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L'école de l'académie (1671-1793) ou l'institution du goût en architecture

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L’école de l’académie (1671-1793) ou l’institution du

goût en architecture

Jean-Pierre Epron

To cite this version:

Jean-Pierre Epron.

L’école de l’académie (1671-1793) ou l’institution du goût en architecture.

[Rapport de recherche] 238/84, Ministère de l’urbanisme et du logement / Secrétariat de la

recherche architecturale (SRA); Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy / Centre d’études

méthodologiques pour l’aménagement (CEMPA). 1984. �hal-01893356�

(2)

JEAN-PIERRE EPRON

L ’ECOLE DE L’ACADEMIE ( 1671-1793 )

OU

L ’INSTITUTION DU GOUT EN ARCHITECTURE

ECOLE D’ARCHITECTURE DE NANC4

1984

(3)

L'ECOLE DE L'ACADEMIE - 1671-1793

OU

L'INSTITUTION DU GOUT EN ARCHITECTURE

Le présent document constitue le rapport final d'une re­

cherche financée sur les crédits D.G.R.S.T. exercice 80

contrat

80.01.325.00.223.75-01

-

Jean-Pierre

EPRON

C.E.M.P.A. - Ecole d 1

Architecture de Nancy

(4)

PREMIERE PARTIE - L ’ACADEMIE ET SON ECOLE

CHAPITRE I : ACADEMIE ET CORPORATION - Le fait corporatif.

- Corporation et gouvernement. - Les académies.

- L'académie et l'administration des bâtiments. - Académie de peinture.

CHAPITRE II : L ’INSTITUTION ACADEMIQUE - Continuité et transformation. - Les directorats et la tutelle. - Chronologie des statuts.

CHAPITRE III : MISSIONS DE L ’ACADEMIE - L'enquête technologique.

- Le travail réglementaire. - L'énoncé doctrinal.

- Le contrôle de la construction des ponts.

CHAPITRE IV : LES DERNIERS MOMENTS DE L ’ACADEMIE - Les dernières années de l'académie.

- La discussion sur la tutelle.

- La fin de l'académie - survivance de l'école.

CHAPITRE V : LES PROFESSORATS

- Le professorat de François Blondel.

- Les professorats de Philippe de la Hire et de de la Hire fils. - Le professorat de Desgodet. - Le professorat de Bruand. - Le professorat de Courtonne - 1731-1739. - Le professorat de Jossenay. - Le professorat de Loriot. - Le professorat de J.F. Blondel. - Le professorat de David Leroy.

CHAPITRE VI : LE DEVOIR D ’ENSEIGNER - LE STATUT DE L'ECOLE - Mise en place et évolution de l'école de l'académie. - Règlements et réformes. p. 13 p. 25 p. 43 p. 53 p. 62 p. 91

(5)

CHAPITRE VII : LE STATUT D'ELEVE p. 98 - Le patronage.

- Manière d'exister vis à vis de l'académie. - Les listes d'élèves.

- Fraudes et contestations.

DEUXIEME PARTIE - PEDAGOGIE DE L'ARCHITECTURE ET PRATIQUE ACADEMIQUE

CHAPITRE I : LES DIFFERENTS TYPES DE CORRECTION p. 108

CHAPITRE II : REFERENCE ET DOCTRINE p. 112 - La doctrine académique.

- La discussion doctrinale.

CHAPITRE III : PROCEDURES ET INSTITUTION p. 117 - Solidarité académique et légitimité institutionnelle.

- Correction et pédagogie. - Contrôle architectural. CHAPITRE IV : LA THEORIE p. 125 - Le modèle et l'imitation - Le corpus de référence. - Le programme.

CHAPITRE V : LE TRAVAIL DE PROJET

- Le grand prix - procédure de sélection des élèves - La tradition de l'esquisse.

- Le jugement.

p. 137

CONCLUSION p. 165

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L'école de l'académie d'architecture dont on aborde ici l'étude n'est ni le prolongement ni l'émanation de l'académie. Elle est partie inté­ grante de l'institution académique elle-même.

On ne saurait comprendre cette école, le contenu de son enseignement, ses formes pédagogiques et tous les conflits qui ont accompagné son histoire sans comprendre le rôle qu'lie joue dans l'accomplissement des missions de l'académie.

L'histoire de l'école se confond d'ailleurs avec l'histoire de l'acadé­ mie. Dès sa fondation en 1671, son premier directeur F. Blondel est chargé d'enseigner publiquement et de dicter ses leçons aux élèves. L'enseignement est la première manifestation publique de l'académie. C'est à propos de cet enseignement qu'elle sera supprimée en 1793. Son autorité étant contestée par les sociétés révolutionnaires, la convention ordonne qu'elle soit déssaisie du jugement du grand prix puis supprimée.

Cette académie est une institution particulière. Certes, elle est née, comme toutes les académies de la volonté du pouvoir royal et s'inscrit dans le projet global de renforcer l'unité du royaume en donnant à une élite de savants et d'artistes autorité sur l'opinion. Mais l'aca­ demie d'architecture est en même temps tenue de conseiller l'administra­ tion des bâtiments du Roi. Celle-ci, au cours du XVIIIème siècle éten­ dra progressivement le domaine de son autorité. A la fin du siècle, le dernier surintendant, d 'Angevillers, aura l'ambition de faire de l'administration des bâtiments duRoi une sorte d'administration générale de la construction.

Pendant toute la durée de son existence, l'académie sera directement concernée par la définition et le contrôle de la pratique constructive. Mais tandis que l'administration rêve d'élargir son domaine, l'académie progressivement prendra conscience d'elle-même, et contribuera à donner une définition et un statut à la pratique spécifique de l'architecte. L^academie d'architecture occupe ainsi une situation paradoxale. D ’un cote elle reste soumise à l'autorité de l'administration des bâtiments du Roi. Elle est chargée de définir le goût en architecture et d'exer­ cer un contrôle sur la technique, sur les projets, sur les procédures dévaluation du coût, sur l'organisation du travail etc ... D'un autre cote elle dispose d'elle-même et comme toutes les autres académies elle jouit d'une grande liberté vis à vis de son•protecteur. Progres­ sivement, au cours du siècle s'affermit la conscience qu'elle a d'elle meme. Tandis que sa doctrine reste ouverte à toutes modifications qu'im­ posent les circonstances, la tentation lui vient de se désigner comme 1 elite de la communauté des architectes et d'en gouverner la corpo­ ration .

L académie et l'administration, l'une et l'autre étroitement associées jusqu a la fin à la production de 1'architecture, évolueront pourtant de manière différente. Il faut, d'après nous, comprendre l'histoire de leurs rapports souvent difficiles dans le cadre de cette double évolution.

(7)

Par l'intermédiaire de son école, l'académie tente d'exercer une sorte de monopole sur l'enseignement de l'architecture. Curieusement c'est par l'exercice même de ce monopole que l'académie assumera le paradoxe de sa mission :

d'une part rester fidèle aux ordres du pouvoir et être une sorte de prolongement de l'administration,

d'autre part, se "posséder" elle-même et former une communauté libre et indépendante intervenant en tant que telle dans la production de l'architecture.

L'hypothèse centrale de ce travail est la suivante : l'enseignement de l'architecture, tel qu'il est mis en place, puis transformé au cours de l'histoire de 1 '"institution académique n'est pas une simple didacti­ que qui consisterait à transmettre un savoir acquis par la pratique des académiciens, c'est-à-dire par :

- leurs travaux théoriques dans les traités d'architecture (leurs ana­ lyses sans cesse réajustées des édifices de l'antiquité)

- leurs-pratiques du projet (leurs expériences de constructeur)

- l'exercice du contrôle dont ils sont explicitement chargés (sur les projets, sur les techniques,. et sur les procédures).

