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2.1. Introduction

Le mode (modus, ‘manière’), la catégorie grammaticale étroitement liée à la catégorie de la

modalité, représente l’un des ingrédients participant dans la description d’une forme verbale.

Aussi, le potentiel étant un mode verbal en serbe, le sujet de la catégorie du mode s’impose tout

naturellement à être traité dans ce travail.

Un mode verbal exprime la manière d’envisager une action marquée par le verbe. Par exemple, traditionnellement en français, l’indicatif désigne une action située dans le temps réel, alors que le subjonctif la pose dans le temps virtuel. En serbe, on peut rencontrer les définitions suivantes

du mode : « l’attitude du locuteur à l’égard de la véracité de l’énoncé sur les faits de la réalité »

(Simeon 1969), « l’attitude personnelle du locuteur à l’égard des procès indiqués par le verbe

non encore réalisés » (Stevanović 1969). Bref, ils représentent les porteurs fondamentaux des

valeurs modales (la fonction exercée également par les temps verbaux).

Notre objectif ici n’est pas d’aborder ce sujet de manière exhaustive. Nous nous focalisons sur la présentation de la (non) correspondance entre les modes verbaux, et les temps des verbes, en français et en serbe avec des tableaux synthétiques impliquant directement les similitudes et les différences dans les deux langues concernant le sujet en question. Un accent sera mis sur la

relation potentiel-subjonctif, étant donné que nous avons remarqué dans notre corpus que les

deux formes verbales peuvent figurer comme équivalents. 2.2. Le mode en serbe

Dans le système verbal de la langue serbe, on ne distingue que deux modes verbaux : l’impératif

et le potentiel (Piper et al. 2005 : 444). Leur fonction primordiale est l’expression des

significations modales. Cependant, ils peuvent désigner la valeur temporelle dans le co(n)texte

approprié, i.e. exercer leur fonction secondaire. Il faut mentionner que le potentiel avait autrefois

contemporaine. Le sujet des valeurs modales et de toutes les formes du potentiel, sera abordé plus en détails au chapitre 3.

Présentons les modes verbaux en serbe dans le tableau ci-dessous qui permet de présenter leur morphologie verbale et leurs équivalents français :

modes exemple et formation du mode traduction

Forme simple

Impératif pevaj! peva- radical du present chante ! + terminaisons :

-j / -i (2ème personne du singulier)

-jmo / -imo (1ère personne du pluriel)

-jte / -ite (2ème personne du pluriel)

Forme compose

Potentiel bih pevao

fus chanté

aux. êtreà l’aoriste chanterais

V. au participe passé

Potentiel composé bih bio pevao

fus été chanté

aux. être au potentiel aurais chanté

V. au participe passé

Il est à noter que nous n’avons pas trouvé dans les grammaires serbes la mention d’un mode

indicatif. Stevanović (1969) le traite d’une catégorie particulière à l’intérieur du système des

temps verbaux. Rappelons que dans les grammaires serbes la signification des temps verbaux, comme la définition de la modalité, sont fondées sur le principe d’A. Belić, celui de la

catégorisation syntaxique des temps verbaux. Le principe adopté par A. Belić fait une distinction

entre les catégories de l’usage indicatif (lorsque l’action est déterminée dans le temps par rapport

au moment de la parole), de l’usage relatif (le rapport temporel de l’action ainsi marquée est

déterminé par rapport à n’importe quel autre moment) et de l’usage modal.

Toutes les grammaires serbes font mention des formes verbales considérées comme impersonnelles : l’infinitif, les adverbes1 verbaux présent et passé, les participes passé et passif, qui ont le statut de mode verbal en français. Nous les présentons ainsi que leurs équivalents français dans le tableau suivant :

Formes verbales impersonnelles

exemple traduction

Infinitif pevati chanter

Adverbe verbal present pevajući (en) chantant

passé (ot)pevavši ayant chanté

Participe passé pevao chanté

passif (is)pevan a été chanté

Soulignons que le traitement du potentiel comme un mode verbal est incontestable. Il revêt aussi

bien des valeurs modales que temporelles. S’agissant de l’expression modale, il offre un éventail

de significations modales que l’on attache généralement à l’idée de possibilité dans le sens le

plus large du terme. Selon Piper et al. (2005 : 457), à côté de la signification de possibilité au

sens restreint, le potentiel peut exprimer aussi les significations suivantes : - le souhait

1 Nous avons indiqué les termes utilisés dans les grammaires serbes. Il s’agit en fait des formes suivantes : participe

- la disposition à accomplir une action - l’intention

- la conviction qui préside à l’accomplissement d’une action - la condition dont dépend l’accomplissement d’une autre action Klajn (2005:114) ajoute aussi l’effet de sens d’atténuation.

