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Les mobilités transfrontalières macédoniennes en direction de la Grèce : le tournant de la libéralisation des visas

Au mois de juillet 2010, je profitais d’un week-end pour visiter les rives du lac d’Ohrid, lac du sud-ouest de la République de Macédoine, partagé entre cet État et l’Albanie voisine. Ce lac à l’eau transparente, classé au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 1979, est également l’un des principaux centres touristiques des Balkans, alliant une dimension balnéaire et festive à un riche patrimoine culturel et historique. C’est notamment dans la ville d’Ohrid que st. Clément et st. Naum se sont installés à la fin du 9e siècle et y ont fondé l’école littéraire d’Ohrid afin de poursuivre le travail de diffusion du christianisme byzantin

Figure 30 : Trois véhicules immatriculés à Florina devant ce supermarché à la devanture bilingue (gauche) Photo : G. Javourez, Kravari, 2016

chez les peuples slaves entamé par saints Cyril et Méthode (Rossos, 2008:34). Mais en cette fin de mois de juillet 2010, la ville et les rives du lac étaient étonnamment clairsemées. Les bars et discothèques, que j’avais connues remplies à l’été 2009, n’étaient plus bondées. Que s’était-il passé, alors que tout semblait propice à une haute fréquentation de la station balnéaire ? Pour les habitants que j’interrogeais alors, le responsable était tout trouvé : la fin du régime de visa Schengen pour les courts séjours, entrée en vigueur le 19 décembre 2009.

Cet été 2010 était alors le premier été au cours duquel les citoyens macédoniens, mais aussi monténégrins et serbes, présents en masse sur les rives du lac, pouvaient se rendre en Grèce pour leurs vacances sans qu’un visa ne leur soit nécessaire. D’ailleurs, certains amis avaient de leur côté décidé de profiter de la nouvelle situation pour se rendre sur les plages grecques via l’une des multiples offres d’agences touristiques macédoniennes qui comptaient bien tirer parti de la situation. Les stations balnéaires de la Chalcidique et de la riviera du Mont Olympe apparaissaient ainsi plus proches que jamais, à des tarifs fortement concurrentiels au regard de ceux pratiqués dans la région d’Ohrid.

La suppression du régime des visas, un effet immédiat sur les mobilités macédoniennes Si ces observations ne préjugent pas de l’impact réel de l’accès facilité des citoyens macédoniens à l’espace Schengen et à la Grèce, elles témoignent de l’atmosphère qui régnait en cet été 2010 alors que l’espace de villégiature des citoyens macédonien se trouvait fluidifié par la possibilité de franchir la frontière grecque avec leur seul passeport, sans visa. Ainsi, lorsque l’on observe les données fournies par le ministère de l’intérieur de la République de Macédoine (figure 31), l’augmentation du nombre de sorties de citoyens macédoniens en direction de la Grèce apparaît clairement. De 601.818 sorties par les postes frontières de Dojran, Gevgelija ou Medžitlija en 2009, ce nombre passait à 785.516 sur l’année 2010, soit une augmentation de 30% sur l’année. Le lien entre cette hausse du franchissement et les modifications des conditions d’accès au territoire grec émerge d’ailleurs clairement à l’étude des données mensuelles concernant les entrées de citoyens macédoniens sur le territoire grec par le poste de Niki. En effet, l’augmentation s’amorce dès le mois de décembre 2009, alors que le régime de visa de court séjour n’est aboli que le 19

du même mois, avant de se poursuivre fortement sur l’ensemble de l’année 2010, et plus

Figure 32 : Hausse du nombre d'entrées de citoyens macédoniens sur le territoire grec par le poste frontière de Niki entre 2009 et 2010 (%)

Source : Ministère de l’intérieur de la République Hellénique

Figure 31 : Entrées de citoyens macédoniens sur le territoire grec au poste frontière grec de Niki

