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Modèle et stigmate ou comment assumer la surexposition

B. Des gangs aux groupes de pairs : les formes du rassemblement

5. Modèle et stigmate ou comment assumer la surexposition

Carnet de terrain : le sexe 187

6. Perspective de coordination publique : déterminisme situationnel et exigence de justice... 196

Carnet de terrain : le trafic 198

7. Face à l’épreuve publique : légitimité et construction de la confiance ... 205

Histoires d'une cité 209

8. Ni fuite, ni rapprochement : un espace public conflictuel est-il possible ?... 212

Carnet de terrain : avec les 'grands' 221

IV. Rassemblements:

une urbanité relative ou les limites de

l’espace public

Le détour par la littérature sur les agrégations juvéniles nous a apporté une moisson de renseignements parfois contradictoires sur ce qui fait les groupes, même si ces travaux centrés sur le gang, la bande ou le groupe portent sur un objet différent du notre. Nous voudrions dans cette section travailler les rapprochements et les traversées, plus que le club ou la clique, un mouvement plus qu'un état, pour tenter de comprendre le sens, notamment spatial, que prennent les rassemblements pour ceux qui les composent.

Pour répondre à cet objectif, il a un moment été envisagé d'entreprendre une thématisation des expressions qui marquent les espaces de rassemblement, comme a su

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

le faire G. Bachelard pour la maison par exemple (La poétique de l'espace): coins, marqueurs de distance, frontières… Cependant, le travail de terrain a confirmé "l'enfouissement"79 de ces expressions :

« Le carrefour ça n'a pas de nom »80 (Karim, Créteil). En fait celui-ci est plutôt appelé « le tabac », mais les espaces sont rarement nommés, hormis ceux qui correspondent à des 'services urbains' (gymnase, café, commerce…). L'espace, on ne le convoque pas, on y va.

Nous avons préféré montrer en filigrane les 'dégradés d'expressivité' des rassemblements. Suivant les moments, ceux-ci se rapprochent du rassemblement d'habitués basé sur des routines ; et apparaissent ensuite comme un rassemblement "total" (retrouvailles, disputes…). Ce dégradé peut être construit sur:

• la critique (gymnase incendié, ostentation face aux policiers…) • les virtuosités (sportives, ludiques, informationnelles…)

• la visibilité: se cacher (pour 'échanger'), être vu (parce qu'exposé), se montrer (pour 'vendre', se faire reconnaître…), voir (pour savoir ce qui se passe)

• la présence physique (les halls d’immeubles, les sas de centres commerciaux, les portes de cours de collèges, les entrées de salles…)81. Nous essaierons de montrer ce que produit l'investissement spatial au sein des différents rassemblements, en nous appuyant notamment sur les notions de "réserves" (Goffman), d'appropriation (Lefebvre), de familiarité (Thévenot) et de déterritorialisation/reterritorialisation (Deleuze et Guattari). Ces approches seront complétées par celle sur les mobilités, notamment celles de J. Levy et de M. Kokoreff.

79 Selon Ricœur, 'l'enfouissement' du récit dans la vie, sous la forme de la conversation ordinaire est le premier stade du récit. C'est ce qu'il appelle la 'préfiguration'. Le deuxième stade du récit est la configuration. "L'acte de configuration possède une triple membrure: d'une part, la mise-en-intrigue, que j'ai appelée la 'synthèse de l'hétérogène'; d'autre part, l'intelligibilité, la tentative de mise au clair de l'inextricable; enfin la confrontation de plusieurs récits les uns à coté des autres, contre ou après les autres, c'est-à-dire intertextualité". La refiguration est le troisième et dernier stade du récit, celui de la lecture (Ricœur, 1998).

80 “Le lieu est de l’espace nommé” (Depaule, 2000)

81 Occupés, les passages deviennent des seuils et les seuils deviennent parfois opaques, cependant ils jouent leur rôle d’adhérence. Un jour, à l'annonce de la fermeture de la salle de la MPT (Créteil), nous sommes une bonne vingtaine, avec les jeunes du rassemblement, à sortir simultanément par la petite

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

1. Etat des lieux : Cartes des décalages entre

centralités spatiales et sociales (3 cartes

jointes au mémoire)

« On ne peut calquer la carte des rassemblements sur celle des impayés ou des familles pauvres, mais plutôt sur celle des cercles d'amis, des amitiés d'enfance et de leurs lieux » (responsable SCIC, Créteil) Les cartes des espaces de rassemblement décalés montrent l'ampleur des microcentralités au sein même de ces espaces résidentiels. Elles ne prétendent pas à l'exhaustivité et constituent un instantané à la fin 1999 certainement en-dessous de la réalité. Elles se veulent néanmoins le reflet le plus fidèle possible des pratiques de rassemblement décalées sur Bobigny, Créteil et Nanterre. Elles ont été élaborées à l'aide d'observations directes (seul ou guidé par un des interviewés) et de plus de 110 entretiens individuels ou collectifs82

Nous avons dissocié d'une part les centralités spatiales et d'autre part les centralités sociales.

