Partons d’abord d’une observation exp´erimentale : le pic d’Hopkinson n’est
observ´e que dans le cas o`u l’´echantillon est initialement dans un ´etat d´esaimant´e,
c’est-`a-dire que l’apparition de ce pic est li´ee aux processus d’aimantation de
108. Ces auteurs n’expliquent pas vraiment cette diminution. Par calculs de structures
´electroniques nous avons observ´e que lorsqu’un atome de Pt est substitu´e sur son site par
un atome de Fe (´echantillon plus riche en Fe) la direction du moment magn´etique de ce
dernier se renverse par rapport `a celles des autres atomes de Fe, et que ce renversement
affecte la valeur du moment magn´etique des atomes de Fe premiers et seconds voisins ainsi
que celle des atomes de Pt en premiers voisins.
109. Tout se passe comme si l’ajout du Cu sur le syst`eme FePt (pr´ealablement plus riche en
Pt) permet de se rapprocher de la stœchiom´etrie id´eale comportant 54[at%] Fe en agissant
sur le ratio Pt/Fe comme cela est observ´e sur la figure I.55. Cette stœchiom´etrie, qui se
trouve au centre de la phase L10(Fig.I.1), poss`ede de meilleures propri´et´es en termes de
transformation de phase (Fig.I.9). En d’autres termes, l’´echantillon comportant 15% de
Cu de composition Fe[44.14]Pt[40.87]Cu[14.99] se comporte dans une certaine mesure comme
l’´echantillon Fe[51.9]Pt[48.1].
110. Les r´esultats obtenus par Wierman et al. [230] peuvent paraˆıtre surprenants, car ces
auteurs affirment avoir appliqu´e un champ de 9T pour pouvoir saturer leurs ´echantillons or
ce champ reste encore insuffisant (Fig.I.77(a)) pour obtenir la saturation, par cons´equent
leurs valeurs auraient dues ˆetre plus faibles que celles issues de l’analyse, o`u l’on remarque
que la valeur deMsat est d’environ 7% sup´erieure `a l’aimantation mesur´ee sous 8T.
l’´echantillon sous l’action du champ appliqu´e. Ces processus peuvent ˆetre
r´ever-sibles ou irr´everr´ever-sibles. Le mod`ele utilis´e pour d´eterminer l’anisotropie, d´ecrit au
paragraphe pr´ec´edent, concerne la variation de l’aimantation `a partir de l’´etat
satur´e. Il ne prend en compte que les processus r´eversibles et il suppose que les
moments sont confin´es dans l’h´emisph`ere d´efini par l’orientation du champ
appli-qu´e (l’angle θ
Centre l’aimantation des cristallites et la direction du champ est
inf´erieur `a π/2). Cette situation correspond au cas de figure o`u l’angle d’´equilibre
θϕ
Ceq issu de la relationI.32est stable. Dans le pr´esent paragraphe, nous nous
int´e-ressons au contraire aux processus d’aimantation `a partir de l’´etat d´esaimant´e et
l’angle θ
Cpeut prendre une valeur quelconque entre 0 et π (Fig.I.78), ce qui
cor-respond `a des situations o`u l’angle d’´equilibre passe par des positions d’´equilibre
stables et instables [266].
c axis
~
H
app~
M
S~
H
app~
M
Sc axis
~
M
Sβ
γ
~
u
z~
u
x π 2−ϕ
θ
Cϕ
θ
CFigure I.78 – Exemple de configuration de l’aimantation des cristallites dans l’´etat
d´esaimant´e, et d´efinitions des diff´erents angles entre le champ magn´etique, qui est
appli-qu´e dans une direction quelconque, l’axe c et l’aimantation d’un cristallite uniaxe
mono-domaine donn´e (repr´esent´e sch´ematiquement par un ellipso¨ıde de r´evolution).
Le mod`ele ainsi modifi´e a ´et´e appliqu´e `a des mesures obtenues sur des couches111
de 100nm et de 50nm d’´epaisseur qui ont ´et´e recuites `a 500°C/30min. Les r´esultats
obtenus, pr´esent´es sur la figure I.79, montrent que la variation exp´erimentale de
l’aimantation `a partir de l’´etat d´esaimant´e peut alors ˆetre divis´ee en trois r´egions :
en champ faible la variation de l’aimantation est approximativement lin´eaire,
en-suite au-del`a d’un champ critique de l’ordre de 0.7 T, on observe une variation
discontinue de l’aimantation avec le champ et enfin une zone d’approche `a
satu-ration correspondant `a l’alignement de tous les moments suivant la direction du
champ. Le mod`ele reproduit bien entendu la variation de l’aimantation `a partir
de l’´etat satur´e, calcul´ee en restreignant la variation de θ
Csur [0, π/2] d´ecrite au
cas pr´ec´edant. On voit donc que le mod`ele reproduit assez fid`element les mesures
obtenues avant(1) et apr`es(2) aimantation des ´echantillons.