Le potentiel trouve son équivalent (partiel) en conditionnel français, dont il sera question plus loin. Plus précisément, le conditionnel français peut exprimer toutes les valeurs modales du

potentiel serbe mentionnées supra, sauf dans le cas de l’intention. En fait, ce sont le subjonctif

(1’) ou l’infinitif (2’) qui sont équivalents du potentiel d’intention :

(1) On mnogo radi da bi njegova porodica dobro živela.

(1’) Il travaille beaucoup pour que sa famille vive bien.

(2) On mnogo radi da bi uspeo.

(2’) Il travaille beaucoup pour réussir.

S’agissant des usages temporels, le potentiel est utilisé, comme cela a été expliqué dans la littérature (Piper et al. 2005 : 432), pour exprimer le caractère habituel d’un procès, i.e. pour marquer la répétition régulière d’une action dans le passé :

(3) Često bi utrčao u moju sobu i seo mi na krilo.

(3’) Il courait souvent dans ma chambre et s’asseyait sur mes genoux.

Afin de produire des effets stylistiques spécifiques, tels que la répétition (et des autres dont il

sera question infra), le potentiel, notamment dans la narration, situe une action réelle sur l’axe

temporel. Ce fait peut le rapprocher de l’indicatif. Par contre, le subjonctif ne peut pas attribuer

une référence temporelle.

En prenant en compte tous ces faits, nous avons conclu que certains usages du potentiel peuvent

être manifestés aussi par le mode verbal français –le subjonctif, et nous avons décidé d’aborder

l’analyse de ces modes verbaux, dont nous discuterons infra. 2.3. Le mode en français

Traditionnellement, on distingue six modes verbaux dans la langue française : l’indicatif, le

conditionnel, le subjonctif, l’impératif, l’infinitif et le participe (auquel se joint le gérondif). Les modes verbaux se divisent en deux catégories : personnelle et impersonnelle.

Dans la première sont classés l’indicatif, le conditionnel, le subjonctif et l’impératif, ou des formes qui admettent la distinction des personnes grammaticales, alors qu’à la deuxième appartiennent l’infinitif et le participe, qui ne possèdent pas de marque pour les personnes grammaticales.

Ajoutons ici une remarque concernant le statut du conditionnel. Il faut préciser que nous traiterons dans ce travail le conditionnel comme un temps verbal de l’indicatif. Ce sont déjà

Damourette et Pichon2 (1911-1936) qui le soulignent, mais aussi, cette approche est devenue

2 « Quand il a été défini par son caractère toncal et son caractère futur, le sauriez est pleinement défini, et se révèle

constante dans la linguistique française à partir des années 2000. Cependant, ce n’est pas toujours le cas dans la linguistique en serbe.

L’analyse détaillée du statut du conditionnel et de tous ses emplois sera effectuée dans les chapitres 3 et 4. Nous nous concentrerons ici sur le mode verbal du subjonctif du fait qu’il peut correspondre au mode verbal serbe, à savoir le potentiel.

Comme nous avons déjà mentionné, le subjonctif, étant un mode verbal personnel, admet la distinction des personnes grammaticales, mais ne porte pas en soi l’indication de temps. Il ne peut pas situer le procès dans une des époques du temps ; il le marque seulement comme antérieur, simultané ou postérieur par rapport à un autre procès. Pour cela, il dispose des formes de deux temps simples (le présent du subjonctif, l’imparfait du subjonctif) et de deux temps composés (le subjonctif passé, le plus-que-parfait du subjonctif) :

a) le présent : qu’il chante

b) le passé : qu’il ait chanté

c) l’imparfait : qu’il chantât

d) le plus-que-parfait : qu’il eût chanté

Néanmoins, il faut mentionner que les formes de l’imparfait et du plus-que-parfait du subjonctif,

très utilisées dans la langue classique, disparaissent de l’usage contemporain. On ne les rencontre

aujourd’hui que dans la langue littéraire et essentiellement à la troisième personne du singulier. Ils ont été remplacés par le présent et le passé du subjonctif (qui se sont chargés de leurs valeurs « temporelles ») et par le conditionnel (qui exprime leurs valeurs modales).

