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Les formateurs

6.4. Modes de récolte de données

Plusieurs modes de production de données existent : l’entretien dirigé ou semi-dirigé, le questionnaire ouvert ou fermé, l’observation directe ou indirecte ainsi que les données documentaires (Van Campenhoudt & Quivy, 2011). Voulant saisir une réalité sociale à travers les propos des personnes impliquées dans la problématique des soft skills, nous avons choisi deux méthodes différentes : l’entretien semi-directif et le questionnaire numérique fermé.

6.4.1. L’entretien semi-directif

La méthode relative aux entretiens nous a semblé pertinente pour produire nos données car elle permet de recueillir un maximum d’informations. Le mode semi-directif a été sélectionné en raison de l’avantage qu’il présente en termes de rentabilité. Son usage permet de cibler nos questionnements et par conséquent de gagner du temps. En orientant les enquêtes, les chercheurs récoltent directement des informations utiles à la compréhension de leur thématique de recherche.

Grâce à cet outil nous pouvons saisir de manière qualitative le « sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux événements auxquels ils sont confrontés : leurs systèmes de valeurs, leurs repères normatifs, leurs interprétations de situations conflictuelles ou non, leurs lectures de leurs propres expériences » (Quivy & Van Campenhoudt, 2011, p. 244).

Ces entretiens semi-directifs sont destinés à deux types de professionnels : les recruteurs et les formateurs. Les données collectées nous ont permis de comprendre plus finement et de manière plus objective, la thématique des soft skills. Le développement de nos connaissances a été rendu possible par l’obtention de discours libres et sincères de la part des candidats nous permettant de rentrer dans leur monde (Kaufmann, 1996).

Selon De Ketele et Roegiers (1996), l’entretien semi-directif est l’établissement d’un « discours par thèmes dont l’ordre peut être plus ou moins bien déterminé selon la réactivité de l’interviewé ». (De Ketele & Roegiers, 1996, p. 172). Ce type d’entretien nécessite « quelques points de repère (passages obligés) pour l’interviewer » et l’information dégagée doit être « de bonne qualité, orientée vers le but poursuivi » ainsi que « recueillie dans un laps de temps raisonnable » (Ibid.).

Lors de l’élaboration de la grille d’entretien, nous avons décidé de la partager en différentes thématiques à savoir : les valeurs et place des soft skills, la construction des soft skills, la relation entre les soft skills et le travail prescrit, le recrutement, le management au quotidien ou autres. Bien que la trame de l’entretien semi-directif nous ait permis de créer un fil conducteur, nous avons eu la possibilité de pousser l’entretien de manière plus approfondie. En effet, certaines questions ont dû être posées en fonction des propos des personnes rencontrées. L’idée est de laisser les acteurs s’exprimer à travers plusieurs sous-thématiques. Toutefois, pour approfondir ou mieux saisir l’interprétation de notre public, des questions supplémentaires et indispensables à la compréhension doivent être posées. Comme l’affirme Kauffman (1996) : « la meilleure question n’est pas donnée par la grille : elle est à trouver à partir de ce qui vient d’être dit par l’informateur » (Kauffman, 1996, p. 48).

En premier lieu, la trame d’entretien était destinée aux différents responsables des ressources humaines que nous souhaitions rencontrer. Ces entretiens nous ont permis de saisir, à travers les questions liées aux soft skills et au recrutement, les attentes professionnelles ciblées et communes des employeurs : les compétences humaines et sociales.

C’est par ce fonctionnement et cette logique que nous avons pu, en milieu de recherche, nous intéresser à un autre public : les professionnels de la formation. Nous avons alors décidé d’élargir notre compréhension sur la thématique en rencontrant des professionnels qui s’engagent pour la mise en œuvre des soft skills, à travers leurs formations. Cette recherche exploratoire a, elle aussi, été menée par le biais d’entretiens semi-directifs.

Initialement, nous avons estimé la durée générale des entretiens à une trentaine de minutes.

Toutefois, la totalité des entretiens a duré entre quarante-cinq minutes et deux heures. Ces derniers ont eu majoritairement lieu dans les locaux des organisations. Pour favoriser la récolte de données et pour garantir l’anonymat aux participants, les entretiens réalisés ont été enregistrés, retranscrits, anonymisés puis détruits par nos soins. Un formulaire de consentement et d’engagement a également été envoyé, rétrogradement, à tous les participants d’entretiens, afin qu’ils confirment l’accord de publication des retranscriptions.

L’ensemble du public recensé par ce mode, semble pointer le manque de compétences soft chez les étudiants. Pour vérifier les propos tenus par notre premier public, nous avons alors décidé de créer un nouvel outil permettant de recueillir les indications nécessaires pour rejoindre ou rejeter le constat des professionnels. Pour récolter ces données dans un temps limité, nous avons privilégié la méthode du questionnaire numérique.

