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Les mobilités entre Grèce et République de Macédoine : Yougoslavie(s), indépendance et visas Schengen

Le cas de la République de Macédoine présente des différences notables avec ceux des anciennes démocraties populaires d’Europe de l’est. De par son statut de République ex yougoslave, il n’est pas possible de comparer le régime circulatoire de ses citoyens durant la période socialiste avec ceux des citoyens des démocraties populaires d’Europe de l’est.

Bien que les citoyens yougoslaves ne connaissent pas la liberté de circulation dans la période de l’après Seconde Guerre Mondiale, leur régime de circulation s’assouplit progressivement à partir des années 1950 avec l’abandon par le gouvernement du permis de voyager pour ces citoyens42. C’est ensuite durant les années 1960 que de nombreux accords bilatéraux de libéralisation du régime de visa ont été signés (Jansen, 2009). Ce régime particulier a alors contribué à l’émergence d’un « champ migratoire » (Simon, 1979) entre la Yougoslavie et l’Allemagne, l’Autriche, la France ou la Suède, principaux pays d’accueil de travailleurs Yougoslaves installés dans ces pays43 ainsi que dans la mobilité pour nombre d’entre eux (Morokvasic, 1981).

41 Vivant à l’intérieur d’une bande frontalière de 30 Km

42 Si les permis de voyager ont été supprimés dans les années 1950, l’État garde tout de même un pouvoir discrétionnaire quant à la question de l’attribution d’un passeport à ses citoyens. Un certain contrôle perdure alors par ce biais, la délivrance du passeport et donc la liberté de voyager étant associée à des critères de

« bonne citoyenneté » (Jansen, 2009).

43 Selon Mirjana Morokvasic, ce sont plus d’un million de Yougoslaves qui ont un emploi à l’étranger durant les

Circulations à la frontière grecque

C’est donc dans ce contexte, entre Yougoslavie(s), République de Macédoine indépendante et émergence de l’acteur européen comme régulateur des régimes de franchissements frontaliers, que s’inscrivent les mobilités transfrontalières entre Grèce et République de Macédoine depuis la Première Guerre Mondiale. Car, comme il a déjà été évoqué et comme il sera détaillé dans le chapitre 3, la frontière actuelle entre la Grèce et la République de Macédoine suit dans sa quasi-totalité le tracé décidé par la Grèce et le Royaume de Serbie en Août 1913, lors de la Deuxième Guerre Balkanique, tracé confirmé en 1918 suite au premier conflit mondial (Lory, 2008). A ce tracé succède une période de mise en place de la frontière44, qui aboutit en 1930 à la signature d’un accord entre la Grèce et le Royaume de Yougoslavie45. Garantissant la libre circulation des habitants d’une bande de 15 Km de part et d’autre de la frontière, cet accord est suspendu en 1936 lors de l’arrivée au pouvoir en Grèce de Ioannis Metaxas. Et si elle semble avoir disparu durant la Seconde Guerre Mondiale et l’occupation bulgare de la région, la frontière joue un rôle crucial lors de la guerre civile grecque. La Yougoslavie socialiste, soutien des forces communistes grecques, servait de base arrière à ces derniers qui utilisaient les régions yougoslaves frontalières de la Grèce comme sanctuaire, à l’abris des forces royalistes grecques qui ne pouvaient s’y aventurer. Pourtant, cette situation prenait fin le 23 juillet 1949, lorsque la Yougoslavie décidait, en conséquence de la rupture entre Tito et Staline de 1948, de retirer son soutien aux forces de la guérilla communiste : la frontière était alors totalement fermée, précipitant la fin du conflit et la défaite du camp communiste. Elle sera rouverte uniquement pour laisser passer en certains

44 Les informations présentées dans ce paragraphe à propos de l’histoire du régime frontalier sont tirées de la thèse de doctorat de Pietro Vereni. Pour plus de précisions, voir Vereni, 1998. Elles recoupent également les récits frontaliers locaux recueillis sur le terrain entre 2010 et 2012.

45 Le Royaume de Serbie, signataire de l’accord fixant le tracé frontalier avec la Grèce en 1913, est devenu au sortir de la Première Guerre mondiale le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, avant d’adopter en 1929 le nom de Royaume de Yougoslavie, qu’il gardera jusqu’à ce que la royauté soit abolie par les partisans communistes en 1945.

points les flots de réfugiés, souvent slavophones, qui quittaient le nord de la Grèce en masse à la fin du conflit46.