Généralement, les grammaires françaises définissent le subjonctif par opposition à l’indicatif : il

est considéré comme le mode de l’irréalité et l’indicatif comme le mode de la réalité. Citons Grevisse (1964 : 667) :

Le subjonctif exprime, dans sa valeur fondamentale, un procès simplement envisagé dans la pensée, (qui

lui donne la teinte d’une interprétation ou d’une appréciation –à l’inverse de l’indicatif, qui actualise le

procès en le situant dans l’une des trois époques de la durée), un fait que l’on considère comme non

existant ou non encore existant, ce fait n’étant pas placé par le sujet parlant sur le plan de la réalité.

Même si cette définition du subjonctif (et de l’indicatif) est justifiée dans certains de leurs

emplois, nous devons mentionner qu’il existe de nombreux cas où le subjonctif exprime un fait réel :

Elle est triste qu’il ne soit pas venu.

et l’indicatif un fait irréel :

Si j’étais un oiseau, je ne vivrais jamais dans une cage ; mais je ne le suis pas.

Néanmoins, le traitement du subjonctif par M. Grevisse est pertinent pour notre travail, parce qu’il se rapproche de notre hypothèse de l’inactualité prise pour le sémantisme de base du potentiel réunissant tous ses emplois, que nous allons développer au chapitre 3.

Nous posons que le potentiel désigne des actions inactuelles, i.e. qui ne sont pas réalisées, mais simplement envisagées dans notre pensée. Le traitement des deux modes verbaux pourrait expliquer l’équivalence qui existe entre les formes en question dans certains co(n)textes.

2.4. Quelques relations entre le potentiel et le subjonctif

Notre objectif est de démontrer et d’expliquer les co(n)textes entraînant la (non) équivalence du potentiel et du subjonctif. Pour cette raison, nous avons décidé d’examiner la possibilité de traduire le subjonctif par le potentiel dans les propositions où le subjonctif apparaît.

Nous allons nous appuyer sur la classification des emplois du subjonctif proposée par Riegel et

al. (1994) et sur le travail de Dodig (2015a), qui aborde le sujet en question et explique pourquoi

dans certains cas l’équivalent sémantique du subjonctif est le potentiel, et dans d’autres cas le présent.

En traitant les différentes valeurs modales du subjonctif, nous devons distinguer ses emplois dans les propositions indépendantes et principales et ses emplois dans les propositions subordonnées. La première remarque que nous aimerions faire, c’est que le potentiel peut figurer aussi bien dans les propositions indépendantes et principales, que dans les subordonnées.

2.4.1. Le subjonctif et le potentiel dans la proposition indépendante ou principale

Généralement, le subjonctif figure dans les propositions indépendantes de type injonctif où il est remplaçable par l’impératif (à la 3ième personne du singulier et du pluriel). Les significations modales que le subjonctif peut produire dans les propositions indépendantes et principales sont :

l’ordre, le souhait, la supposition, etc. Afin d’exprimer ces significations modales, le potentiel

s’appuie sur les différents outils linguistiques, i.e. ces significations modales doivent être

inférées, ce que nous allons expliquer infra.

Consultons les exemples suivants :

(4) Qu’il cesse de vivre parmi les infidèles et qu’il rentre au sein de sa famille ! (Rapport de l’Association

de la propagation de la foi)

(4’) Nek prestane da živi među nevernicima i nek se vrati svojoj porodici! (www.korpus.matf.bg.ac.rs)

que cesse (prés.) que se rentre (prés.)

Ici, le subjonctif exprime l’effet du sens de l’ordre, et son équivalent serbe le plus proche est le

présent, qui remplace l’impératif à la 3ième personne du singulier où ce dernier n’existe pas en

serbe.

Nous plaidons pour la possibilité d’employer également le potentiel comme équivalent du subjonctif :

(4’’) Nemoj da se ne bi vratio porodici!

Non que se non fus rentré à famille

Qu’il se garde de manquer de rentrer au sein de sa famille !

En fait, il s’agit d’un emploi spécifique du potentiel, que nous avons découvert (cf. le chapitre 3

au point 4.3.5.1), qui sert à exprimer un ordre ou un avertissement. Cependant, afin d’exprimer le

Dans l’exemple suivant, le subjonctif, figurant aussi dans la proposition injonctive, produit l’effet de sens du souhait :

(5) –Qu’il soit heureux, ô mon Dieu ! disait-elle ; et ses vœux s’arrêtaient à cette prière. (K. Carpenter,

Eugénie et Mathilde)

(5’) Ah bože, nek je srećan! govorila je, i njene želje su se zaustavljale na toj molitvi. (www.korpus.matf.bg.ac.rs)

que est

On peut remarquer que le présent lui correspond en serbe, se trouvant également dans une injonctive, comme dans le cas de (4). La différence entre les exemples (4) et (5) est uniquement dans la production des effets de sens modaux, inférés moyennant le co(n)texte dans les deux langues.