6.4.2. Le questionnaire numérique fermé

Le questionnaire permet la collecte de données auprès d'un grand nombre d'individus et ce, dans un territoire étendu (Bressoux, 2001 ; Fortin, 2006). Selon Roussel (2005), le questionnaire est

« destiné à recueillir des données non directement observables, [il permet] d’interroger les personnes directement concernées par le domaine étudié » (Roussel, 2005, p. 246). Pour faciliter la récolte de données et utiliser les nouvelles ressources technologiques qui nous sont offertes, nous avons décidé d’employer une méthode numérique plutôt qu’un format papier.

Par ailleurs, le questionnaire produit est de type fermé étant donné que les participants doivent répondre en fonction des choix proposées préalablement. Les questions se diversifient en impliquant des réponses à choix unique ou multiple. Elles peuvent, pour se faire, utiliser l’échelle de Likert qui permet de désigner de manière plus précise leur degré d’accord ou de désaccord. Toutefois, pour des raisons de faisabilité, trois questions sont restées semi-fermées.

Pour alléger l’enquête, nous avons fait en sorte que le questionnaire puisse être complété en une dizaine de minutes. Les intéressés peuvent y participer de manière anonyme afin de favoriser la saisie de réponses fondées et sincères.

A travers cette démarche de récolte d’information, les étudiants valident, ou non, l’idée d’un réel besoin de formation en matière de soft skills. Le questionnaire numérique a été réfléchi dans la perspective de croiser les attentes professionnelles en termes de compétences avec les besoins de formation des étudiants en milieu tertiaire.

6.4.3. Atelier

Pour compléter notre récolte de données, une activité ludique élaborée par nos soins, a été présentée à l’ensemble des participants de notre recherche. Cette méthode peu conventionnelle permet de compléter les données issues de nos entretiens et celles du questionnaire. Par ce biais, on cherche principalement à mettre en évidence les soft skills indispensables à toutes voies professionnelles.

Cet atelier a été initialement présenté lors des entretiens. Il se compose d’une liste de quarante-quatre soft skills provenant de la littérature française et anglaise. Dans un premier temps, les participants sont invités à lire et prendre connaissance des compétences proposées. Ces dernières n’ont fait l’objet d’aucune définition au préalable. Par la suite, notre public est amené, de manière subjective, à sélectionner les dix compétences correspondant aux attentes de leurs

organisations. Ce n’est qu’en troisième lieu que les intervenants ont dû restreindre cette liste au nombre de trois soft skills.

Par la suite, nous avons décidé d’intégrer l’atelier dans le questionnaire numérique destiné aux étudiants. Les règles de sélection sont légèrement modifiées car notre public se confronte désormais à une liste de vingt soft skills. C’est par le recensement des résultats issus des entretiens avec les recruteurs et les formateurs que nous avons pu proposer les vingt compétences soft les plus récurrentes. Les étudiants doivent uniquement sélectionner trois soft skills parmi celles proposées.

6.5. Méthode de traitement des données

6.5.1 Analyse des données

Les données langagières n’ont aucun sens si elles sont dépourvues d’une analyse associée, permettant de mettre en exergue les différents constats issus des propos récoltés. Comme l’affirme Mucchielli (1984) : « analyser le contenu c’est, par des méthodes sûres, rechercher les informations qui s’y trouvent, dégager le sens ou les sens de ce qui y est présenté, formuler et classer tout ce que contient ce document ou cette communication » (Mucchielli, 1984, cité par Mucchielli, 1991, p. 17). Cette analyse est une méthode efficace permettant de démontrer l’ampleur de l’objet de recherche dans les représentations sociales. C’est par le biais des propos des participants à l’enquête que nous avons pu catégoriser et comprendre les réalités actuelles.

Moscovici (1979) affirme que : « les opinions, les attitudes ou les stéréotypes, qui sont des composants des représentations sociales [...] sont des éléments qui ont été pleinement étudiés par des techniques d’analyse de contenu » (Moscovici, 1976, cité par Negura, 2006, p.12).

Selon Mucchielli (1984), nous pouvons distinguer trois méthodes différentes d’analyse : « les méthodes logico-sémantiques », « les méthodes logico-esthétiques et formelles » et les « méthodes d’analyse sémantiques et structurales » (Mucchielli, 1991, p. 17). Notre intérêt s’est porté sur l’analyse logico-sémantique, car comparée aux autres, celle-ci s’en tient qu’« au contenu manifeste en analysant les tendances retrouvées dans plusieurs types de textes différents, grâce à la codification et la classification des unités de sens » (Gauthier &

Bourgeois, 2016).

Pour classifier les données langagières, nous avons procédé par l’analyse thématique. Wanlin (2007) définit cette dernière comme étant une « décontextualisation impliquant que des parties d’entrevues ou des épisodes d’observation soient physiquement détachées de leur tout originel et regroupés par thèmes » (Tesch, 1990 ; Savoie-Zajc, 2000, cité par Wanlin, 2007, p.251).

Grâce à l’analyse thématique, nous avons pu dégager et grouper les verbatims essentiels de façon à créer des catégories. Cette étape indispensable à notre travail de recherche fut temporellement coûteuse car nous avons dû, tout au long de l’analyse de contenu, faire des choix cohérents quant à l’organisation des thématiques, la nomination des catégories ou encore la sélection des verbatims.