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CHAPITRE IV : LES DERNIERS MOMENTS DE L'ACADEMIE

2 LA DISCUSSION SUR LA TUTELLE

La suite des événements qui marquent les dernières années de la vie academique scande une discussion qui porte plus sur la tutelle de l'ins­ titution que sur l'institution elle-même.

En 1790, il a été décidé à l'assemblée nationale que toutes les acadé­ mies présenteraient leurs idées sur leur constitution. L'académie d'ar­ chitecture "doute que ce décret la concerne".

En 1790, les élè ves renoncent à leur qualité d'élèves suite au conflit

les a opposés à d 'Angivillers. "

La 6 septembre 1790, M. Camus (*) membre de l'Assemblée Nationale , President du comité des pensions, demande à l'académie par lettre - Pue lui soit communiqué l'état des traitements et pensions de ses mem­ bres et celui des encouragements des élèves qu'on envoie à Rome.

L académie s'empresse de La champ Mique, Guillaumot

satisfaire l'objet de la lettre et nomme sur , Cherpitel, pour :

"* ‘ en référer à d'Angivillers,

2; préparer sans délai (séance extraordinaire du 13 septembre) une réponse à l'assemblée nationale.

Lis vont voir d'Angivillers à Versailles :

~ ils décident de rédiger un mémoire au Roi sur la reconnaissance des ienfaits et de la confiance qu'ils lui témoignent,

de transmettre à Camus l'état des pensions.

En fait la question est de savoir si le budget de l'académie va demeu­ rer sur la liste civile.

J-e 28 novembre d'Angivillers confirme que le paiement du "quartier e juillet" a été fait sur la liste civile.

Le 13 décembre, l'académie écrit à d'Angivillers, lettre signée par Paine, pour remercier de sa lettre du 17 septembre.

^ans cette lettre d'Angivillers exprime que s'il ne tient qu'à lui e Roi déciderait de garder à l'académie le privilège de sa faveur. Le texte exact "je serai sensiblement heureux si je me vois autorisé a transmettre une décision qu'il est permis de prévoir, si sa Majesté Peut ne consulter que son estime pour l'Académie et ses dispositions

onstantes pour les progrès.

Armand Gaston Camus n'a rien à voir avec l'ancien secrétaire de i Academie.

La réponse de l'académie est importante car elle prend parti pour res­ ter sous la tutelle royale.

L'académie a l'honneur de vous répéter que ses vives sollicitudes sont la preuve du désir qu'elle a de rester toujours sous la protection immédiate du Roi ainsi que de jouir etc ...

En 1791, l'académie d'architecture comme institution royale est forte­ ment contestée.

Au début de 1791 divers mouvements traversent les académies de peinture et d ’architecture. Un groupe de peintres de l'académie constitué en assemblée délibérante invite l'académie d'architecture à se joindre à ses réunions.

En janvier 1791, d 'Angivillers écrit à l'académie pour lui rappeler l'interdiction formelle de "tenir des assemblées à des jours arbitraires et sans aucun voeu".

Il semble bien que l'académie ait passé outre à cette interdiction et qu'un groupe de 15 académiciens se soient réunis pour étudier un projet de statut.

Le 14 février, un projet de règlement est présenté à l'assemblée natio­ nale. Il consiste à créer une Acad émie Nationale des Arts comprenant 2 sections : une de peinture-sculpture-gravure, l'autre d 'architecture. Chaque mois ces 2 sections se réuniraient en une séance commune.

D'après Hautecoeur, ces 15 académiciens sont les suivants :

Perronnet, de Wailly, Franque, Brebion, Rousset, Moreau, Coustou, Boullée, Bossut, Heurtier, Antoine, Brongniart, Poyet, Desmaisons (oncle de David), Sedaine.

Ce projet est le point de départ de la création de l'institut et de la fusion des 2 anciennes académies dans la future académie des Beaux- Arts.

Le 28 juin 1791 d 'Angivillers est destitué et ses biens sont saisis. Il émigré en Russie.