L'enseignement est plutôt pour l'académie un moyen de construire son -savoir, de définir sa doctrine et l'adapter à la conjoncture. La nécessité d'enseigner est l'occasion de donner une cohérence aux énon­ ces de la doctrine et la nécessité de juger les projets des élèves, l'occasion de distinguer le bon usage des règles, des abus qu'on pour- 'rait en faire.

Le projet forme une sorte de laboratoire où tester les thèses nouvelles de l'architecture, anticiper sur l'évolution de la production, faire l'essai de nouvelles manières de penser l'espace, et d'une façon géné­ rale, définir le "programme de l'architecture", son but et son utilité, délimiter son domaine d'application, expliciter ses méthodes, désigner ses références.

Dans cette hypothèse, on ne saurait donc isoler l'étude de l'enseigne­ ment de l'académie de celle de l'académie elle-même.

Aussi abordera-t-on dans une première partie l'étude de l'institution académique, pour montrer dans une deuxième partie comment l'enseigne­ ment est constitutif de la pratique académique elle-même.

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PREMIERE PARTIE : L'ACADEMIE ET SON ECOLE

Les statuts de 1717 ne font que confirmer les lettres de la fondation de 1671 et donner une forme réglementaire à la pratique académique. Les statuts de 1776 reprennent, sans en modifier l'essentiel, ceux de 1717. Si l'on s'en tient à la lecture de ces deux textes, il appa­ raît que l'académie d'architecture aurait trouvé dès l'origine sa forme institutionnelle définitive. Pour elle aucun tâtonnement, aucune réfor­ me, aucune crise ... De sa fondation à sa disparition, la vie académique a pu se dérouler en restant scrupuleusement fidèle à l'esprit de ses statuts d'origine ...

Si on examine avec plus d'attention la vie académique à travers les procès-verbaux des séances publiés par H. LEMONIER, cette continuité apparaît traversée de multiples débats et il semble bien que l'institu­ tion a progressivement modifié son but.

Pour comprendre ces déplacements qui interdisent de voir la stabilité des formes académiques (les statuts et la pratique), il faut considé­ rer d'après nous l'ensemble que forme l'académie et son école.

Contrairement à ce qui apparaît à la lecture des statuts de l'académie pour la réglé de la vie académique elle-même, entre les débuts et la fin de l'académie, de grandes modifications ont progressivement été apportées a la définition de l'enseignement académique.

Ces modifications ne concernent pas seulement la mise au point tâton­ nante d'une pédagogie spécifique qu'il faudrait expérimenter puis ré­ glementer, elles révèlent en fait les adaptations successives que l'aca­ demie apporte à la définition de l'architecture pour tenir compte des circonstances.

Tout se passe comme si l'institution académique utilisait l'autorité qui lui donne la stabilité de ses formes à discrètement justifier les déplacements successifs de ses positions.

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Page 12

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CHAPITRE I : ACADEMIE ET CORPORATION

On peut comprendre l'académie d'architecture comme une "institution" qui à l'exemple des grandes institutions - l'armée, l'église, l'éduca­ tion et la justice - serait chargée d'énoncer la norme et de la faire appliquer; ici définir le bon goût en architecture et l'imposer.

Mais l'assemblée des architectes du Roi réunie pour former son acadé­ mie est en même temps la réunion de techniciens qui trouvent dans le travail académique lui-même l'occasion de réfléchir à leurs propres acti- vitésd'architecte.

A cette époque, aucune institution professionnelle ne permet aux archi­ tectes de se distinguer des maçons ou des entrepreneurs. Les architec­ tes, ceux qui dessinent l'édifice et en dirigent l'exécution, occupent dans le processus de production des places diverses et des rôles qui peuvent être très différents suivant les circonstances ou les talents. L'architecte, est entrepreneur, financier, maître d'ouvrage, attaché a une maison, imagier, spéculateur, artiste ... Nulle part n'est définie une manière commune d'être architecte.

Réunis dans la salle de l'académie pour définir ce qu'est 1'architectu- re, les architectes du Roi se donnent aussi comme objectif de définir ce qu'est un architecte.

Dans les procès-verbaux de l'académie, les académiciens s'identifient a l'institution. Ils disent "l'académie a pensé que ... l'académie a jugé que ..., l'académie a été fâchée ou elle a été contente ..." mais en quelques circonstances, ils disent la compagnie ...

Ce double vocabulaire qu'utilise l'académie pour se désigner elle-même, illustre cette double manière d'exister - à la fois une institution et une association.

Nous examinerons successivement dans ce chapitre :

1. Le fait corporatif - comment replacer l'histoire de l'académie dans l'histoire des corporations,

2. Corporation et gouvernement - comment la monarchie a-t-elle utilisé la vie associative en général pour gouverner,

3. Les académies - replacer l'académie d'architecture dans l'ensemble des académies,

4. L'académie et l'administration des bâtiments, 5. L'académie de peinture.

(11)

1 - LE FAIT CORPORATIF

Pour comprendre l'ambiguité dans laquelle se trouve placée l'académie d'architecture à la fois institution et association, il faut replacer son histoire dans l'histoire plus générale des corporations.

Durkeim a montré cette nécessité, qui découle de la division du travail, d une organisation professionnelle (qu'il appelle corporation) dont le rôle^ est d 'organiserpratiquement la vie économique et industrielle et de régler 1'intégration harmonieuse dans le corps social de fonctions techniques diverses. L'hétérogénéité des techniques et des tâches impose l^échange entre les techniciens et cet échange prend la forme d'une réglementation. Durkeim montre que ni l'Etat ni la science, s'incarnant dans un pouvoir technocratique ne peuvent opérer cette régulation entre les fonctions hétérogènes que produit la division du travail.

Un fait social" préexisterait à toute forme corporative, à tout projet politique, à tout programme d'organisation, sous la forme d'une cons­ cience des individus de leur "solidarité organique".

Nous proposons de l'appeler "fait corporatif".

Il permet d'après nous d'analyser les institutions professionnelles dans leur fonction de régler les pratiques techniques et de compren­ dre précisément le rapport qu'elles entretiennent avec l'Etat.

Ce fait social se caractérise d'abord par la volonté du groupe de faire exister sa communauté et d'en faire reconnaître juridiquement la légi­ timité .

Ensuite il induit des "représentations sociales" communes, des manières de considérer le travail, de lui attribuer un sens ou une valeur morale. Le fait corporatif en tant que fait social entraîne la construction de systèmes de valeurs.

^nfi" 11 Se développe sur le sentiment de l'utilité publique de l'ac- îvi e technique qu exerce la corporation. La communauté technique vtse a définir elle-même sa finalité et son rapport à la société toute en îere. est en ce sens qu'elle s'affirme comme une communauté poli­ tique. Elle entend participer à la gestion de la chose publique.

A travers ces trois caractéristiques le sans connotation politique. C'est un fait comme on observe une chose.

fait corporatif se définit social qu'il faut observer

L'enseignement, dans toute corporation, constitue un enjeu fondamental. - Il permet de définir et spécifier le savoir technique sur lequel repose la pratique technique des membres de la corporation.

- Il permet de recruter et de contrôler les membres de la d'instaurer et de justifier des systèmes de hiérarchie

des comportements. ’

corporation, de fabriquer

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Il permet enfin de définir des stratégies professionnelles et d'en tester l'efficacité.

