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FINANCEMENT DE LA RECHERCHE ET DE

4.1 Le problème de la double évaluation de système national du financement de la

4.1.3 Un modèle unique d’évaluation du système

Pour l’Orientation, le choix entre ΨP et ΨR est un acte politique et un message fort envoyé au système. En effet, les deux fonctions sont toutes aussi légitimes

CHAPITRE 4. UN NOUVEAU MODÈLE

dans le système mais poursuivent des objectifs différents. En grossissant très franchement le trait, si on privilégie la Recherche, on met en avant la création de connaissances en perdant éventuellement de vue les autres impacts attendus. De même, si on privilégie la Programmation, alors on est susceptible de favoriser l’impact économique de la Recherche au détriment de la création de connaissance. De ce fait, laquelle choisir ?

Pour répondre à cette question, nous proposons de l’inscrire dans le contexte d’un processus d’aide à la décision qui consisterai, si un décideur public nous interrogait à ce sujet, à faire une recommandation sur une méthode d’évaluation. Pour [Tsoukiàs, 2008] un processus d’aide à la décision comprend :

— Au moins 2 participants au processus de décision : le client et l’analyste. Avec le premier qui saisis le second pour répondre à un problème de décision. — Au moins 2 objets : l’intérêt du client et la motivation de l’analyste. — Un ensemble de ressources qui comprend, le temps et les connaissances du

client ainsi que de l’analyste

— Un méta objet qui contient une représentation partagée (entre les partici-pants) des intérêts du client.

Dans ce cadre, nous nous plaçons dans le rôle de l’analyste. De même, bien que nous ne puissions pas identifier de véritable client, qui aurait par exemple commandité cette étude, l’Orientation telle que nous l’avons précédemment définie peut faire office de client. En particulier, si un décideur public souhaitait mettre en place les préconisations que nous faisons dans cette thèse, il serait alors clairement identifié comme client et disposerait ainsi d’intérêts propres et d’un ensemble de ressources dont on pourrait déduire le méta objet décrit par (Tsoukias, 2008). De ce fait, nos travaux s’inscrivent bien dans le contexte d’un processus d’aide à la décision dans lequel nous ne pouvons pas interagir directement avec le client mais qui dispose bien de toutes ses caractéristiques.

Dès lors se pose la question de l’approche choisie par l’analyste. Notons que la question de la classification des différentes approches des processus d’aide à la décision reste aujourd’hui ouverte. Dans cette thèse nous faisons cependant appel à celle décrite en introduction et proposée par [Meinard et Tsoukias, 2018] qui s’ap-puient sur le concept "d’action communicative" d’Habermas ([Habermas, 1981]) pour proposer quatre approches de l’aide à la décision. Dans cette partie nous n’en développerons à nouveau que deux :

1. L’approche conformiste qui est construite en utilisant la conception norma-lisée de la rationalité d’Habermas ([Habermas, 1981]). Cette approche vise à aider un décideur à prendre une décision que les autres parties prenantes

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considéreront comme conforme à ce que le client est censé faire, a le devoir de faire ou plus simplement apparait comme satisfaisant. Dans ce contexte, le travail de l’analyste est de chercher à identifier et à comprendre les types de décisions possibles et ensuite de définir les critères qui les rendent satis-faisantes dans le contexte spécifique du processus de décision.

2. L’approche réflexive qui est construite en utilisant la conception communi-cative de la rationalité d’Habermas ([Habermas, 1981]). Contrairement aux trois autres types d’approches décrites par [Meinard et Tsoukias, 2018], l’approche réflexive ne part d’aucune référence fixe et indiscutable. De ce fait, la formulation des objectifs, des solutions et de ce qui est satisfaisant peut être questionnée. De même, les préférences du décideur peuvent être remises en question. Le travail de l’analyste utilisant cette approche est donc la structuration du problème du décideur, sa formulation, l’identifica-tion des outils pertinents pour l’adresser et l’identifical’identifica-tion des préférences des parties prenantes.

En première analyse nous choisissons d’adopter une approche conformiste, qui consiste à chercher parmi les mesures d’impacts déjà utilisées à la fois par la Recherche et la Programmation lesquelles sont communes aux deux fonctions. Cette approche présente l’intérêt majeur d’être facilement applicable puisque à priori il ne devrait pas y avoir de débat sur l’utilisation de cette mesure. En revanche, rien n’indique que cette mesure existe. Il est cependant vraisemblable que l’on trouve des éléments déjà existants qui fassent consensus entre les deux fonctions. En revanche, il est fort peu probable que ces éléments soient suffisam-ment exhaustifs pour permettre une évaluation complète du système. De ce fait, l’approche conformiste ne permettrait qu’une évaluation partielle du système en laissant de côté une partie plus ou moins importante de l’impact des projets. Ceci pourrait être dommageable pour l’Orientation qui, en cherchant à ne privilé-gier aucune de ses fonctions, n’aurait en retour qu’une image tronquée du système. L’approche conformiste n’est donc pas satisfaisante, nous proposons dans la suite de ce chapitre un raisonnement réflexif qui au lieu de faire un choix entre Recherche et Programmation cherche à construire une mesure qui ferait consensus entre les deux fonctions. Dans cette partie, nous allons ainsi chercher les conditions techniques qui assurent l’égalité entre les deux points de vue de l’Evaluation. Nous nous interrogerons ensuite sur les conditions qui pourraient permettre d’arriver à un consensus entre les deux fonctions.

En d’autres mots, nous cherchons dans quel cadre, l’égalité suivante est-elle vérifiée :

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