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Chapitre 3 Devis méthodologique

3.4 Mode de collecte de données

3.4.1 Le recrutement

Le recrutement des participants demande au chercheur de se doter en premier lieu de critères de sélection, pour ensuite déterminer les milieux de diffusion de son annonce (Annexe I). Le chercheur doit se préparer à l’éventualité que certains répondants ne correspondant pas aux critères et aux potentiels désistements avant ou en cours de collecte de données (Pires, 1997a). Dans un but de diversifier l’échantillon, plusieurs secteurs de recrutement ont été ciblés. Nous avons ainsi procédé par affichage numérique, par affichage statique et par recrutement par relation.

3.4.1.1 Le recrutement par affichage numérique

La majorité des participants ont été recrutés grâce à l’affichage d’une annonce de recrutement, sollicitant les personnes adultes, de toute origine, ayant un intérêt à participer à un projet sur les malentendus culturels impliquant deux entretiens individuels et sept ateliers de groupe. Cette annonce a été diffusée sur différents sites en ligne notamment sur le réseau social Facebook, via une page ayant été créée spécifiquement pour le projet, elle fut ensuite partagée sur le profil des auxiliaires de recherche, sur le site de petites annonces Kijiji et finalement envoyée aux listes de diffusion des étudiants et des employés de l’Université Laval. L’envoi aux listes de diffusion des étudiants et employés de l’Université Laval est la méthode qui a engendré le plus grand nombre de réponses de participants potentiels.

3.4.1.2 Le recrutement par affichage statique

Quelques participants ont été recrutés grâce à l’affichage de l’annonce de recrutement sur le babillard de différents commerces situés dans la Ville de Québec, notamment des commerces d’alimentation. Dans le but de faciliter la réponse des participants, était jointe sur l’annonce une partie détachable comprenant le numéro de téléphone du chercheur ainsi que l’adresse courriel pour le joindre.

3.4.1.3 Le recrutement par relation (carnet d’adresses)

Quelques participants ont finalement été recrutés par relation, cette technique consiste à trouver des gens parmi les fréquentations des personnes de notre entourage (Duchesne, 2000). Cette technique comporte normalement deux règles ne devant pas être transgressées d’un point de vue éthique et technique: 1) ne pas recruter une personne que l’on connait ou que l’on sera amené à fréquenter, afin de garantir la confidentialité

des propos et de lui permettre de parler pour elle-même; 2) ne pas tenter de contacter des personnes qui se sentiraient obligées de participer en raison de la nature de la relation entretenue avec le chercheur.

3.4.2 Instruments de collecte de données

Dans l’objectif de recueillir des données pertinentes, la méthode de collecte de données fut essentiellement guidée par l’approche qualitative ainsi que par le sujet de la recherche. Tel que mentionné au préalable, les instruments de collectes de données utilisés étaient ceux du projet de recherche sur les malentendus culturels. Les instruments privilégiés pour ce projet étaient l’entrevue semi-dirigée et les rencontres de groupe.

3.4.2.1 Entretien semi-dirigé

Principalement utilisé en recherche qualitative, l’entretien semi-dirigé permet de comprendre la signification d’un phénomène ou d’un évènement vécu par le participant. Ce type d’entretien est défini comme : « Une interaction verbale animée de façon souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le flux de l’entrevue dans le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes généraux sur lesquels il souhaite entendre le répondant, permettant ainsi de dégager une compréhension riche du phénomène à l’étude » (Savoie-Zajc, 2000, p. 266). L'emploi de l’entretien semi-directif, constitué de questions ouvertes et ayant été utilisé avant et après les ateliers de groupe, a permis de recueillir des données verbales sur diverses situations interculturelles vécues par les participants. Ce type d’entretien est caractérisé par l’attitude semi-directive adoptée par le chercheur et la mise en place de thèmes à aborder durant l’entrevue, permettant l’encadrement du contenu de l’entrevue. Elle permet la mise en place de conditions favorables à l’expression de la pensée du répondant, tout en s’assurant que les discussions se maintiennent à l’intérieur des sujets abordés. Finalement, le degré de liberté des questions ouvertes laisse aux participants la libre expression de leurs opinions et de leurs sentiments sur le sujet.