L'Ecole de l'académie qui permet aux académiciens de mettre au point les moyens du contrôle dont elle est chargée en tant qu ' institution, est à comprendre également dans sa fonction corporative.

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2 - CORPORATION ET GOUVERNEMENT

L -organisation corporative est l'un des nombreux découpages de la socié­ té de l'ancien régime. Dans une société d'Ordres les communautés techni­ ques tentent de s'établir comme corps. L'ensemble des corporations dans 1 histoire de la monarchie est étroitement mêlée à la construction progressive de l'Etat.

Les deux édits de 1581 et de 1597 tendent à mettre les corporations sous 1 autorité du Roi et d'en généraliser le principe.

'~a^ emas ’ conseiller d'Henri XV, cherche à promouvoir la création des manufactures dans le Royaume ("Règlement pour dresser les manufac­ tures du Royaume" 1597). Il reste fidèle à l'idée du XVIème siècle d'é­ tendre et d'imposer le régime corporatif.

C^est le Roi, désormais, qui fait les métiers, réglemente les corpora­ tions, decerne le titre de Maître. L ’organisation corporative jusque la imposée seulement aux artisans doit s'étendre aux métiers de commerce et de manufacture.

Pendant le 17ème siècle les relations entre les corporations et le pouvoir sont mouvementées. Les communautés de métier se révolteront pendant la première partie de la Fronde contre l'autorité du Roi et soutiendront contre lui le parlement de Paris. Mais la révolte de Paris soutenue par les métiers et les marchands en février 1649 est de courte duree; elle s'achève par la paix de Rueil. Le 19 avril une députation de 300 membres représentant les 120 métiers de Paris va à St-Germain porter les "hommages et les remerciements populaires" (Martin St-Léon.) L'Edit de 1673 tente encore de renforcer sans beaucoup de succès l'auto­ rite du pouvoir royal sur les corporations. Finalement en 1691, l'Edit de POnt Chartrain transforme les corporations en offices. L'Edit retire aux corporations le droit d'élire leurs officiers et le remplace par des syndics jures fonctionnaires publics nommés par le Roi.

En fait les commerçants rachetèrent ces offices ... c'était le but. La création des offices fut une lourde charge pour les corporations qui devinrent en fait l'un des rouages du système fiscal.

En 1776, la politique de Turgot conduit à la tentative de la suppression des corporations. On sait que cette politique fondée sur les idées des "économistes" ne fut pas poursuivie et que c'est la Révolution qui met un terme au principe de l ’organisation corporative.

Il faut replacer, d'après nous, l'hi plus générale de la transformation plus précisément celle des relations trie.

stoire de la corporation dans celle des méthodes de gouvernement ou qu'entretient l'Etat avec l

’indus-Les corporations doivent être considérées

fessionnelles et étudiées dans le cadre comme des organisations pro- des rapports qu'entretiennent

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l'Etat et les grandes institutions (la religion, l'éducation, la justice et l'armée) avec la vie associative en général.

L'académie d 'architecture dont le statut est bien différent de celui des autres académies joue dans ce problème un rôle particulier.

Elle produit un discours, dont le statut est plutôt celui du discours d'une association ou d'une corporation que celui d'une doctrine offi­ cielle de l'Etat (ce qu'on appellerait aujourd'hui une polituque techni­ que) et pourtant elle restera toujours une branche de l'administration sous la tutelle directe des surintendants.

L'institution académique occupe une place singulière entre les corpo­ rations, les corps techniques et l'administration. ELle a contribué a modifier sensiblement l'équilibre professionnel. Elle a créé une elite d'architectes. Elle a placé cette élite sous la main du ROi, tout en lui laissant prendre sur l'opinion une grande autorité.

La monarchie a exercé une action directe sur la transformation des élites de la nation. Il est probable qu'elle n'a pas su mesurer les effets pervers de cette politique et comprendre le rôle de l'institution academique qu'elle avait elle-même mis en place, dans ces mécanismes de transformations sociales.

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NOTE 1

a création de l'académie de peinture correspond à la volonté explicite e la monarchie de s'opposer au pouvoir exhorbitant de la corporation. H?S p.eantres avaient tenté de s'opposer à l'engagement par la cour a artistes n ’appartenant pas à la corporation.

L t « ademie S-St Un m°yen pour le pouvoir politique de s'opposer au mono­ accordé6 Pretend exercer la corporation et qu'il a d'ailleurs lui-même

En architecture le problème est différent,

d ’architectes qui tenterait de s'opposer à Il n'y a pas de corporation la politique des bâtiments. Certes, il y a le problème

d'architecte du Roi. Et en qualité d'architecte du Roi composent son académie.

des maçons qui parfois abusent du titre 1676, le 7 mars, Colbert précise que la est réservée par Sa Majesté à ceux qui

entrepreneurs ,repnésenté au Ro* ~ plusieurs maîtres maçons, T r o u pnendne l a at tS.-9ena 86 meSlant de bâtiment> osent sans aucu^ en crédit et <=„ quallte. d architectes du Roy, pour se mettre plus d'édifices tant tltre donner des dessins, bâtir toutes sortes se -trouvent f t pt?bllcs que Particuliers, lesquels pour la plupart preneurs Ma 1 ' ^suffisance desdits maçons et entre­ n t de 'o'r'endre ^ tréS expresse défense à toua entrepre-Majesté à choisi.! n qUallt® d 'architecte du Roy sinon à ceux que Sa de mil livres d ’ame P°Ur comP°sen son académie d'architecture a peine ce m u livres d'amendes payables par corps".

rité desC entrenno'6St PaS fondée pour s'opposer au pouvoir ou à l'auto- tectes ou ceux q ü Z Z d^sertt °U Charpentiers ni "ême i ceux des archi- un corps. e^s eb qul ne sont pas organisés dans

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et efficacité technique V t ' d ’tte ^t^emblé** d°nt U attend c°mPétence opinions et qui puisse par conséouent °U S® :encontnent diverses des choix dont on aurait par a v a n r » 9 * , Proposer a l ’autorité royale

ait par avance mesure les effets sociaux. D'où le statut institutionnel de 1

- l e s académiciens sont nommés par elle se possédé elle-même.

'académie

le Roi, a la fois chose du Roi a la fois institution

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-NOTE 2 : PRINCIPALES DATES POUR L'HISTOIRE DES CORPORATIONS 1589 Henri IV 1610 M M 1617 Louis XIII 1642 A A 1581-1597

Les deux édits qui tendent à mettre les corpora­ tions dans la main du Roi et de les généraliser 1601

Conseil supérieur du Commerce et relance de l'industrie par concession de privilèges

Etats Généraux de 1614

1636

Mobilisation de Paris contre les impériaux

1646

Impôts sur les corporations 1648

Fin de la 1ère partie de la Fraude Paix de Rueil 1661 Les g corps . Drapiers . Epiciers apo­ thicaires . Merciers . Bonnetiers . Orfèvres . Pelletiers 1685 1661 Colbert : création de : 1/ Compagnie de commerce 2/ Manufactures royales 1673

Etablissement de communautés dans tout le royaume 1675

Suppression des lieux privilégiés Marchand suivant la saison

1671

Académie d'architecture

1_1715

1691

Edit Ponchartrain : menace de remplacer les syn­ dics par des officiers. Remplacement des corpora­ tions par des officiers et rachat des offices

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Le terme d'académie vient du mot grec ACADEMIA qui désigne le bosquet d'olivier où enseignait Platon. Il acquiert le sens général d'école. Les premières académies des Beaux-Arts sont en Italie

Florence - Academia dei disegno 1563 Perrugia - Academia di Belle Arte 1573 Rome - Academia di San Luca 1577

Turin - Academia Allestima dei Belles Arti 1652

L'académie d'architecture est la dernière née des académies en France. La première académie française est crée par Richelieu en 1635 dans un but tout à fait politique.