• Centralité spatiale : espace extérieur conçu pour recevoir un

rassemblement (place, square…)

82 Les personnes interviewées :

Sur Bobigny, il a été procédé à 18 entretiens individuels et 12 réunions collectives. Sur ces entretiens, 25 ont donné lieu à enregistrement.

Sur Créteil, il a été procédé à 42 entretiens individuels et 8 réunions collectives. Sur ces entretiens, 34 ont donné lieu à enregistrement.

Sur Nanterre, il a été procédé à 31 entretiens individuels et 19 réunions collectives. Sur ces entretiens, 25 ont donné lieu à enregistrement.

Ces entretiens ont eu lieu soit sur le lieu de travail (bureau, salle commune…) avec des plans, soit sur place de manière itinérante.

Les personnes interviewées ont été celles présentes sur le terrain et donc susceptibles de donner des informations sur les rassemblements décalés :

Les services municipaux

Mission Ville (Créteil), Vie de quartier (Nanterre), Jeunesse (B, C, N), Nettoiement (B, C, N), Espaces verts (B, C, N), Sports (B, C, N), Economique (C)

Les bailleurs sociaux

Responsables (B, C, N), Gardiens (B, C, N), Gestionnaires des parties communes extérieures (SEMECO (B))

Les services sociaux

Responsables de maison des jeunes (Bleuets (C)), de centres sociaux (Petits-Prés/Sablières (C), Canibouts (N)), de foyer de jeunes travailleurs (ADEF (C)), d’organismes de formation (AFPA (C)), de clubs de prévention (C, N), Educateurs clubs de prévention (C, N)

Les personnels de terrain de grands équipements

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

• Centralité sociale : espace de rassemblement effectif (phénomène récurrent de stationnement d’un ou de plusieurs groupes de personnes) Ces cartes font le bilan de la présence des espaces décalés, c’est-à-dire ceux:

• qui ne sont pas conçus pour recevoir des gens mais sont plutôt des espaces de circulation (trottoir, carrefour, chaussée…) et où pourtant des gens se rassemblent

• qui sont prévus pour un certain type de public et qui sont occupés par un autre (des jeux pour enfants utilisés par des adolescents…)

• qui sont prévus pour recevoir des gens et où pourtant personne ne vient. Ces trois types de lieux sont mis en regard avec des espaces qui sont prévus pour recevoir des gens mais qui malgré des conditions d’utilisation pas forcément optimum, fonctionnent particulièrement bien.

Si l’on veut comprendre pourquoi des gens se rassemblent à un endroit et pas un autre, ces situations décalées sont intéressantes pour plusieurs raisons :

• d’une part elles montrent ce qui fait qu’un espace public fonctionne

• d’autre part ce sont bien souvent des situations instables et les moments où ils se créent et ceux où ils disparaissent sont des instants privilégiés pour comprendre leur nature.

Ces cartes permettent de tirer quelques enseignements :

Hormis à Nanterre où ils sont plus nombreux, on ne retrouve pratiquement pas de rassemblement décalé en zone pavillonnaire. Quelques rassemblements décalés de jeunes se forment néanmoins près des collèges, d’équipements particuliers ou d’opérations HLM implantés dans ces quartiers. La densité y est en effet beaucoup plus faible et la visibilité plus stigmatisante (autres publics rares et étiquetage des propriétaires vigilants). Même si peu de rassemblements se produisent sur ces zones pavillonnaires, les populations de jeunes de ces quartiers se retrouvent sur le reste de la ville (Vieux centre (C), La Boule (N), cité de l’Abreuvoir (B)).

