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Pour une compréhension fine des rapports frontaliers. Problématique et éléments de méthodologie

La question des relations transfrontalières entre Grèce et République de Macédoine doit donc être appréhendée dans son ensemble. Le premier objectif, déjà annoncé, de ce travail, est de défricher les relations transfrontalières en cours entre ces deux États pour les identifier. A ce titre, la question des relations économiques qu’ils entretiennent, l’impact de l’Union européenne et des politiques nationales sur les modalités de la relation transfrontalière, constituent les cadres principaux de l’analyse et seront largement approfondis. Pourtant, le cœur de ce travail se situe ailleurs. L’observation et la description des phénomènes en cours ne constituent qu’une première étape avant d’aborder leur analyse, et de tenter de les expliquer. Leur déconstruction apparaît donc comme un deuxième objectif à remplir en vue de remonter la chaine des phénomènes observés jusqu’à l’acteur de base qu’est l’individu et d’identifier les éléments que celui-ci mobilise dans son action et les cadres dans lesquels celle-ci s’inscrit.

Une entrée par les recompositions

Lorsque cette thèse démarre, les relations transfrontalières entre la Grèce et la République de Macédoine sont à un tournant. Le bruit cours à Skopje depuis 2008 que la levée du régime de visa de court séjour pour l’espace Schengen serait effective avant la fin de l’année 2009, promettant une évolution radicale des mobilités transfrontalières entre les deux pays.

La politique de coopération transfrontalière de l’Union européenne est également à un tournant alors qu’en 2007 l’Instrument d’Aide de Préadhésion (IPA dans son acronyme anglais) regroupe l’ensemble des instruments d’aide aux pays des Balkans occidentaux et place la coopération transfrontalière comme l’un de ses piliers. Ces évolutions réglementaires semblent alors propices à une évolution importante des relations transfrontalières entre la Grèce et la République de Macédoine.

La problématique de ce travail peut alors être formulée ainsi : comment évoluent les relations transfrontalières entre la Grèce et la République de Macédoine au tournant des années 2000 et comment ces nouvelles relations transfrontalières structurent-elles les

espaces frontaliers ? Prenant en compte la dimension multiscalaire de ces processus locaux, une dernière série de questionnement se situe au cœur de ce travail : comment la coopération transfrontalière européenne influence-t-elle les dynamiques des territoires frontaliers considérés ? Comment les individus composent-ils avec les différents cadres d’actions qui s’offrent à eux pour conduire leur action sur le terrain, entre contexte locaux, nationaux, européen et processus globaux ? Et quels sont les impacts de ces processus sur l’évolution des sociétés frontalières ?

Fruit de ces allers-retours permanents entre contexte local et inscription régionale et internationale, cette étude sera guidée par un questionnement central à la lumière duquel seront étudiées toutes les questions précédemment posées : Comment ces processus en recomposition se construisent-ils en lien avec un contexte local particulier pour produire de nouvelles formes de territorialité (trans)frontalières ?

Prenant en compte l’évolution historique de cette question macédonienne depuis le 19e siècle, ce travail s’appuie sur une première hypothèse selon laquelle les évolutions historiques et les liens transfrontaliers réels ou potentiels qui en découlent jouent un rôle majeur dans les modalités de la recomposition des relations transfrontalières.

Cette perspective nous conduit alors à orienter la focale de la recherche de terrain vers l’évolution de ces relations transfrontalières à travers le temps au regard de l’évolution du contexte régional. Accordant autant d’importance à la permanence qu’aux changements qu’ont connus les espaces frontaliers et leurs populations, l’approche par le biais des recompositions permet alors d’analyser de façon combinée l’influence du passé et les enjeux contemporains auxquels sont confrontés les individus suite aux évolutions socio-politiques connues par ces régions depuis l’explosion de la Yougoslavie socialiste. Les processus locaux peuvent donc être analysés dans leur relation avec un contexte plus large, entre vieilles régions, affirmation de nouveaux États, globalisation et intégration européenne, en vue d’en identifier les éventuelles résurgences au cours des interactions sociales étudiées.