Mentionnons aussi les cas intéressants où le subjonctif, désignant le souhait, apparaît sans sa

marque reconnue, à savoir la conjonction que3. Il s’agit des cas soit des verbes comme pouvoir,

vivre et être (6), placés en tête de la phrase avec inversion du sujet, soit des expressions religieuses et archaïques (7) :

(6) Puisse-je le voir ! (corpus Riegel et al. 1994 : 323)

(6’) Da mogu da ga vidim! que peux (prés.)

(7) Dieu vous garde ! (ibid.)

(7’) Bog da vas čuva!

que vous garde (prés.)

Comme on le voit, c’est le présent qui est employé pour marquer l’effet de sens du souhait dans les exemples serbes.

Est-ce que l’on peut utiliser le potentiel dans les exemples supra (5)-(7) comme équivalent du

subjonctif ? Avant de répondre à cette question, il est important d’expliquer, d’abord,

l’équivalence entre le subjonctif et le présent. Selon Dodig (2015a), le présent peut figurer comme équivalent du subjonctif du fait que cette forme, comme le subjonctif, exprime les

actions inactuelles, i.e. qui ne se passent pas réellement au moment de la parole. Cela est valable

également pour le potentiel. Rappelons que nous avons posé que l’inactualité représente son

sémantisme de base.

Cette hypothèse implique naturellement que le potentiel peut figurer dans les exemples supra

comme équivalent du subjonctif. Cependant, ce n’est pas le cas : la conjonction da (‘que’) et la

particule nek (‘que’), remplaçable par da, représentent la contrainte syntaxique de l’emploi du

potentiel dans les exemples en question :

?Da bih mogla da ga vidim!

Que fus pu que le voit

?Pour le voir !

3 Jusqu’au XVI ͤ siècle le subjonctif a été employé sans que en phrase indépendante et on le rencontre ainsi encore au XVII ͤ siècle.

En serbe, la construction da + potentielexprime toujours l’intention et l’emploi du potentiel dans

les co(n)textes donnés supra, i.e. introduit par la conjonction da, apporte une interprétation

complètement différente de celle inférée par le subjonctif. Si nous paraphrasons ces exemples comme :

Ah, kad bih mogla da ga vidim! Oh, si je pouvais le voir !

Želela bihda budete srećni / da mogu da ga vidim / da vas Bog čuva.

Je voudrais que vous soyez heureux / de le voir / que Dieu vous protège.

nous pouvons remarquer que le potentiel peut produire le sens modal de souhait (cf. le chapitre

3) signifié par le subjonctif, ce qui s’infère moyennant le co(n)texte.

Dans l’exemple suivant, le subjonctif, dans une injonctive, exprime la supposition rejetée avec

indignation par le locuteur, et son équivalent est le présent figurant, lui-même, dans l’injonctive :

(8) moi héron que je fasse

Une si pauvre chère ! (La Fontaine, Fables)

(8’) Ja čaplja da napravim loše jelo! (www.korpus.matf.bg.ac.rs) que fais

Nous posons que l’emploi du potentiel est également possible :

(9) Zar bih ja mogao da napravim loše jelo!

comment fus je pu que fais

(9’) Comment aurais-je pu faire un plat mauvais ?

En appui sur notre corpus, nous avons découvert cet emploi intéressant du potentiel signifiant l’indignation. Afin de produire ce sens modal, le potentiel (souvent le potentiel des verbes

modaux, v. 9) entre en combinaison avec la particule zar et figure dans une injonctive.

2.4.2. Le subjonctif et le potentiel dans la proposition subordonnée

Sans doute le subjonctif est employé le plus souvent dans les propositions subordonnées :

complétives introduites par que, circonstancielles et relatives.

Selon les grammaires, l’emploi du subjonctif dans les propositions subordonnées est obligatoirement conditionné par un élément de la principale (soit par le verbe, soit par la conjonction), tandis que le potentiel ne dépend pas de ces facteurs, ce que nous allons démontrer.