Source : Ministère de l’Intérieur de la République Hellénique

L’augmentation à ce poste de Niki/Medžitlija apparaît ainsi comme plus marquée que sur l’ensemble des trois postes frontières entre les deux pays. En 2009, les autorités grecques y enregistraient le passage de 102.804 citoyens macédoniens, contre 164.382 au cours de l’année 2010 et 178.087 entre janvier et novembre 201172 . Entre ces deux années, le nombre de ces franchissements enregistrés à ce poste frontière a donc augmenté de 60%, soit une augmentation deux fois plus importante73 que celle concernant l’ensemble des postes frontaliers qui séparent les deux pays. Cette hausse est par conséquent bien plus importante que celles enregistrées aux deux postes situés sur la partie orientale de la frontière, dont celui d’Evzoni/Gevgelija, situé sur l’axe routier reliant la ville de Thessalonique à Belgrade, en passant à proximité de Skopje.

L’observations de ces données illustre une dynamique locale particulière à ce poste frontière, que l’on peut rapprocher à la dimension locale des mobilités transfrontalières grecques au sein du même espace. L’impression en est renforcée par l’étude de la distribution mensuelle de cette évolution, puisque les niveaux des entrées enregistrées en 2010 sont systématiquement supérieurs à ceux enregistrés au cours de l’année 2009. Et si les mois d’été, et principalement juillet et août, restent prédominants dans la structure de ces mobilités en direction de la Grèce, l’augmentation de celles-ci durant ces deux mois est légèrement inférieure à la moyenne annuelle, indiquant d’autres augmentations plus marquées à d’autres moments de l’année. Car c’est effectivement pendant les mois de janvier, mars, mai, septembre et octobre que les hausses sont les plus fortes, et supérieures

72 Ces données ont été récupérées auprès du ministère de l’intérieur grec au mois de janvier 2012, juste avant la fin de mes recherches de terrain. Les données du mois de décembre 2011 n’étaient alors pas encore disponibles.

73 Les données prises en compte ici sont issues de sources différentes et ne sont par conséquent pas strictement comparables. Tout franchissement d’un poste frontière en direction de la Grèce n’implique pas une entrée sur le territoire de ce pays alors que les magasins hors-taxes qui s’y trouvent constituent une destination occasionnelles des citoyens macédoniens. De l’autre côté de la frontière, un certain nombre de citoyens macédoniens disposant d’une double citoyenneté utilisent leur second passeport afin de franchir plus rapidement la frontière. C’est notamment le cas des nombreux citoyens macédoniens disposant également d’une citoyenneté bulgare. Mais l’écart important entre les données recueillies auprès des ministères de l’intérieur grec et macédonien apparaît comme suffisamment important pour que son ordre de grandeur soit pris en considération, alors que l’un et l’autre pratiquent un enregistrement systématique des données du

à la moyenne annuelle des augmentations puisqu’elles sont comprises entre 67 et 90%

(figure 32).

Les mobilités estivales n’apparaissent pas comme les plus fortement impactées par la hausse de mobilités macédoniennes qui survient après la disparition du régime des visas de court séjour. La forte hausse du mois des dernières journées ensoleillées au bord des mers Égée ou Ionienne, alors que le gros des vacanciers a déserté les plages, que la température devient plus supportable qu’en juillet ou août, et que les prix des séjours vendus par les agences de tourisme macédoniennes sont au plus bas. Mais, en ce mois de septembre 2010, le hasard a fait en sorte que le 8 septembre, jour de la fête nationale célébrant l’indépendance du pays, tombe un mercredi, directement suivi par le jeudi 09 septembre, autre jour férié, célébrant la fête de Bajram et lors duquel les musulmans célèbrent la fin du mois de Ramadan. Profitant de ces deux jours chômés, de nombreuses personnes ont décidé de prendre la journée du vendredi et de partir passer quelques nouvelles journées sur les plages grecques. Peu habitué à ces affluences au poste frontière de Medžitlija, je me retrouvais alors bloqué pendant plus d’une heure dans une interminable file de véhicules macédoniens, majoritairement immatriculés dans la préfecture de Bitola et des alentours (figure 33). Mais en l’absence de chiffres avancés par les autorités ou la presse, il paraît difficile d’évaluer l’impact de ce week-end prolongé sur les franchissements frontaliers, bien que la comparaison avec les années 2009 et 2011 laisse envisager un impact significatif de cette configuration particulière. L’essentiel était ailleurs : l’importance de ces mobilités macédoniennes renouvelées en direction de la Grèce du nord