In reality, such periodizations overlap, often within the same social interaction, personal narrative or public performance. Our research shows that these multiple temporalities are mobilized as metadiscursive frames, affecting states and forms of political persuasion.

Gilbert, Greenberg, Helms, Jansen, 2008

En considérant les éléments issus d’épisodes historiques plus ou moins lointains comme des éléments essentiels de l’analyse, ce travail conduit à reprendre la critique du concept de transition, élaboré pour décrire le basculement des sociétés post socialistes. Si celui-ci « ne rend pas compte de l’hétérogénéité et de la complexité de ces sociétés, ainsi que de la fluidité existante entre les mondes socialistes et post socialistes » (Doyon, Brotherton, 2008) l’étude des recompositions des pratiques transfrontalières nous permet d’analyser la façon dont les acteurs sont influencés par le contexte général dans lequel ils établissent leurs pratiques, évitant ainsi une conception trop linéaire de l’évolution des sociétés.

L’inscription des relations transfrontalières dans un contexte local particulier, caractérisé sur le temps long par l’appartenance de la Macédoine géographique à un espace commun au sein de l’Empire Ottoman puis par plusieurs épisodes ayant abouti à la fragmentation politique, culturelle d’une région partagée entre quatre États depuis 1913 doit alors nécessairement prendre en compte les configurations locales nées de ce passé. Au cœur de cette préoccupation, la répartition transfrontalière de groupes ethniques et/ou linguistiques consécutive à ces épisodes fera l’objet durant ce travail d’une attention particulière, comme le précisera la présentation du terrain d’étude faite en dernière partie de cette introduction.

Ces préoccupations nous conduisent vers la seconde hypothèse de base de ce travail qui est que la dimension ethnique joue elle aussi un rôle dans la recomposition des relations transfrontalières entre les États considérés. C’est donc dans l’analyse de l’établissement de ces relations transfrontalières particulières, du sens dont les différents acteurs la chargent, des modalités de leur émergence et des rapports entretenus avec le contexte régional des relations transfrontalières, que résidera l’essentiel de ce travail.

Ces deux hypothèses ramenées à ce que la présentation des apports disciplinaires a apporté sur le concept de frontière m’ont conduit à orienter mon travail autour de plusieurs questionnements en vue de contribuer à une meilleure connaissance des dynamiques des territoires frontaliers en Europe.

La nécessité d’un terrain de longue durée

L’observation et l’analyse des données chiffrées disponibles ne sauraient ainsi suffire à percevoir l’ensemble des éléments qui motivent et influencent les individus acteurs de la relation transfrontalière. Si elles permettent d’avoir un aperçu des grandes dynamiques des relations transfrontalières entre Grèce et République de Macédoine depuis les années 1990 et qu’elles en esquissent la spatialité particulière (chapitre 1 et 2), il ne peut s’agir que d’un guide, d’un outil permettant de cerner des phénomènes généraux qu’il est indispensable de préciser par des études de terrain et des méthodes empruntant à d’autres disciplines et utilisées depuis plusieurs années déjà dans le cadre de la géographie. C’est notamment le cas de la description épaisse de Geertz, qui a pour but de décrire l’ensemble du terrain observé en prenant en compte le point de vue des différents acteurs. C’est par cette description que le chercheur pourrait mettre en avant les structures signifiantes dans lesquelles évoluent les acteurs et que ceux-ci perçoivent leurs actions et leurs territorialités.

Dans ce cas, les recherches sur les mouvements et les territoires doivent s’orienter vers les méthodes de la sociologie et de l’ethnologie

Sintès, 2005 La grande diversité des phénomènes observés, la nécessité de se situer dans le cadre d’une analyse multiscalaire, impliquent donc que le chercheur devra adapter ses méthodes et pratiques aux situations auxquelles il est confronté.

En identifiant un espace précis à partir duquel je décidais d’analyser les relations transfrontalières que j’y rencontrais, le but était de donner une dimension éminemment locale à ces recherches tout en suivant les liens entretenus avec des niveaux d’actions situés à des échelles supérieures. Je m’inscrivais ainsi dans la perspective de la grounded globalization et des travaux cherchant à faire avancer l’étude par le bas de la globalisation,

en cherchant à « étirer le local jusqu’au global » (Burawoy, 2000). En me focalisant sur les pratiques des acteurs rencontrés dans ce cadre pour identifier et analyser les processus de ce travail, je laissais la porte ouverte à la prise en compte de cadres d’actions multiples dont les interactions conduisaient à la réalisation des dynamiques territoriales observées.