2.4.2.1. Le subjonctif et le potentiel dans les complétives

Soulignons d’abord que le choix du mode, à savoir l’indicatif ou le subjonctif, entraîne l’inférence de significations différentes dans les complétives :

Le verbe dire suivi du subjonctif exprime la volonté (Riegel et al. 1994 : 324).

Dans ce type de propositions, le subjonctif apparaît habituellement après les verbes exprimant la volonté, le doute, le sentiment, produisant différentes significations modales comme :

a) l’ordre :

(10)Je demande que cette décision soit reconsidérée avant qu’il ne soit trop tard. (www.europarl.europa.eu

4 juillet 2001)

(10’) Zahtevam da se ova odluka ponovo razmotri pre nego što bude prekasno.

reconsidère (prés.)

b) le souhait, la demande ou le désir :

(11)Cette fille voulait aussi qu’il eût du bien, de la naissance, de l’esprit avant tout. (La Fontaine, Fables, p. 148)

(11’)Ta devojka je htela i da je bogat, dobrog porekla a pre svega duhovit. (www.korpus.matf.bg.ac.rs)

est

c) la nécessité :

(12)…il était temps que je vole de mes propres ailes. (S. Stephens, Un si séduisant play-boy) (12’) …bilo je vreme da stanem na svoje noge. (www.korpus.matf.bg.ac.rs)

vole (prés.)

d) l’intérêt :

(13)Je tiens à ce que vous sachiez que nous ferons de notre mieux pour qu’elle fonctionne.

(www.europarl.europa.eu 22 septembre 2008)

(13’) Stalo mi je da znate da ćemo sve učiniti da ona funkcioniše.

savez

On peut remarquer que dans les exemples (10) - (13) exprimant les sens modaux (a) - (d), le potentiel ne peut pas être utilisé. Cela s’explique par le fait que les complétives sont introduites

par la conjonction da (‘que’) qui, ce que l’on a déjà souligné, en combinaison avec le potentiel

exprime l’intention. Dans ces propositions on utilise le plus souvent le présent des verbes perfectifs dont l’instruction est celle du subjonctif et du potentiel également, à savoir l’inactualité.

e) le doute ou l’incertitude :

(14)Je ne crois pas qu’il puisse en être autrement. (M. Duras, Écrire) (14’) Ne verujem da bi moglo drugačije. (www.korpus.matf.bg.ac.rs)

(14’’) Ne verujem da možedrugačije.

peut

Cet exemple est intéressant parce que, comme nous le voyons, le potentiel (14’) peut

correspondre au subjonctif, mais aussi le présent (14’’). L’explication se trouve dans la nature du

sens modal en question, impliqué par le sémantisme de l’énoncé entier et du sémantisme du

verbe croire, désignant clairement une situation possible. À la différence du subjonctif dont

l’emploi dépend du verbe dans la principale (nié pour pouvoir employer le subjonctif) et dont la production des sens modaux en question est dirigée également par le verbe dans la principale, le potentiel n’est pas conditionné par les éléments de la principale. En fait, moyennant le potentiel l’accent est mis sur l’action qui peut être réalisée dans un des mondes hypothétiques, bref sur la

possibilité. À l’aide du co(n)texte de la proposition entière, on infère les sens modaux en

question qui sont donc secondaires.

Notons aussi qu’à la différence du présent comme équivalent du subjonctif, le potentiel augmente le degré du doute ou de l’incertitude en accentuant les actions comme simplement envisagées.

Notre constatation de la fonction du potentiel dans les complétives est valable dans la production des sens modaux suivants qui ne sont que secondaires dans les exemples où le potentiel est employé :

f) la possibilité ou l’impossibilité :

(15)Il lui a toujours paru impossible que l’on puisse parler de cela. (A. Ernaux, La Place)

(15’) Uvek mu je izgledalo nemoguće da bi se moglo govoriti o tome. (www.korpus.matf.bg.ac.rs) (15’’) Uvek mu je izgledalo nemoguće da se može govoriti o tome.

se peut

(16)Et de là, il semble qu’on puisse dire la vérité. (M. Duras, Écrire)

(16’) I otuda, izgleda da bi se mogla reći istina. (www.korpus.matf.bg.ac.rs)

(16’’) I otuda, izgleda da se može reći istina.

se peut

Nous confirmons ici également l’équivalence entre le subjonctif et le potentiel, ce que nous

avons déjà expliqué supra.

Dans les cas de (17) - (21) où les significations modales (g) - (k) sont marquées par le subjonctif conditionné par les éléments de la principale, on peut remarquer l’absence du potentiel comme