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Mettre en place une véritable politique de venture capital

C. Les outils de financement

3. Mettre en place une véritable politique de venture capital

Plusieurs entreprises en Europe auraient pu devenir des équivalents de Microsoft si elles avaient pu progresser plus vite. Les prises de positions, notamment sur le marché des Nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC), dépendent beaucoup de l’opportunité du moment. La mobilisation des capitaux étant plus lente ici qu’ailleurs, les concurrents prennent la tête et imposent leurs marques de référence et leurs normes.

Les investisseurs privés en France se montrent en général réticents à financer l’innovation dès son premier stade. Les résultats des activités de capital-risque ne sont pas excellents, connaissant un taux de rentabilité d’environ 3%, ce qui est faible par rapport au risque pris, et il est donc normal que les pouvoirs publics apportent leur appui lors du premier stade d’amorçage.

La faiblesse des engagements privés dans le capital-risque doit normalement le tirer vers les stades ultérieurs du développement de l’entreprise.

Selon M. Albert Ollivier, il faut savoir opérer des arbitrages entre quantité et qualité, car le but n’est pas de lancer chaque année un millier de jeunes entreprises innovantes qui ne seront pas aussi nombreuses à réussir. Il vaut ainsi mieux choisir, quitte à les regrouper, quelques entreprises capables d’atteindre un certain niveau de développement.

En effet, selon lui, une des raisons de la faible popularité de l’innovation provient de ce qu’on ne perçoit guère ses résultats en termes d’emplois. Il vaut mieux, dans le bouillonnement des initiatives, sélectionner quelques projets qui fourniront ensuite de bons exemples de la transformation de l’innovation en croissance et en emploi.

avant le critère de rentabilité. En réalité, ces créneaux sont rentables, à condition de faire preuve de patience et de financer tous les étages ».

M. Albert Ollivier, responsable du financement des PME et de l’innovation au Pôle de compétitivité mondial « Finance Innovation» (Innovation financière, soutien au financement de l’innovation et au développement global de l’activité économique), qui est intervenu lors de l’audition publique du 26 mai 2011, « un des enjeux majeurs des années à venir consistera à éviter que le marché – étroit – du capital-risque français, qui, après avoir bien débuté, a connu une crise en 2002 avant de se rétablir et d’être soutenu par des dispositifs fiscaux, ne s’écroule. Nous savons aider, par le biais de moyens publics, au démarrage d’entreprises issues de la recherche mais le marché peine à prendre le relais nécessaire dans la phase de développement.

La capacité à financer l’innovation est une chose, celle à la soutenir jusqu’à atteindre le plus haut niveau mondial en est une autre.

Les investisseurs privés se montrent en général réticents à financer l’innovation dès son premier stade. On peut les comprendre : les résultats des activités de capital-risque ne sont pas excellents, connaissant un taux de rentabilité d’environ 3%, ce qui est faible par rapport au risque pris. Il est donc normal que les pouvoirs publics apportent leur appui.

La faiblesse des engagements privés dans le capital-risque tire alors celui-ci vers les stades ultérieurs du développement de l’entreprise.

Il est difficile, dans un système entièrement basé sur des fonds communs de placement à durée de vie limitée, d’empêcher les investisseurs de vouloir sortir du capital. Il faudrait redonner de l’attractivité à la société de capital-risque perpétuelle, qui peut participer à une entreprise plus longtemps, et mêler, dans son portefeuille, des titres d’entreprises ayant une certaine maturité à des parts de jeunes entreprises ».

En Allemagne, un entretien avec les responsables du Fonds d’investissement Heidelberg Innovation a été particulièrement éloquent.

Selon leurs propos, les modèles classiques de venture capital ne fonctionnent plus. Le marché est asséché. Le problème est structurel.

L’intervention de l’Etat est bien sûr possible, mais elle ne fait souvent que déplacer le problème.

Ce fonds, créé en 2001, a investi cinq années durant, en espérant que les profits apparaîtraient et croîtraient dans les cinq années suivantes, ce qui aurait permis de revendre les structures dans lesquelles il avait investi. Mais la réalité fut différente. Cette société n’a plus d’argent frais. Son activité depuis deux ans est limitée à la gestion du portefeuille existant.

Cette situation n’est pas isolée. Dans toute l’Europe, il y a une réduction des moyens alloués au venture capital, ce qui empêche les nouveaux projets. A Munich, ancienne capitale du venture capital en Allemagne, ne restent qu’Edmond de Rothschild et Sofinova.