Un terrain central : le sud de la Pélagonie

Une approche inductive implique pour le chercheur de partir en quête des données sur lesquelles il pourra appuyer son enquête. C’est donc lui qui est le maître d’œuvre de la production de ces données qualitatives dans une démarche qui accorde par conséquent une importance majeure aux recherches de terrain et à la rencontre d’acteurs de terrain. Ne pouvant me consacrer à l’étude des relations transfrontalières dans la totalité des espaces frontaliers, j’ai décidé d’axer mon travail autour d’une région et d’une ville située en République de Macédoine, à proximité de la frontière séparant les deux pays. Cette recherche est donc basée sur une région frontalière axée autour de la plaine de Pélagonie et gravitant autour des villes de Florina (Grèce) et Bitola (RM), qui s’est par la suite révélée en être le nœud principal.

Ce terrain est destiné à rendre plus prégnant ce va et vient incessant entre permanence et changement requis par l’analyse. Bitola et Florina étaient à l’époque ottomane incluses au sein d’un même espace administratif, le vilayet de Monastir (Bitola)18, que la frontière gréco-serbe définie en 1913 et officialisée en 1919 est venue diviser (Lory, 2008). Ce premier évènement, fondateur de la fragmentation territoriale de la région, a entrainé d’importants mouvements de population transfrontaliers de par les nombreux départs de populations surtout hellénophones de la ville de Bitola en direction de Florina et Thessalonique. Ces mouvements ont été renforcés entre 1946 et 1949 par ceux, inverses, des réfugiés de la guerre civile grecque, dont une majorité de slavophones originaires de la région s’étalant des rives du lac de Prespa à la ville d’Edessa (Monova, 2001).

18 Pour les questions relevant de l’évolution de la toponymie, se référer à la note d’introduction ou à l’étude

Autre élément déterminant du choix de cette aire d’étude, c’est au sein de cet espace périphérique tant en Grèce qu’en République de Macédoine que l’on trouve aujourd’hui encore le plus grand nombre de locuteurs d’une langue pratiquée dans le pays voisin. Les régions grecques s’articulant autour des préfectures de Florina et d’Edessa sont aujourd’hui encore peuplées d’un nombre important de slavophones (van Boeschoten, 2001), et il s’agit aussi, en Grèce, des régions frontalières les moins concernées par l’installation de Grecs pontiques à la suite de l’accord gréco-turc de 1922 (Ancel, 1930) qui entérine l’échange des populations musulmanes de Grèce (à l’exception de la Thrace) avec les populations grecques orthodoxes d’Asie mineure. A l’inverse, la ville de Bitola et certains villages environnants étaient jusqu’aux guerres balkaniques en partie peuplés de populations valaques19 majoritairement hellénophones, dont une part importante a quitté la ville ou la région à cette époque pour s’installer à Florina mais aussi à Thessalonique, Athènes ou même en dehors de Grèce (Lory, 2008). Un nombre important de membres de ces familles sont toujours présents à Bitola et cultivent encore pour certains la pratique de la langue grecque.

La pratique linguistique transfrontalière et les possibilités d’identités transnationales ainsi que la configuration locale ont donc guidé le choix de cet espace particulier. Mais l’aire d’étude désignée ne saurait être exclusive. Elle joue plutôt le rôle d’espace d’observation au sein duquel les processus transfrontaliers doivent être identifiés dans ce qui est le premier temps de la recherche, et déconstruits pour en analyser les ressorts, indifféremment de leur localisation : qui en sont les acteurs, quels sont leurs objectifs ? Quels discours accompagnent ces pratiques et quels éléments sont mobilisés pour les mettre en place ? Partant de ces interrogations en termes d’actions, de normes et de représentations, je m’interroge sur leurs conséquences socio-spatiales pour étudier la façon dont les multiples évolutions socio-politiques qu’ont connues et que connaissent les régions frontalières entre la Grèce et la République de Macédoine se combinent, influencent les acteurs, impactent leurs pratiques transfrontalières et ont des conséquences en termes de production de discours, d’espaces, et de représentations.

