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MIGRATION DES ENFANTS

Partie I C ADRE CONCEPTUEL

Chapitre 2 L E PROCESSUS MIGRATOIRE AU SEIN DES FAMILLES : PERSPECTIVES THEORIQUES

2.1.3 MIGRATION DES ENFANTS

Les hypothèses concernant la migration des enfants sont étroitement liées au statut de la femme, mais ont aussi quelques spécificités. Dans la NE, les membres de la famille, autre que le primo-migrant, sont supposés être inactifs et leurs migrations sont qualifiées de « familiales », à l’opposé d’« économiques ». Comme la femme a la charge des enfants, son lieu de vie – dans le pays d’origine ou de destination – détermine celui de ses enfants. Ainsi, leur trajectoire migratoire est directement liée à celle de leur mère. Dans la NELM, il est envisageable que des

81 conjoints migrent ensemble sans leurs enfants ou que seul le conjoint soit regroupé pour avoir un double revenu dans le pays de destination et accumuler plus rapidement les économies nécessaires au retour. Les chances de migration des enfants sont donc moindres puisque leur arrivée augmenterait le coût de la migration et prolongerait la durée de la migration des parents. Ainsi, dans le deuxième modèle, les trajectoires migratoires des enfants sont moins déterminées par celle de la mère et il n’est plus certain que les enfants migreront en même temps qu’elle. Le moment de leur migration dépendra d’autres facteurs comme les possibilités de leur prise en charge dans les pays d’origine et de destination.

Les caractéristiques des enfants, notamment leur sexe et leur âge, peuvent également influencer leurs trajectoires migratoires, notamment selon l’approche NELM. Dans la NE, l’objectif des parents migrants étant l’installation permanente dans le pays de destination, ils cherchent à donner à leurs enfants les meilleures chances de réussir leur intégration future, ce qui pourrait se traduire par une arrivée dans le pays d’accueil et une insertion au sein de son système scolaire plus rapides. Ainsi, l’âge de l’enfant ne joue pas en soi sur les chances de sa migration, celles-ci étant davantage déterminées par les possibilités des parents d’organiser ou non la réunification de la famille. Selon la NELM, dans sa recherche d’un optimum économique, le ménage d’origine peut voir les enfants, non seulement comme des migrants « familiaux », mais également comme des migrants « économiques ». Ainsi, la migration des enfants plus âgés, sur le point d’entrer sur le marché du travail, mais pouvant encore être admis dans le cadre familial, pourrait être privilégiée. Suivant cette approche, le sexe de l’enfant pourrait également jouer sur les chances de sa migration selon que le marché du travail à destination est plus favorable aux hommes ou aux femmes. Sans atteindre ce cas extrême, la NELM laisse supposer que les migrations enfantines peuvent répondre à d’autres logiques et contraintes que les seuls désirs des parents de vivre avec leurs enfants.

Pour résumer, le premier modèle prédit une trajectoire migratoire familiale par étapes, avec un premier départ du père, suivi de celui de la mère avec l’ensemble des enfants. A l’inverse, la seconde approche laisse présager des trajectoires migratoires plus complexes avec une déconnexion progressive de la migration de la mère de celle des enfants, ainsi que des situations différentes pour les enfants d’une même fratrie. Cependant, les études empiriques montrent que le processus décisionnel concernant les enfants et les trajectoires migratoires qui en découlent sont plus complexes et sont influencés par d’autres facteurs, notamment l’évolution du projet migratoire avec le temps, la dimension genrée du phénomène, ainsi que l’importance du lien biologique parent-enfant.

