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I. La photographie missionnaire en exploration (1880-1910)

I.3. Diffusion des photographies missionnaires à la fin du XIX e : quelles images pour

I.3.2. Les missionnaires photographiés

À la fin du XIXe siècle, si le missionnaire, comme tous les explorateurs, témoigne du monde qui l’entoure, il se met aussi lui-même en scène dans cette grande découverte et évangélisation du monde. Dans l’objectif de tenir le public informé du travail entrepris dans les différents champs de mission, le Journal des missions évangéliques publie de nombreuses lettres envoyées par les missionnaires à leur direction à Paris. La SMEP opère une sélection dans les textes qu’elle publie, ne conservant que certains passages. Mais le style d’écriture épistolaire, apostrophant souvent le lecteur, et l’utilisation de la première personne contribuent à donner au lecteur une impression de proximité avec l’auteur de la lettre. Ce qui relève du privé se retrouve ainsi parfois communiqué au grand public et un certain

« vedettariat » des missionnaires se met peu à peu en place en réaction à la fascination qui « entoure le dévoilement de la vie intime de personnalités connues323 ».

Les missionnaires eux-mêmes se mettent en scène dans leurs « aventures ». Dans leurs écrits, Coillard, comme Allégret et Teisserès, se décrivent dans des territoires parfois hostiles, face à certains dangers, attirant l’attention des lecteurs sur leur courage, leur bravoure et leur totale dévotion à l’œuvre missionnaire. Cette mise en avant des missionnaires comme des explorateurs héroïques se fait aussi par la photographie. Posant au milieu de leur environnement de travail, ils renvoient une image d’eux-mêmes soigneusement composée pour le grand public.

La figure du missionnaire - explorateur

De nombreux explorateurs voyagent en Afrique au XIXe siècle. Dans leur ouvrage L’Afrique au cœur, Olivier Loiseaux et France Duclos en dégage plusieurs types : les « voyageurs solitaires », les « scientifiques », les « missionnaires religieux », les « missionnaires civils » et les « militaires » 324. Certains cherchent avant tout à contribuer à l’enrichissement de disciplines comme la géographie, l’histoire ou l’anthropologie. D’autres, dans un but plus politique, visent à étendre l’influence et la domination de leur nation. Quelques-uns cherchent aussi à ouvrir de nouvelles voies commerciales. Si ces explorateurs se distinguent par les objectifs qu’ils poursuivent, les frontières entre chaque catégorie sont très perméables. Des hommes comme David Livingstone, d’abord parti en tant que « prédicant de la Société évangélique de Londres, puis comme consul-général du gouvernement britannique325 », sont tout autant connus pour leur œuvre missionnaire que pour leur contribution aux grandes explorations du monde menées par les Européens ou leurs travaux d’anthropologie.

À son retour en Europe en 1880, Coillard est précédé « d’une renommée d’explorateur326 ». Il se présente pourtant avant tout comme un homme au service de Dieu :

323 PINSON Guillaume, « La Lettre et la Presse, poétiques de l’intime et culture médiatique au XIXe siècle »,

Appel à contribution pour le colloque international de l’université de Laval (Québec) du 20 au 22 mai 2010. [En

ligne]. URL :

http://www.fl.ulaval.ca/index.php?id=11&tx_ttnews[tt_news]=280&tx_ttnews[backPid]=9&cHash=6f8b72153e

. Consulté le 17 novembre 2009.

324 DUCLOS France et LOISEAUX Olivier, L’Afrique ou cœur, carnets d’explorateurs français au XIXe siècle,

op.cit., 188 p.

325 GOCHET Alexis-Marie, Le Congo français illustré : géographie, ethnographie et voyages, op.cit., p. 5. 326 ZORN Jean-François, Le Grand siècle d’une mission protestante, op.cit., p.455.

Je ne suis pas un explorateur de profession, mon but n’était pas de traverser l’Afrique de la côte orientale à la côte occidentale. Mais de me fixer au seuil même de l’Afrique Centrale pour y propager les vérités de l’Évangile327.