Figure 33 : Départs en week-end prolongés au poste frontière de Medzitlija (MK),

Photo prise le 08/09/2010, G. Javourez

illustrait une proximité renouvelée entre les deux pays. L’éloignement lié au processus d’attribution de visas de court séjour ayant disparu, la proximité géographique se retrouve de nouveau au cœur des stratégies de loisirs des acteurs macédoniens.

L’augmentation générale des franchissements frontaliers macédoniens en direction de la Grèce apparaît rétrospectivement comme une première étape vers une intensification de ces mobilités transfrontalières macédoniennes. La première augmentation post-régime de visa voyait 785.516 citoyens recensés aux postes frontières macédoniens en 2010. En 2011, ce sont vraisemblablement74 entre 900.000 et un million de ces franchissements qui ont été enregistrés. En 2014 et 2015, ce sont 2.346.580 et 3.023.059 résidents macédoniens qui sont recensées par les autorités grecques lors de leur entrée sur le territoire national.

De 2008 à 2015 : FYROM, une catégorie rendue invisible

Le site internet de l’Autorité Statistique Hellénique est une source d’information importante pour tout chercheur désireux d’obtenir des données concernant le nombre d’entrées de résidents étrangers sur le territoire grec. Navigant au fil de celui-ci il est aisé de localiser les statistiques convoitées au sein de la catégorie ayant trait au tourisme, et ce pour les huit dernières années.

Les données obtenues en 2009 directement auprès de cet institut statistique au Pirée, m’avaient déjà permises d’avoir une idée claire des entrées de résidents macédoniens sur le territoire grec pour la période allant de 2000 à 2007. Mais à partir de 2008, la République de Macédoine n’apparaissait plus dans les pays de résidence évoqués, comme c’était le cas auparavant où on la retrouvait sous l’acronyme FYROM. Indiquée jusqu’alors au sein de la catégorie Europe, les données là concernant ont été intégrées à la sous-catégories Autres pays européens dont les mobilités en direction de la Grèce, agrégées, étaient jusqu’alors

74 Les données récupérées auprès du ministère de l’intérieur macédonien en janvier 2012 s’arrêtent au mois d’octobre 2011. Au cours cette année 2011, ce sont 798.711 passages de citoyens macédoniens qui ont été recensés aux trois postes frontières macédoniens séparant la République de Macédoine de la Grèce. Au regard de l’évolution mensuelle de ces mobilités on peut estimer que le total annuel se rapprochait alors du million de

largement inférieures à celles des autres pays européens non membres de l’UE indiqués. Je retournais alors à l’institut statistique en 2010 en espérant pouvoir obtenir ces données directement auprès de la personne qui m’avait aidé en 2009. Mais elle n’en disposait pas non plus. Il faut attendre 201575 pour que la catégorie FYROM apparaisse de nouveau dans les tableaux de données mis en ligne par l’institut, le nombre d’entrées de personnes y résidant bondissant alors des 355.808 recensés en 2007 à 3.023.059.

Les explications quant à cette disparition soudaine sont incertaines mais ne semblent pas liées à la faiblesse des mobilités macédoniennes qui auraient dû, en toute logique, accompagner leur basculement dans la catégorie Autres pays européens alors que les pays voisins tels que l’Albanie ou la Serbie restaient quant à eux indiqués. Cette intégration faisait alors passer la catégorie Autres pays européens de 199.251 ressortissants enregistrés en 2007 à 770.615 en 2008. Cette dernière catégorie devenait alors la troisième par ordre d’importance, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni, et sa croissance s’est ensuite poursuivie jusqu’en 2014. La réapparition de la catégorie FYROM en 2015 nous permet alors d’observer que sur les 2.876.916 mobilités de résidents de ces Autres pays européens recensées en 2014, 2.346.580 concernaient des résidents macédoniens (81,6%). En 2015, ce ne sont alors plus que 348.585 entrées de ressortissants de cette catégorie agrégée qui sont recensés, contre plus de trois millions de résidents macédoniens.

