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4. Cadre théorique

4.3. L’ingénierie des compétences

4.4.4. La professionnalisation des étudiants

Les collaborateurs des entreprises ne sont pas les seuls à devoir se professionnaliser. Les

attentes organisationnelles demandant des candidats à l'embauche de plus en plus compétents, les étudiants doivent se professionnaliser pour être sélectionnés. Selon Combes (2011), « quand on parle aujourd’hui de professionnalisation, on pense à faire entrer les formations universitaires dans des domaines où elles n’avaient pas accès jusque-là, celui des entreprises ou des associations » (Combes, 2011, p.25).

4.4.4.1. La formation initiale : outil d’insertion professionnelle

La notion d’insertion professionnelle est apparue au début du 21ème siècle. Relativement récente, elle peut également être désignée sous les appellations suivantes : « mise au travail des jeunes », « transition vers le marché du travail », « accès à l’emploi » (Dubar, 2001, p.23).

Dans son ouvrage, Dubar (2001) expose trois sens qu’il pense adéquats à la définition de l’insertion professionnelle. Premièrement, l’insertion professionnelle serait le résultat de changements sociaux historiques :

« Le fait de devoir s’insérer en essayant de trouver du travail, à la sortie de l’école ou de l’université est tout sauf un donné naturel qui aurait toujours existé [...] le mot même d’insertion est utilisé dans ce sens depuis peu de temps » (Ibid.).

Dans un deuxième temps, l’insertion professionnelle est vu comme un « effet sociétal » qui serait « le résultat d’une articulation spécifique, caractéristique d’une société particulière, entre trois rapports sociaux de base qui contribuent à « construire » des types d’acteurs déterminés : le rapport éducatif, le rapport organisationnel et le rapport industriel » (Ibid.).

La troisième définition veut que l’insertion professionnelle individuelle se façonne à travers le collectif, la définissant comme une construction identitaire sociale. Pour Dubar (2001):

« La diversité des stratégies de recherche d’emploi renvoie à l’hétérogénéité sociale des rapports au travail, à la formation et au cycle de vie, ce que j’ai appelé des formes identitaires dans le champ professionnel [...] on peut repérer des logiques socialement construites à travers l’expérience familiale, scolaire et relationnelle » (Ibid., p.32).

Si les étudiants sont en proie à la professionnalisation, c’est pour favoriser leur accès à l’employabilité. Selon Guitton (2000), la professionnalisation c’est « permettre à des jeunes, quel que soit leur niveau de formation ou de diplôme, de compléter cette formation par une expérience professionnelle longue, gage d’amélioration de leurs chances futures d’accès à l’emploi » (Guitton, 2000, p.21). La professionnalisation est alors vue aujourd’hui comme l’élément qui va progressivement permettre l’insertion professionnelle des étudiants.

Notons que la professionnalisation n’intervient pas seulement dans les formations formelles continues ou initiales. Les contenus informels peuvent tout autant former l’individu et le professionnaliser. En dehors des outils de professionnalisation formels, il faut alors pouvoir

entrevoir les autres ressources, moins visibles, qui rendent possible une amélioration professionnelle.

Soulignons alors que, selon Beduwé et Mora (2017), la professionnalisation ne peut pas se manifester par la simple obtention d’un diplôme de fins d’études. Les enseignements formels issus des institutions ne sont donc pas les seuls éléments pouvant constituer la professionnalité de l’étudiant. Toute expérience, professionnelle, académique, personnelle ; mais également tout stimulus d’apprentissage (stages, emplois en cours d’études, faire partie d’association, séjours linguistiques, etc.) renforce leur professionnalisation, et par conséquent, leur insertion professionnelle.

Que retenir ?

➢ La professionnalisation est une visée politique commune des formations et des organisations.

➢ Les trois définitions de Wittorski (2011) sur la professionnalisation sont toujours d’actualité. La première attribution désignant la professionnalisation comme l’exercice d’une profession, a été pleinement intégrée. De ce fait, les experts se focalisent dorénavant sur les attributions de sens faisant des liens entre professionnalisation- efficacité du travail et professionnalisation-formation.

➢ La notion de professionnalisation est présentée à travers deux angles de vue différents, à savoir :

- La professionnalisation des collaborateurs, voire aussi, implicitement, les besoins de formation des entreprises

- La professionnalisation des étudiants, représentant, quant à elle, les objectifs académiques devant être atteints en fin de formation initiale

➢ La quête de professionnalisation traduit un besoin des entreprises à se différencier et à former davantage leurs collaborateurs.

➢ Les formations doivent suffisamment s’outiller pour garantir à leur public une quelconque forme de professionnalisation. Ce but intrinsèque, s’il est atteint, rendra possible l’insertion professionnelle des étudiants.

➢ Le développement professionnel est passé d’un regard exclusif sur les compétences et les savoirs, à un regard plus général et dirigé vers l’humain.

Après avoir élaboré le cadre théorique de notre mémoire, nous avons constaté que la plupart des termes ou des notions utilisées ne proviennent pas directement du monde de la formation.

Ce dernier emprunte et adapte certaines notions économiques et/ou managériales pour évoluer dans un monde en constante mutation : soft skills, ingénierie de compétence, professionnalisation, par exemple. Cros et Raisky (2010) soulignent par ailleurs que lorsqu’une : « notion pénètre le monde de la formation, son sens se trouve quelque peu transformé par un processus implicite de suggestions venues de l’origine du mot, des attentes du milieu éducatif, de ses usages antérieurs et des tendances sociopolitique du moment » (Cros & Raisky, 2010, p.105).

Nous tenons alors à souligner que les notions présentées dans le cadre théorique sont le fruit d’un choix dirigé en formation et non d’un simple recensement. Suite à la présentation de la littérature mobilisée, nous pouvons passer d’une question d’acteur à une question de recherche à visée exploratoire afin de mieux appréhender la réalité du terrain.