Sa réputation d’explorateur dépasse pourtant souvent son statut de missionnaire. Connu pour être un très bon orateur, les réunions publiques qu’il organise sur le thème du Zambèze attirent un public nombreux qui lui demande plus souvent de raconter ses aventures et les anecdotes de son expédition que d’exposer la situation religieuse dans le territoire Lozi et l’importance de la création d’une mission dans la région.

L’image d’explorateur que le public associe à Coillard semble jouer, à la fois, contre et pour la cause de la mission Zambèze. Beaucoup voient dans cette dernière une « affaire personnelle328 » du missionnaire. Ce dernier tente pourtant systématiquement, dans les Églises comme au cours de conférences laïques, de ramener le sujet à Dieu :

Il [Coillard] ne perdait aucun de ses moyens dans cette conférence toute laïque, devant ce public de curieux et de savants. Le missionnaire ne se dissimulait, ni ne se dérobait ; il apparaissait, mais discrètement, et seulement pour affirmer sa foi, pour attirer de nouvelles sympathies à son œuvre329.

Mais le public porte son attention sur les récits des aventures de Coillard et ne perçoit pas la nécessité d’apporter son soutien humain ou spirituel à la mission sur une longue durée. De son côté, le missionnaire récolte de l’argent à l’issue de ses réunions mais regrette l’absence d’intérêt général pour la cause missionnaire en elle-même330.

Malgré ce manque d’enthousiasme pour la mission, la réputation d’explorateur de Coillard permet toutefois de réunir de larges assemblés aux réunions missionnaires et de faire venir à lui des personnes habituellement peu intéressées par le sujet :

J’ai prêché le matin et nous avons eu notre réunion le soir ; toujours le « grand public », ça ne manque pas. J’ai, dès l’abord, franchement déclaré que ce n’était pas comme voyageur, mais comme missionnaire que je parlais, personne n’est sorti, on m’a écouté patiemment…331

327 COILLARD François, Lettre à la Société de géographie de Lyon, 18 avril 1888, Sefula (Zambèze). 328 ZORN Jean-François, Le Grand siècle d’une mission protestante, op.cit., p. 456.

329 Ibid., p. 455.

330 À la moitié de son parcours de tournées missionnaires entre 1880 et 1882, Coillard a déjà réuni la somme

qu’il réclamait pour lancer une nouvelle expédition vers le Zambèze.

Les aventures du missionnaire attirent et retiennent l’attention du public. S’il déplore « que le voyageur a été plus populaire que le missionnaire332 », Coillard connait « le besoin

d’aventures d’un public en quête d’exotisme333 » et entretient, dans ses récits et ses photographies, cette part de sa personnalité pour continuer à intéresser les Églises d’Europe à la mission Zambèze.

Dès ses premières prises de vue au Zambèze, Coillard se met d’ailleurs clairement en scène comme un explorateur. Il photographie des sujets qui se retrouvent chez la plupart des voyageurs de l’époque : les moyens de transports utilisés et les campements. Comme Lionel Dècle [Illustration 62], le missionnaire souligne les difficultés rencontrées sur la route, en photographiant par exemple la traversée d’une rivière par les chariots à bœufs [Illustration 58]. Comme le scientifique [Illustration 63], il montre ses wagons à l’arrêt, pendant une halte [Illustration 64]. Par l’utilisation de certains points de vue ou effets, le missionnaire donne même à ses images un dynamisme et apporte de l’importance à son convoi, dans un environnement qui paraît hostile. Le flou permet, par exemple, de suggérer le mouvement des chariots [Illustration 58]. D’autre part, le large angle de prise de vue choisi pour certaines photographies introduit l’élément photographié (les chariots, le campement) dans son environnement, dont le rendu plat et clair donne une impression de sécheresse et d’hostilité [Illustration 64]. Le grand angle permet aussi de montrer le convoi des wagons qui s’étend sur la largeur de l’image et donne l’impression de se prolonger au-delà des limites du cadre. Coillard souligne ainsi l’importance de sa caravane, et donc de l’œuvre de Dieu, au sein d’un paysage nu et désertique [Illustration 65]. Il apparaît comme une figure héroïque qui brave les dangers de ce continent mystérieux qu’est encore l’Afrique, pour « propager l’Évangile » et permettre « le salut » des populations jugées païennes.