Le rapport sur la biotechnologie d’Ernst et Young fait part de cet assèchement du venture capital depuis la faillite de Lehmann Brothers.

La situation est grave, car les aides de l’Etat servent surtout au moment de la création d’une entreprise innovante. Mais vient un moment où cette entreprise a besoin de fonds supplémentaires, et l’Etat ne les fournit plus. Il faut alors une intervention du marché, mais celui-ci est déprimé. Les banques sont réticentes à intervenir depuis Bâle 3 qui fixe de nouvelles règles de contrôle des risques.

La situation est moins grave aux Etats-Unis

Aux Etats Unis, la situation est plus difficile qu’auparavant, mais est moins problématique, du fait de la culture d’entreprenariat, des investissements des fonds de retraite, et de l’existence de « business angels » qui sont prêts à intervenir au début du processus d’innovation (30 à 50 % des investissements de venture capital sont faits à ce stade).

Alors qu’en France le venture capital s’élevait en 2008 à environ 600 millions d’euros, il atteignait 25 milliards de dollars aux Etats-Unis. Au Massachussets, il s’élevait à un dixième de cette somme, ce qui en fait le deuxième Etat américain pour ce type de capital, derrière la Californie, mais devant New York et le New Jersey. A Boston même, il y a des investisseurs qui sont prêts à apporter de 20 à 200 millions de dollars à une start-up.

Son utilité apparaît clairement lorsqu’on examine la manière dont est financée une innovation.

Selon M. Marvin Ritchie, banquier d’affaires, il faut distinguer quatre types de situations :

Les sources de financement des start-up et des entreprises innovantes qui ont grandi

Jusqu’à un million de dollars : les amis, la famille, éventuellement des business angels.

Jusqu’à 5 millions de dollars, voire jusqu’à 50 millions de dollars : le venture capital grâce à des fonds sectoriels (dédiés par exemple aux biotechnologies ou à la pharmacie). Cette forme de financement a connu récemment des difficultés car les investisseurs ont eu peur.

De 10 millions de dollars à 1 milliard de dollars : le recours au capital privé, sous forme d’actions non cotées. C’est une solution intéressante quand l’entreprise croît rapidement et a un cash flow positif.

Au-delà : l’accès à la bourse et aux actions cotées.

Pour ce banquier, la méthode que doivent suivre les entreprises qui souhaitent obtenir du venture capital est clairement définie :

Les cinq étapes de la recherche du venture capital

- Evaluation des objectifs de l’entreprise, identification des responsables, de leur rôle et des étapes de développement déjà parcourues ; premières propositions.

- Etudes de marketing : positionnement des produits, identification des investisseurs potentiels, préparation de premiers documents, réflexion sur le positionnement par rapport aux investisseurs possibles.

- Sollicitation d investisseurs, sélection des investisseurs intéressés.

- Evaluation des premières propositions d’affaires, sélection des investisseurs qui seront retenus.

- Décision finale et signature du contrat

b. Les préconisations d’un acteur français : le Comité Richelieu Le constat du Comité Richelieu, association qui représente les PME innovantes est clair : il faut répondre en France à la faiblesse du capital développement et à la difficulté des entreprises innovantes à fortifier leurs fonds propres, notamment au niveau des phases d’amorçage.

A cette fin, le comité Richelieu propose un certain nombre de mesures pour permettre aux entreprises innovantes un meilleur accès par les fonds propres et privilégie le recours à un business angel, c'est-à-dire un entrepreneur qui a réussi et qui accepte de partager son expérience. C’est la manière la plus efficace pour amorcer un processus qui doit comprendre des moyens pour drainer l’épargne des grands investisseurs vers le capital développement.

c. La recherche de solutions au plan européen

Il faut définir de nouvelles modalités de financement de l’innovation au plan européen, en définissant une véritable politique européenne de venture capital, ce qui nécessitera de doter le Fonds européen d’investissement de moyens suffisants.

Il faut tout d’abord veiller aux termes utilisés et parler de venture capital plutôt que de capital risque. Cela permettra de faire évoluer les mentalités dans un contexte assez défavorable où l’on constate une forte aversion au risque des épargnants européens (l’investissement en capital risque en Europe a encore baissé de 25 % au 1er trimestre 2011 par apport au 1er trimestre 2010).

Il faut ensuite mettre en place une véritable politique de venture capital au plan européen, ce qui implique de renforcer les moyens actuellement mis en œuvre par le Fonds européen d’investissement (FEI).