Premièrement, il est assez fréquent qu’un projet de migration temporaire évolue vers un projet plus permanent lorsque les objectifs initiaux ne sont pas remplis aussi rapidement que prévus. Ainsi, au fur et à mesure que la séparation initialement prévue de quelques années s’allonge, les membres de la famille peuvent être amenés à revoir leur projet et décider de se réunir à destination ; on observerait alors des réunifications familiales assez tardives. A l’inverse, dans le cas d’une famille où le primo-migrant ne souhaite pas faire venir sa famille, mais reste lui-même à destination (pour travailler lorsqu’il est en âge actif, pour pouvoir percevoir la retraite ou

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d’autres prestations sociales lorsque celles-ci sont subordonnées à sa résidence dans le pays de destination), la séparation pourrait alors devenir le statu quo.

Deuxièmement, la décision d’une famille de se réunir tardivement alors même qu’un projet de retour reste envisageable amène également à réfléchir sur la place des relations familiales dans la vie des individus, et plus particulièrement des migrants. La préférence des migrants d’être avec leurs enfants peut amener une famille à migrer ensemble, alors même que la durée prévue de son séjour est limitée. La procédure de famille accompagnante, davantage discutée dans la section suivante, permet aux travailleurs qualifiés de venir avec leur conjoint et leurs enfants, y compris pour des missions de courte durée. Lorsque la durée prévue de la migration s’étend sur une période plus longue, durant les âges actifs et jusqu’à la retraite, le choix de venir en famille peut également s’imposer afin de ne pas rester séparé pendant de longues années. Cette situation a été observée parmi des flux migratoires (par exemple les Portugais en France) : au sein des familles venues ensemble ou réunies ensuite, les parents rentrent au pays d’origine ou font des allers-retours à partir du moment de leur retraite, alors que leurs enfants restent dans le pays de destination (Cordeiro, 2002). En d’autres termes, ce n’est pas la durée projetée de la migration en soi qui détermine la trajectoire migratoire de la famille nucléaire, mais l’importance accordée au lien conjugal et au lien parent-enfant.

Troisièmement, même lorsque les femmes entrent sur le marché du travail, elles conservent leur plus grande responsabilité des enfants comparés aux hommes. Les études des familles transnationales montrent en effet que, même à distance, les mères continuent d’être les principales pourvoyeuses d’attentions, de conseils et de soins envers les enfants, alors même qu’elles ont des longues heures de travail dans le pays de destination40. Lorsque les deux parents résident à destination et les enfants résident encore dans le pays d’origine, ce sont les femmes qui s’occupent d’envoyer l’argent à la famille restée au pays et prennent des nouvelles de leur famille, les hommes pouvant ou non participer à ces échanges (Abrego, 2009 ; Hondagneu-Sotelo, 1994). Les hommes expriment plus souvent l’intention de rentrer dans le pays d’origine et le font, tandis que les femmes cherchent davantage à s’installer dans le pays de destination. (Attias-Donfut, 2006 ; Dumont et Spielvogel, 2008) Par conséquent, elles expriment plus souvent le souhait de la réunification des enfants dans le pays de destination, et ceci quelle que soit leur situation familiale et légale. Lorsque le couple parental est intact, ces désirs peuvent occasionner des désaccords concernant les lieux de vie des enfants comme le rapportent plusieurs études. Parmi les familles des demandeurs d’asile, les mères étaient davantage inquiètes (ou du moins l’exprimaient) que les pères et souhaitaient faire venir leurs enfants en France (Barou 2011). Les pères, à l’inverse, souhaitaient garder le statu quo et, lorsque les enfants étaient restés au pays d’origine, de les confier à d’autres membres de la famille. Lorsque les hommes étaient réticents à faire venir les enfants, les mères en prenaient en charge l’organisation (financement du voyage, personne accompagnante) et les faisaient venir quand même. En d’autres termes, quels que soit

40 Cette situation n’est pas propre aux femmes migrantes puisque le « double fardeau » des femmes existe aussi dans les pays de destination.

83 la situation familiale et le projet migratoire de la famille, les caractéristiques et la trajectoire de la mère auront un impact plus important sur la situation des enfants que celles des pères.