19Population parlant une langue proche du roumain, présentées dans le chapitre 3

Une étude à cheval sur la frontière

L’ampleur du conflit du nom et les manifestations qu’il a entraîné ont mis à l’ordre du jour la diversité culturelle de ces espaces et ont amené de nombreux chercheurs à étudier cette question dans les années 1990 et au début des années 2000, interrogeant notamment ses liens avec les processus ethniques et d’identification des individus dans les régions du nord de la Grèce ou, dans une moindre mesure, en République de Macédoine, afin d’identifier des éléments d’explication à cette situation ou d’en analyser les conséquences. Mais bien que répondant à l’actualité d’un conflit mettant en jeux les relations diplomatiques et la reconnaissance de deux États, la grande majorité des travaux réalisés n’abordent que très rarement la question des relations transfrontalières à l’échelle des régions entre Grèce et République de Macédoine de façon centrale, mettant principalement l’accent sur les enjeux intérieurs aux États. On peut néanmoins citer le travail de Vereni (1998), conduit à partir d’un village de Grèce situé à quelques centaines de mètres de la frontière avec la République de Macédoine, entre Bitola et Florina. Suivant ses interlocuteurs durant leur mobilités transfrontalières, il s’était rendu à Bitola et avait interrogé les mécanismes d’identification des slavophones de Grèce à la lumière de ce rapport avec les Macédoniens voisins. Il avait également abordé la question du travail transfrontalier en suivant un habitant de Florina qui possédait un commerce à Bitola, commerçant que je retrouverai moi-même de nombreuses années plus tard. Mon travail centré sur la dimension transfrontalière des processus observés représente par là un premier apport sur la connaissance de la région, mais également du fonctionnement de territoires frontaliers situés sur la frontière extérieure de l’Union européenne à l’heure des politiques d’élargissement. Second apport, disciplinaire celui-là, cette recherche transfrontalière permettra de voir en quoi les processus en cours le long de cette frontière impactent les espaces et les sociétés étudiées, mais aussi comment ces relations qui semblent transcender les frontières nationales peuvent être porteuses de nouvelles frontières sociales qui impactent les territoires étudiés.

Travaillant sur cette question, j’ai donc réalisé plusieurs terrains sur place et me suis installé dans la ville de Bitola sur plusieurs périodes afin de m’imprégner du terrain. J’ai effectué à Bitola un premier terrain de 15 jours au mois de février 2010. Profitant de la saison hivernale, j’ai étudié durant cette période la question des travailleurs saisonniers

l’étude de la répartition des résidents venus de République de Macédoine lors du recensement grec de 2001, qui faisait ressortir une présence macédonienne importante dans les régions de Macédoine grecque. Ce recensement laissait également apparaître une présence importante en Crète, principalement dans la région de la ville de La Canée. La question des résidents macédoniens en Grèce a donc fait l’objet d’un second terrain réalisé avec le soutien de l’École Française d’Athènes dans cette ville au mois de juillet 2010.

Suite à ces deux terrains de courte durée consacrés à des thèmes précis, je me suis installé à Bitola une première fois de juillet 2010 à janvier 2011, avant d’y retourner une seconde fois de juillet 2011 à janvier 2012. Ces séjours longue durée ont été l’occasion d’approfondir ma connaissance du macédonien et d’avoir une vision d’ensemble de l’évolution des dynamiques frontalières dans la région, alors que les changements réglementaires du franchissement frontalier ont ouvert la voie à de nouvelles pratiques transfrontalières dont la mise en place a nécessité plusieurs années.