Coillard photographie aussi à plusieurs reprises son campement. À partir de son arrivée sur le continent africain en août 1882, Coillard se déplace beaucoup. Il remonte tout d’abord jusqu’au Lesotho, avant de s’engager vers le territoire Lozi et de rencontrer le roi Lewanika à Lealui en mars 1886. Le plus souvent le missionnaire dort avec son épouse dans le wagon qui transporte ses affaires personnelles. Les tentes ne sont montées que pour les campements de plusieurs jours. Deux photographies témoignent de leurs installations [Illustration 66 ; Illustration 44]. La première, faite à Mangwato « avant le lever du soleil334 », montre les hommes qui accompagnent l’expédition réunis en groupe, un peu à l’écart des tentes réservées aux missionnaires et aux évangélistes [Illustration 66]. La deuxième présente pour

332 Ibid., p. 459. 333 Ibid., p. 457.

sa part le campement avec les missionnaires [Illustration 44]. Les éléments comme la table et les chaises donnent une idée de l’importance du chargement de la caravane. Faute de pouvoir s’approvisionner sur place, les missionnaires se déplacent avec tout ce dont ils ont besoin. Et la longueur de leur voyage les amène à tenter de créer, à chacun de leur campement, un environnement aussi confortable que possible. Cette photographie, clairement mise en scène au regard des poses de chacune des personnes présentes sur l’image et de son cadre ovale, a été faite pour être diffusée. Montée sur carton, elle est proposée à la vente au prix de deux francs, dans le Journal des Missions évangéliques dès 1886335. Coillard, debout au premier plan, la main rentrée dans sa vaste et posée sur sa poitrine dans un geste rappelant celui de l’empereur Napoléon, se pose très clairement comme chef de l’expédition. Il en est le personnage emblématique.

Des vues de campement se retrouvent au sein des photographies d’Élie Allégret. Parti au Gabon avec Urbain Teisserès en 1889 pour un voyage d’exploration de deux ans, le missionnaire se déplace beaucoup, surtout pendant la deuxième année de son séjour en Afrique. Plusieurs images faites par Allégret montrent que les deux missionnaires se mettent consciemment en scène comme des explorateurs, en utilisant une iconographie qui se retrouve à la même époque dans de nombreuses publications d’exploration. La photographie d’une pirogue voyageant sur le fleuve, vraisemblablement faite depuis la berge, rappelle ainsi une gravure faite d’après photographie et publiée en 1888 dans Le Tour du Monde [Illustration 67 ; Illustration 68]. Elle nous montre Allégret à demi-allongé sur l’embarcation, entouré de pagayeurs. Le drapeau tricolore, signe patriote dans un territoire sous domination française, flotte derrière lui. Cette vue semble avoir été mise en scène pour la photographie : aucun mouvement n’apparaît dans l’eau du fleuve autour de la pirogue ce qui suggère que le bateau est immobile et les pagayeurs posent, sans mouvement, avec leurs rames dans l’eau. Cette image correspond parfaitement à la description des voyages en pirogues faite par Allégret et Teisserès dans leur rapport présenté en 1891 :

Vous savez peut-être ce qu’est un voyage en pirogue. Figurez-vous une périssoire longue de 17 à 20 mètres, large de 0m60 à 1 mètre, et à fond plat. À l’arrière, debout, sur deux rangs une quinzaine d’hommes, avec une pagaie longue d’environ 2 mètres, terminée par une palette arrondie. Au milieu on place le chargement, solidement, attaché à la pirogue par un filet de lianes. À l’avant, le passager est étendu sur des planches, et devant lui se

tiennent le chef de la pirogue et son second, éclairant la route et donnant des indications pour éviter les endroits dangereux336.

Le rapport ne contient aucune illustration. Mais la photographie du missionnaire sur la pirogue sert vraisemblablement de documentation pour la rédaction du document et elle est peut-être montrée lors de la séance du comité au cours de laquelle Allégret et Teisserès témoigne de leur voyage.

