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Un agrégat de la comptabilité nationale

Dans le document Rapport annuel sur l’état de la France (Page 73-77)

L’Insee donne la définition suivante du Produit intérieur brut aux prix du marché (PIB) : il s’agit d’un agrégat représentant le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes. S’agissant d’un agrégat issu de la comptabilité nationale qui équilibre les ressources et les emplois, il hérite de sa cohérence. De ce fait, il peut se définir de trois manières :

– le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d’activité) ;

– le PIB est égal à la somme des emplois finals intérieurs de biens et de services (consommation finale effective, formation brute de capital fixe, variations de stocks), plus les exportations, moins les importations ;

– le PIB est égal à la somme des emplois des comptes d’exploitation des secteurs institutionnels : rémunération des salariés, impôts sur la production et les importations moins les subventions, excédent brut d’exploitation et revenu mixte.

Tableau 1 : La décomposition du PIB selon les approches en 2010 (en milliards d’euros)

Intitulés 2010

Produit intérieur brut (approche production) 1 932,8

Valeur ajoutée au prix de base 1 738,0

+ Impôts sur les produits 210,3

- Subventions sur les produits -15,5

Produit intérieur brut (approche demande) 1 932,8

Dépense de consommation finale 1 604,1

+ Formation brute de capital 374,1

+ Exportations de biens et services 492,2

- Importations de biens et services 537,5

Produit intérieur brut (approche revenus) 1 932,8

Rémunérations des salariés 1 030,0

+ Excédent brut d’exploitation et revenu mixte

brut 653,4

+ Impôts sur la production et les importations 291,7

- Subventions d’exploitation -42,3

Source : Comptes nationaux - Base 2005, Insee

Encadré 1 : bien comprendre la construction du PIB

L’approche « production » présente le PIB par produits c’est à dire ce qui a été produit par les divers agents économiques. Elle est obtenue en sommant les valeurs ajoutées créées. Pour le secteur marchand, ce calcul est aisé dans la mesure où les entreprises tiennent une comptabilité normalisée et la rendent publique. Il suffit donc de soustraire à leur chiffre d’affaires ce qu’elles ont consommé comme produits finals d’autres entreprises pour réaliser leur production. En revanche, pour le secteur non marchand (administrations publiques ou institutions sans but lucratif), le calcul est plus difficile puisque ces secteurs ne vendent pas leur production; il n’y a donc pas de valeur monétaire estimée. La méthode consiste alors à leur affecter une valeur ajoutée : pour cela, on prend leur coût de production moins leurs consommations intermédiaires c’est à dire ce qu’elles ont consommé auprès d’autres entreprises (exemple : électricité). Cette valeur ajoutée correspond pour l’essentiel aux salaires et charges versés aux personnels. L’approche « production » détaille le PIB selon l’origine de la production des biens et services, c’est à dire la contribution de chacun des agents économiques.

L’approche « demande » présente le PIB selon ce qui a été consommé par les agents économiques, c’est-à-dire les ménages (consommation privée), les administrations publiques (dépenses publiques), les entreprises (investissements) et le reste du monde (exportations et importations). Elle permet de rendre compte de l’affectation du produit national, c’est à dire la manière dont il est utilisé.

L’approche « revenus » présente le PIB selon les rémunérations versées aux acteurs économiques pour leur participation dans le processus de production, à savoir les rémunérations du capital et du travail, de même que les revenus découlant des différents prélèvements fiscaux. Cette présentation rend compte de la manière dont sont répartis les revenus primaires entre les différentes unités qui composent le pays.

Ce rappel doit permettre d’interpréter des informations telles que celles trouvées fréquemment dans les médias. Exemple de données globales récemment publiées (La Croix - mardi 19 juillet 2011) en euros avec des chiffres arrondis : i) Budgets publics (État, collectivités territoriales, Sécurité sociale) plus de 1 000 milliards dont 170 de déficit, ii) PIB, 2 000 milliards, iii) Prélèvements obligatoires (sur la richesse nationale), 42 %...

Une telle présentation peut induire des erreurs (y compris de façon involontaire) tant les concepts utilisés ici sont hétérogènes et leur rapprochement (pourtant légitime) source d’interprétation hâtive.