En vieux centre-ville, les espaces de rassemblement décalés sont plutôt le fait de populations immigrées (maghrébins, portugais…) qui stationnent près des marchés. Les jeunes sont regroupés près des fast-foods et se disséminent aux environs des collèges et lycées, ainsi que dans les squares. L’espace est suffisamment « cadré » pour que les

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

Les seuls rassemblements décalés présents de manière systématique sur les zones d'activité sont les commerces ambulants, peu nombreux mais particulièrement actifs. Situés en général à des carrefours en position centrale ou à l’entrée de la zone, ils n’hésitent pas à sortir tables et chaises sur le trottoir pour servir la clientèle des employés de bureau. Lorsque ces zones ne sont pas isolées (entre habitat et équipement par exemple) les parkings sont parfois investis de rassemblements décalés composés de jeunes ou d'enfants (Champs Pierreux (N)). Les zones d’activités plus anciennes comportant des friches peuvent héberger des squats (Les Vignes (B), ouest Chemin de l’Ile (N)).

Les cités en marge et les marges des cités sont l'occasion d'espaces décalés particuliers (mécanique, pique-niques, trafic…) qui se caractérisent par leur extraterritorialité légale ou temporelle.

a. Les publics

Dans une première approche, on peut considérer que les enfants restent plutôt proches de leur habitation, sur les espaces verts ou de jeux jusqu'à 10/12 ans puis s'installent ensuite à proximité des entrées, des garages et devant ou dans les halls. Les adolescents se déplacent sur toute la cité et les adultes restent fixes au centre (parents proches des petits, personnes âgées).

Les jeunes représentent le public le plus nombreux de ces espaces de rassemblement décalés. Ces derniers sont situés pour la plupart au sein ou à proximité directe de groupes d'habitation HLM (et plus particulièrement de certains bâtiments à l'intérieur de ces ensembles)83. Cette caractéristique est particulièrement visible à Bobigny où les 'cités' sont plus discrétisables qu'ailleurs. A Créteil, les espaces décalés constitués par des jeunes suivent le même principe de localisation. Cependant, la dernière extension de la ville qui date des années 80, associant des logements privés et publics en front bâti continu d'immeubles bas donnant sur rue ou sur voie piétonne, réduit le phénomène mais en renforce la stigmatisation.

83 Le statut du bailleur compte plus que la forme urbaine dans la présence de ces espaces décalés formés par des jeunes. La politique d'attribution modifie clairement l'origine et la stabilité des locataires (cf. quartier du Parc sud/nord à Nanterre). Par ailleurs, la concentration de ces espaces décalés sur quelques bâtiments provient en général de la taille importante des appartements et de l'ancienneté des familles, du type de bailleur ou de la filière d'attribution, de la visibilité ou de la proximité de circulations, du type de locataires ou de la personnalité du gardien, bref une multitude de raisons que nous n'épuiserons pas

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

Jeux pour enfants de la cité Chemin Vert à Bobigny

Les espaces de rassemblement décalés occupés par les enfants sont assez nombreux et situés pour la plupart au centre des cités. Ils recueillent un public juvénile large, de jeunes et d'enfants habitant l’endroit84. Ceux moins centraux concernent des groupes un peu plus âgés et regroupés par tranche d’âge.

Sur quelques cités où les relations entre habitants sont plus développées, des personnes âgées stationnent en groupe régulièrement en périphérie du quartier, à l’écart des enfants et adolescents. Ces groupes se déplacent en fonction de l’ensoleillement. Les personnes âgées se déplacent surtout le matin, quasiment jamais en groupe mais s’arrangent pour se croiser en sortant à la même heure et en prenant le même parcours. Les retraités des foyers SONACOTRA sont apparemment très souvent "au pays" et semblent moins rester à l’extérieur que les autres habitants, « pour surveiller leur chambre qui sert de stockage » (coordonnateur de quartier, Nanterre).

Les pratiques de trafic de drogue motivent l'existence de certains espaces décalés. Il faut cependant différencier les plaques tournantes qui font le vide autour d'elles85 et la multitude de petits lieux de revente de proximité dont seulement les plus importants où les plus ostentatoires sont répertoriés en tant que tels sur les cartes. Ce trafic domestique

84 Peu sont surveillés directement par leurs parents. Cette surveillance s'exerce plutôt sur les plus petits dans les centralités spatiales conçues pour les recevoir (jeux pour enfants…).

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

s'exerce à proximité des autres espaces décalés utilisés par les autres jeunes ou par les enfants. Par contre, si la limite entre les espaces décalés de jeunes et les enfants est relativement souple, celle existant entre les enfants et les revendeurs est en général tout à fait claire et respectée de part et d'autre.

