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B. Bobigny, Créteil, Nanterre : Trois villes comme rassemblement

1. Une abbaye un carrefour et quelques fermes :

A la période gallo-romaine, seule Nanterre est déjà une bourgade importante. A partir du 10e siècle, le futur chef-lieu des Hauts-de-Seine et Créteil dans une moindre mesure vont se développer peu à peu et devenir résidence de campagne de la noblesse et des riches marchands parisiens. Au Moyen-âge, Nanterre devient grâce au Mont-Valérien un lieu de pèlerinage32. Créteil subira de tous temps l’ombre de Saint-Maur, abritant un des principaux monastère d’Ile-de-France et un château royal. Au 14e siècle, pendant la guerre de cent ans, Alors que Bobigny se résume à quelques fermes, Nanterre et Créteil édifient leurs remparts. Au cours des 14e et 15e siècles, les parcelles les plus proches des remparts sont activement travaillées, les vignes sont constituées en clos, mais les champs situés aux confins du terroir sont souvent négligés de craintes d’attaques soudaines et certains retournent à l’état de friches. Hormis ce rôle de protection, le centre de ces villages ne jouait pas de rôle économique ou commercial véritable, les productions étant acheminées directement vers la capitale. Les remparts seront finalement rasés sous l’empire devant la pression démographique. A la fin du 18e siècle, Créteil compte 950 habitants alors que Nanterre atteint déjà les 2000. Au second empire, lors de la construction du réseau de fortifications

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de Thiers, Bobigny reste encore sous la mainmise foncière des descendants du pouvoir seigneurial et clérical. Situé entre le Fort d’Aubervilliers et celui de Romainville, ce village de 350 habitants est rasé pour faire place nette et permettre une défense efficace de cette capitale dans laquelle ils se réfugieront après la destruction de leurs maisons. Le bourg sera détruit une seconde fois pendant la guerre de 1870 contre les Prussiens33.

La région Parisienne vers 1674 Nous percevons déjà ici deux parcours similaires, ceux de Créteil et Nanterre, même si cette dernière reste sans conteste la ville la plus importante des deux. En revanche Bobigny, terre de maraîchers située à 3km de Paris, cœur creux de la plaine d’Aubervilliers, suit une évolution médiocre et perturbée. Son existence même est plusieurs fois remise en cause et ne lui permet pas de poser les fondements urbains (remparts, centre religieux…) susceptibles de façonner et d'entretenir une quelconque accroche identitaire. De plus, il

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subit coup sur coup la création au sud, du canal de l’Ourcq en 1822 et de la gare de triage de Bobigny-Pantin en 1890, puis du cimetière parisien à l’ouest. Ces trois équipements ponctionnent une part importante du territoire communal, sont autant de coupures et ne participent que peu au développement de la commune car le port du canal de l’Ourcq se trouve à Bondy et le cimetière concerne uniquement les habitants de la capitale. Pourtant ce bourg, par deux fois détruit est systématiquement rebâti. Cette opiniâtreté semble donc témoigner de la nécessité de ce centre périphérique, si modeste soit-il.

A Créteil, c’est le sable qui oriente la morphologie du village. Calé à l'ouest par des marécages et à l'est par la présence de la Marne, il confortera son développement le long de la route nord-sud de Paris à Bâle. Le « carrefour de Créteil » est situé au croisement de la route de Paris à Brie-Comte-Robert et du chemin reliant la Marne à la Seine. Les bateaux de la Marne chargent au port de Créteil les pierres extraites des carrières, les céréales et le foin destinés à la capitale. L’obstacle du fleuve sera levé fin 19e avec la création du pont reliant le petit village de Créteil au centre économique qu’est Saint-Maur. A l’ouest, la voie ferrée Paris-Lyon-Marseille et la gare de triage de Choisy seront des coupures trop éloignées pour avoir eu une véritable influence. le village grandit sur la crête, le pavillonnaire sur les alluvions de la Marne et plus tard le grand ensemble sur le Mont-Mesly. Au 19e siècle, le chemin initial devenu RN 19 est dévié. Les nouvelles opportunités liées au tracé attirent surtout les pavillons qui se développent jusque sur les bords de Marne. La plaine Ouest devra attendre le départ des sablières pour être urbanisée à partir de 1965.

Nanterre est comme Créteil, les pieds dans les sables et les marécages, lové entre le méandre industriel de la Seine et les pavillons du Mont Valérien. Là aussi, les carrières seront logiquement la première, et longtemps sa seule industrie. Anciennement baptisé presqu’île de Gennevilliers, Nanterre est si isolé que pendant des siècles, aussi longtemps que l’on n’aura pas construit le pont de Neuilly, le seul moyen d’accès sans se détourner longuement, sera le bac traversant la Seine. Alors que l’urbanisation de Nanterre s’articulera pendant tout le 19e siècle, autour de la gare du chemin de fer reliant Paris à Saint-Germain créé dès 1837, c’est en 1887 seulement, que la branche du rond-point de La Défense laissée en attente, est prolongée pour relier les communes de Seine-et-Oise. Une fois la Seine franchie, hormis le Mont Valérien au sud, les autres coupures seront beaucoup

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plus tardives, tout d’abord le vaste dépôt de chemin de fer de la Folie situé à la limite avec Courbevoie puis ensuite les infrastructures routières.

Créteil et Nanterre assument très tôt une fonction résidentielle importante (rentiers, pavillons…). Cependant, elles restent, comme Bobigny, des communes aux activités axées autour de l’agriculture jusqu’au début du 19e siècle. Y compris de par leurs origines, les habitants ont un fort sentiment d’appartenance au « rural » qui imprègne leurs modes de vie mais aussi la vie politique. La construction des premières gares constituera le point de départ de cités à vocation urbaine.

La région parisienne vers 1852 Villégiature pour les parisiens. Maraîchage des "jardiniers de Paris" ayant fui les travaux d’embellissement du préfet Haussmann. Nos trois communes s'inscrivent, certes avec différents atouts, comme périphéries de la capitale. Ce rapport centre-périphérie est perçu (pratiqué) dans la vie quotidienne de ces propriétaires de maison secondaire et des maraîchers, mais ne semble pas vécu (représenté) comme tel par une population qui se considère avant tout comme agraire, coupée de la grande ville et de son tumulte (entre autres révolutionnaire).

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2. Banlieue rouge, ville ouvrière et bourgeoisie