Il s'agit de réunir des intellectuels en une société privilégiée et d'obtenir qu'ils soutiennent le régime. 3 conseillers d'état et le garde des sceaux assistent aux séances.

C'est en 1671 l'année même de la fondation de l'académie d'architecture que l'académie française devient une société d'état placée sous la protection du Roi.

En France la création des académies correspond à une volonté de la monardhie d'atteindre l'opinion, de renforcer l ’unité du royaume, de contrôler les idées en matière artistique, littéraire et d'améliorer la production et la diffusion des connaissances.

La création des académies entre dans ce grand projet de la monarchie d'unifier le royaume et de disposer des moyens efficaces , de contrôle et d'intégration de la nation.

On peut rapprocher cette stratégie du pouvoir politique de celle qu'il a développé à propos de la presse et de la création de l'armée natio­ nale (les premiers enrôlements obligatoires datent de 1688).

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TABLEAU CHRONOLOGIQUE DE LA FONDATION DES ANCIENNES ACADEMIES

1634 Académie française LOUIS XIII 1617-1648 1648 Académie de peinture et de sculpture REGENCE D'ANNE

- D'AUTRICHE 1661 Académie de danse 1648-1661

1663 Nouveaux statuts de l'académie de LOUIS XIV 1661-1715 peinture et de sculpture

1663 Des inscriptions et belles lettres dite petite académie

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Certains ont pu considérer la création de l'académie d'architecture comme une simple extension du Conseil des Bâtiments. Il est certain que son fondateur Colbert souhaite améliorer l'organisation des servi­ ces de la surintendance et surtout disposer d'une doctrine ferme en matière de bâtiment.

L'academie elle-même s'est considérée comme dépositaire de la règle en matière d'architecture.

En 1686, une réforme des corporations jurés de maçonnerie et de char­ penterie, modifie le nombre d'experts chargés d'arbitrer les conflits et instaure des experts bourgeois.

Il est significatif de voir l'académie s'inquiéter de cette réforme et de "juger à propos de présenter un mémoire à Monsieur le Contrôleur General, pour le prier qu'il ne souffre pas qu'il se passe rien qui préjudicie aux intérêts de l'Académie".

Cet édit ne fut rendu qu'en mai 1690 (Bullet en donne le texte dans 1 architecture pratique). Il établit 50 experts jurés chargés seuls de toutes les expertises dans les contestations de bâtiment.

Des arrêts annulèrent même des procès-verbaux établis par les architec­ tes du Roi.

Cet exemple montre à quel point à la fin du XVIIIème siècle l'organisa­ tion des bâtiments est encore loin d'être placée sous le contrôle d'une administration centrale.

Au cours du XVIIIème siècle, l'administration des bâtiments du Roi tentera progressivement d'étendre son autorité sur l'ensemble de la cons ruction. Le dernier surintendant, Dangevillers, pourra un moment esperer mettre en place cette administration. L'académie sera souvent considérée par les surintendants comme l'auxiliaire de son administra­ tion. Nous verrons qu elle a pourtant jalousement conserver son indé- pendance.

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En 1789 au début de la période révolutionnaire l'académie de peinture et de sculpture était organisée de la manière suivante :

1. Tout d'abord un corps "d'officiers" comprenant

- 1 directeur, 4 recteurs perpétuels, 2 adjoints et 16 honoraires (8 amateurs et 8 associés) soit 23 officiers,

- 12 professeurs assurant tour à tour la direction de l'école : 6 pro­ fesseurs adjoints appelés à remplir la fonction de professeurs, 1 pro­ fesseur de géométrie, 1 professeur d'anatomie, 8 conseillers, 1 tréso­ rier et 1 secrétaire historiographe soit encore 30 officiers.

Ces 53 officiers sont cooptés par leur pair, parmi les académiciens sauf les professeurs de géométrie et d'anatomie qui sont nommés par le surintendant.

Ces officiers ont également le privilège d'élire les académiciens, les honoraires et les agréés.

2 - Ensuite les académiciens dont le nombre n'a jamais été limité, assistent aux séances et discutent de leurs arts. Ils n'interviennent Pas dans les affaires intérieures de l'académie. Ils sont une centaine ils se regroupent par spécialités : peintre de fleurs, d'animaux, de genre, de bataille, de portraits et d'histoire. Cette dernière discipli- ne est considérée comme la plus noble; elle implique d'être exercée dans les autres. C'est parmi les peintres d'histoire que sont recrutés plus facilement les officiers.

3 - Enfin les agréés. Cette catégorie existe depuis le début du XVIIIème siecle, elle n'est reconnue officiellement qu'en 1777. Il s'agit en fait des artistes qui aspirent à l'honneur de faire partie de l'aca­ démie. pour être agréé il faut être présenté par un officier (souvent ü s'agit du patronnage de leur professeur) et présenter un "morceau d 'agrément".

Le nouvel agréé dispose de trois ans pour présenter à l'académie un 'morceau de réception". L'acceptation de ce morceau lui donne le titre d académicien et le droit d'assister aux séances.

Certains agréés craignant que leur morceau ne soit pas agréé obtenait de conserver leur titre de peintre ou sculpteur du Roi et les avantages qui y étaient attachés. Les agréés étaient en fait des artistes, sous­ traits à la maîtrise, et candidats à la carrière académique. Leur nombrè assurait le renouvellement incessant du corps académique.

4 - L'académie avait deux fonctions principales: celle de l'enseignement (et on sait le succès de cette école pendant cent cinquante ans) et celle de l'organisation de l'exposition au Louvre.

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Cette autorité qu'exerce l ’académie sur l ’exposition est l'essentiel de son pouvoir.

Elle accorde à ses membres ce privilège d'exposer. C'est ainsi qu'elle exerce un véritable contrôle du goût.

Les peintres qui ne sont pas membres de l'académie en sont réduits aux expositions particulières et aux expositions en plein air.

L'académie de peinture et de sculpture sera attaquée pendant la révolu­ tion par ceux qui à l'intérieur se révoltent contre le principe du patronnage. Ils parleront des "monstrueux statuts auxquels sont asser­ vis les deux classes inférieures de l ’académie", et par ceux qui à l'extérieur, sans institution depuis la suppression des maîtrises et jurandes en 1776, seront prompts à protester contre un régime qui rend certains artistes arbitres de la réputation des autres.

On le voit l'académie de peinture et de sculpture, née dans des circons­ tances très particulières d'un conflit entre les peintres jurés et les peintres brevetés par la cour, ne ressemble en rien à l'académie d ’architecture.

Les deux académies n'ont d'ailleurs jamais entretenu de relation. Pour­ tant au cours du XVIIIème siècle apparaît souvent le projet d'une fusion des académies. C'est cette question qui sera posée pendant la période révolutionnaire. Le projet d'une institution commune sera évoqué à piusieurs reprises et finalement sera réalisé par la création de 1'institut.

Mais ^ la section des Beaux-Arts de cette nouvelle institution n'est pas a considérer comme la fusion des anciennes académies de peinture et de sculpture et d 'architecture.