Malgré ce revirement yougoslave, les relations avec la Grèce restent tendues durant la décennie 1950. Il faut attendre 1959 pour voir la signature d’un traité de collaboration entre la Yougoslavie socialiste et la Grèce, traité dont une partie était constituée des « accords de communication frontalière » (Vereni, 1998, p39).

Secondo quest’ accordo veniva delimitata una fascia di dieci km su entrambi i lati del confina all’interno della quale si consentiva la libera circolazione degli abitativi residenti al meno da 1939. Pur non ricadendo direttamente in questa fascia, anche gli abitanti dei rispettivi capo luoghi locali, e cioè Florina (...) e Bitola (...) potevano muoversi liberamente entro la fascia intra confinaria 47.

Vereni, 1998 Douze points de passage entre Grèce et Yougoslavie sont définis et les individus sont autorisés à importer dans leur pays, et pour leur usage personnel, les produits figurant sur une liste déterminée, pour une valeur totale de 12 dollars par mois. Cependant, le nombre total de franchissement frontalier était limité de façon mensuelle à 3000 pendant une période d’au moins deux ans, les accords laissant la possibilité de réviser ce nombre après cette période initiale. Les habitants48 des espaces au sein desquels la libre circulation était autorisée avaient alors principalement recours à cette mobilité en vue d’acquérir des biens introuvables dans leur pays de résidence, ou dont les prix étaient plus abordables de l’autre côté de la frontière. A cela s’ajoutaient également des mobilités de proximité destinées à la culture de terres agricoles situées dans le pays voisin. Ainsi, lors de son tracé, la frontière a

46 A la fin de la guerre civile grecque, en 1949, plus de 140 000 personnes ont fui la Grèce pour se réfugier dans les pays d’Europe de l’est (Danforth, Van Boeschoten, 2012)

47 Cet accord délimitait une bande frontalière de 10 km de part et d’autre de la frontière laissant la libre circulation des habitants y vivant au moins depuis 1939. Bien que n’appartenant pas directement à cette bande, les habitants de deux chefs-lieux locaux, à savoir Florina (...) et Bitola (...) pouvaient se déplacer librement dans la bande frontalière.

48 Rappelons que seules les personnes installées dans ces espaces depuis 1939 peuvent avoir accès à cette

séparé des villages et leurs habitants de leurs terres cultivables : dans la région de Bitola, les habitants du village de Dragoš, aujourd’hui en République de Macédoine, devaient ainsi se rendre en Grèce par le poste militaire du même nom pour y cultiver leurs terres. A l’inverse, de l’autre côté de la plaine de Pélagonie, ce sont les habitants du village d’Achlada qui devaient traverser la frontière par un poste militaire afin de cultiver les terres situées en République de Macédoine, à proximité du village de Živojno. Loin d’être exceptionnels, ces cas de figures se répétaient tout au long d’un tracé frontalier séparant des villages distants de quelques kilomètres, voire parfois de quelques centaines de mètres49.

Pourtant, la vie de cet accord a été de courte durée en raison des déclarations émises par Skopje quant à l’existence d’une minorité macédonienne dans le nord de la Grèce. A l’origine de la crise gréco-yougoslave de 1961-1962, celles-ci entraînent en 1962 la suspension de ces accords de circulation frontaliers. Bien que certains témoignages locaux mentionnent son maintien local dans le cas du travail transfrontalier des champs, ce régime n’a jamais été rétabli par la suite, la dictature des colonels (1967-1974) ayant entrainé un durcissement important du régime de franchissement frontalier, interdit de fait (Vereni, 1998:41).

