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MISE EN PLACE ET EVOLUTION DE L'ECOLE DE L'ACADEMIE it

Le "devoir d'enseigner" est imposé à l'académie dès sa création,.raàis •e l'école de l'académie ne se met en place que progressivement au cours

de son histoire.

e II faut distinguer dans cette obligation d'enseigner deux fonctions différentes, d'abord celle d'enseigner publiquement - il s ’agit de formuler et de diffuser la doctrine architecturale auprès du public . des gens distingués.

Ici la fonction de l'académie d'architecture rejoint celle des autres académies.

Ensuite celle d'enseigner aux futurs architectes la pratique de l'ai— chitecture et c'est en effet progressivement une véritable école qui : s'établit dans le cadre de l'académie. Cette école assure la formation

des architectes du Roi, elle distingue parmi ses élèves ceux qui méri­ tent d'envisager la carrière académique et sa pédagogie est conçue pour permettre cette sélection.

Ces deux enseignements sont liés.

Dans ses débuts, l'enseignement de l'académie s'est tourné vers le public - les conférences de F. Blondel - (encore qu'on ne sache rien du public qui assistait aux cours de F. Blondel). Progressivement l'en­ seignement s'est plus directement adressé aux élèves de l'académie et avec le professorat de J.F. Blondel il devient une véritable école. Mais à travers toute son histoire, l'académie conservera la responsa­ bilité de ces deux niveaux de l'enseignement d'architecture; d'une part informer le public, vulgariser le programme de l'architecture, fonder le goût en architecture, divulguer les arguments du débat sur la ville, l'ornement, convaincre de l'utilité de l'architecture; d'autre part dans le cadre de ces questions portées à la discussion du public distingué où se recrute la classe politique, préparer les architectes à concevoir et à proposer des réponses aux questions que ce public leur pose.

De l'académie d'architecture nait cette première caractéristique de l'enseignement de l'architecture d'opérer simultanément à deux niveaux: - enregistrer ou produire, diffuser les thèses sur l'espace et l'indus­ trie ,

- dans le cadre de la discussion de ces thèses, assurer la préparation des architectes à la pratique spécifique du projet.

Ces deux niveaux sont en effet étroitement liés. A partir du XVIIème siècle on ne saurait plus imaginer un enseignement de l'architecture qui resterait enfermer dans le milieu étroit d'une corporation.

On ne peut parler d'un débat sur l'architecture sur la ville ou l'espace comme on peut parler d'un débat sur l'art. Et ici l'apprentissage à une technique est lié directement à la question politique de sa finalité et la discussion sur la finalité passe par une discussion sur le "goût" qui n'est pas autre chose qu'un débat sur les "valeurs" à travers les­ quelles sera jugé de la finalité.

Il faut donc examiner l'histoire de l'enseignement de l'architecture dans l'institution académique comme l'histoire de cette relation subtile (et médiatisée par toutes sortes de discours sur l'art et la science) entre le domaine du politique et celui du technique, entre la doctrtine et l'art de bâtir, l'architecture et la construction.

2 - REGLEMENTS ET REFORMES

On peut distinguer dans l'histoire de l'école 4 grandes périodes - la suite des règlements et des réformes confirme ce découpage.

1ère période - le cours de Blondel et celui de Delahire. Pendant cette préiode l'enseignement public ne se distingue de celui qui est donné aux élèves par aucune disposition réglementaire. On sait que les acadé­ miciens envoyaient leurs collaborateurs à l'académie suivre les cours du professeur. Celui-ci leur dictait ses leçons à des heures particu­ lières pour ne pas interrompre la suite de son cours.

Dès la fondation de l'académie, est posé le principe du concours d'ému­ lation dont l'objet est d'encourager le zèle des élèves. La récompense est une médaille.

En 1701 et en 1702, on tentera de mettre en place cette procédure.

On peut distinguer une deuxième période précisément à partir du moment où le concours du grand prix se déroule régulièrement : 1720.

Le début de cette période correspond au professorat de Desgodet. Les programmes de ces concours témoignent des exercices de projets auxquels s'entraînaient les élèves. Ils correspondent au programme de l'architec­ ture - on étudiera plus loin l'évolution de ces programmes.

La troisième période correspond au moment où le nombre d'élèves s'ac­ croît. Il devient nécessaire de réglementer l'école, notons que c'est précisément à propos de la participation incontrôlée des élèves au concours annuel que nait la nécessité de distinguer ces élèves des aspirants.

A partir de 1746, il y aura deux catégories d'étudiants : ceux qui ont le titre d'élèves de l'académie et qui ont seul le droit de concou­ rir pour le prix, ils sont patronnés par les académiciens et ceux qui aspirent à le devenir et qu'on nommera aspirants. Il semble que l'aca­ démie ait eu quelque difficulté à dénombrer ces élèves privilégiés. On trouvera plus loin les listes publiées par Lemonnier dans les procès- verbaux.

Enfin, on peut distinguer une quatrième période qui correspond au pro­ fessorat de J.F. Blondel (1662) et se poursuit après sa mort avec le professeur David Leroi. L'école est devenue une véritable institution gouvernée par un réglement précis. Le concours mensuel d'émulation est créé. Son but est de préparer au concours du grand prix mais surtout d'entraîner à la pratique du projet la masse d'élèves qui ne pourront y prétendre. Se met en place dans l'école une véritable pédagogie du projet dont l'école des Beaux-Arts reprendra la tradition.

Notons que l'académie dans son entier gère cette pédagogie. Elle choisit les programmes et juge les esquisses et les projets.

A la fin de cette dernière période à plusieurs reprises, soit sous la pression des élèves soit sous celle des académiciens qui faisaient écho aux revendications des étudiants, l ’académie s'est penché sur la réforme du réglement de son école. Elle n'a pourtant pas remis en cause les principales caractéristiques de son enseignement. En 1790, au début des troubles, elle a préféré voir ses élèves renoncer à leur qualité d'élève que d'accéder à leur revendication.

NOTE : Chronologie des règlements de l'école

1694 - Onproposera des programmes aux élèves. 1702 - Premier Grand Prix.

1720 - Prix de Rome.

1747 _ Etablissement de la liste des élèves - distinction entre élève et aspirant.

1762 - Articles fixant les règles générales de l'école. 1763 - Règlement pour le jugement.

1775 - Création des concours d'émulation. 1790 - Nouveau règlement.

1793 - Suppression de l'académie et maintien de l'école. 1795 - Création de l'Institut.