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4. PORTRAIT DE LA RESSOURCE FAUNIQUE, DU TERRITOIRE ET DES

4.1. Le milieu biophysique

4.1.1. Les habitats aquatiques

4.1.1.1. Description

Le Bas-Saint-Laurent présente un réseau hydrographique diversifié, avec la présence de l’estuaire aux eaux salées et de nombreux lacs et cours d’eau répartis sur l’ensemble du territoire, le tout représentant autant d’habitats aquatiques productifs et variés.

L’estuaire bas -laurentien se situe en partie dans l’estuaire moyen et en partie dans l’estuaire maritime. C’est à la hauteur de l’estuaire moyen que les eaux douces du fleuve se mélangent aux eaux salées en provenance de l’océan Atlantique. L’estuaire moyen devient estuaire maritime aux environs de Rivière-du-Loup. Ce dernier présente des conditions physiques caractéristiques des océans. Les eaux y sont stratifiées, les eaux profondes étant très froides et très salées. Contrairement aux rives de l’estuaire moyen, façonnées par les marées, celles de l’estuaire maritime le sont principalement par les vagues. Les rives de la région, généralement basses et recouvertes d’argile à l'ouest de la région, présentent une dominance d’estrans vaseux. Les marais salés et les herbiers de zostères y sont donc bien représentés. Avec ses fonds marins et ses habitats côtiers, l’estuaire bas -laurentien abrite une faune et une flore marines et riveraines diversifiées.

Au cours des ans, les milieux riverains et aquatiques de l’estuaire ont subi plusieurs perturbations d’origine anthropique. Bien qu’elles touchent généralement de faibles superficies, ces perturbations imposent, par leur nombre, une pression importante sur les milieux riverains.

Dans le secteur amont, la plupart des zones affectées l’ont été par le dragage. En aval, les habitats ont surtout été touchés par des interventions visant à modifier l’écoulement ainsi que par le remblayage et l’assèchement. Ces interventions ont été concentrées dans les secteurs de Rimouski, Matane et Les Méchins (Mousseau et Armellin 1996; Mousseau et al. 1998).

Les bassins hydrographiques drainés vers le Nouveau-Brunswick ou la baie des Chaleurs présentent généralement une eau de très bonne qualité (ministère de l'Environnement 1999).

Ceux qui sont drainés vers l'estuaire du Saint-Laurent traversent, de l'amont vers l'aval, un territoire montagneux et forestier relativement peu peuplé pour aboutir à une bande de terres agricoles avec des agglomérations plus importantes. En général, la qualité de l'eau diminue lorsqu'on s'approche de l'embouchure des rivières en raison d'une intensification des activités humaines qui entraînent une pollution ponctuelle et diffuse.

La qualité de l'eau d'une rivière est directement liée à certaines activités ayant lieu dans son bassin hydrographique. La rivière Fouquette, dans la MRC de Kamouraska, est la plus problématique. La mauvaise qualité de ses eaux provient essentiellement de l'effluent de la station d'épuration de la municipalité voisine de Saint-Alexandre. Toutefois, des travaux sont en cours afin de diminuer les rejets polluants et d'améliorer la qualité de l'eau de cette rivière. Pour l'ensemble de la région, les pressions de pollution les plus significatives des différents bassins hydrographiques sont présentées au tableau 18.

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Tableau 18. Synthèse des données de pression de pollution des principaux bassins hydrographiques du Bas-Saint-Laurent

Population desservie par Qualité Bassin

Source : Ministère de l'Environnement 1999

La construction de barrages a également modifié les caractéristiques des habitats aquatiques de la région. Sur le territoire du Bas-Saint-Laurent, on compte 287 barrages dont une dizaine ont une hauteur de plus de 10 mètres. Parmi l’ensemble des barrages, 70 % sont de propriété privée et la majeure partie est utilisée aux fins de villégiature (ministère de l'Environnement 1999). Par le fait qu'ils augmentent la superficie des plans d'eau auxquels ils sont reliés, les barrages favorisent le potentiel de production de certaines espèces telles que l'omble de fontaine. D’autre part, la gestion des barrages en amont de la rivière Ouelle permet d'augmenter le volume d'eau en période d'étiage, ce qui favorise la survie des saumons adultes. L’entretien des infrastructures vieillissantes ne devrait pas être négligé afin d’éviter de perturber l’équilibre écologique créé conséquemment à la montée des eaux dans les bassins de rétention.