Par contre, leurs écoles ont réellement fusionné pour former dès 1799 l'Ecole Spéciale des Beaux-Arts.

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II est certes possible de reconnaître des périodes dans la longue his­ toire de l'académie. On peut établir ce découpage, suivant l'évolution des missions qui lui sont confiées, celle de ses positions doctrinales, 0u la manière dont elle définira successivement le programme de l'ar­ chitecture .

Mais au-delà de ces découpages possibles, on est frappé de la continui­ té de la vie académique. Pendant toute la durée de son histoire l'aca­ démie est restée fidèle à la définition qui lui a été donnée lors de sa fondation. Elle est restée fidèle aussi, à travers la succession de ses membres, à une manière tout à fait précise de se comprendre elle-même.

Elle est restée "chose du Roi", et dans les différentes crises où elle s'est opposée à la volonté royale - comme - celle qu'a entraîné la nomination de Dewailly directement en 1ère classe, ou plus tard - la nomination de Mique comme directeur, elle argumente son opposition en Invoquant ses statuts et la volonté même de l'autorité qui l'a fon­ dée .

Elle a constamment accepté la tutelle de 1'administration des bâtiments 6t obéit avec promptitude à ses ordres. Mais c'est à une "manière d etre" qu'elle est davantage encore restée fidèle.

Les académiciens - pour la plupart, consacrent beaucoup de temps au travail académique soit qu'ils accomplissent comme commissaire les dissions d'expert que la compagnie confie à leur zèle, soit qu'ils préparent avec soin leur communication faisant état de leurs travaux personnels ou de leur réflexion.

Cette assiduité au travail est une première manière de respecter l'ins­ titution .

Mais ce travail est toujours présenté à l'approbation de tous. On est surpris de la soumission des académiciens fussent-ils parmi les plus prestigieux à l'opinion collective de l'assemblée académique.

Il y a dans la manière d'être académicien une façon de s'effacer der­ rière 1| institution; comme si les individus, les positions personnelles, les intérêts de carrière ou les conflits d'autorité, étaient secondaires par rapport à l'unité du corps. C'est une façon quasi religieuse de se soumettre dans l'obéissance à la règle de la compagnie.

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Bien évidemment il s'agit ici de l'apparence; et d'une forme de coui— toisie, d'ailleurs exigée par les statuts, qui n'a pas empêché que se développent au sein même de l'institution des conflits de doctrine et des conflits de personnes.

Mais ils n'ont jamais mis en question le style pourrait-on dire des rapports qu'ont établi au fil des ans les académiciens avec l'académie et notamment cet effacement tout à fait remarquable des individus der­ rière l'institution.

L'académie ne prononce en aucune circonstance l'éloge de l'un de ses membres. En 1763, en notant qu'elle déroge à sa tradition, elle nomme Aubry et Perronet pour témoigner à la famille d'Hupeau le regret qu'elle a de sa mort.

Significative est cette personnification de l'académie dans le texte des compte-rendu de séance "l'académie se réjouit, l'académie est sa­ tisfaite, elle a vu avec plaisir les dessins qui lui ont été présentés" etc ...

L'institution académique n'est pas seulement placée sous la protection du Roi comme le sont bien d'autres corps. Elle a réussi elle même par le travail des académiciens et par la rigueur avec laquelle ils se sont soumis au comportement académique à construire une légitimité institu­ tionnelle à laquelle le Roi lui-même n'aurait pu porter atteinte.

Au 19ème siècle au contraire, l'institution architecturale disparue, les architectes pour donner du poids à leur discours gonfleront leurs personnages. C'est une caractéristique de l'académie que de refuser le vedétariat, de tenir ses membres dans la modestie et de placer sa dignité dans la rigueur de son travail plutôt que dans l'éclat de son cérémonial.

Quand l'institution aura disparu les architectes s'étaleront avec com­ plaisance et tenteront de suppléer à leur peu d'influence par l'éclat qu'ils donneront a leurs funérailles. Le faste des cérémonies corpora­ tives marque le souci de faire appuyer les privilèges dont bénéficie la corporation par la masse du grand public.

Cette discrétion de l'académie montre sa force et dans un temps où le clientelisme gouverne la société, elle fut semble-t-il un outil a la disposition du Roi pour empêcher que trop d'abus ne soient intro­ duits dans les affaires de bâtiment.

Cette fidélité à elle-même qu'elle conservera à travers la succession de ses propres directeurs et, sous l'autorité des surintendants qui ont gouverné l'administration des bâtiments, lui a permis d'assurer sans heurt l'adaptation de ses doctrines aux circonstances.

Ici l'école a joué le rôle principal. Cette double caractéristique de la stabilité institutionnelle et de la flexibilité doctrinale ne s'explique que par le rapport réciproque qu'entretiennent l'académie et son école.

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On aborderâ plus loin l'étude de la succession des professeurs. Les différents professorats témoignent, bien des rapports entre l'école et l'académie. Leur succession forme, pour ce qui nous concerne, un découpage pertinent de l'histoire de l'académie.

On étudiera dans ce chapitre :

1 • La continuité et la transformation de l'institution académique, 2- Les directorats et la tutelle,

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1 - CONTINUITE ET TRANSFORMATION DE L'INSTITUTION ACADEMIQUE

Les débuts de l'académie sont fort modestes. Elle ouvre ses séances le 31 décembre 1671 en présence de Monseigneur Colbert et de plusieurs personnes de qualité. Six architectes : Le Paultre, Libéral Bruand, Gittard, Fr. Levau, Mignard, Fr. D'Orbay, le directeur F. Blondel et Félibien le secrétaire constituent cette assemblée.

Les premiers académiciens forment une sorte de conseil des bâtiments. L'intention de Colbert devenu en 1664 surintendant des bâtiments arts et manufactures est certainement de disposer d'un comité d'experts pouvant l'assister dans le grand dessein de transformer Paris.

François Blondel et son élève Pierre Bullet font le projet de transfor­ mer le tour de Paris, ceinturer la ville de boulevards et construire des portes magnifiques célébrant les triomphes du Roi.

Colbert s'intéresse surtout aux travaux du Louvre, la colonnade, les Tuileries auxquels travaillent Levau et d'Orbay.

Colbert organise l'administration des bâtiments; son projet d'une aca­ demie répond certainement au souci de disposer, à la fois d'une école pour former d'excellents architectes, mais aussi d'une commission d'ar­ chitectes lettrés pouvant discuter les projets et garantir qu'ils sont conçus dans le respect des principes de la bonne architecture.

L'academie est créée pour renforcer l ’action de l'administration des batiments. Colbert conserve la structure de cette administration - les intendants alternatifs et les officiers - mais il cherche à mieux contrôler les dépenses engagées dans les bâtiments.

Rappelons que Colbert cumule la fonction de surintendant des bâtiments qu'il reçoit en 1664 à celle d'intendant des finances et du commerce qu'il exerce depuis 1661. En 1665 Colbert est à la fois contrôleur général des finances, secrétaire d'état de la maison du Roi et de la marine et surintendant des mines.

L academie, malgré la dépendance où elle est placée vis à vis de l'ad­ ministration se construit rapidement sa propre identité. Elle deviendra, progressivement de plus en plus consciente de son autorité tout en restant fidèle a sa tutelle politique.

Elle conservera jusqu'à la fin de son existence ce double comportement caractérisé par une obéissance scrupuleuse aux ordres du Roi dont elle évoque constamment la protection qu'il lui accorde, et par un attache- ment jaloux à l'indépendance que lui accordent ses statuts.