3.4.2.2 Les rencontres de groupe

Cette recherche a comme particularité sa méthode de collecte de données, le Modèle interculturel coopératif d’accompagnement mutuel (MICAM), qui consiste en une série de sept ateliers favorisant la création de liens entre des individus de différentes provenances et de différentes générations. Cette méthode se caractérise par « [son] recours à des formes expressives de la culture » visant la création de liens entre les individus participants et par la « [mobilisation] [d]es ressources de communication, de partage, de créativité et de solidarité qui existent en chacun » (Guilbert et al., 2016, p.123). Le MICAM est basé sur une approche méthodologique coopérative et réflexive. Ce modèle allie quatre types de médiations expressives soit « l’atelier interculturel de l’imaginaire, l’élaboration progressive de récits de vie écrits, de récits de vie oraux et de discussions réflexives à travers sept rencontres, ainsi que la représentation graphique des déplacements

(lieux et activités) hebdomadaires, par ce que l’on appelle une carte mentale » (Guilbert et al., 2013, p. 63). Ces types de médiations, qui permettent aux participants de se raconter tout en ayant un regard réflexif sur leurs propres expériences, s’alternent et s’entrelacent, produisant un enrichissement de la réflexivité et de l’analyse (Guilbert et al., 2013).

• Atelier interculturel de l’imaginaire (AII)

L’AII favorise la création d’une dynamique de groupe entre acteurs sociaux provenant de milieux divers par l’utilisation du conte et d’objets symboliques. Il favorise la reconnaissance mutuelle et le partage des savoirs et des expériences dans une dynamique de coopération. Quatre étapes le composent, la première étant un rituel d’ouverture caractérisé par la présentation de chacun à partir d’objets symboliques mis à la disposition du groupe. La seconde consiste à raconter oralement des contes, des récits de vie, des croyances, des textes littéraires, qui sont source de résilience. La troisième apporte le partage des savoirs et des expertises par les commentaires des participants reliant leurs vécus aux récits écoutés. La quatrième et dernière étape consiste en un rituel de clôture, qui offre l’occasion aux participants de faire un travail réflexif sur les éléments marquants de l’atelier (Guilbert et al., 2013). Chaque atelier a un thème précis. Outre le premier et le dernier atelier, tous les thèmes sont choisis par les participants. À partir de ces thèmes, des récits de vie, des contes, légendes, fables, etc. sont racontés et suivis de discussions. Le premier atelier a pour thème « la présentation» où chacun peut se présenter en choisissant trois objets parmi ceux mis à leur disposition sur la table. Le dernier atelier a pour thème « le bilan », et chaque participant a l’occasion de transmettre ses perceptions, les faits marquants et les apprentissages de l’expérience vécue.

• Carte mentale

La carte mentale est la représentation que se fait l’individu de son quartier, de sa ville, des lieux qu’il fréquente, de ses lieux de confort et d’inconfort, des personnes qu’il côtoie durant une période précise. Le participant dessine alors sur papier sa représentation dont il fera la narration durant la séance de groupe. Cette illustration de leur espace habité donne lieu à des récits ainsi qu’à des prises de conscience (Guilbert et al., 2013; Guilbert, Wang et Racine, 2016). L’utilisation de la carte mentale se fait habituellement au cours du deuxième et du septième atelier.

• Récit de vie

Le récit de vie est un entrelacement d’écrits et de narrations sur les expériences de mobilité, d’étude, de travail, de famille, etc. L’utilisation du récit de vie écrit demande aux participants de prendre le temps d’écrire leur parcours de vie sans en faire l’analyse, et de le raconter par la suite sous la forme narrative durant la séance de groupe. Le récit de vie écrit a été peu utilisé dans cette recherche, à quelques exceptions près. Le

groupe a plutôt eu recours au récit de vie à l’oral, élaboré progressivement au cours des rencontres et durant les interactions. Le récit de vie permet de se raconter tout en portant un regard réflexif sur la façon de se perçoir et de se définir. Sa forme orale donne l’occasion aux participants de développer une meilleure compréhension interculturelle, une adaptation mutuelle et leur offre la possibilité de renforcer leur capacité de résilience (Guilbert et al., 2013; Guilbert et al., 2016).