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Model [K T = 0.7 MJ/m 3 - M S = 790*10 3 A/m] Experience [FePt(100nm) - ann. 500°C/30mn] Reversible and Irreversible Rotation of Magnetization
[ 1 0 3 A / m ] applied Field µ 0 H app [10 -1 T] (1) (2) (1) C [0,] (2) C [0, ]
(a) Mod`ele vs Exp´eriencen°1
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 (1) C [0,] (2) C [0, ]
Reversible and Irreversible Rotation of Magnetization
/ 4 T applied Field µ 0 H app [10 -1 T] Experience [FePt(50nm) - ann. 500°C/30mn] Model [K T = 0.85 MJ/m 3 - M S = 840*10 3 A/m] (1) (2)
(b) Mod`ele vs Exp´eriencen°2
Figure I.79 – Application du mod`ele sur des r´esultats de mesures de courbes de
pre-mi`ere aimantationθ
C∈[0, π] (´etat d´esaimant´e) et apr`es aimantation o`uθ
C∈[0, π/2] (´etat
aimant´e) correspondant `a la situation pr´ec´edente. (a) Analyses sur une couche de FePt de
100nm. (b) Analyses sur une couche de FePt de 50nm. Ces deux couches ont ´et´e recuites
`a 500°C/30min. Les fl`eches d´esignent le sens du cyclage.
Pour analyser les processus d’aimantation sous l’action du champ, observ´es sur
la figureI.79, il nous faut d´eterminer le champ `a partir duquel d´ebute l’instabilit´e
de l’angle d’´equilibre ´evoqu´e plus haut, c’est-`a-dire celui correspondant au champ
critique. `A cette fin int´eressons-nous uniquement `a des grains dont les moments
font un angle sup´erieur `aπ/2 avec la direction du champ. Avec les d´efinitions des
angles de la figure I.78, l’´energie d’un tel syst`eme peut ˆetre formul´ee par :
E =K
Tsin2(θ
C)−µ0M
SHcos [π−(ϕ
C+θ
C)]
soit :
e= E
K
T= sin
2(θ
C) + 2hcos(γ) (I.40)
La direction d’´equilibreγ =θeq+ϕest donn´ee par :
∂e
∂γ = 0⇐⇒sin 2θ= 2hsinγ (I.41)
Cette ´equilibre est stable si ∂γ∂
2e
2>0 et instable si ∂∂γ
2e
2<0, le passage d’un ´etat `a
l’autre permet de d´eterminer l’angle critique de retournement ϕr et correspond `a
∂
2e
∂γ
2= 0 c’est-`a-dire `a :
cos 2θ=hcosγ (I.42)
des relationsI.41 etI.42on d´eduit d’une part que :
tanθeq
1−tan2(θeq) = tanγ =
tanϕr+ tanθeq
1−tanθeqtanϕr
d’o`u tanϕr= tan3(θeq) (I.43)
et d’autre part que :
cosγ = 1
h
r
4h2−1
3 et sinγ =
1
h
r
1−h2
3
d’o`u γeq(h) =θeq+ϕ
C= arctan
r
1−h2
4h2−1
!
(I.44)
de I.42etI.43on d´eduit le champhr de retournement, donn´e par :
hr(ϕ) = 1
2
q
31−2 sin2arctan tan1/3ϕ 2+ 1
c’est-`a-dire que hr(ϕ) = 1
2
s
3
1−tan2/3ϕ
1 + tan2/3ϕ
2
+ 1 (I.45)
0 pi/8 pi/4 3pi/8 pi/2 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 ≤ Φ ≤ π/2
h
r(
Φ
)
Critical FieldFigure I.80 – Evolution du champ critique en fonction de la direction du champ ap-´
pliqu´e d’apr`es la relation I.45.
Cette formule est ´equivalente `a l’expression classique de Stoner et Wohlfarth
[212] donn´ee par la relationI.24. La figureI.80pr´esente l’´evolution112de ce champ
de retournement en fonction du champ appliqu´e. L’examen des processus
d’aiman-tation de cristallites ayant des oriend’aiman-tations diff´erentes par rapport `a l’axe
d’applica-tion du champ montre que, pour un cristallite d´esaimant´e donn´e, le retournement
112. Chikazumi [266] trouve ´egalement la mˆeme ´evolution en utilisant l’expression donn´ee
par : sin(2ϕ) =4−p
2r3p
4r/33/2
de son aimantation sous l’effet d’un champ s’effectue d’autant plus facilement que
son axe de facile aimantation fait un angle de (2k+ 1)π4 (k∈N) par rapport `a la
direction de ce champ, car le champ n´ecessaire pour retourner les domaines
d’ai-mantation inverse y est minimum et est ´egal `a 0.5 (r´esultat classique du mod`ele de
Stoner et Wohlfarth). Par cons´equent pourhinf´erieur (resp. sup´erieur) `a cette
va-leur le processus d’aimantation du syst`eme global passe par des ´etats d’´equilibres
stables (resp. instables) qui correspondent `a des retournements de l’aimantation
r´e-versibles (resp. irr´er´e-versibles) pour les grains poss´edant des moments orient´es (resp.
