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Les formateurs

CATÉGORISATIONS ISSUES DU QUESTIONNAIRE

7. Présentation des résultats

7.1.5. Formations tertiaires

7.1.5.1. Compétences lacunaires

Les organisations affirment qu’il y a une déconnexion entre les compétences acquises par les diplômés qui se présentent à l’entretien d’embauche et celles du candidat attendu par les chasseurs de tête. La majorité des recruteurs décrivent les jeunes diplômés issus des formations tertiaires comme manquant de compétences transversales non techniques, soit d’aptitudes humaines et sociales indispensables au sein des entreprises. Tous affirment que les compétences techniques sont importantes mais qu’elles ne garantissent plus, à elles seules, l’obtention d’un emploi. Dès lors, avoir de bons diplômes n’est plus une garantie d’employabilité.

Par conséquent, tous les participants rencontrés regrettent que les formations tertiaires soient essentiellement focalisées sur les hard skills, leur reprochant ainsi de négliger ainsi les compétences « douces » de plus en plus valorisées en entretien. Tous les recruteurs privilégient des candidats autonomes, polyvalents ou encore flexibles, et affirment que les étudiants doivent développer ce type de compétences afin de s’insérer au mieux dans la réalité des entreprises du XXIème siècle.

Les extraits ci-dessous montrent explicitement que le parcours de l’étudiant, bien que performant, ne suffit plus, s’il ne possède pas certains soft skills à faire valoir professionnellement :

« Alors, donc… dans la tranche d’âge, on va dire… 35 ans et plus, le parcours académique ou de formation qui a été suivi par ces personnes-là comporte extrêmement

peu... Je ne peux pas juger de ce qui se fait maintenant. Je ne pense pas que ça ait changé beaucoup. Les programmes scolaires et académiques sont essentiellement focalisés sur les compétences techniques » (E15, l.159-162, p.140).

« Avant, il y avait un classement, les meilleurs de la classe avaient le choix. Mais on se rend compte que ceux qui ont de bonnes notes ne sont pas forcément les meilleurs sur le terrain donc ils ont arrêté de faire cela. Meilleures sont vos évaluations sur les soft skills, mieux vous aurez la chance de choisir » (E3, l.308-311, p.28-29).

« Après, un étudiant qui sort de médecine et qui fait que des 6 à tous ses examens, qui n’écoute pas et qui pense qu’il n’a rien à apprendre et qui sait tout, ça ne fera pas de lui un bon médecin. Un bon médecin c’est celui qui aura cette écoute, cette empathie, cette capacité d’inter-réagir avec ses patients, collègues, à pouvoir prendre de la distance quand c’est nécessaire, pouvoir se protéger des émotions qui sont parfois très grandes.

C’est vrai que la panoplie de soft skills est aussi vaste que les connaissances qu’un médecin doit avoir à la fin de ses études » (E4, l.68-74, p.32-33).

« On a beaucoup de médecins bien pointus dans leur domaine de spécialité médicale ce n’est pas pour autant qu’ils ont eu des formations et qu’ils maîtrisent toutes les compétences, les soft skills. Un bon manager, un leader doit avoir ces compétences-là pour diriger les troupes et avoir des gens motivés. C’est un réel souci c’est à dire que les gens sont plutôt nommés par leurs connaissances médicales mais ça ne fait pas d’eux des bons managers » (E4, l.164-169, p.35).

En constatant un manque de soft skills dans les formations tertiaires, et en montrant que la maîtrise des hard skills n’est plus suffisante, les organisations mettent en avant l’écart existant entre les compétences hard enseignées en formations tertiaires et les compétences soft recherchées en organisation.

7.1.5.2. Déconnexion avec les organisations

De manière générale, les entretiens ont témoigné d’une inadéquation entre les compétences enseignées et les compétences recherchées dans le milieu professionnel. Les entreprises étant confrontées directement à la révolution 4.0 voient leur organisation modifiée. Elles sont amenées à se renouveler de jour en jour, à changer, petit à petit, leur structure hiérarchique, à modéliser de nouvelles fonctions et à créer des métiers plus actuels. Selon les organisations, les institutions scolaires restent majoritairement classiques et semblent imperméables à tout changement. Pour les recruteurs et formateurs, les soft skills sont des atouts essentiels permettant aux étudiants d’optimiser leur accès au marché de l’emploi :

« Dans les compétences métier, déjà, on a de la difficulté à ce que les systèmes d’enseignement et les écoles suivent la vitesse à laquelle va l’entreprise. Ce n’est pas une critique, c’est une réalité. Ça va tellement vite aujourd’hui les robots, les machines,

la complexité, la technologie a dépassé les organisations, donc aujourd’hui l’école doit se renouveler en permanence. Elle devrait quand même avoir une grande ligne et la ligne, ils devraient la revoir plutôt sur les soft skills à mon avis que sur les hard skills.

Parce que les métiers de demain ce ne sera plus ce qu’on enseigne aujourd’hui » (E1, l.385-392, p.14).

Pour correspondre au marché du travail et permettre aux étudiants d’être plus employables, les professionnels rencontrés conseillent aux formations tertiaires de suivre la tendance soft skills:

« Je voyais qu’il y avait une grande faille, on enseignait des processus, on montrait des processus de gestion, des outils de gestion mais il manquait ces compétences interactives, ces compétences humaines et souvent dans les projets, dans l’évolution d’une entreprise, où est-ce que ça coince… c’est là » (E16, l.72-75, p.144-145).

« C’est une grosse, grosse, grosse lacune, de mon point de vue, de l’enseignement tel que… moi, je le vois c’est-à-dire qu’il y a toujours un effet de retard entre le moment où vous sortez de l’université et le moment où vous êtes vraiment dans la vie active » (E15, l.148-150, p.140).

Ainsi, pour permettre une cohésion entre l’individu et son environnement de travail, des compétences humaines et sociales sont attendues de la part des étudiants. Face aux compétences soft, les recruteurs et formateurs évaluent l’ensemble des systèmes scolaires comme étant insuffisants :

« Le problème avec les soft skills et les hard skills c’est qu’on passe 1/3 de notre formation à parler des soft skills. Et 1/3 je suis gentil et même à l’université, les examens, c’est souvent des hard skills. Et les soft skills, ceux qui en ont et qui sont en plus dotés d’une certaine intelligence c’est peut-être ceux qui, justement, entreront dans le monde professionnel avec facilité. Et ce n’est pas le cas de tout le monde. Donc pourquoi ne pas aider les gens, les étudiants, les enfants à travailler les soft skills en complément des hard skills ? Et je pense que si l’enseignement était tourné dans ce sens-là, on créerait le contenant et après on y mettrait le contenu » (E5, l.145-152, p.43-44).

« Je pense que c’est extrêmement important et on ne le fait pas assez pendant les études.

On fait des groupes de travail, on fait des choses comme ça mais c’est tout imposé et il n’y a pas de cadres, comme dans les entreprises où il y aurait un manager qui est défini et on répartit les rôles, etc. et on apprend » (E13, l.135-139, p.121).

Après avoir présenté les résultats des entretiens, nous allons nous intéresser à ceux du questionnaire élaboré à l’attention des étudiants issus des formations tertiaires.