Deux photographies présentent aussi les deux missionnaires au milieu de leur campement. La première les montre avec les trois jeunes Galoas qui travaillent pour eux comme domestiques [Illustration 69]. Assis autour d’une table, ils semblent étudier une carte avec les garçons qui les accompagnent. La scène est encore une fois soigneusement posée et préparée : les tentes et le casque colonial font référence au voyage des deux hommes et la végétation rappelle l’omniprésence de la forêt dans la région. Le campement des missionnaires se retrouve dans une autre photographie [Illustration 70]. La prise de vue est faite au bord d’un fleuve, vraisemblablement l’Ogooué. Le cadre assez large permet de replacer la scène dans son environnement naturel. Teisserès et Allégret posent de nouveau autour de leur table, mais avec des accessoires (une théière) et dans une attitude et un costume (notamment le chapeau) qui évoquent davantage un moment de détente. L’attitude de deux garçons Galoas rappelle leur fonction dans cette expédition : l’un fait cuire un récipient au- dessus d’un feu quand l’autre s’occupe des liquides. Sur ces trois photographies d’Allégret et Teisserès, aucun élément ne vient indiquer que les deux hommes sont des missionnaires. Rien ne les distingue des autres explorateurs.

Les moyens de transport utilisés par les missionnaires continuent à être photographiés après ces périodes d’exploration. Ce thème intègre l’iconographie missionnaire dans la durée et constitue le sujet de nombreuses photographies de la première moitié du XXe siècle. Ces images permettent d’évoquer deux idées : le voyage et la diffusion de l’Évangile. Le déplacement des indigènes sur des pirogues est un thème relativement prisé par les missionnaires-photographes du Gabon et du Zambèze. Dans les deux régions, le fleuve joue un rôle très important car il est parfois le seul axe de transport possible.

Dans son ouvrage intitulé Sur les Rives du Zambèze, Louis Jalla propose une description de la région Zambèze337. À travers neuf chapitres, il décrit le Barotseland à travers son histoire, sa géographie, son économie, sa vie religieuse, etc. L’ouvrage se propose de

336 ALLÉGRET Élie et TEISSERÈS Urbain, Rapport présenté au comité dans sa séance ordinaire du 6 avril

1891, Paris : SMEP, p. 10.

faire voyager le lecteur « sur les rives du fleuve Zambèze » et son iconographie vient appuyer cette démarche. Une des illustrations photographiques montre des hommes debout dans une pirogue le long d’une rive du Zambèze où sont déjà amarrées plusieurs embarcations [Illustration 71]. Déjà publiée en 1920 sous le titre « Pirogues sur le Zambèze338 », la photographie est ici légendée « On part en voyage ». La position des hommes tend pourtant à indiquer que le bateau arrive vers le bord du fleuve. Mais l’illustration n’est ici pas utilisée pour montrer ce qui se passe précisément sur l’image. Elle constitue davantage une métaphore du voyage. Les bateaux et le fleuve évoquent l’idée de déplacement et suggèrent l’existence d’un ailleurs vers lequel le lecteur est invité à voyager. La même photographie est utilisée près de vingt ans plus tard dans l’Almanach des missions sous le titre « le fleuve Zambèze fait l’unité de notre champ de mission339 ». La SMEP souhaite toujours évoquer le thème du voyage à travers cette photographie. Le fleuve est signalé comme l’axe de circulation privilégié des missionnaires entre les différentes stations. Ce n’est plus le lecteur qui est invité à voyager avec eux, mais l’Évangile.

Les moyens de transport fluviaux, mais aussi routiers et pédestres, sont ainsi des sujets permettant d’attirer l’attention de l’Occidental en lui proposant de « voyager » auprès des missionnaires. Ils permettent aussi d’évoquer le déplacement et la diffusion de l’Évangile au sein des champs de mission. Cette double valeur métaphorique, laïque et religieuse, permet à la SMEP de diffuser ces images dans des contextes différents, auprès d’une audience protestante, comme d’un public plus large. Les transports constituent ainsi un thème iconographique fréquemment utilisé sur les affiches et les tracts d’expositions qui doivent servir à attirer l’attention du plus grand nombre.