2.1.4 SYNTHESE

Alors que la question des trajectoires migratoires des familles ne constitue pas un objet central des théories économiques de la mobilité spatiale, les profils supposés de migrants – l’immigré destiné à s’établir de la NE et l’immigré temporaire dans la NELM – permettent d’émettre un certain nombre d’hypothèses sur la dimension familiale du phénomène. L’approche économique indique que ces migrations, qu’elle qualifie de « familiales », sont déterminées, au même titre que les migrations « économiques », par le capital humain détenu par les membres de la famille en question, et qu’elles sont également sensibles au contexte économique des pays d’origine et de destination (chômage, niveau de vie). Cette sensibilité aux déterminants économiques serait d’ailleurs plus grande selon l’approche NELM (comparée à NE) dans la mesure où cette théorie voit l’ensemble des membres adultes d’une famille comme « pourvoyeurs » de revenus potentiels, tandis que la NE s’intéresse principalement au primo-migrant, censé également représenter le « chef de famille ». Le rôle joué par la migration de la femme change considérablement : alors que c’est un préalable à la présence des enfants dans la NE, les trajectoires des enfants et de la mère sont davantage disjointes selon l’approche NELM. Cette différence a des implications méthodologiques importantes dans la mesure où cela implique la nécessité de considérer les caractéristiques socio-économiques, ainsi que les perspectives d’emploi dans les pays d’origine et de destination des deux parents, pour comprendre les trajectoires migratoires des familles, et non seulement celles du primo-migrant.

L’introduction de la dimension économique amène également à des interprétations différentes du phénomène des familles transnationales, notamment de la situation des enfants restés dans le pays d’origine et séparés de l’un ou de leurs deux parents. Selon la NE, la présence du conjoint, et encore plus celle des enfants dans le pays de destination, marque l’installation permanente de la famille. Dans ce modèle où la famille a été relocalisée, où son « centre de gravité » s’est déplacé vers le pays de destination, la présence des enfants au pays d’origine est considérée comme synonyme de leur abandon ; ils sont « laissés » par leurs parents et exclus du projet familial. La NELM nuance cette affirmation et montre que la présence du couple parental à l’étranger ne signifie pas nécessairement un abandon des enfants, mais découle d’un raisonnement économique selon lequel deux revenus rapportent plus à la famille qu’un seul. Elle laisse également présager que le processus de réunification des enfants n’est pas linéaire, mais peut être partiel ou par étapes en fonction des stratégies et contraintes auxquelles fait face la famille. Ainsi, un enfant resté au pays d’origine n’est pas un enfant abandonné. Ses parents pourront le faire venir dans le cadre familial lorsqu’ils auront accumulé les ressources nécessaires ; il pourra aussi décider de les rejoindre lorsqu’il sera lui-même devenu adulte et s’appuyer sur leur présence dans le pays de destination pour sa migration. La diversité des projets migratoires suggère également l’existence de pratiques et d’attitudes différentes au sein des familles transnationales. Lorsque la séparation est inscrite dans le projet migratoire du fait du caractère temporaire de la migration, les envois d’argent et les contacts avec la famille au pays d’origine

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seront peut-être plus importants qu’au sein d’une famille dont les ressources sont dirigées vers la réunification de l’ensemble des membres de la famille dans le pays de destination.

Cette discussion de l’approche économique des migrations familiales a permis d’introduire quelques nuances dans le raisonnement initial, notamment en intégrant les résultats et les perspectives des études plus sociologiques et qualitatives sur les familles transnationales : l’ambiguïté de l’effet de la durée de la séparation sur les relations familiales, la préférence des parents pour vivre avec leurs enfants, même si c’est couteux. Cependant, ces modifications mineures restent insuffisantes pour comprendre le phénomène de migrations des familles dans le contexte international actuel compte tenu des hypothèses implicites à la base de ces théories : la libre circulation du facteur travail et la famille comme noyau décisionnel composé d’un couple parental et de ses enfants.