Ils m’ont également permis d’évoluer de façon suivie dans un contexte transfrontalier, accordant du temps tant aux recherches du côté grec de la frontière que du côté macédonien. Du côté grec de la frontière, mes recherches ont été orientées selon trois axes principaux : l’appréhension du phénomène de la slavophonie dans la préfecture de Florina, les relations entretenues par les habitants de cet espace avec la ville de Bitola et certains de ses habitants, l’évolutions des pratiques spatiales de citoyens macédoniens sur le territoire grec à l’heure de la libéralisation du régime de visa. En République de Macédoine, les recherches se sont elles aussi axées autour de trois thèmes majeurs : l’étude du phénomène des mobilités grecques dans la ville de Bitola et de leurs conséquences, la question de la coopération transfrontalière initiée dans le cadre européen et enfin la constitution d’un réseau d’associations philhellènes dans le pays à partir du consulat grec de Bitola.

Ces objectifs principaux m’ont conduit à fréquenter de nombreux lieux sur les deux territoires nationaux qui composent ce terrain d’étude, représentés sur la figure 1 située ci-après. Si la région de Bitola et Florina constitue bien le cœur du terrain réalisé, de nombreux processus analysés m’ont conduit à m’intéresser à d’autres lieux. Impossible d’y rester cantonné alors que Thessalonique s’est affirmé comme le centre commercial majeur de la région et attire de façon quotidienne les mobilités de nombreux bitoliens et citoyens

macédoniens du reste du territoire de la République. De même, les mobilités transfrontalières de citoyens macédoniens en direction de la Grèce ne peuvent être étudiées sans traiter la question des mobilités estivales, alors que les stations balnéaires de la mer Égée attirent nombre d’entre eux tous les étés. Dans l’autre sens, l’étude des coopérations transfrontalières et des réseaux philhellènes de Bitola m’ont également conduit à enquêter dans d’autres villes du sud de la République de Macédoine. Ce sont donc ces observations

réalisées dans les régions de Bitola et Florina qui m’ont amené à me rendre à Kruševo, Prilep ou Thessalonique, accentuant progressivement la dimension multi-située du terrain à mesure que les relations étudiées mettaient en contact des lieux différents.

L’expérience de la frontière

Comme le rappelle Balibar dans son texte qu’est-ce qu’une frontière ? (Balibar, 1997), la frontière qui sépare la France de la Suisse ou la Suisse de l’Italie ne se franchissait, à l’époque, pas de la même façon selon qu’on porte un passeport européen ou ex-yougoslave.

Figure 1: Cartographie des espaces de l'enquête Réalisé avec QGIS par G. Javourez, 2017

Jeune étudiant, étant né et ayant grandi en France, j’ai découvert l’obstacle que pouvaient être les frontières en 2008 lors d’un séjour entre la Bulgarie et la République de Macédoine dans le cadre de mon master 1. Empruntant la ligne de bus reliant Sofia à Skopje, j’avais alors passé plus de deux heures sous la neige au poste frontière de Deve Bair/Gioushevo pendant que les douaniers fouillaient les bagages de tous les passagers. Ayant emprunté les lignes de Bus entre Sofia et la République de Macédoine de nombreuses fois l’année suivante, j’ai pu me rendre compte de l’aléa que représentait le franchissement de cette frontière. Pour autant, j’étais toujours un jeune citoyen européen à qui le passeport français donnait la possibilité de traverser cette ligne quand bon lui semblait et pour qui la limitation de la circulation restait une notion abstraite. Je ne pouvais qu’imaginer ce que représentait

Jeune étudiant, étant né et ayant grandi en France, j’ai découvert l’obstacle que pouvaient être les frontières en 2008 lors d’un séjour entre la Bulgarie et la République de Macédoine dans le cadre de mon master 1. Empruntant la ligne de bus reliant Sofia à Skopje, j’avais alors passé plus de deux heures sous la neige au poste frontière de Deve Bair/Gioushevo pendant que les douaniers fouillaient les bagages de tous les passagers. Ayant emprunté les lignes de Bus entre Sofia et la République de Macédoine de nombreuses fois l’année suivante, j’ai pu me rendre compte de l’aléa que représentait le franchissement de cette frontière. Pour autant, j’étais toujours un jeune citoyen européen à qui le passeport français donnait la possibilité de traverser cette ligne quand bon lui semblait et pour qui la limitation de la circulation restait une notion abstraite. Je ne pouvais qu’imaginer ce que représentait