Suite à la chute de la dictature, Piero Vereni évoque le développement rapide d’intenses mobilités transfrontalières entre les régions de Bitola et de Florina. De nombreux citoyens yougoslaves se rendaient à Florina contre l’acquisition pour 600 drachmes du visa adéquat, afin d’y acheter des produits difficiles d’accès sur le marché yougoslave. Vêtements de marque, fruits, chocolat, margarine, café torréfié, autant de produits rares ou introuvables dans la ville alors yougoslave. A l’inverse, des ressortissants grecs se rendaient à Bitola, dans une moindre mesure, afin là encore d’y acheter certains biens particuliers offerts par le marché yougoslave. Cette période d’intensification des contacts s’étend jusqu’au début des années 1990, durant lesquelles la question du nom sort du strict cadre gréco-yougoslave pour s’internationaliser en opposant deux États indépendants. Dans ce contexte, les franchissements frontaliers entre les deux pays ralentissent dès 1991 pour s’arrêter

49 Selon des témoignages recueillis sur place ainsi que les informations communiquées par un ancien responsable militaire de la surveillance de la frontière, ces franchissements frontaliers étaient autorisés chaque jour, d’une heure avant le lever du soleil à l’heure suivant le coucher de ce dernier. (Entretiens dans la région de Bitola, 2012)

complètement le 16 février 1994 lors de la proclamation par la Grèce d’un embargo contre la République de Macédoine. La reprise de la circulation des biens et des personnes entre les deux pays, en septembre 1995, ne permet pas à ces flux de revenir aux niveaux connus lors de la décennie 1980 : le conflit a laissé des traces, et la complexification de la procédure administrative combinée à l’augmentation du coût du visa compliquent l’accès des citoyens macédoniens au territoire grec et ne favorisent pas un retour à la situation antérieure.

Les mobilités macédoniennes après le tournant de l’an 2000, les frontières à l’heure de Schengen

Au début des années 2000, la crise diplomatique des années 1990 est provisoirement passée au second plan et les relations entre la Grèce et la République de Macédoine indépendante semblent enfin se normaliser et s’adapter au nouveau contexte politique et économique régional. La complexification administrative du régime de franchissement frontalier pour les citoyens de macédoniens a définitivement mis un terme aux dynamiques des années 1980, qui restent pour beaucoup comme le symbole d’un âge d’or yougoslave, un temps où l’on vivait mieux et où la facilité du franchissement frontalier était le signe d’une place particulière dans le monde (Jansen, 2009).

La Grèce signe les accords de Schengen en novembre 1992, et aligne dans les années qui suivent sa politique en matière de visa sur l’acquis Schengen, ensemble des textes et règlements européens destinés à établir des normes communes régissant l’accès à l’espace commun. Elle met alors en place un système de visas calqué sur les directives communautaires, système qui s’appliquera également aux citoyens macédoniens, la République de Macédoine étant placée sur la liste négative de l’Union50. Pourtant la Grèce a refusé de suivre la politique communautaire dans son intégralité en excluant l’application des accords de Schengen envers la République de Macédoine, en raison du conflit diplomatique qui les a opposés durant les années 1990. Mais dans les faits, la procédure de

50 Liste des pays dont les ressortissants sont soumis à une obligation de visa pour se rendre dans l’espace

demande de visa pour les citoyens macédoniens était quasiment identique à celle des visas Schengen classiques à la différence que l’exclusion de la République de Macédoine des accords signés par la Grèce lui permettait de poursuivre une politique strictement bilatérale quant à l’attribution de ces visas, ce qu’elle a d’ailleurs largement utilisé via une politique très favorable à l’entrée de citoyens macédoniens sur son territoire (Kondonis, 2005).

Des mobilités saisonnières

Si les évènements des années 1990 et la complexification progressive du régime de franchissement de la frontière par les citoyens macédoniens ont, selon les témoignages51, grandement ralenti les mobilités macédoniennes, l’observation des données relatives à ce franchissement entre 2000 et 2007 nous permet d’observer que ces mobilités sont en croissance au début des années 2000. Bien que le système des visas ait rendu le voyage en Grèce plus compliqué et plus cher, le nombre de macédoniens qui s’y rendent s’accroit au début des années 2000 : suite à l’entrée en vigueur des normes Schengen quant à l’attribution des visas, le nombre de citoyens macédoniens se rendant en Grèce ne cesse d’augmenter, passant de 228.622 en 2000 à 433.492 en 2003, avant de diminuer et de se stabiliser autour de 350.000 en 2006 et 200752. De 1997 à 2002, le bureau de liaison de la République Hellénique à Skopje a attribué plus de 286.500 visas d’entrée, et plus d’1,5 millions de citoyens macédoniens se sont rendus en Grèce après la signature de l’Accord Intérimaire (Kondonis, 2005).