La théorie de l’économie du travail, représentée par l’article de Mincer, envisage principalement les migrations sous l’angle des migrations internes. Même si les deux autres théories (NE et NELM) font explicitement référence aux migrations internationales, elles considèrent que celles-ci suivent des « lois » économiques et se réalisent dans un contexte de libre celles-circulation du facteur travail. Or, les migrants et leurs familles bénéficient-ils réellement de ces conditions ? Seuls certains groupes de migrants en bénéficient aujourd’hui : les ressortissants des pays membres de l’espace de libre circulation, les travailleurs hautement qualifiés. La majorité des migrants connaissent davantage d’obstacles lorsqu’ils cherchent à entrer et séjourner de manière régulière dans le pays de destination avec leurs familles. Pour nombre de migrants, l’accès aux procédures de migrations familiales est souvent complexe et restrictif, si tant est qu’elles existent, ce qui n’est pas le cas de tous les pays. Il devient donc nécessaire d’intégrer systématiquement le contexte législatif comme dimension explicative des trajectoires migratoires des familles. Dans ce contexte, la pertinence de la notion de projet migratoire préétabli (permanent ou temporaire) doit être nuancée dans la mesure où il y a une grande imprévisibilité autour des expériences des familles migrantes. Ainsi, la majorité des parents séparés de leurs enfants émigrent avec l’idée que cette séparation est temporaire, qu’elle ne durera que quelques années, le temps de réaliser le projet initial (construire une maison, fonder ou développer une entreprise familiale, payer la scolarité des enfants) ou de les faire venir dans le pays de destination. Cependant, la séparation se révèle souvent plus longue, compte tenu du statut légal et économique précaire des parents à l’arrivée et de l’impossibilité de faire venir régulièrement la famille (Bernhard, Landolt et al., 2009 ; Gil Araujo, 2009).

Une deuxième critique à cette approche économique est que :

- soit elle se cantonne à la famille nucléaire formée par le couple et ses enfants (économie du travail, NE), la NELM au contraire rappelle que les décisions s’inscrivent dans un contexte familial plus large composé de la famille étendue et qui peut jouer un rôle plus ou moins important sur la migration de ces personnes.

- soit elle considère la famille comme une unité indissoluble (NE, NELM), l’économie du travail n’envisageant néanmoins que la dissolution définitive et pas la possibilité d’une séparation temporaire.

85 D’une part, comme l’indique la NELM la famille élargie joue un rôle dans le processus migratoire, mais celui-ci ne se limite pas à la définition d’une stratégie économique en déterminant les conditions concrètes de la vie familiale (garde et éducation des enfants dans le pays d’origine, temporalités des séjours dans les pays d’origine et de destination). D’autre part, la formation et la dissolution des couples ont connu des évolutions dans les dernières décennies : tandis que dans les pays de destination le lien conjugal s’affaiblit et les séparations sont plus fréquentes, c’est l’inverse qui est observé dans certains pays d’origine avec un « renforcement » de la famille nucléaire et du couple conjugal (Tabutin et Schoumaker, 2004 ; 2005). Les parents qui migrent ensemble peuvent connaitre des périodes difficiles, tendues et connaissent des taux de divorce plus élevés à destination. Les situations familiales des familles migrantes peuvent davantage se complexifier lorsque les parents migrants seuls entrent dans une nouvelle union. Ces deux aspects doivent donc être davantage intégrés dans l’analyse des migrations des familles.