On peut donc s’étonner de cette disparition de la catégorie FYROM à partir de 2008, année d’importantes tensions entre la République de Macédoine et la Grèce autour de la question de l’adhésion de la jeune république à l’OTAN. Comme elles y ont déjà contribué à plusieurs reprises, on peut émettre l’hypothèse que ces tensions diplomatiques ont conduit les autorités grecques responsables du recensement et de la classification des données des franchissements frontaliers à faire disparaître la République de Macédoine des pays dont les ressortissants entretiennent d’importantes relations avec la Grèce. Mais il semblerait que cette invisibilisation ait été mise à mal par l’importante augmentation des entrées de résidents macédoniens sur le territoire grec, augmentation d’une ampleur telle que les

75 Les données de 2014 sont issues de ce document de 2015, qui indique le nombre d’entrées de l’année précédente afin d’en analyser l’évolution.

résidents macédoniens sont en 2015 les plus nombreux à être entrés sur le territoire de leur voisin du sud.

L‘observation de l’ensemble des données disponibles, si elle ne permet pas une analyse fine de l’évolution des mobilités de résidents macédoniens vers la Grèce, nous informe tout de même sur ses tendances fortes. Ainsi, le croisement des données obtenues au Ministère de l’Intérieur macédonien avec celles de la statistique grecque nous permet d’identifier une croissance annuelle claire du nombre de ces entrées sur le territoire grec de 2010 à 201576. La lecture de ces évolutions nous indique alors une adaptation progressive des résidents macédoniens aux nouvelles possibilités de circulation, jusqu’à placer leurs entrées en Grèce au premier rang des arrivées de résidents étrangers sur ce territoire (figure 34). Avec une population estimée à 2.071.278 d’habitants en 201677, le nombre recensé d’entrées en Grèce apparaît comme supérieur au nombre d’habitants du pays. Mais il illustre surtout la proximité majeure qui s’est installée entre les deux pays et l’attraction exercée par le nord de la Grèce. Plus qu’une rupture, la date de la libéralisation du régime de visa de court séjour apparaît comme le point de départ de la construction de nouvelles mobilités transfrontalières après plus de dix années marquées par la faiblesse des mobilités macédoniennes en direction de la Grèce.

76 Si les informations concernant la République de Macédoine ne sont pas disponibles du côté grec pour la période allant de 2008 à 2014, les mobilités de la catégories Autres pays européens apparaissent comme regroupant majoritairement les mobilités de résidents macédoniens (voir encadré ci-avant). La croissance qui marque son évolution annuelle jusqu’à la réapparition de la catégorie FYROM témoigne alors de l’augmentation progressive des mobilités macédoniennes en direction de la Grèce, tout en n’en permettant pas une évaluation précise.

77 Ces données sont fournies par la Direction Nationale de la Statique de République de Macédoine (Državenzavodzastatistika). Il apparaît néanmoins nécessaire de préciser que le pays n’a pas conduit de recensement depuis celui de 2002, malgré une tentative avortée en octobre 2011. Le nombre de personnes résidant actuellement sur le territoire de la République de Macédoine fourni par cet institut est alors sujet à caution, et fréquemment dénoncé comme étant surestimé car ne tenant pas compte de la forte croissance de l’émigration de ces dernières années. Pour plus d’informations sur les questions liées aux recensements en

Figure 34 : Les entrées en Grèce de personnes résidant hors du pays au cours de l'année 2015

Le nord de la Grèce, une destination (ré) émergente.

