 45 personnes connues du centre hospitalier, 40 sont de Montréal et 5 viennent d'ailleurs. Lorsque la personne a un dossier médical, c'est pour une raison de santé mentale ou de santé mentale et santé physique dans la plupart des cas (35 personnes sur un total de 43, soit 81,4%). Près de trois personnes sur quatre sont connues du service d'urgence (30 sur 45) et, pour la moitié des cas, la visite remonte à moins de six mois (22 sur 42). Spécifions ici que la personne peut être connue sous l'un ou l'autre de deux titres : soit comme patient de l'urgence, soit comme patient de l'hôpital. En tant que patient de l'urgence, on y retrouvera son dossier médical. Si le patient a été hospitalisé, on retrouvera un autre dossier médical, différent de celui de l'urgence, et la règle de suivi du six mois (du protocole de sectorisation) s'appliquera. Cette deuxième situation implique une prise en charge de la personne par l'hôpital.

Le personnel a vérifié si la personne est connue d'un autre établissement dans 73,7% des cas. Le fait que la personne itinérante ne soit pas connue dans l'établissement où elle se trouve influence peu la recherche de renseignements auprès d'un autre établissement. En effet, si la personne est connue, on fait des recherches ailleurs dans 63,6% des cas alors que si elle est inconnue, on mène une telle démarche dans 76,5% des cas. Comme on le mentionnait dans le paragraphe précédent, si la personne est surtout connue à l'urgence, on peut chercher à savoir si elle est suivie ailleurs, par un autre service de psychiatrie.

Dans les commentaires écrits sur les fiches de profil, on remarque que cette recherche de renseignements se fait entre autres en lien avec les règles régissant l'application de la sectorisation. Deux exemples significatifs suivent :

Patient transféré de M-R car trouvé errant dans la rue, ne connaît plus son adresse. Nous trouvons son adresse à travers son compte de banque et contact avec le gérant. Retransféré à M-R car finalement de leur secteur. Renseignement trouvé dans ses poches. (fiche 057)

9

Le référent est celui qui amène la personne itinérante à l'urgence. Ainsi, dans le cas où un intervenant demande l'aide de la police ou d'Urgences-Santé, nous savons seulement que c'est l'un de ces organismes qui a effectué le transport. Nous ignorons si la demande provient d'un autre intervenant.

17 Patiente [...] fut amenée d'urgence car elle circulait dehors en pleine nuit, vêtue inadéquatement. Comme nous avons découvert une adresse (copie du bail), elle fut transférée dans l'hôpital du secteur. (fiche 128)