En 1694,^ le Roi supprime les académies pour des raisons d'économie. Les académiciens obtiendront la survie de l'institution en renonçant a leur traitement. Le professeur sera autorisé à continuer son ensei­ gnement .

On doit remarquer que les premiers académiciens sont des hommes jeunes. Liberal Bruand a 38 ans, Mignard 31 ans, d'Orbay 37 ans, Gittard 46 ans. Le Paultre et Levau sont plus âgés, ils ont respectivement 50 et 58 ans lors de la création de l'académie.

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Depuis sa fondation jusqu'en 1699, l'académie est augmentée de cinq membres.

En 1675 J. Hardouin Mansart alors âgé de 29 ans seulement et qui devien­ dra surintendant en 99 à 53 ans. „ , . En 1687, de la Hire alors âgé de 52 ans, plus connu comme mathématicien ou comme ingénieur et entre à l'académie pour succéder à F. Blondel

le professeur. . . . .

En 1687, Robert de Cotte succède à Gittard décédé a 62 ans. Il est le beau-frère de Mansart, il est alors âgé de 29 ans; il deviendra directeur de l'académie.

En 1698 enfin entre A. Desgodet à l'âge de 45 ans, l'un des premiers élèves de l'académie et qui deviendra plus tard son professeur.

En 1699 Mansart est nommé surintendant. Une nouvelle période commence pour l'académie. Elle est désormais divisée en deux classes.

Au cours de son histoire le nombre des académiciens ne cessera de croî­ tre. Lors de sa fondation elle est formée de 6 membres. De 1776 jusqu'à sa suppression, elle sera composée de 32 membres (16 en 1ère classe, 16 en seconde classe) plus 6 associés libres et 12 associés étrangers, soit 56.

Cet accroissement du nombre des académiciens correspond à une modifica­ tion du rôle de l'académie; mais il est aussi significatif de la défini­ tion de cette catégorie particulière d'architectes que forment les architectes du Roi.

Au début, ils sont explicitement les conseillers de l'administration; Progressivement par le fait de l'institution académique elle-même et Par la nature des missions qui lui sont confiées, ces architectes de­ viennent l'élite d'une profession qui commence à prendre conscience de son existence.

Aussi l'institution académique a-t-elle progressivement été dans l'obli­ gation de définir son rapport à ces architectes qui pratiquent l'art de l'architecture sous diverses formes mais qui ont en commun d'utiliser les mêmes modèles, respecter les mêmes préceptes, et de fonder leurs pratiques sur les mêmes principes.

L'academie semble avoir assumer d'être une élite architecturale, char— gée de concevoir et de discuter les modèles dont pourraient s'inspirer les autres architectes. Elle est dans ce rôle assez sûre d'elle-même on le verra, principalement grâce à son activité dans l'enseignement. L'enseignement est la manière la plus efficace d'as-surer ce rôle d'éva­ luation permanente de l'efficacité de la doctrine.

L'apparition des académiciens associés libres et associés etrangers, vient de cette nécessité pour l'académie d'établir une relation avec l'ensemble des architectes.

Ici l'institution est un système qui cherche à régler le rapport qu'en­ tretient son centre à sa périphérie.

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Le même problème apparaîtra dans les mêmes termes au cours du XIXème. siècle. La "société centrale" réussira à conserver de 1840 à 1884, le monopole de la représentation de l'architecture.

Elle aussi aura des membres "non residents" chargés de la "représenter" dans les provinces. Mais elle ne pourra s'assurer de la tutelle de 1 '.enseignement et surtout opposer à la révolte de la grande masse des architectes une résistance suffisamment ferme pour empêcher la proli­ fération des sociétés et finalement leur fédération dans une organisa­ tion corporative.

On voit ici l'intérêt qu'il y a à envisager l'histoire de l'institution académique à la lumière de l'hypothèse du fait corporatif comme fait social. 2 - LES Dès qu' 1’acadé la cra opinion A pro à s' o( sance par s exemp pour

L académie est une solution dont rêve 1'organisation corporative (dispo­ ser d'une institution fermée à laquelle est déléguée le monopole de normaliser l'activité), mais elle ne peut jamais mettre en place ce modèle. Parce qu'il lui faut définir cette activité de manière assez floue pour pouvoir englober dans la corporation toutes sortes de gens et de pratiques, elle ne peut jamais imposer à la masse de ses membres la dictature d'une élite.

^ est dans ce paradoxe que se sont enfermés les architectes à la fin du XIXeme siècle. Ils se pensent eux-mêmes comme les successeurs des architectes du Roi - membres de l'académie et pensent l'école des Beaux- Arts comme ^la suite de l'école académique.

Mais en même temps, ils ne supportent pas l'idée qu'un groupe sorti e eur rang leur impose une doctrine et surtout reçoive le privilège de représenter l'architecture. L' ac sa r Elle comi Les toi de pr re Li P L I

L étude de l'école de l'académie des Beaux-Arts. Les deux écoles qu'elles jouent dans l'histoire de type corporatif.

introduit bien à celle de l'école sont à comprendre à travers le rôle des organisations professionnelles

de6V*acadérn:T<ïmpara^0XeS ^ la productlon architecturale que de relever q!e et de T a ^ 6116 ?8t "°™alisatrice de l'activité techni-fait corporatif ei-5^ 13 V maiS en mame temps de s ’inscrire dans le Les^architectes's ^ * r ^ COnséquent d* stratégies d'acteurs. doxalement se r é f è r e n t " ^ Te" C°r'P°rativeS mais paPa' démique. ^ e r e n c pour le faire a des institutions de type

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aca-2 - LES DIRECTORATS ET LA TUTELLE

Dès qu'elle prend conscience d 'elle-même, très têt dans son histoire, l'académie ne manque pas de marquer son indépendance, même si parfois la crainte de déplaire au pouvoir, semble la retenir de donner son opinion avec fermeté.

A propos de l'aqueduc de Maintenon par exemple elle hésite, d'abord a s'opposer au projet du surintendant. Elle invoque la mauvaise connais­ sance qu'elle a des lieux, des projets et des matériaux. Elle finit Par se retrancher derrière le fait qu'elle n'a pas connaissance^ d'un exemple d'une pile d'une si grande hauteur (21Q pieds soit 70 mètres) pour recommander de suivre l'exemple des anciens.

l'académie dans cette circonstance èNst placée devant le problème de sa responsabilité technique. Son avis sera soumis à l'épreuve des faits. Elle ne peut, sans mettre en péril -son autorité, donner un avis de complaisance.

les rapports de l'académie avec l'administration des bâtiments seront toujours difficiles. D'un côté l'administration garantit l'indépendance de l'institution académique; d'un autre elle ne manque pas de faire Pression sur elle pour obtenir les avis qu'elle souhaite. A maintes hsprises les surintendants ont imposé leurs points de vue.

la question du statut du directeur est tout à fait révélatrice de ce Problème général du rapport qu'entretiennent l'académie et sa tutelle. le directeur est à la fois académicien et administrateur. Son statut, Pendant toute la durée de l'académie restera en suspens ...

On ne sait pas très bien s'il faut compter François Blondel, le premier directeur, parmi les académiciens. On ne sait à quel moment R. de Cotte reçoit explicitement le titre de directeur de l'académie. Il est désigné comme tel pour la première fois dans le procès-verbal de la séance du 15 septembre 1702. Mique, en tant que premier architecte du Roi remplace souvent Gabreiel peu présent à l'académie; il est imposé comme directeur, bien qu'il ne soit pas membre de l'académie.