La forte augmentation des mobilités macédoniennes en direction de la Grèce, consécutive à la libéralisation des visas de court séjour mais aussi aux évolutions réglementant la sortie des véhicules macédoniens de leur territoire national, a rendu visible cette présence

d’acheteurs macédoniens dans les villes du nord de la Grèce. En novembre 2010, alors que je m’étais rendu chez des connaissances de la région de Florina, mon hôte me faisait part de son étonnement relatif à la forte présence de véhicules immatriculés à Bitola sur le parking du supermarché de hard discount de la petite ville grecque. C’était pour elle la première fois depuis de nombreuses années qu’elle notait une présence aussi importante de véhicules, et à fortiori de citoyens, macédoniens dans la ville de Florina. La situation a perduré depuis l’époque de cette remarque, et ce supermarché de Florina est devenu partie intégrante des parcours d’achats de très nombreux bitoliens qui disent profiter des bas prix et de la variété de nombreux produits de consommation courante. Qu’il s’agisse des marchands de poisson du marché, de magasins de musique, de papèteries ou de magasins d’équipement moto, les commerces de Florina spécialisés dans un secteur peu ou pas représenté à Bitola attirent de nouveau une clientèle transfrontalière importante. Ces mobilités, qui émergent de nouveau après avoir quasiment disparu depuis le début des années 1990, apparaissent comme un rééquilibrage des mobilités transfrontalières entre les deux pays alors qu’elles étaient jusqu’alors majoritairement le fait de citoyens grecs venant s’approvisionner ou consommer

Figure 35 : Voitures macédoniennes immatriculées à Bitola et Ohrid sur le parking du supermarché Lidl de Florina Photo : G. Javourez, Florina, 2016

dans la ville de Bitola. Dans le cas de ces mobilités macédoniennes de proximité, le processus apparaît partiellement similaire : il s’agit, en partie, de consommer des biens et services également disponibles dans le pays d’origine mais à un tarif avantageux, c’est notamment le cas pour les achats réalisés dans les supermarchés de hard-discount. Mais ces mobilités transfrontalières relèvent également d’une autre logique, qui s’ancre dans la continuité des mobilités datant de l’époque yougoslave et traduisent la persistance de déséquilibres quant à l’intégration des deux États au marché mondial. Il s’agit ainsi de se procurer, par-delà la frontière, des biens et services que le marché local voir national n’offrent pas malgré la taille bien plus importante de la ville de République de Macédoine.

Aux mobilités de proximité qui s’apparentent aux parcours de consommation des citoyens grecs à Bitola s’ajoutent des mobilités liées aux différences de diffusion des produits globaux dans les États mis en contact par cette frontière, illustrant la complexité du jeu d’échelles à l’œuvre dans ces économies transfrontalières (Amilhat-Szary, 2015). Si les boutiques du centre-ville de Florina continuent à attirer bon nombre de ces visiteurs transfrontaliers, la petite zone commerciale située à la sortie sud-est de Florina est également devenue un passage obligé de ces visites dans la cité voisine. Suite à la suppression du régime de visa de court séjour, certains magasins qui y sont localisés ont ainsi développé une aire de chalandise transfrontalière au point d’en faire un espace totalement intégré aux pratiques de consommation de nombreux bitoliens.

Ce nouvel équilibre des mobilités transfrontalières apporte ainsi une nouvelle dimension à une région à cheval sur cette frontière nationale, qui n’existait jusqu’alors que pour les porteurs de la nationalité grecque et les heureux détenteurs d’un visa de ce pays. La petite ville frontalière, située à un jet de pierre de Bitola, est devenue une destination accessible et concrète pour les habitants de cette ville et de sa région, qui se retrouvent désormais, en termes de mobilité, sur un pied d’égalité avec leurs voisins. Florina et sa région sont ainsi également devenus des destinations de loisirs pour de nombreux bitoliens désireux de changer de cadre le temps d’une journée ou d’un week-end. Les restaurants situés du côté grec de la frontière accueillent de plus en plus de ces citoyens macédoniens venus déguster une cuisine différente de celle offerte dans les restaurants de leur ville, de même que la station de ski de Vigla ou les rives du lac de Prespa attirent les touristes transfrontaliers tout au long de l’année. Il en va de même pour de nombreux sites touristiques du nord de la