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Milieux naturels

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 189-192)

Notion encore plus floue, celle de milieu naturel entretient pourtant des liens étroits avec la précédente. Les ressources naturelles proviennent en effet d’une exploitation des milieux naturels. Cependant, si l’on accorde aux premières un caractère utilitaire, on reconnaîtra volontiers aux seconds une valeur patrimoniale (heritage en anglais). Les premières se mesurent souvent en flux, les seconds en stock. Ces considérations sont à nuancer mais elles donnent une idée des liens.

Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de milieux au monde qui ne soient plus ou moins anthropisés, bouleversés, modifiés, adaptés, créés et entretenus par l’homme. La référence à la nature est donc elle aussi ambiguë ici. Est-ce une nature par opposition à l’homme ou sans l’homme ? Est-ce une nature dans laquelle l’homme s’inscrit et dans ce cas jusqu’à quelle limite ? Les bocages normands, la Camargue sont-ils des milieux naturels ?

C’est pourquoi, tout en conservant une acception large à cette notion, il convient de lui en rattacher d’autres plus spécifiques comme celles d’écosystème, de site naturel, d’espèce végétale et animale naturelle, etc. On atteint là une grande variété de lieux, d’éléments environnementaux, d’influences humaines, qui sont le reflet de la variété immense des formes naturelles et notamment des formes de vie.

A l’inverse, aujourd’hui, avec la généralisation et la globalisation des incidences des activités humaines, la notion de milieu naturel voit son spectre s’étendre. Elle couvre aussi les propriétés globales qui conditionnent l’ensemble ou une partie importante des milieux et des formes de vie de la planète. Ainsi en est-il de la biodiversité, la stabilité climatique, la protection contre les rayons ultra-violets nocifs par la couche d’ozone stratosphérique, l’acidité océanique, la conservation des terres arables, la disponibilité en eau, etc.

A ce titre et, comme on vient de le voir, le climat peut être rattaché à la notion de milieu naturel.

Encadré 10 : ressources et milieux : les échelles territoriales pertinentes

Pour ces deux domaines, les échelles territoriales pertinentes sont directement fonction des ressources ou des milieux précis dont il est question.

La disponibilité en granulat pour la réalisation d’infrastructures dépend de la géologie locale (éventuellement complétée par l’existence d’installations industrielles adéquates).

Le scarabée pique-prune, espèce protégée en Europe depuis 1976, est inféodé à un type spécifique d’écosystème et en est un marqueur de qualité. Depuis les années 70, la législation sur l’environnement s’est attachée à trouver des compromis entre, d’un côté l’utilisation et l’exploitation des ressources naturelles et, de l’autre, la protection des milieux naturels locaux.

Aujourd’hui, la croissance des échanges commerciaux, encore plus rapide que la généralisation de celle de la production économique mondiale, impose de porter notre attention sur les marchés mondiaux des ressources naturelles et de prendre en considération des effets induits à longue distance (et éventuellement à long décalage temporel) de la somme des décisions locales. Hors l’exemple trivial du pétrole, référence mondiale des ressources naturelles, deux cas peuvent illustrer cette remarque : l’accès aux terres rares qui conditionne bien des technologies (TIC, filières de croissance verte, etc.) et les émissions de gaz à effet de serre. La molécule de gaz carbonique aura le même effet qu’elle soit émise ici ou là, par un véhicule automobile, un poêle à charbon ou toute autre source ou encore qu’elle ne soit pas absorbée par un « puits de carbone ».

D’autres équivalences méritent attention bien que moins évidentes. Ainsi, la Commission européenne se trouve embarrassée par les calculs concernant le solde d’émission de gaz carbonique des agro-carburants par rapport aux carburants pétroliers : selon l’estimation des surfaces de défrichements induites sur d’autres continents pour compenser les surfaces de terres agricoles consacrées en Europe à la production des cultures énergétiques, ce solde est très différent, pouvant passer de négatif à positif (avec dans ce cas une remise en cause de l’utilité des sommes consacrées depuis une dizaine d’années à cette politique et des investissements agricoles et industriels qui y ont été associés). Ainsi également un échange commercial d’une tonne de céréale peut être regardé comme celui de 1 000 tonnes d’eau (nécessaires à sa production) et une tonne de viande bovine à 13 000 tonnes d’eau. La consommation accrue de produits d’aquaculture (pour compléter la stagnation des pêches maritimes), de crevettes notamment, peut conduire à la transformation de zones importantes de mangroves qui assurent la protection des rivages contre les tempêtes ou les tsunamis et abritent la reproduction de nombreuses espèces de poissons maritimes.

Aussi, concernant les ressources et les milieux naturels l’état de la France ne peut ignorer celui du monde.

Chiffres et évolutions

A l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU le 20 juillet 2011, Achim STEINER, directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a rappelé que la moitié des forces de maintien de la paix déployées par l’ONU intervient dans des pays où l’accès aux ressources naturelles a joué un rôle déterminant dans le déclenchement des conflits. Les forces internationales mobilisées en Irak ne sont-elles pas dans un contexte similaire ?

Alimentation

En 2011, la planète compte 7 milliards d’êtres humains. 9 à 10 milliards sont attendus en 2050 (source : INED). Or, cette population consomme une alimentation de plus en plus carnée qui requiert beaucoup de matières premières agricoles (produire 1 kg de bœuf nécessite 10 kg de céréales et 13 000 litres d’eau). Les terres arables se réduisent par érosion, désertification mais aussi artificialisation et, sur les terres encore disponibles, des affectations multiples sont en concurrence (biomasse, écosystèmes, etc.) Les interrogations sur les effets du changement climatique font craindre des réductions de rendements dans un marché mondialisé. Enfin, le développement des biocarburants, au-delà même de leur bilan carbone problématique, risque de raréfier encore plus les terres arables consacrées à l’alimentation. Les ressources alimentaires seront rares et plus coûteuses.

Graphique 66 : évolution de l’indice des prix alimentaires sur 20 ans

Source : FAO.

La France dispose largement de cette ressource essentielle qu’est l’alimentation.

L’autosuffisance alimentaire a été et demeure inscrite comme un objectif important de la construction européenne et fait l’objet d’une politique européenne essentielle, la PAC. Sa révision en 2013 mobilise des travaux importants au plan européen comme dans les divers pays. Le CESE a été saisi et a formulé un avis sur ce thème au mois de juin 2011.

Cette production dépend plus ou moins directement de plusieurs ressources naturelles : la disponibilité de terres, la disponibilité en eau, l’énergie sous diverses formes et notamment aujourd’hui pétrole et gaz, certaines formes de biodiversité (on connaît le poids économique considérable de la pollinisation par les insectes). La stratégie nationale de développement durable retient plusieurs indicateurs qui permettent de suivre partiellement l’évolution des ressources et des milieux naturels.

Encadré 11 : artificialisation des sols

Une évolution mérite la plus grande attention. L’artificialisation des terres, phénomène relativement irréversible, articule les notions de ressources et de milieux naturels. En France, elle touche l’équivalent de la surface d’un département français tous les dix ans et ne semble pas ralentir dans la période récente.

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 189-192)