4.1.1.2. Potentiels de mise en valeur

Les milieux aquatiques des zones urbaines, périurbaines et rurales sont aujourd'hui dégradés en raison de l’artificialisation et de l’érosion des berges qui ont conduit à une détérioration de la qualité de l’eau et des habitats fauniques. Bien qu'ayant des potentiels importants puisque situés à proximité de la population, ces plans et ces cours d’eau font l’objet de peu de projets de mise en valeur. Leur potentiel de développement passe par l'encadrement des activités par des organismes du milieu. Dans le Bas-Saint-Laurent, les données ichtyologiques disponibles sur les plans d'eau de tenure publique ont été, pour la plupart, collectées dans les années 1980. La réalité des communautés piscicoles a toutefois fortement évolué depuis, notamment à la suite de l'expansion du meunier noir et de l'arrivée de la barbotte brune. Un inventaire des populations aquatiques présentes ainsi que de leurs potentiels d’exploitation s'avère donc préalable à tous les travaux de restauration ou d'aménagement qui devront être entrepris afin de revaloriser ces milieux.

50 4.1.2. Les milieux humides

4.1.2.1. Description

Les milieux humides sont des habitats très productifs. Ce sont des milieux saturés en eau une partie ou tout au long de l’année. Ils regroupent les marais, les marécages, les estrans (espaces couverts et découverts par les marées deux fois par jour), les tourbières, les herbiers submergés et les plaines inondables.

En raison de sa topographie, la région offre aux visiteurs de nombreuses possibilités de découvrir les marais salés de l'estuaire maritime du Saint-Laurent. Le long de la côte, les îles et les caps rocheux constituent autant de barrières protégeant les baies des courants marins et des intempéries, ce qui permet ainsi le développement de nombreux marais salés. Ce découpage du littoral s'estompe à l'est de Rimouski; les îles disparaissent et, en aval, les marais salés deviennent l'exception plutôt que la règle. Dans la région, on trouve six marais salés où des activités d'observation de la nature sont proposées. Ce sont le marais de Kamouraska, l'aboiteau de la seigneurie de Kamouraska, la baie de L'Isle-Verte, les baies du marais de Pointe-aux-Épinettes, les abords de la rivière Rimouski et le marais de Pointe-au-Père (Écoroute de l'information 2001, en ligne).

De son côté, la Forêt modèle du Bas -Saint-Laurent a mené un programme de sensibilisation des propriétaires privés du territoire de l’est du lac Témiscouata, les invitant à protéger et à aménager leurs milieux humides. Ainsi, 25 milieux humides d’eau douce ont été répertoriés.

Des ententes de conservation ont été signées sur une base volontaire avec les 38 propriétaires concernés et ceux-ci ont reçu une aide technique et financière afin d'aménager et de protéger ces habitats.

4.1.2.2. Potentiels de mise en valeur

Les principaux milieux humides présents le long de l'estuaire bas-laurentien sont bien connus et aménagés. Par contre, les connaissances sur la plupart des milieux humides de l'intérieur des terres font actuellement défaut et ces milieux ne bénéficient d’aucune protection particulière en regard des pratiques forestières. Par exemple, les habitats du castor peuvent être dégradés à cause de ces activités. Une acquisition de connaissances est donc nécessaire et préalable à l'exécution de travaux d'aménagement ayant pour but la conservation de tels sites.

4.1.3. Les habitats terrestres

4.1.3.1. Description

Les habitats terrestres regroupent les milieux forestiers, les milieux agricoles ou agroforestiers et les milieux urbains et périurbains. Dans la région, les habitats forestiers sont de loin les plus importants en superficie. Les terres les plus fertiles pour l’agriculture sont essentiellement celles longeant l’estuaire. Celles-ci fournissent un habitat propice à de nombreuses espèces de petits mammifères ainsi qu’aux espèces qui s’en nourrissent. De plus, l’ouverture du milieu a favorisé l’expansion de certaines espèces comme le cerf de Virginie et le coyote. Les milieux urbains de la région couvrent une superficie relativement restreinte. Ils constituent néanmoins des lieux privilégiés pour un premier contact avec la faune par l’observation et le nourrissage des oiseaux par exemple. Compte tenu de son importance, de sa proximité et de son accessibilité, les potentiels de développement identifiés pour les habitats terrestres se retrouvent principalement en milieu forestier.