3.4.3 Déroulement de la collecte de données

La collecte des données s’est déroulée entre les mois de janvier et de juillet 2017, à Québec. Des entrevues individuelles prégroupe ont été réalisées auprès de chacun des participants. Les entretiens se sont déroulés pour la plupart sur le campus de l’Université Laval. D’autres se sont faits dans les locaux de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et quelques-unes au domicile des participants. Les entretiens prégroupe furent réalisés à l’hiver 2017 et avaient une durée variant de 15 à 60 minutes, tandis que les entretiens post- groupe furent effectués à l’été 2017 et avaient une durée variant entre 25 à 75 minutes. Tout comme les entrevues prégroupe, les entretiens post-groupe se sont tenus en grande partie sur le Campus universitaire, mais également dans les locaux de l’INRS, au domicile des participants et l’une des entrevues s’est tenue sur le lieu de travail d’une participante. Ces entrevues ont été réalisées par les deux chercheuses ainsi que par les deux auxiliaires qui ont participé à la démarche groupale. Les deux chercheuses et les deux auxiliaires ayant participé aux ateliers ont réalisé une entrevue post-groupe ensemble, sans animateur. Cette entrevue était guidée par les quatre participantes.

Les ateliers se déroulaient au local de l’Équipe de recherche en diversité culturelle et immigration de Québec (ÉDIQ) situé sur le Campus de l’Université Laval. Chaque atelier avait une durée de deux heures et avait lieu les soirs de semaine. Initialement, deux semaines devaient séparer chaque atelier, mais les dates ne convenant pas aux participants, les ateliers se sont finalement déroulés à des dates aléatoires sans égard à l’écart planifié. Une compensation financière de 25$ a été remise aux participants lors de chacune des rencontres, qu’elles soient individuelles ou de groupe.

Au total, ce sont 17 entrevues prégroupe, 14 ateliers de groupe et 13 entrevues post-groupe qui furent réalisées pour la recherche globale. Lors du premier atelier des deux groupes, une discussion sur les thèmes a permis d’établir une liste de thèmes suggérés par les participants. Cette liste ne fut cependant pas exhaustive, les participants préférant choisir les thèmes à la suite de chaque atelier à partir d’éléments marquants soulevés durant les échanges.

Dix-sept personnes ont pris part aux ateliers, dix personnes immigrantes (six hommes et quatre femmes) et sept personnes québécoises natives (cinq femmes et deux hommes). Ces chiffres inclus les deux chercheuses et les deux étudiantes auxiliaires de recherche qui ont animé et participé aux ateliers au même titre que les personnes recrutées. Le Groupe 1 était initialement constitué de dix personnes, mais un désistement quelques minutes avant le premier atelier d’un homme québécois natif a porté ce nombre à neuf personnes. Le second atelier fut marqué par l’absence de deux autres participants, qui se sont désistés de manière définitive la semaine suivante. Il s’agissait d’une femme et d’un homme tous deux, Québécois natifs. Le nombre de participants de ce groupe passant à sept, soit deux personnes natives du Québec (la chercheuse et son auxiliaire) et cinq personnes immigrantes. Le Groupe 2 a conservé ses dix participants tout au long de la démarche, respectant la parité entre les hommes et les femmes et la parité entre les natifs et les non-natifs du Canada. Seuls les critères liés à l’âge n’ont finalement pas été respectés.

Considérant la nature de notre objet d’étude, les données analysées pour ce mémoire sont celles provenant du Groupe 2 (voir figure 1). Bien qu’il ne s’agisse pas du groupe auquel nous avons participé, et malgré la grande hétérogénéité du Groupe 1, le choix de cibler le Groupe 2 se base sur son échantillon plus grand et sur le nombre paritaire de natifs et d’immigrants au sein du groupe. Les données traitées émanent donc des huit entrevues individuelles prégroupe, de sept ateliers de groupe et de huit entrevues individuelles post-groupe, auxquels s’ajoutent les données de l’entrevue post-groupe recueillant les propos de la chercheuse et de l’auxiliaire participantes et animatrices du Groupe 2.

Figure 1: Déroulement de la collecte de donnée de ce mémoire

Entrevues individuelles

prégroupe

7 Ateliers de groupe Entrevues post-groupe

8 participants • 4 natifs • 4 immigrants Entrevues Individuelles 8 participants • 4 natifs • 4 immigrants 8 participants • 4 natifs • 4 immigrants 2 animatrices • 1 native • 1 immigrante Entrevue en groupe 2 animatrices