Illustrons ce risque :

Les 42 % sont présentés comme un prélèvement obligatoire sur la richesse nationale, en fait sur le PIB, c’est-à-dire la production annuelle de richesse économique.

Ils apparaissent presque comme un appauvrissement. Or ces 42 % servent à financer les budgets publics estimés ici à 1 000 milliards. Et, sous toutes les approches et notamment sous celle de la production, ils sont dans le PIB. Ce n’est donc pas une réduction de la production de richesse nationale mais bien une de ses composantes.

Parmi ces 1 000 milliards d’euros se trouvent notamment la plus grosse partie des dépenses de santé qui transitent par la Sécurité sociale et dont le total représente environ 11,8 % du PIB (données pour 2009). Le mode de construction du PIB évalue de ce fait la production de richesse de ce secteur, pour l’essentiel public, par les salaires et charges versés. En France, il n’y a pas (ou peu) de monétarisation de ces services. Dans un pays comme les USA, cette monétarisation est possible compte tenu de l’organisation institutionnelle différente du système de santé. Ce dernier contribue dans ce pays à 17,4

% de la production annuelle de richesse. Est-ce à dire que le bien-être sanitaire aux États-Unis est de 50 % plus important qu’en France ? Les chiffres de l’OMS contredisent une telle interprétation. En l’occurrence, il serait fondé de soutenir que le mode de construction du PIB sous-évalue l’efficacité économique et le « bien-être » provenant du système sanitaire public français.

Une politique de démantèlement de ce système pourrait avoir comme résultat paradoxal de pousser à la croissance de la production de richesse économique mesurée à l’aune du PIB tout en réduisant le bien-être collectif !

Un indicateur

On analyse le PIB en valeur monétaire et en valeur par habitant, en valeur de monnaie constante par rapport à une année donnée, par l’évolution de ces indicateurs dans le temps et par comparaison avec les mêmes indicateurs établis dans d’autres pays.

Le PIB est un indicateur économique utilisé pour mesurer les richesses créées dans un pays donné. L’établissement de cet indicateur et ses comparaisons nécessite de prendre en compte les variations de valeur de la monnaie nationale (€ pour nous) dues à l’inflation (hausse du niveau des prix) et d’établir une correspondance entre les monnaies pour les comparaisons. On utilise alors le concept de parité de pouvoir d’achat en estimant les taux de change réels entre monnaies ; ces parités de pouvoir d’achat sont établies en calculant la valeur d’un panier de biens et de services achetés dans un pays en monnaie de ce pays, et la valeur du même panier de biens et de services achetés dans l’autre pays en monnaie de ce pays. Le rapport entre les deux valeurs donne ce qu’on appelle le taux de change à parité de pouvoir d’achat, ce qui permet de compléter les taux de change officiels.

Le PIB par habitant, quant à lui, est un bon indicateur de la productivité économique dans un pays. Il est donc plus pertinent que le PIB pour mesurer le développement économique d’un pays. En donnant une valeur indicative du pouvoir d’achat, il sert également à évaluer le niveau de vie moyen sans rien dire de sa répartition.

Enfin, la variation du PIB est l’indicateur le plus utilisé pour mesurer la croissance économique. Comme indicateur phare de la production et de la croissance économique, calculé de façon homogène pour l’ensemble des pays du monde, le PIB et ses déclinaisons font l’objet de suivis temporels et de comparaisons géographiques. Il sert fréquemment de référence soit pour mettre en évidence des corrélations avec d’autres indicateurs, soit pour mesurer les résultats de politiques visant à découpler les évolutions de certains indicateurs de la croissance économique.

Les grands agrégats économiques associés au PIB sont le revenu national brut (RNB), la capacité ou le besoin de financement de la nation, les grandes composantes de l’équilibre entre les éléments de l’offre (PIB, importations) et de la demande (consommation, investissement, exportations), la ventilation des facteurs de production (emploi, stock de capital) par secteurs institutionnels (entreprises, ménages, administrations publiques considérés comme producteurs de richesses) et la valeur ajoutée qu’ils génèrent.

Évolution du PIB en valeur absolue, par habitant,

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