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Depuis longtemps, les forêts du Bas -Saint-Laurent sont le lieu d’une intense exploitation forestière, d’où une mosaïque de peuplements d’âges divers ainsi qu’un réseau important de chemins forestiers. Toutefois, l’exploitation forestière a grandement diminué à la suite de la mise en application du nouveau régime forestier et de la fin des programmes de récupération des bois attaqués par la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Aujourd’hui, la forêt est relativement jeune, environ 60 % des peuplements ayant moins de 40 ans. Depuis la dernière épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette qui a entraîné, au début des années 1980, une perte de volume ligneux équivalente à dix années de récolte, la forêt bas-laurentienne n’a subi aucune perturbation majeure. Le territoire a été peu défriché dans son ensemble.

Dans la région, on retrouve des forêts très productives en termes de nourriture pour l’ours noir, qui y est abondant. De même, l’exploitation forestière des dernières années a contribué à rajeunir la forêt et, ainsi, à créer un habitat propice pour l’orignal. En effet, plusieurs secteurs du territoire sont constitués d’anciens parterres de coupes en régénération datant d’une dizaine d’années, particulièrement appréciés par l’espèce. La région se caractérise également par ses nombreuses vasières principalement concentrées dans les réserves fauniques de Matane et de Dunière.

À l’opposé, la qualité de l’habitat hivernal du cerf de Virginie s’est détériorée au cours des dernières années. Les ravages permanents offrant un entremêlement adéquat de peuplements d’abri et de nourriture constituent la clef de la survie du cerf, compte tenu de la rigueur de nos hivers. Depuis 1994, des travaux importants ont été effectués afin d’améliorer la qualité de l’habitat d’hiver du cerf. Vingt-neuf ravages, couvrant une superficie totale de près de 641 km², ont fait l’objet de plans quinquennaux d’aménagement (ces ravages ne bénéficient pas tous du statut d’habitat faunique, car certains couvrent une superficie plus ou moins importante de terres privées). Les travaux forestiers inscrits dans ces plans ont presque tous été complétés.

Les plans d’aménagement des ravages doivent actuellement être repris, en débutant par les plus anciens. Depuis 1995, on estime que plus d’un million de dollars auraient été investis en travaux forestiers dans les différents ravages de la région.

D'autre part, le Syndicat des producteurs de bois du Bas -Saint-Laurent a élaboré un plan de protection et de mise en valeur de la forêt privée (PPMV) de chacune des MRC de la région pour l'Agence régionale de mise en valeur des forêts privées du Bas-Saint-Laurent (Syndicats des producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent 1998 et 1999). Ces plans définissent un zonage de la forêt privée en fonction de critères de conservation, de protection ou d'aménagement des ressources biophysiques, fauniques et paysagères. Des zones de conservation des ressources du milieu (ZOC), de protection des ressources du milieu (ZOP), d'aménagement selon les spécificités du site (ZAS) et d'aménagement forestier en harmonie avec les autres ressources (ZAF) ont ainsi été définies et localisées. Les superficies des trois zones reliées à des considérations fauniques sont répertoriées dans le tableau 19.

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Tableau 19. Superficies des zones définies dans les plans de protection et de mise en valeur (PPMV) pour chacune des municipalités régionales de comté (MRC) du Bas-Saint-Laurent

Source : Syndicat des producteurs de bois du Bas -Saint-Laurent (PPMV de chacune des MRC)

Les propriétaires forestiers (environ 8000) affiliés à l'Agence régionale de mise en valeur des forêts privées du Bas-Saint-Laurent doivent se soumettre aux normes du PPMV relatif à la MRC dans laquelle ils se situent. La superficie forestière concernée est non négligeable puisqu'elle représente 55 % de la forêt privée. De plus, parallèlement à la mise en application des PPMV par les intervenants forestiers, beaucoup d'efforts sont déployés par l'Agence pour informer et sensibiliser les propriétaires privés de l'importance de conserver les habitats fauniques sur leur propriété.

4.1.3.2. Potentiels de mise en valeur

La mise en valeur de l’habitat du cerf dans le Bas-Saint-Laurent est liée à la poursuite des travaux d’aménagement dans les ravages. Il existe également un potentiel intéressant pour l’observation de l'ours noir, de l’orignal et du cerf dans leur habitat respectif (voir le portrait de la ressource faunique). Sur les terres privées de la région, le développement d'activités fauniques pourrait constituer une alternative à l'exploitation de la matière ligneuse et générer une source complémentaire de revenus. Par exemple, la création de réserves naturelles en terres privées représente une piste de développement pour cette portion du territoire.