Le Fonds européen d’investissement, dont l’activité doit véritablement démarrer en 2014, doit avoir pour objectif de promouvoir des filières et développer des partenariats. Un tel fonds pourrait être géré par la BEI afin de faciliter le passage d’une valorisation à petite échelle à un véritable stade industriel.

Créé à l’initiative de la France et doté d’un capital détenu par la BEI à 80 %, ce fonds a vocation à devenir un pilier du venture capital qui deviendra réalité en 2014. La BEI, quant à elle, continuera à s’occuper principalement des grosses opérations. Le FEI gérerait un fonds des fonds et alimenterait des fonds plus spécialisés, dans des domaines particuliers. Le montant de sa dotation est fondamental s’il veut avoir une capacité d’intervention significative. On parle actuellement de quelques milliards d’euros.

Il devrait permettre la mise en œuvre d’une politique plus ambitieuse de venture capital au plan européen en structurant un marché qui aujourd’hui résulte de marchés nationaux compartimentés. Il est cependant probable qu’il

ne se développera que s’il est accompagné au niveau national ou régional par des mesures fiscales incitatives.

L’insuffisance des sommes disponibles pour le venture capital tient en effet pour beaucoup à l’absence de stratégie de sortie pour les investisseurs. Trop souvent, ceux-ci n’ont pour seul choix que de vendre leurs actifs à des entreprises non européennes, et notamment chinoises, sachant que les fonds souverains chinois sont prêts à un retour lent sur investissement.

Aussi faut-il envisager la manière d’organiser un deuxième tour de table, qui n’existe pas actuellement pour les PME. Il serait souhaitable de mettre en place un instrument financier de partage des risques entre la Commission et la BEI, permettant de combiner venture capital et prêts bancaires. Un tel projet, actuellement étudié par la Commission doit être encouragé, car les instruments communautaires ne parviennent pas à financer efficacement les projets des PME.

C’est indispensable pour faciliter le passage du stade artisanal à un stade industriel de nombreuses PME.

Les indicateurs de l’innovation ne sont pas au vert.

La part des PME innovantes et exportatrices est deux fois plus faible en France qu’en Allemagne qui compte deux fois plus d’entreprises intermédiaires.

Nous n’anticipons pas suffisamment sur les transmissions d’entreprise. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir le nombre d’entreprises pour fabriquer des éoliennes en Allemagne (Avantis, Dewind, Enercom, Nordex, Repower, Siemens) et le faible intérêt de cette technologie pour les grands groupes français (sauf Vergnet pour les petites puissances et Alstom). Les éoliennes installées en France sont donc principalement de fabrication allemande ou danoise. C’est également le cas des panneaux solaires photovoltaïques, fabriqués pour une grande part en Chine (Suntech power), au Japon (Sharp), aux USA (First Solar) ou en Allemagne (QCells).

L’empilement des structures dont nous avons déjà parlé rend le paysage illisible, et même inefficace. Les résultats des classements des Etats en matière d’innovation utilisent des paramètres très différents, mais les évaluations donnent toujours les mêmes résultats avec la France dans les pays suiveurs.

Ainsi, nous sommes 22ème dans le classement de l’INSEAD 2011, alors que 6 pays européens sont dans les dix premiers et que l’Allemagne est douzième.

Dans le classement du Boston Consulting Group, nous sommes 19 ème alors que 6 Etats européens figurent à nouveau dans les douze premiers.

Les performances en matière d’innovation sont mesurées par les capacités des politiques publiques (notamment fiscales) à stimuler l’innovation, par le capital humain et l’organisation du système d’éducation et de recherche, par la capacité de valorisation de la recherche, par le dynamisme de la propriété

intellectuelle, par la qualité des infrastructures et des plateformes, par les liens entre innovation et marché et innovation et entreprises.

Nous proposons donc un dispositif d’accompagnement simplifié décliné dans chaque région française ciblant davantage les PME et les PMI. Nous proposons d’orienter une part de l’épargne publique vers les investissements de moyen et de long terme en direction des entreprises innovantes. L’investissement privé restant insuffisant, il faut que l’Etat regroupe tous les acteurs régionaux et nationaux du financement (CDC, OSEO, FSI, Fonds régionaux de participation, FUI) au sein d’une banque publique d’investissement.

L’innovation ne pourra se développer qu’à la condition de laisser une large initiative aux écosystèmes régionaux. Le nouvel outil d’investissement devra être régionalisé et géré en commun entre l’Etat et les régions. Cette avancée constituerait ainsi le troisième acte de la décentralisation.

D. L’IMPORTANCE DES NORMES ET DES BREVETS DANS LA DIFFUSION

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