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Les limites de l'étude se rapportent d'abord à la définition du terme “ personne itinérante ” et à son interprétation par le personnel des urgences psychiatriques. Les services d'urgence utilisent

la définition aux fins psychiatriques contenue dans le protocole de sectorisation et c'est pourquoi nous l'avons adopté pour les fiches de profil. Dans le reste du projet, nous avons utilisé la définition présentée au point 3.2 qui s'avère à la fois plus précise et plus restreinte. Ainsi, au début de chacune des entrevues avec les intervenants, cette définition de même que les autres caractéristiques de la population-cible de l'étude étaient rappelées. Il ne semble pas y avoir eu de difficulté d'interprétation quant aux sujets qui demeuraient déjà à Montréal. Des questions se sont surtout posées pour les sujets qui venaient de l'extérieur de Montréal. Des commentaires sont présentés à ce sujet dans l'analyse des données (chapitre 4).

Compte tenu du contexte de l'urgence, certaines variables ont été omises dans la fiche de profil telles que l'existence d'un réseau de soutien, des précisions relatives aux autres diagnostics tels que la toxicomanie et aux dispositions la concernant et les antécédents psychiatriques et d'itinérance de la personne. Ces renseignements nous auraient donné un éclairage additionnel intéressant sur les sujets, mais le peu de temps que les intervenants ont à leur disposition dans les services d'urgence a limité notre désir d'obtenir des renseignements beaucoup plus complets en ce qui a trait à la fiche de profil. De plus, d'après l'expérience de certains membres de l'Équipe Itinérance, il n'était pas certain que nous aurions pu avoir des réponses crédibles des personnes itinérantes les plus malades. La fiche de profil avait été utilisée dans un pré-test durant deux semaines de garde avec la collaboration de deux hôpitaux (une semaine chacun); cette limite n'avait pas été relevée.

Les guides d'entrevues n'ont pas été validés de façon formelle, cependant plusieurs personnes dont des chercheures du CRI et la psychiatre-consultante les avaient analysés.

CHAPITRE 4

LES UTILISATEURS DES SERVICES DES URGENCES PSYCHIATRIQUES

Rappelons tout d'abord que nous souhaitions connaître les caractéristiques des personnes qui utilisent les urgences et celles des services reçus, non pas le fonctionnement des urgences psychiatriques de garde. De plus, notre intention n'était pas d'analyser le protocole pour l'application de la sectorisation. Avant d'aborder la présentation des données recueillies au sujet des personnes itinérantes, il nous faut aussi situer quelques limites de cet aspect de la recherche. La première réfère au processus de filtrage en cours dans les hôpitaux. Les personnes pour lesquelles nous avons obtenu des renseignements sont celles vues à l'urgence psychiatrique de garde. Nous n'avons aucune information sur celles qui sont amenées à l'urgence générale et qui sont parties sans même avoir été vues par le personnel de l'urgence psychiatrique; soit parce qu'elles n'y ont pas été référées ou parce qu'elles ont quitté l'hôpital avant d'avoir été vues par un psychiatre. Nous ne pouvons donc avec certitude nous prononcer sur l'existence, ou non, du noyau dur dont nous avons parlé au chapitre 1. Mentionnons que d'après nos données, nous n'avons pas remarqué ce phénomène. Les personnes ne semblent pas être captives du circuit des urgences psychiatriques de garde. Toutefois, la période pour laquelle nous avons des données est courte, soit un an. Un autre aspect à souligner est le fait que nous ne connaissons pas les antécédents de la personne. Ainsi, nous ne savons pas depuis combien d'années elles sont d'une part dans le circuit psychiatrique et, d'autre part, itinérantes. Ajoutons finalement que nous ne pouvons vérifier l'exactitude des renseignements factuels sur la personne (soit son lieu de résidence et sa source de revenu, s'il y a lieu). Faute de pouvoir vérifier auprès d'une tierce personne les renseignements obtenus des personnes itinérantes, les intervenants de l'urgence psychiatrique doivent s'en remettre à ces dernières sans être certains de la véracité de ces renseignements.

Nous avons recueilli des renseignements sur les personnes itinérantes fréquentant les urgences psychiatriques durant les semaines de garde pour une période couvrant 52 semaines, soit de la semaine débutant le 8 mai 1995 à celle se terminant le 5 mai 1996. Chaque hôpital a eu l'occasion de traverser quatre tours de garde (sauf les hôpitaux Reddy Memorial et Reine Elizabeth qui, du à leur fermeture, n'ont traversé que deux cycles). Les données sont toutefois manquantes pour les hôpitaux suivants : Général de Montréal (trois fois); Hôtel-Dieu (1 fois); Jean-Talon (1

fois); Louis-H Lafontaine (1 fois); Sacré-Coeur (1 fois) et St-Luc (1 fois). L'information fut donc recueillie au cours de 44 semaines.

Les données sont généralement présentées dans leur ensemble, pour tenir compte de la définition que donne le protocole de sectorisation des personnes itinérantes. Lorsque des différences apparaissent selon la provenance (c'est-à-dire le lieu où vit la personne), nous les mentionnons puisque les personnes itinérantes vivant sur l'île de Montréal composent la population à laquelle nous nous intéressons dans l'ensemble du projet. Nous utilisons le terme “ vivre ” car il nous apparaissait paradoxal de parler de résidence ou de domicile pour une population itinérante. Pour la suite du texte, nous parlerons de l'un ou l'autre de trois groupes : l'ensemble des personnes, les personnes itinérantes de Montréal et celles d'ailleurs, au sens de la définition du protocole.

Les résultats décrits dans les pages suivantes ne concernent que les semaines de garde. Le personnel des urgences psychiatriques était également invité à compiler de l'information au sujet des personnes itinérantes qui se sont présentées à l'hôpital durant la semaine suivant leur semaine de garde. Pour fins de comparaison, mentionnons qu'au total seulement trente personnes ont été vues par dix hôpitaux, durant 44 semaines dites régulières.