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La Section des sciences de l'éducation 1

METHODE D 'INVESTIGATION

L'enquête que j'ai menée étudie un cas particulier de co-disciplinarité à travers le discours des professeurs de la Section. Leurs propos ont pour fonction d'amener des éléments de réponse à la question de la pertinence de la collaboration disciplinaire en éducation. J'ai donc abordé le terrain dans une perspective de compréhension et non d'explication. Cette démarche de compréhension s'appuie sur la confrontation entre l'architec­

ture conceptuelle et les discours recueillis lors de l'enquête.

Le fait de réunir, auprès des professeurs, un ensemble d'évaluations sur la collaboration entre disciplines scientifiques ne permet pas de tirer des conclusions sur la pratique de la collaboration et sur sa politique dans la Section. Rien ne m'autorisait à rassembler les points de vue, à les brasser, même avec une analyse orthodoxe et rigoureuse, pour produire un document qui finalise la pratique de la Section. Un tel travail doit se faire dans une communauté des partenaires. Chacun doit pouvoir exposer ses positions et, ensemble, le groupe concerné discute et dispute les valeurs individuelles pour aboutir à une position qui reflète le consensus atteint.

D'autre part il faut qu'il y ait volonté déclarée du groupe de se pencher sur sa pratique. A moi toute seule je ne peux pas être la conscience épistémo­

logique de la Section dans ce domaine. Ainsi les conclusions de cette recherche ne portent pas sur la pratique de la Section mais sur un ensemble de discours recueillis parmi des praticiens de la Section. L'étude du discours pousse plus loin la réflexion sur la collaboration disciplinaire en construisant, progressivement, les repères qui permettent de comprendre l'espace dans lequel évolue ce phénomène. Quelles sont alors les finalités

de l'empirie? Avant tout l'étude du terrain par l'enquête reste une illustration, une image qui vient confirmer, infirmer et compléter le cadre théorique, dans une perspective de compréhension de la collaboration disciplinaire. En effet les résultats de l'empirie doivent ouvrir l'interroga­

tion vers de nouvelles hypothèses et questions, et les conclusions attendues s'offrent comme la suite de la réflexion à poursuivre.

L'enquête s'adressait aux 13 professeurs de la Section et j'ai pu m'entrete­

nir avec 12 personnes. Je n'avais pas matériellement la possibilité de recueillir les points de vue des autres partenaires de la Section (les collaborateurs de l'enseignement et de la recherche, les assistants et les étudiants) et de faire une étude comparative. Je me suis limitée aux professeurs, une petite unité qui ne nécessitait pas d'échantillonnage, dont une des caractéristiques est d'être professionnellement intégré à plein temps dans l'université ce qui n'est pas forcément le cas d'autres collaborateurs.

De ce fait ils sont des représentants forts de la Section.

J'ai choisi la technique des entretiens de recherche; ceux-ci étaient individuels, enregistrés et se déroulaient sur le lieu de travail de !'inter­

viewé pendant environ une heure. J'ai opté pour des entretiens semi-dirigés afin de garantir la récolte des données en vue d'une confrontation avec les hypothèses de recherche. Les entretiens furent dirigés autour de trois axes:

la conception des professeurs sur l'appellation "sciences de l'éducation"

(sciences au pluriel) et la distinction entre pédagogie et sciences de l'éducation, leurs conceptions sur la collaboration disciplinaire en général (en travaillant les cinq dimensions) et sur leurs expériences et prospectives en matière de collaboration au sein de la Section ou dans leurs subdivisions respectives.

Chaque entretien, inlégralemenl retranscrit, a fait l'objel d'une analyse de contenu. Dans un premier temps j'ai dépouillé les données avec une analyse catégorielle qui découpe en deux moments l'enlretien: le discours sur les sciences de l'éducation et leur pluralité et le discours sur la collaboration disciplinaire. Quatre dimensions couvrent la pa1tie sur les sciences de l'éducation; une dimension historique qui évoque l'émergence et le développement des sciences de l'éducation, une dimension épistémolo­

gique avec le problème de la définition de l'objet de l'éducation et la question de la démarche scientifique en éducation, une dimension institutionnelle avec des arguments relatifs à l'institutionnalisation des sciences de l'éducation et au champ universitaire ainsi qu'une dimension sociale qui traite des effets des divers espaces sociaux sur la constitution des sciences de l'éducation. J'ai utilisé ces quatre dimensions comme catégories d'analyse et j'ai pris note de tous les arguments se rapportant à l'une ou l'autre des dimensions.

L'analyse sur la collaboration disciplinaire juxtapose, d'une part, les indicateurs des dimensions théoriques et, d'autre part, les indicateurs des facteurs d'influence. Les cinq dimensions (niveau relationnel, fondements, fonctions, domaines d'application, for malisme) et les quatre facteurs d'influence (épistémologiques, structurels, institutionnels et la loyauté disciplinaire) donnent les catégories d'analyse pour cette partie de l'entretien. J'ai donc repéré chaque fois qu'une modalité de collaboration était discutée (disciplinarité, pluridisciplinarité, interdisciplinarité ou transdisciplinaiiLé) et j'ai réparti l'ensemble des énoncés, qui composent le discours, dans leurs catégories respectives. Pour chaque modalité c\c collaboration j'ai pris note des facleurs d'influence que les interviewés leur associaient, en faisant une distinction enlre les facteurs en faveur de la

modalité et ceux qui se présentaient comme un obstacle.

Cette répartition du discours m'a pe1mis, dans un deuxième temps, de faire une analyse structurale, soit une analyse qui cherche à mettre en évidence la structure argumentative du discours en dégageant l'articulation des arguments, !'orientations des positions, les options privilégiées et les dimensions retenues avec les facteurs d'influence qui les soutiennent. A partir de cette grille d'analyse j'ai construit, pour chacun, un tableau résumant le nombre d'indicateurs pour chaque modalité de collaboration ainsi que le nombre d'indicateurs des facteurs d'influence en faveur ( +) ou contœ (-) les différentes modes de collaboration. ( cf annexe ) Cette synthèse contribue à la mise en perspective de l'organisation du discours, notamment en ce qui concerne les facteurs qui favorisent ou non la collaboration, la modalité privilégiée, les prises de positions, les raisons et les finalités privilégiées.