Les représentations spatiales évoluent notamment en fonction :

• de l’âge: pour les 'petits', les zones non pratiquées quotidiennement sont éloignées et les limites qui les séparent de celles-ci sont fortes. Pour les plus grands, les autres zones leurs sont proches et les limites atténuées. • du lieu d’habitat: plus on habite loin de la zone considérée, plus on la

définit de manière élargie en comprenant des habitats qui ne seront pas estimés comme en faisant partie par ceux qui l’habitent ou la fréquentent. • de ceux qui les occupent, plus que des particularités géographiques ou

spatiales.

• des déplacements des groupes qui y stationnent. C’est seulement à l’extérieur de la ville (vacances…) que l’appartenance à la ville est revendiquée. Les jeunes du centre-ville de Bobigny auront cependant plus de facilité à revendiquer leur appartenance à "Boboche", que ceux des deux autres villes.

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

b. Les espaces non utilisés

Agora vide à Bobigny

« Non, non, les bancs ne sont pas utilisés. C’est que pour une heure par les gens qui habitent la cité et le reste de la journée par les jeunes. Le soir à n’importe quelle heure, même la journée » (habitante, Nanterre). La non-utilisation des espaces peut avoir de multiples causes qui ont du mal à rentrer dans une quelconque grille. Cependant, nous avons essayé de classer ces espaces en quatre catégories, selon leur défaut majeur : conception86, dégradations87, situation88, ou inadaptation aux publics89.

86

1. Terrain A86 niveau CPAM (B) : pas de jeux

2. Dalle Berlioz (B) : n’a pas été conçu comme un espace de circulation de la cité 3. Mail Reinhardt (B) : peu aménagé, trop étroit

4. Place de la préfecture (B) : revêtement rugueux, peu d’aménagements (sécurité) 5. Place Croix des Mèches (C) : revêtement rugueux

6. Espace rollers Parc de la Brèche (C) : inadapté aux pratiques récentes 7. Jeu adolescents Sq. Esquirol (C) : jeu trop formaté, mode d’utilisation unique 8. Mail Mitterrand (C) : espace extraverti, attente du nouveau quartier des Sarrazins 9. Place Mendés France (C) : lieu passant aménagé comme un lieu calme 10. Placette au nord du sq. de l’Echat (C) : trop petite, cernée de bureaux, minérale 11. Kiosque Acacias (N) : espace trop petit, trop à la vue

12. Placette Balzac / Courbevoie (N) : arbres à fruits collants > bancs impraticables 13. Stabilisé r. Col. Fabien (N) : locataires trop proches, salissant

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

c. Synthèse

Cette première tentative confirme ou précise certains constats faits sur les autres espaces de rassemblement.

D’une part, les espaces prévus pour des rassemblements réguliers de quelques personnes, doivent avoir des dimensions correctes. Cet espace doit pouvoir contenir le rassemblement mais aussi créer une enveloppe structurant la distance (arbres, mobilier urbain…), et non imposant un écran, entre l’espace de rassemblement et l’espace environnant pour relativiser les nuisances extérieures (vue, bruit…) ou essayer d’en causer le moins possible90.

18. Bacs à sable non surveillés : la clôture ne représente pas une protection efficace 19. Dalle béton Grémillon / r. Prospérité (B) : revêtement abîmé

20. Square nord-ouest Eluard (B) : déjections canines, verre 21. Jeux Karl Marx sud (B) : ¾ des jeux enlevés

22. Mur d’escalade A86 (B) : prises dégradées 23. Jeux enfants Potagers (N) : clôture et jeux cassés 24. Tennis Zilina (N) : enrobé non plan, filet manquant 25. Square Novi-Béograd (C) : déjections canines

26. Square Clos des Vergers / Sq. Martinez (C) : dégradations, déjections canines

88

27. Kiosque r. de Savoie (B) : placé sous des arbres

28. Jeux est Berlioz (B) : situé dans un renfoncement, concurrence nouveaux jeux 29. Tennis de table Grémillon / RN 186 (B) : en retrait de la vie sociale

30. Sièges béton r. La Fontaine (B) : servent à caler les poubelles

31. Tennis de table PVC (B) : concurrence des nouveaux équipements sur A86 32. Bancs intégrés Mairie (B) : situé en plein passage > intimité impossible 33. Foot r. de Dijon (B) : milieu habitations, concurrencé par stades départementaux 34. Jeu à ressort tour 6 Chemin Vert (B) : jeu unique

35. Jeux enfants Parc de la Brèche (C) : coupés du reste du parc et entre publics 36. Bac à sable Haye aux moines (C) : à l’ombre

37. Bac à sable nord Giraudoux (C) : à l’ombre, aspect froid (essences boisées) 38. Promenade des italiens (C) : n’est pas utilisée comme circulation de transit 39. Place de l’Europe (C) : bureaux exclusivement