Le missionnaire « héroïque »

Dès ses premières photographies, Allégret développe une vision assez romantique de ce qu’est le missionnaire : un Européen solitaire au milieu des grands espaces sauvages et exotiques de l’Afrique. Un texte qu’il écrit en août 1895 témoigne de cette allure romantique donné par le missionnaire à sa fonction :

Aucune parole ne peut rendre le calme de ces soirées, la sensation de repos, la quiétude infinie des êtres et des choses : aussitôt le soleil meurtrier passé sous l’horizon, une brise

338 Petit messager des missions évangéliques, janvier 1920, n°1, p. 10. 339 Almanach des missions évangéliques, 1949, p. 13.

se lève, un frémissement de joie agite les feuillages. Cela dure quelques minutes à peine, puis de nouveau le silence se fait, le sommeil descend sur la terre rafraîchie. Entre les masses très noires des berges, la coulée du fleuve garde un peu de clarté : des étincelles jaillissent en fumée dans le clapotis des remous, des essaims de lucioles tourbillonnent au ras de l’eau. Démesurément agrandies, les silhouettes des rameurs se profilent sur le ciel, debout, oscillant avec la régularité d’un pendule.

Ils procèdent par coups largement espacés, accompagnant leur balancement d’un chant à l’unisson, mélopée étrange, tour à tour grave et suraiguë. Par instants des voix répondent de la rive ou d’une pirogue de pêche ancrée au milieu des courants.

Au-delà, sur l’une et l’autre rive, plus une habitation, pas un défrichement, nulle trace humaine ; la solitude, le mutisme des bois profonds où le lointain appel d’un carnassier, les chutes d’une branche morte, rendent plus saisissants encore les longs intervalles de silence.

Peu à peu la lune levée, une brume monte de la rivière, d’abord estompant, puis masquant tous les objets, les contours des berges, l’embarcation elle-même et les bateliers. Allongé au fond du canot, prêt à m’endormir, je ne distingue plus mes rameurs. Ensommeillés eux aussi, ils ont cessé leurs chants et, par suite, ralenti l’allure ; ils manœuvrent désormais d’un mouvement machinal. Les avirons plongent sans bruit dans l’eau à peine refoulée. Et j’ai la sensation de flotter dans une blancheur de rêve, entre ciel et terre340.

L’allure « romantique et pittoresque341 » donnée à « l’aventure vécue par les missionnaires342 » correspond à une certaine héroïsation de la figure du missionnaire. Cette description est largement reprise à la même époque en Europe.

La mise en avant de certaines figures missionnaires à la fin du XIXe siècle est nouvelle pour la SMEP. Au Lesotho, les premiers missionnaires partis à la recherche d’un territoire où la Mission de Paris pourrait implanter ses premières stations, forment une équipe où aucune personnalité ne se détache vraiment face à une autre343. Dans les récits publiés dans le Journal des missions évangéliques, les auteurs insistent davantage sur l’exploration du territoire et sur les rencontres avec de nouvelles populations, que sur les missionnaires eux- mêmes. Coillard apparaît comme la première personnalité à incarner pleinement une mission

340 ALLÉGRET Élie, Texte du 5 août 1895.

341 SALVAING Bernard, « À propos de l’iconographie des revues missionnaires », in Iconographie, catéchisme

et missions, actes du colloque d’histoire missionnaire de Louvain-la-Neuve (5-8 septembre 1983), Lyon :

CREDIC, 1984, p. 33.

342 Ibid., p. 33.

343 Isaac Bisseux, Prosper Lemue et Samuel Rolland forment la première équipe envoyée par la SMEP en 1829.

particulière. Quand il part pour son premier voyage d’exploration vers le pays Lozi, il a pourtant déjà passé près de vingt ans au Lesotho où il est arrivé en 1858. Peu soutenue par la direction de la SMEP ou par la mission du Lesotho qui est pourtant à l’origine de sa création, la mission du Zambèze se développe essentiellement grâce à la générosité de donateurs particuliers, vivement encouragés par les moyens de sollicitations mis en place et alimentés par Coillard. Le missionnaire s’engage complètement dans cette aventure, mettant ses talents