4.1.4. Les routes migratoires 4.1.4.1. Description

Les espèces migratrices sont essentiellement des poissons (saumon, éperlan arc -en-ciel, esturgeon noir, anguille d'Amérique, poulamon), des oiseaux (sauvagine, limicoles, parulines, rapaces, etc.) et des mammifères marins. L'habitat aquatique ayant déjà été traité précédemment, il sera ici question des routes migratoires aviaires pour lesquelles de l'information est disponible.

De façon générale, c’est à l’ouest de la région que se situent les principaux secteurs de concentration de la sauvagine durant les migrations, soit Kamouraska, Saint-André et L’Isle-Verte. Ceux-ci comptent certaines rives fréquentées par plus de 500 individus par kilomètre de rivage. En amont de l’estuaire bas -laurentien, les secteurs les plus utilisés par la sauvagine sont les îles de Kamouraska, Blanche, aux Lièvres et aux Fraises. En aval, de fortes densités d’oies

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et de bernaches ont été localisées à L’Isle-Verte, à Trois-Pistoles, au Bic, à Rimouski et à Métis-sur-Mer. Les canards de mer, quant à eux, se rassemblent surtout à l’île Rasade Sud-Ouest, à l’île Bicquette, au récif sud-est de l’île du Bic et aux alentours de Matane, tandis que les canards barboteurs se concentrent à L’Isle-Verte. À ce propos, la région de L’Isle-Verte, avec ses marais (1500 ha de marais à spartines) et ses tourbières, représente un des sites les plus productifs de l’estuaire (Mousseau et Armellin 1996; Mousseau et al. 1998). D'ailleurs, la baie de L'Isle-Verte constitue l'aire de reproduction du canard noir la plus importante en Amérique.

La portion de l’estuaire comprise dans le Bas-Saint-Laurent est également fréquentée par une grande variété d’oiseaux de rivage lors de leur migration automnale. Les principaux rassemblements se retrouvent à la baie de Kamouraska, à Kamouraska, à Saint-André, à Rivière-du-Loup, à la baie de Cacouna, à l’embouchure de la rivière Rimouski et à Pointe-au-Père. Le bécasseau semi-palmé constitue l’espèce la plus abondante dans notre région, tandis que le bécasseau sanderling, le tournepierre à collier, le bécasseau à croupion blanc, le grand chevalier, le petit chevalier et le pluvier argenté comptent parmi les espèces les plus fréquentes.

L’observatoire Raoul-Roy dans le parc du Bic représente un site important d'observation de la migration des oiseaux de proie au Québec. Durant la migration printanière (du 15 avril au 15 mai environ), jusqu’à 500 individus peuvent y être observés chaque jour. Parmi les espèces les plus fréquentes on retrouve la buse à queue rousse, l’épervier brun, la crécerelle d’Amérique, la petite buse et le balbuzard pêcheur. On y observe également, en quantité moins abondante, des espèces plus spectaculaires telles que l’aigle royal, le pygargue à tête blanche, le faucon pèlerin, l’urubu à tête rouge et la buse à épaulettes.

4.1.4.2. Potentiels de mise en valeur

Le Bas-Saint-Laurent offre un potentiel intéressant pour l’observation des oiseaux, l’avifaune y étant abondante et diversifiée. Cet attrait de la région découle du fait que l’on y retrouve, à une période ou à une autre de l’année, l’ensemble des espèces pouvant être rencontrées au Québec ainsi que d’excellentes conditions d’observation, notamment le long du littoral. Les principaux sites d’observation de la région sont la batture de La Pocatière, le quai de Rivière-Ouelle, les battures de Kamouraska, le marais de Cacouna, les rives de la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte, les îles aux Basques et Rasades, le parc du Bic (belvédère Raoul-Roy et havre du Bic), le marais de Rimouski et le marais de Pointe-au-Père. D’autres sites d’observation intéressants, connus essentiellement des ornithologues amateurs, seraient également à mettre en valeur. La conservation des habitats associée à la protection des paysages naturels constituent des conditions préalables au développement des activités non consommatrices à caractère faunique. En effet, les gens préfèrent désormais admirer les animaux dans leur milieu naturel. La présence des paysages naturels exceptionnels dans le Bas-Saint-Laurent représente un atout indéniable pour les activités d'observation de la faune. À ce propos, il n’existe actuellement aucun document spécifique à la région permettant de connaître et de situer l’ensemble des sites d’intérêt pour l’observation des oiseaux.