Il fut remplacé par Arnaud de la Porte, intendant de la liste civile. Il fut guillotiné en 1792.

En janvier 1792, le directoire du département de Paris ouvre une enquête sur l'académie.

Le 16 janvier 1792, l'académie reçoit une lettre du directoire du dépar­ tement de Paris contenant la demande détaillée de l'Etat et la composi­ tion de l'académie, ses revenus, charges, etc ...

La lettre (p. 313 Lemonnier) est d'un ton ferme, elle se termine par Vous êtes prié de mettre la plus grande célérité à cet envoy.

signe les administrateurs composant le directoire du département : La Rochefoucauld, Germain, Garnier, Demeunier, Auzon, Davous, Thioncle, La Chaume.

Le 18 janvier l'académie répond.

Avril 1792 : une lettre de M. Renou peintre et secrétaire de l'acadé- mie de peinture demande que l'académie s'associe à une pétition à l'As­ semblée Nationale sur la demande obligatoire des patentes à ceux qui Professent les lettres, les sciences et les arts. M. Renou a été enten­ du avec beaucoup de satisfaction.

Au fil de ces événements on perçoit un projet de réorganisation des lnstitutions académiques. De différentes manières les académies tentent de répondre à la menace que font peser sur elles la commune des arts les autres sociétés révolutionnaires par un projet de réunion des Academies, dans une nouvelle institution.

C est ce projet de la "fusion des arts" qui a finalement engendré l'ins­ titut mais qui aurait pu conduire à la création d'institutions bien différentes. Le problème ici n'étant pas le titre du projet ni même a définition de l'objectif qu'il fixe mais plutôt la qualité des hommes chargés de le réaliser et la nature de la relation qu'ils entretiennent au Politique.

L académie semble avoir été réservée sur ces projets de fusion. Le Lexte de Guillaumot semble refléter plus fidèlement la position des académiciens. Ce plan de réforme non daté annonce l'idée d'une corpo- ration d'architectes.

Le début du XIXème siècle reprendra cette discussion dont l'Ecole main- nue sera à la fois l'enjeu (posséder le monopole d'enseigner) et argument (elle seule peut définir le savoir architectural).

NOTE : Plan de Réforme Académique

présenté par Guillaumot - tome IX 362 367 PV

Articles de ce projet de règlement introduisant des modifications impor­ tantes aux statuts de 1776

Article 2 - L'académie sera composée de trente académiciens architectes. un professeur d'architecture, un professeur de mathématiques un professeur d'hydraulique et d'hydro-dynamique, un secré­ taire, huit associés libres, neuf correspondants

et neuf correspondants étrangers.

C'est supprimer la division en deux classes créées en 1699.

Article 4 - Les huit places d ’académiciens associés libres seront spé­ cialement réservées, savoir; pour un peintre membre de l'académie de peinture pour un sculpteur membre de la même académie pour un membre de l'académie française, pour un membre de l'académie des sciences, pour un membre de l'aca­ démie des inscriptions pour un ingénieur militaire, pour un constructeur de vaisseaux et pour un expert vérificateur instruit des lois des bâtiments.

C ’est établir un lien statutaire avec les autres académies.

Article 8 - Lors de la vacance d'une placé d'académicien architecte, il sera formé une liste de tous les architectes qui aspi­ reront à la remplir et dans ce nombre, il en sera choisi six au scrutin et à la pluralité des voix. Dans ces si» sujets il en sera choisy un seul pan un second scrutin aussi à la pluralité des voix lequel sera proposé au Roi pour avoir son agrément.

Il s'agit ici d'une modification essentielle. Elle remplace le système de proposition au choix du ROi par un système de cooptation simple. L'agrément du Roi devient de pure forme.