I académie protesta violemment contre cette nomination. Les académiciens estimaient ne pouvoir recevoir comme directeur, un architecte qui n était pas membre de leur compagnie.

L académie fut consciente de son autorité, elle mesura avec justesse les limites de sa liberté. Elle en usa avec discernement et prudence. Mais plus l ’académie fut maîtresse d'elle-même, plus l'administration Tut autoritaire et pressante à son égard.

II y aurait une étude spécifique à entreprendre sur ce problème précis des rapports qu'entretient une institution protégée avec son protecteur. Il est certain que le pouvoir politique dispose par 1'intermédiaire des institutions franches q u ’il crée d'une certaine prise sur l'opinion.

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Nul doute que certains de ceux qui exercent la fonction de gouverner soient conscients de la possibilité de fabriquer du consensus par l'in­ termédiaire de ces institutions.

Celles-ci, comme ce fut le cas peut être pour l'académie à la fin de son histoire, quand elles sont prises dans des logiques corporatives subissent à coup sûr la tentation de négocier cette influence qu'elles exercent sur l'opinion.

Le statut de directeur dans ces conditions reste l'objet d'un enjeu voire d'un marchandage dont l'affaire Mique révèle bien le fonctionne­ ment .

Le statut du directeur révèle le vrai statut de l'institution acadé­ mique. L'Etat tente de contrôler la production de la Norme.

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NOTE : Tableau chronologique des directeurs, des secrétaires de demie et des surintendants de 1671 à 1793.

Directeurs de l'Académie Secrétaires de l'Académie Surintendants

1671 F. BLONDEL 1671-1686 R. DECOTTE 1700-1735 1690 1710 A. FELIBIEN 1671-1695 J.F.FELIBIEN 1695-1733 COLBERT D'ORMOY LOUVOIS VILLACERF 1664-1674 1680 1684 1691 MANSART 1699 DUC D ’ANTIN 1708 DEBELLEGRADE directeur D'ANTIN 1716 rétablissement de la surintendance 1730 J. GABRIEL 1735-1742 J. GABRIEL 1742-1782 1750 1770 MIQUE * 1782-1793 1790 Abbé CAMUS 1733-1768 SEDAINE 1768-1793 ORY 1739 LE. NORMAND de TOURNEHEM 1746 VANDIERE Marquis de MARIGNY 1754 abb.TERRAY 1773-1774 ANGIVILLERS 1774-1793

* Mique est imposé par le Roi comme directeur de l'académie bien qu'il ne soit pas académicien. L'académie protestera en 1778. C'est en tant que "premier architecte du Roi" que Mique remplace souvent Gabriel et assure à sa place la fonction de directeur.

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3 - CHRONOLOGIE DES STATUTS

Ce n ’est que 46 ans après sa fondation que l'académie reçoit ses pre­ miers statuts.

Le préambule de cette constitution place la fondation de l'académie d * architecture dans le programme général de toutes les académies.

L'academie de peinture et de sculpture a produit le "bon goût" et une grande facilité pour l'intelligence et l'usage du dessin.

"Elle en c< que Mais pro, tou d'a qu: se le

L'académie des inscriptions a produit des connaissances de l'histoire et de l'antiquité "ignorées jusqu'alors".

L'académie des sciences a permis de "très célèbres et utiles découver­ tes dans l'astronomie".

C'est par référ enc e à un projet de connaissance que sont établies les académies et dans le cadre de ce projet global qu'aurait été crée l'aca­ demie d'architecture. Le préambule précise que ceux qui ont été jugés dignes d'être admis dans cette académie ont obtenu des brevets pour etre admis, assister aux conférences et contribuer "par leur science et leurs lumières à l'avancement d'un art aussi recommandable".

Les statuts ont pour objet de rendre cette académie "plus célèbre, plus considérable, plus ferme et plus stable".

Il s'agit de confirmer l'établissement, mais paussi d'en régler défini­ tivement sa pratique.

Les statuts définissent d'abord la qualité d'académicien :

- résider à Paris, et pour les académiciens de 1ère classe seulement, ne pas exercer les fonctions d 'entrepreneurs ou d'autres personnes se mêlant de bâtiment.

1776, aucun des académiciens (soit de la 1ère soit de la seconde classe) ne pourra exercer la fonction d 'entrepreneur même dans les bâtiments du Roi. On ne pourra prétendre à la fonction académique qu'à la condition d'être de bonnes moeurs et de probité reconnue.

- les statuts prévoient le mode de recrutement de façon précise. Ils resteront en vigueur pendant toute la durée de l'académie.

L assemblée élira (à la pluralité des voix) 3 sujets qui seront présen­ tés au Roi afin qu'il "lui plaise en choisir un".

- Les assemblées seront hebdomadaires et l'académie ne peut s'assembler extraordinairement que sur l'ordre exprès du Roi.

- Les académiciens sont tenus d'être assidus et ne peuvent s'absenter sans congé.

- La fonction de l'académie est donnée tout à fait explicitement par l'article XIV.

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"Elle sera tenue d'agiter les questions et de donner ses avis, et même en cas de besoin des mémoires, dessins et modèles, sur les difficultés que le surintendant de nos bâtiments leur fera proposer".

Mais aussi par l'article XV, d'exposer par écrit "des pensées, des Projets, des recherches et s'il y a lieu des compositions d'ouvrage touchant la théorie et la pratique de divers genres et diverses parties d'architecture, de chacun des arts qui dépendent d'elle, des sciences qui lui sont utiles, et même sur les us et coutumes par rapport aux servitudes, du toisé et à toutes autres parties de jurisprudence dont les architectes doivent être instruits".

Les académies entretiendront des relations avec divers savants en archi­ tecture et en antiquité de bâtiments. Elles chargeront quelques uns des académiciens de lire les ouvrages importants et d'en faire rapport a la compagnie.

Les statuts précisent que les académiciens veilleront dans les occasions °ù ils seront d'opinion différente à "n'employer aucun terme de mépris ni d'aigreur l'un contre l'autre". Les statuts de 1717 renvoient pro­ bablement sur ce point à 46 ans de pratique académique. On verra que les rédacteurs des procès—verbaux sont restes fideles a cette prescrip­ tion et les débats où se sont opposés les académiciens n'apparaissent qoe de manière bien retenue.

Les statuts précisent que les "officiers de nos bâtiments" ont droit d'assister aux séances.

L|article XXVI précise même l'ordre dans lequel se rangeront les aca­ démiciens, les officiers, le surintendant et le directeur, le profes­ seur et le secrétaire.

Mais le droit d'assister aux séances n'implique pas le droit de parti­ ciper à toutes les discussions.

La règle est la suivante : tous ceux qui sont présents ont voix délibé­ ratoire lorsqu'il s'agit de la science de la théorie et des recherches Propres à l'architecture. Par contre seuls les académiciens de 1ère classe auront voix délibératoire lorsqu'il s ’agira de donner un avis sur les ouvrages du Roi.

Enfin les statuts réglementent l'école :

~ Le double rôle du professeur qui fera d'une part des cours publics mais qui d'autre part dictera aux élèves ses leçons d'architecture et de géométrie,

Le mode de recrutement des élèves,

®t les modalités suivant lesquelles on connaîtra les progrès qu'ils auront faits. On proposera chaque année des sujets d'architecture et X1 sera délivré aux deux élèves qui auront le mieux réussi des médail­ les.

Les statuts enfin précisent le montant du droit de présence des acadé­ miciens .