40. Boules all. Bourgogne (N) : présence d’enfants proches

41. Jeux tour MH / bd Pesaro (N) : écrasé par tour, impossible surveiller par fenêtres 42. Jeux en bois entre r. Résistance / Acacias ouest (N) : au milieu du passage 43. Butte pierre Lilas (N) : exposée pour les jeunes, bruyant pour les appartements 44. Bancs intégrés Mairie (N) : espace trop nu

45. Bancs rue Pascal (N) : situé entre la route et la voie RER, pavillonnaire 46. Tennis école La Fontaine (N) : près du CASH (SDF)

47. Square bd Lénine / bd National (N) : trop bruyant 48. Square bd Lénine / r. du Mans (N) : petit, bruyant 49. Square r. des plaideurs (N) : petit

50. Stade Potagers (N) : en périphérie du quartier et des circulations

89

51. Bac à sable r. Bossuet (B) : peu d’enfants dans l’immeuble

52. Amphithéâtre haut jardins de Bobigny : ne correspond pas à une pratique 53. Terrain de bicross base de loisirs (C) : passé de mode

54. Ancien fronton pl. de la Habette (C) : panier basket demandé (bruit->refusé) 55. Jeux sq. Savignat (C) : milieu habitations de personnes âgées

56. Boules Carriers (N) : habitations récentes, prés jardins privatifs 57. Panier de basket Castors (N) : population âgée

58. Stade Langevin (N) : jeunes souhaitent terrains plus petits en proximité 59. Boules Lilas (N) : vont jouer avec les habitants des coquelicots

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

D’autre part, l’excès inverse, c’est-à-dire l’isolement, empêche aussi une présence régulière sur l’espace de rassemblement91. Il faut donc que les équipements soient assez éloignés des habitations mais proches des endroits de passage.

Les espaces de rassemblement doivent évidemment faire l’objet d’un entretien régulier et d’une conception adaptée (visibilité, durabilité…), ceci tant en ce qui concerne les revêtements92 que la compatibilité des prescriptions93 ou l’habitabilité94.

Mais la nécessité d’animation de l’espace public95 doit prendre en compte la situation locale des espaces96 existants ou à créer et des publics qui pratiquent ou côtoient ces lieux de rassemblement97.

Hormis les problèmes de dimensionnement98 ou de positionnement99, l’évolution des pratiques est un sujet plus complexe à traiter. Un effet de mode peut par exemple, déplacer l’intérêt d’un sport à l’autre sur une période de 10 ans (jogging -> VTT), de 5 ans (tennis -> basket) ou de 2 ans (street basket -> foot).

Au cours de l'année, un événement (Roland Garros…) peut créer une demande ponctuelle forte.

La mise en place de terrains multisports n’a réglé le problème que partiellement : • les équipements lourds ont du mal à s’adapter100

• la sectorisation des publics jeunes vis-à-vis des adultes est souvent renforcée

• leur position géographique et leur rôle social de ‘centralité de quartier’ ou de cité, fragilise leur caractère d’espace public ouvert.

La non utilisation des espaces prévus pour les rassemblements et non utilisés montre que:

L’agora101, archétype de l’espace public, n’a pas de forme idéale. Elle doit s'adapter par la confrontation continue entre espaces et publics.

Il est difficile de passer outre cette conflictualisation de l’espace public. Lorsque l’on veut tenir à l’écart un public pour éviter un conflit, il y a en effet de grandes

91ex : 2,29,35,38,50,60 92ex : 4,5 93ex : 12 94ex : 15 95ex : 1,17 96ex : 27,30,36,37,41 97ex : 7,16,39,40,46,51,57 98

IV. Rassemblements : une urbanité relative ou les limites de l’espace public

chances pour qu’il soit déplacé ailleurs ou que cet espace soit aussi délaissé par les autres personnes102.

Il s’agit peut-être de prendre en compte les parcours affinitaires de populations considérées comme mouvantes, prêtes à se déplacer pour rejoindre un ami, s’arrêter en revenant de l’école ; considérer les pratiques dynamiques103 des lieux et non des contingents aux potentialités normalisées ou des déplacements virtuels sans territoire.

d. Les espaces très bien utilisés

« Le soir il y a presque plus de parents que d’enfants dans l’espace jeux car les enfants jouent à cache-cache autour de la tour » (gardienne, Nanterre). La surfréquentation de certains lieux semble due soit à un bon tissu relationnel-familial qui permet de maintenir une bonne cogestion, soit à une bonne situation