Section 2.2 LA FAMILLE MIGRANTE COMME OBJET DE POLITIQUES PUBLIQUES

Les politiques migratoires, notamment celles des pays de destination, jouent un rôle non négligeable dans les migrations internationales, même si ce rôle s’avère difficile à identifier et à mesurer dans certains cas. Elles incluent les politiques migratoires au sens strict (les régulations concernant les séjours courts, ou les migrations pour des durées plus longues pour différents motifs : travail, familial, estudiantines, sanction de séjours irréguliers, accès à la nationalité), ainsi que les politiques régulant l’accès des migrants et de leurs familles au marché du travail et au système de protection sociale (retraite, chômage, santé, éducation). L’ensemble de ces dispositifs définit le contexte institutionnel du pays d’arrivée. Les pays d’origine des migrants adoptent également des politiques qui peuvent à leur tour avoir un impact sur les migrations internationales : la facilitation ou la restriction de l’émigration des nationaux, la signature des accords bilatéraux ou multilatéraux avec les pays de destination potentiels, l’institutionnalisation des liens avec la diaspora41. Malgré leur rôle, nous nous intéressons d’avantage dans cette section aux politiques migratoires des pays d’arrivée dont l’impact sur les trajectoires des familles migrantes est plus sensible.

Alors que les théories économiques des migrations internationales accordent peu de place aux politiques publiques, on observe un intérêt croissant des chercheurs (économistes, mais pas uniquement) pour cette dimension et une intégration du contexte institutionnel dans les analyses des déterminants des migrations depuis les années 1990. Ainsi, pour compléter la théorie « push and pull », Borjas émet l’hypothèse de « welfare magnet » selon laquelle les migrants seraient attirés par des États avec un système de protection sociale généreux (Borjas, 1999 ; Giulietti et Wahba, 2012). D’autres auteurs tentent d’évaluer dans quelle mesure les

41 Par exemple, le gouvernement italien dans la période d’entre-deux-guerres souhaite garder un lien avec les migrants et leurs familles et propose aux femmes enceintes de rentrer accoucher en Italie, une prime et un trousseau pour bébé (Guerry, 2013).

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politiques migratoires influencent les chances de primo-migration, mais également de retour et de ré-émigration (cf. Czaika et de Haas 2013 pour une revue des études existantes). Ces études empiriques mettent en évidence des effets des politiques migratoires, même si leur ampleur est parfois jugée modeste comparée à d’autres facteurs plus « traditionnels » (capital humain) et que les effets observés sont parfois inattendus, voire contraires à ceux escomptés. Cette situation s’explique en partie par des difficultés de conceptualisation et de modélisation des effets des politiques publiques (Czaika et de Haas, 2013).

Lorsque l’on adopte une perspective économique du processus décisionnel relatif à la migration d’un couple avec ses enfants, le contexte institutionnel apparait également comme important. En effet, les théories économiques précédemment décrites considèrent la durée projetée de la migration (temporaire ou permanente) et l’activité de la femme comme les principaux déterminants de ce processus. Or, dans le contexte des migrations internationales ces deux domaines sont régulés par des politiques publiques. Ainsi, les États peuvent avoir une politique de recrutement temporaire des travailleurs ou, inversement, chercher à les stabiliser sur le territoire national. De la même manière, ils peuvent maintenir les membres de la famille dans un statut de dépendance économique en limitant leur accès au marché du travail ou leur permettre d’accéder à un statut indépendant, notamment en leur offrant la possibilité de travailler dès leur arrivée dans le pays.

Les récits des familles transnationales évoquent également le contexte institutionnel du pays d’arrivée. Même si la question de l’accès au marché du travail est parfois évoquée par les migrants, ils mettent davantage l’accent sur les difficultés d’accès à un statut légal et l’absence ou la complexité de la procédure de regroupement familial. Lorsque les législations autorisent l’entrée légale d’un seul membre (travailleur), mais pas celle de sa famille (pas de procédure de famille accompagnante ou alors très sélective), elles créent de facto les conditions de la séparation initiale, les possibilités d’accès à la procédure de regroupement familial déterminant ensuite sa durée. Le fonctionnement de la famille durant la période de la séparation dépend aussi du contexte institutionnel du pays d’arrivée. Le statut irrégulier du migrant entraine une