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Les statuts de 1717 ne seront jamais modifiés sur le fond.

Les lettres patentes de 1728 ou de 1746 modifient le nombre des acadé­ miciens et leur répartition entre les 2 classes. Les statuts de 1776, 17 ans avant la fin de l'académie, développent chacune des dispositions des statuts de 1717 avec un souci du détail et de la précision qui marque probablement la difficulté de l'administration à tenir fermement sa tutelle sur un corps dont la mentalité des membres qui la composent a bien évolué depuis le temps de la fondation. Ici les statuts révèlent indirectement l'évolution de l'académie dans sa manière de penser, ses rapports avec l'administration.

(34)

NOTE : Tableau chronologique des statuts successifs

1671 Constitution établie par Colbert 31/12 T. I IX XV 169g Nouvelle constitution 12/2 T. I XII XIII 1717 Lettres patentes d'enregistrement T. IV 335-347

1728 Lettres patentes T. VI 339-341

1756 Lettres patentes T. VI 341-343

1776 Lettres patentes T. VIII 395-411

Tableau chronologique des statuts successifs de l'académie

NOTE : Ordre des assemblées académiques tel qu'il est prescrit par l'article XXVI des statuts de 1717

Les 3 contrôleurs

Les 3 intendants

-Le surintendant -Le directeur

Les 10 académiciens de 1ère classe dans l'ordre de leur nomination

1 2 3 4 5 6 D ' - O 0 0 0 0 O

Le professeur -Le secrétaire —

--- Les 12 académiciens de 2ème classe

DES ASSEMBLEES ACADEMIQUES TEL QU'IL EST PRESCRIT PAR L'ARTICLE XXVI des statuts de 1 7 1 7.

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Le t t r e s paten tes pour

l’établissem ent de l’Académie royale d’ar ch itectu re

(févr ier 1717)1.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présents et à venir, Salut.

Le feu Roy, notre très honoré seigneur et bisaïeul, voulant illustrer son règne à l'imitation des roys ses pré­ décesseurs, fit une recherche exacte des personnes qui excelloient dans les beaux arts. La protection qu’il a don­ née à l’Académie françoise; l’Académie des Inscriptions et celle des Sciences, qui furent établies, l’une en i 663, et l’autre en 1666, et l’Observatoire, en 1667, ont produit, chacune dans leur genre, des connoissances de l’histoire et de l’Antiquité ignorées jusqu’alors, des sciences et des arts dans toutes les parties des mathématiques et de L physique, et de très célèbres et de très utiles décou­ vertes dans l’astronomie.

L ’établissement de l’Académie de peinture et sculpture, établie dès l’année 1648 et confirmée en i 655, a produit le bon goût et une grande facilité pour l’intelligence et l’usage du dessin, dont beaucoup de palais, maisons royales et autres édifices sont ornés et magnifiquement décorés. Et comme l’architecture doit avoir la préémi­ nence sur les autres ouvrages, qui ne servent pour ainsi dire que d’ornemens dans les différentes parties des édi­ fices, Nous avons résolu de confirmer l’établissement de l’Académie d’architecture, qui en a été projeté et résolu dès l’année 1671, à l’instar des autres Académies, où il fut établi une compagnie composée, outre les architectes qui seroient choisis pour Académiciens, d’un professeur et d'un secrétaire qui seroient tous deux du nombre de nos architectes. Et il fut dès lors réglé que les confé­ rences se tiendroient dans une de nos salles du Louvre.

Depuis ce temps, ceux qui ont été jugés dignes d'éire admis dans cette Académie en qualité de nos architectes ont obtenu des brevets qui les nomment pour être admis au nombre de ceux qui doivent composer cette Académie, assister uux conférences qui s’y feraient, y dire leur avis et contribuer, autant qu’ils pourroieiu, par leur science ci leurs lumières, à l’avancement d’un art aussi recomman­ dable; mais comme cette Académie n’a point été autori­ sée par des lettres patentes, notre très cher et bien amé cousin le duc d’Amin, pair de France, surintendant et ordonnateur générul de nos bâtiments, jardins, arts, aca­ démies et manufactures royales, Nous a fait représenter qu’il étoit nécessaire de faire des statuts et règlements, pour la rendre plus célèbre, plus considérable, plus ferme et plus stable, et voulant contribuer, en ce qui pcm dépendre de Nous, à un ei«i!.ii.,:,e.ue.u si utile et si avan­ tageux, pour ces causes et autres à ce Nous mouvant, de l'avis de notre très cher et très amé oncle le duc d’Orléans, régent, de notre très cher et très amé cousin le duc de Bourbon, et notre très cher et très amé oncle le duc du Maine, de notre très cher et amé oncle le comte de Toulouse et autres pairs de France, grands et notables personnages de notre royaume, et de notre grâce spéciale, pleine puissance ei autorité royulc, avons con­ firmé et approuvé, et par ces présentes, signées de notre

main, confirmons et approuvons ladite Académie dV chitecture.

Voulons et Nous plaît que ce qui a été ci-devant régt pour son établissement porte son plein et entier effet ê ce qui n’est contraire à ces présentes; et pour la rendfl plus ferme et plus stable, Nous, de notre même pouvo>: et autorité que dessus, avons ordonné et ordonnons ladite Acudémie sera régie et gouvernée suivant et cofl' formément aux statuts et règlements qui suivent :

Ar t ic leprem ier.

L’Académie royale d'architecture demeurera toujours sous notre protection et recevra nos ordres par le surin* tendant et ordonnateur général de nos bâtiments, jardinSi arts, académies et manufactures royales.

II.

L’Académie demeurera toujours composée de deu* classes : la première de dix architectes, d’un professeur et d’un secrétaire, et la seconde et dernière classe de douze autres architectes.

III.

Les académiciens seront établis à Paris, et lorsqu’il arrivera que quelqu'un d'entr'eux sera appelé à quelque charge ou commission demandant résidence hors Paris, il sera pourvu à sa place, de même que si elle était vacante par son décès, hors qu'il ne soit employé paf nos ordres sur le certificat du surintendant.

IV.

Nul des académiciens de la première classe n’exercera les fonctions d’entrepreneurs ni autres emplois dans les bâtiments dérogeant à la qualité de nos architectes, que nous n’accordons qu’à eux seuls, défeadans à tous les entrepreneurs, maîtres inuçons et autres personnes sc meslant des bâtiments de prendre la qualité de nos archi­ tectes.

V.

Pourront néanmoins les académiciens de la deuxième classe 1 ni.reprendre, pour nos bâtiments seulement.

VI.

Pour remplir les places des académiciens de la pre­ mière classe, quand elles viendront à vaquer, l'assemblée élira, à lu pluralité des voix, trois sujets de la seconde et dernière classe et ils Nous seront proposés afin qu’il Nous plaise en choisir un.

VII.

Pour remplit les places des académiciens de lu se­ conde et dernière classe, quand elles viendront à vaquer, l’assemblée élira à la pluralité des voix trois sujets, et ils Nous seront présentés, afin qu'il Nous plaise en choi­ sir un.

1. Cf. !.. Aucoc, Lois, statuts et règlements concernant les anciennes AcaJémtes et l'institut, de s63$ à tX#ç. j88y, m-H*, ei Ititrubucuoii Uu présent volume, p. v-xn.

Figure

TABLEAU CHRONOLOGIQUE  DE  LA FONDATION DES ANCIENNES ACADEMIES
Tableau  chronologique des  statuts  successifs  de  l'académie

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