non orient´es) dans des directions qui avoisines celle du champ appliqu´e. Une fois le
champ de saturation atteint (tout les vecteurs d’aimantation des cristallites sont
orient´es suivant la direction du champ), le retour en champ nul s’effectue alors
uniquement de mani`ere r´eversible. Pour revenir `a l’allure de la courbe de premi`ere
aimantation observ´ee exp´erimentalement (Fig.I.79), on comprend un peu mieux
les ph´enom`enes `a l’origine de ce comportement. Avant d’atteindre le champ
cri-tique113, les aimantations des cristallites qui ont une direction qui avoisine celle
du champ appliqu´e tournent de mani`ere r´eversible114 pour s’aligner suivant la
di-rection du champ, c’est la raison pour laquelle on observe un caract`ere continu
de l’´evolution de l’aimantation avec le champ. Une fois le champ critique atteint,
les aimantations des cristallites qui ont une direction oppos´ee `a celle du champ
tournent brusquement de mani`ere irr´eversible115 pour s’aligner dans une direction
avoisinant celle du champ appliqu´e, c’est la raison pour laquelle on observe un
caract`ere discontinu de l’´evolution de l’aimantation avec le champ.
C’est cette mˆeme approche qui a ´et´e utilis´ee, en faisant varier non plus le
champ appliqu´e mais la temp´erature, pour ´etudier les comportements
magn´eto-thermiques de la susceptibilit´e de la phase L10 `a l’approche de la temp´erature
de Curie, c’est-`a-dire le ph´enom`ene associ´e au pic d’Hopkinson. Nous avons donc
compar´e les r´esultats issus du mod`ele aux r´esultats obtenus sur deux couches de
FePt contenant respectivement 4[at%] et 13.8[at%] de Cu qui pr´esentent ce
ph´e-nom`ene apr`es des cyclages116 thermiques `a hautes temp´eratures. Les r´esultats
obtenus sont pr´esent´es sur la figure I.81. On observe dans les deux cas un tr`es
bon accord117 entre les r´esultats du mod`ele et ceux de l’exp´erience. Les codes
Matlab associ´es sont donn´es en annexe F. Ces r´esultats mettent assez clairement
en ´evidence l’origine du pic d’Hopkinson observ´e sur nos couches. Ce pic est une
113. La variableh´etant fonction deH,M
SetK, suivant la valeur de ces param`etres, le
champ critique est atteint plus ou moins rapidement. En d’autres termes, il s’agit d’une
comp´etition entre l’´energie Zeeman (champ appliqu´e) et de l’´energie d’anisotropie que
pr´esente le syst`eme. Le mod`ele ´etendu (code en annexe E) permet simplement de jouer
sur ces param`etres afin d’obtenir le meilleur fit possible des points exp´erimentaux.
114. Si on coupe le champ, les aimantations reviennent dans leurs positions d’´equilibre.
115. L’annulation du champ ne permet plus de revenir `a la position d’´equilibre initiale.
116. Ces cyclages sont ceux pr´esent´es au niveau des figuresI.50etI.47(d).
117. Le d´esaccord observ´e entre les r´esultats exp´erimentaux avec ceux du mod`ele sur la
figureI.81(a), provient de la persistance d’une phase douce apr`es le traitement thermique
qui a ´et´e ´evalu´e `a 2.25% (voirFig.I.51).
250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800 850 0,0 2,0x10 -3 4,0x10 -3 6,0x10 -3 8,0x10 -3 1,0x10 -2 Model K T =0.52129 MJ/m 3 M S =823.3*10 3 A/m n i,j =0.085 Experience
FePtCu[4.03 at% Cu] µ 0 H app = 0.05T T max = 700K
Hopkinson Peak Experience vs Model
[ A m 2 / ( k g 1 0 -4 T ) ] Measurement Temperature[K]
(a) Exp´erience vs Mod`ele pour 4[at%]Cu
250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800 850 0,0 1,0x10 -3 2,0x10 -3 3,0x10 -3 4,0x10 -3 5,0x10 -3 6,0x10 -3 7,0x10 -3 8,0x10 -3 Model K T =0.40238 MJ/m 3 M S =615*10 3 A/m n i,j =0.125 Experience
FePtCu[13.8 at% Cu] µ 0 H app = 0.1T T max = 800K
Hopkinson Peak Experience vs Model
[ A m 2 / ( k g 1 0 -4 T ) ] Measurement Temperature[K]