Article 11 - Le président de l'académie est élu parmi ses membres acadé­ miciens architectes aux associés libres, au scrutin et à la pluralité des voix. Il sera renouvelé tous les ans, et on nommera de la même manière et le même jour un vice- président pour le suppléer en cas de maladie ou d'absence et dans le cas d'absence de l'un ou de l'autre le plus ancien académicien en réception présidera.

Le secrétaire ne sera point susceptible d'être nommé À la présidence à cause de la perpétuité de ses fonctions. Cet anticle modifie complètement l'institution académique qui dès lors ne serait plus placée sous la direction de l'administration. Depuis l'affaire Mique les académiciens sont devenus probablement plus soucieux de leur indépendance. Dans ce projet ils désignent eux-mêmes un prési­ dent . On ne parle plus de directeur.

Article 18 - Tous les académiciens présents auront voix délibératoire dans tous les cas.

On se rappelle que seuls les académiciens de première classe pouvaient Prendre part aux discussions concernant les bâtiments du Roi.

Article 28 - Il sera choisi au concours parmy les jeunes étudiants qui suivront les cours des professeurs et sur un programme donné par l'académie quarante sujets qui auront le titre d'ELEVES DE L'ACADEMIE et qui seront seuls admis à concourir pour les prix d'émulation de tous les mois et pour les grands prix annuels.

Les dits élus seront tenus d'être domiciliés à Paris.

Le projet modifie radicalement le mode de recrutement des élèves et tnstaure un concours d'admission sur programme. Le nombre des élèves reste le même. On propose de remplacer la procédure du PATRONAGE par un concours d ’entrée avec NUMERUS.

Article 26 : un pouvoir attribué à l'académie disciplinaire sur ses membres.

e Projet de Guillaumot tend à transformer l'académie d'architecture une corporation d'architectes qui se "posséderait elle-même", qui ^tiendrait l'autorité sur l'enseignement et la doctrine, et qui serait

le-même sa propre juridiction.

^ est l'évolution prévisible de cette institution qui au fur et à mesure ^u„eLle exerçait sur la production au nom de l'administration un con- role de plus en plus efficace, s'est découverte elle-même comme formant Pr® communauté exerçant une activité spécifique. A la fin de son his- » lrei au moment même où le pouvoir politique les supprime comme entrave a La liberté, l'académie rêve de devenir une corporation.

ci le lien entre l'ancienne académie et les tentatives des architectes aP 19ème siècle apparaît clairement. La référence qu'ils font à l'an­ cienne académie est appelée non pas pour se mettre à la disposition

e l'autorité politique mais pour instituer une profession. ®ans le savoir,

QuiUau m o t qu'ils 9enre qu'au milieu

car ils ne le connaissent pas, invoquent. Ils n'obtiendront du 20ème siècle, cent cinquante

c'est le projet de quelque chose de ce ans plus tard.

NOTE :

GUILLAUMOT Charles Axel

Guillaumot est né en 1730 à Stockholm de parents français. Il entre à l'académie en 1773. Il construit les casernes des suisses St-Denis> Courbevoie, Joigny et le palais abbatial de Vézelay.

Il a publié une "théorie des arts" et un traité sur l'éclairage du Louvre. Il fut l'un des académiciens les plus actifs dans la dernière période de l ’académie. Il meurt en 1807.

CAMUS Arnaud Gaston

membre de l'Assemblée Nationale

Janséniste, avocat du clergé au parlement de Paris, il abandonne 1* barreau pour se livrer à des études de sciences naturelles (traduction et commentaires de l'histoire des animaux d'Aristote, 1783).

Député du Tiers Etat aux Etats Généraux il contribua à l'élaboration de la constitution civile du clergé et fut chargé de l ’organisation et de la direction des archives nationales.

Député sous la Convention, il fit partie de la commission chargée d'en­ quêter sur la conduite de Dumouriez (1793). Celui-ci l'arrêta, le livra aux Autrichiens qui en décembre 1795 l'échangèrent contre la fille de Louis XVI. Il fut membre du Conseil des cinq cents jusqu'en 1797 et s'opposa au Consulat à vie.