Cette augmentation progressive du nombre d’entrée est principalement liée à deux éléments. Tout d’abord, on assiste au début des années 2000 à une amélioration progressive du traitement

51 Témoignages recueillis lors de mon premier séjour à Bitola de mars à mai 2008

52 Source : ELSTAT

Figure 23 : Entrées annuelles de citoyens macédoniens en Grèce entre 2000 et 2007.

Source : EL.STAT

de la procédure de demande de visa ainsi qu’à un apprentissage progressif de celle-ci par les individus demandeurs. Associé à cela, la politique favorable de la Grèce au sujet de l’attribution des visas permet cette augmentation progressive des mobilités transfrontalières et le maintien de certains flux emblématiques des relations gréco-macédoniennes, telles les mobilités estivales de macédoniens se rendant sur le littoral grec.

L’observation de ces mobilités macédoniennes sur une base mensuelle (figure 24) permet d’en préciser la dynamique en direction de la Grèce au cours des années 2000 et de faire ressortir les grandes lignes de ces mouvements de personnes : nous observons ainsi un flux important de citoyens macédoniens sur le territoire grec pendant la période estivale, et ce tout au long de la période observée. L’augmentation des entrées commence dès le mois de juin pour atteindre son maximum aux mois de juillet et août, et diminuer progressivement aux mois de septembre et octobre. Ainsi, et malgré la complexification des règles de franchissement, la Grèce restait un lieu de villégiature privilégié pour les citoyens macédoniens. A cette occasion, la procédure d’obtention des visas apparaît d’ailleurs facilitée puisqu’elle est généralement réalisée directement par l’agence de voyage qui a géré la réservation du logement qui accueillera les vacanciers durant leur séjour, évitant par-là les déplacements et l’attente de ces candidats au tourisme balnéaire. L’importance des touristes dans les stations balnéaires du nord de la Grèce, de la riviera du mont Olympe à la Chalcidique, où Serbes, Bulgares et Macédoniens représentent traditionnellement une part importante de la clientèle estivale, explique alors en partie la politique bienveillante de la Grèce quant à l’attribution de ces visas touristique les mois d’été.

Figure 24 : Nombre d'entrées mensuelles de citoyens macédoniens en Grèce entre 2000 et 2007 source : EL.STAT

Le reste de l’année, le nombre d’entrées de citoyens macédoniens reste modeste, partant d’un peu moins de 20.000 au début de la décennie pour dépasser progressivement ce minimum et osciller autour de 30.000 les années suivantes. Cette faiblesse est particulièrement visible au regard des données des années 2014 et 2015, plusieurs années après que le régime de visa ait été levé pour les citoyens macédoniens se rendant en Grèce (et dans l’espace Schengen) pour motif de tourisme et pour un court séjour53. Quand 433.492 citoyens macédoniens ont été recensés lors de leur entrée en Grèce lors de l’année 2003 (année marquant le maximum d’entrées de macédoniens en Grèce lors de la période 2000-2007), ce sont 2.346.580et 3.023.059 entrées de citoyens macédoniens qui sont recensés en 2014 et 2015.

53 Les citoyens macédoniens ont la possibilité de rester dans l’espace Schengen pour une durée maximale de 90 jours sur une période de 180 jours courants (source : ministère des affaires étrangères de République de Macédoine, http://www.mfa.gov.mk/index.php/en/for-macedonian-citizens/visa-information/travelling-in-the-schengen-area)

Les mobilités transfrontalières, avec et sans les visas

Malgré la forte limitation des mobilités macédoniennes durant les années 2000, les villes du nord de la Grèce restaient un pôle important dans l’approvisionnement de nombreux commerces macédoniens, les individus perpétuant dans une certaine mesure les pratiques des années 1980 durant lesquelles les citoyens macédoniens, alors Yougoslaves, se rendaient dans ces mêmes villes pour s’y procurer des biens que l’économie planifiée yougoslave ne permettait pas d’acquérir54. En effet, et bien que l’économie de marché soit désormais la règle en République de Macédoine, elle reste faiblement intégrée à l’économie mondiale et offre par conséquent un panel plus restreint de biens et services aux consommateurs nationaux que son voisin du sud. Si le régime de visa représentait un obstacle à des mobilités d’ampleur importante, certains commerçants macédoniens pouvaient en bénéficier de façon facilitée dans le cadre de leurs activités professionnelles.

A Bitola, le commerce de pièces mécaniques était par exemple fortement dépendant des boutiques de Florina ou Thessalonique, selon la rareté du produit recherché, alors que le réseau d’approvisionnement macédonien en était à ses balbutiements au cours des années 2000. Bien que celui-ci soit aujourd’hui plus performant, la proximité de la frontière et l’existence de ces réseaux informels anciens a entrainé une mise en concurrence des possibilités et des tarifs offerts par ces deux systèmes. Il en allait également, et en va toujours, de même en ce qui concerne les boutiques bitoliennes, qui s’approvisionnent en partie à Thessalonique en profitant de la proximité de la ville et de la présence importante de grossistes dans le quartier du Vardar pour se fournir en produits qu’ils revendent par la suite en République de Macédoine. Bien que leur approvisionnement principal, notamment dans le cas des boutiques de prêt-à-porter, se fasse plutôt à Istanbul qu’à Thessalonique, cette dernière destination représente une solution de proximité pour renouveler le stock et l’offre entre deux voyages dans la capitale turque55. Les commerçants se regroupaient alors

54 L’importance de ce commerce transfrontalier informel est noté dans le rapport intitulé « Identity, Perception and Entrepreneurial Behaviour: Empirical Data and Analysis », réalisé par G. Agelopoulos, EfiVoutira et L.

Labrianidis dans le cadre du projet Challenges and Prospects of Cross Border Co- Operation in the Context of Eu Enlargement coordonné par l’université de Kingston, 2008.

en fonction de leurs affinités pour se rendre en voiture (privée ou en utilisant un taxi informel) à Thessalonique, dans les boutiques du centre-ville, mais aussi et surtout dans ce qu’ils appellent le bazar chinois, situé dans le quartier du Vardar, à proximité immédiate de la gare ferroviaire. C’est là-bas qu’ils achetaient les marchandises destinées à être revendues dans leurs boutiques de Bitola (vêtements, droguerie, quincaillerie, etc.). Après avoir effectué leurs achats, ils se rendaient sur le parking central de ce « marché chinois », chez l’un des deux exportateurs macédoniens qui y sont installés et qui se chargeaient ensuite de l’emballage de la marchandise, des formalités administratives liées au passage en douane ainsi que du transport vers Bitola, ou ailleurs en République de Macédoine.

Le basculement du régime de mobilité entre les deux pays en décembre 2009 a ouvert la voie à l’apparition de nouvelles formes de mobilités transfrontalières, ou plutôt à l’essor de mobilités qui existaient déjà auparavant, mais restaient de faible ampleur en raison des limites administratives du franchissement frontalier. Ainsi, comme mentionné ci-avant, les villes du nord de la Grèce, au premier rang desquelles Thessalonique, étaient déjà des destinations majeures du shopping transfrontalier macédonien durant les années 1980. Le régime des visas, s’il a limité l’ampleur de ces processus, ne les a pas pour autant fait disparaître. Certaines enseignes de la ville attiraient ainsi les touristes balkaniques lors de leur traversée de la ville. Mais la nécessité de la détention d’un visa rendait alors impossible tout voyage non planifié plusieurs semaines à l’avance pour ceux ne disposant pas du précieux sésame et bloquaient toute fluidité de l’espace transfrontalier. Les centres commerciaux de Thessalonique, dont aucun équivalent n’existait alors dans une République

Le basculement du régime de mobilité entre les deux pays en décembre 2009 a ouvert la voie à l’apparition de nouvelles formes de mobilités transfrontalières, ou plutôt à l’essor de mobilités qui existaient déjà auparavant, mais restaient de faible ampleur en raison des limites administratives du franchissement frontalier. Ainsi, comme mentionné ci-avant, les villes du nord de la Grèce, au premier rang desquelles Thessalonique, étaient déjà des destinations majeures du shopping transfrontalier macédonien durant les années 1980. Le régime des visas, s’il a limité l’ampleur de ces processus, ne les a pas pour autant fait disparaître. Certaines enseignes de la ville attiraient ainsi les touristes balkaniques lors de leur traversée de la ville. Mais la nécessité de la détention d’un visa rendait alors impossible tout voyage non planifié plusieurs semaines à l’avance pour ceux ne disposant pas du précieux sésame et bloquaient toute fluidité de l’espace transfrontalier. Les centres commerciaux de Thessalonique, dont aucun équivalent n’existait alors dans une République