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La Section des sciences de l'éducation 1

JUSTIFICATION DU REGROUPEMENT D ISCIPLINAIRE

SUJET

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- Argumentation principale Argumentation secondaire

Le second tableau répond directement à la première question de recherche:

qu'est-ce qui justifie le regroupement disciplinaire? La même centration sur la dimension épistémologique s'y retrouve. 8 personnes ont expliqué, principalement, la pluralité des sciences de l'éducation par la complexité de l'ob,iet d'étude.

"Il n'y a pas de sens au singulier de l'éducation; de par sa complexité, l'éducation relève d'une pluralité de démarches. Chaque discipline en sciences humaines peut aborder un aspect de l' éducation. L'éducation de par sa complexité justifie une pluralité d'approches. En même temps aucune approche, à elle toute seule, ne rend compte de i' éducation. "

Pour deux personnes les sciences de l'éducation répondent aux demandes sociales diverses.

"Je ne connais pas de pensée programmatique de constitution d'une section des sciences de l' éducation qui s'appuie sur une réflexion épistémologique .... C'est un certain nombre de circonstances histori­

ques qui ont conduit à ce genre de chose avec, à lu fois, des effeis de reproduction institutionne1le et de l'histoire des institutions ... Avec l'identification du besoin d'aller solliciter d'autres disciplines, une espèce de pression sociale qui s' est exercée sur les sciences de l'éducation, où que ça soit, pour donner des réponses à des questions."

Pour deux autres personnes les sciences de l'éducation reflètent les choix d'institutions de se constituer dans une pluralité disciplinaire.

"Il y a une très grande part de décisions institutionnelles. Chacun arrange ses morceaux épistémologiques pour les rendre compatibles avec le tout ... Si je devais donner une primauté, sans que j'estime que ça soit La bonne façon de procéder, je pense qu'il y a une primauté de l'institutionnel sur le regroupement plutôt qu'une primauté épistémo­

logique."

Cependant, le choix d'expliciter le regroupement par un seul type d'argumentation est peu fréquent (4 personnes: sujets No 5, 6, 7, et 8). Les autres ont eu recours à un second choix argumentatif qui vient en quelque sorte compléter l'argumentation principale. Ainsi 3 personnes ont signalé que la motivation épistémologique au regroupement pouvait être soutenue par des demandes sociales, pour 1 personne la démarche épistémologique s'inscrit dans le prolongement d'une démarche historique, pour 3 personnes l'articulation se fait entre la nécessité épistémologique et l'orientation institutionnelle avec dans deux cas (sujets No 10 et 12) une primauté de l'épistémologique sur l'institutionnel et pour le dernier (sujet No 1 1) une domination de l'institutionnel sur l'épistémologique, et pour 1 personne la combinaison entre la dimension sociale et la dimension institutionnelle est déterminante.

Les indications sur les fondements du regroupement disciplinaire en sciences de l'éducation ne sont pas nécessairement données par la dimension ou la catégorie d'analyse où on relève le plus d'indicateurs. Par exemple, pour les sujets No 7, 8, 9 et 1 1 , qui tous les quatre ont centré leur discours sur la dimension épistémologique, les réponses qu'ils donnent au regroupement sont soit d'ordre social, soi t d'ordre institutionnel.

Tout le monde a accordé de l'importance à la dimension épistémologique;

cependant les thèmes abordés étaient très variés, certains récurrents et d'autres plus sporadiques. Les thèmes de prédilection sont le problème de la définition de l'éducation et de son objet et celui de la démarche scientifique en sciences de l'éducation. Parmi les thèmes moins traités on trouve la définition de la pédagogie, le problème des disciplines appliquées à l'éducation, les ingénieries ou techniques en éducation, les options épistémologiques et les relations avec les sciences sociales et humaines. La centration, si importante, sur la problématique de l'objet d'étude et de la démarche scientifique en éducation, correspond à deux préoccupations fortes, dont les réponses 11e sont pas aisées. D'une part, se pose la question de savoir si l'éducation est une science (ou des sciences) ou non. C'est tout le problème de l'appellation et du nom qu'il faut utiliser pour repérer son travail et pour être repéré dans son travail. Faut-il valoriser les "disciplines de" (histoire de l'éducation, sociologie de l'éducation, économie de l'éducation, etc ... ), considérant par-là que l'éducation est un champ d'étude qui peut être pris en charge par de nombreuses disciplines déjà constituées ou faut-il innover, se lancer dans un nouveau débat, et réfléchir au statut scientifique de l'éducation?

"Je me suis souvent posé la question, quelle est vraiment l'objet de l'éducation; et au fond je n'ai jamais répondu franchement à cette question."

"L'éducation ne peut pas être une science en soi. Donc c'est un domaine auquel on applique des sciences, en particulier, des sciences humaines et sociales."

D'autre part le problème de la démarche scientifique en éducation est fondamental; existe-t-il une démarche scientifique spécifique à l'éducation ou faut-il faire des emprunts méthodologiques et théoriques à d'autres disciplines pour résoudre les problèmes? Cette deuxième alternative soutiendrait l'idée que l'éducation est un lieu d'application pour plusieurs disciplines plutôt qu'une discipline autonome.

"Les sciences de l'éducation indiquent que l'éducation est un champ et non un objet scientifique. Ce champ est traversé par des sciences sociales pour la plupart .... On utilise les cadres de référence de ces sciences sociales pour illuminer ce champ, mais on ne pourra jamais clarifier et illuminer totalement ce champ parce qu'il est très particu­

lier. "

Malgré le fait que la majorité des sujets (8 sur 12) ont répondu à la question du regroupement disciplinaire en sciences de l'éducation par des arguments épistémologiques, il ne faut pas conclure hâtivement que l'hypothèse de départ qui associe la complexité de l'objet au regroupement disciplinaire est confirmée. Nous avons vu qu'il existe quatre manières, isolées ou combinées, de traiter de cette pluralité et les résultats des entretiens confirment la pertinence des catégories sélectionnées. L'argumen­

tation est soit épistémologique, soit sociale et il est difficile de trancher entre les deux pour expliquer le regroupement disciplinaire. Est-ce que ce sont des conditions sociales qui favorisent l'émergence d'un discours épistémologique propice au regroupement ou est-ce le discours épistémolo··

gique qui influence les conditions sociales qui, à leur tour, valorisent le regroupement? Pour ma parl je serais tentée de dire qu'un projet de regroupement disciplinaire est dicté à la fois par des nécessités sociales

et/ou institutionnelles et par des nécessités épistémologiques et que sa réalisation sera le résultat des négociations entre ces deux types de besoins.

La centration observée sur la dimension épistémologique est peut-être caractéristique d'un moment, d'un contexte historique, institutionnel et social. A d'autres moments, comme par exemple lors de la mise sur pied de la Section, on peut imaginer que les discours auraient porté plus sur les dimensions institutionnelles et sociales reflétant ainsi les préoccupations de ce moment-là. Si nous retenons cette hypothèse, selon laquelle le discours est influencé par le contexte, il faut alors se poser la question de savoir quelles peuvent être les conditions favorables à la proÙul;iiun d'un discüul's fortement axé sur l'épistémologie. Par exemple, est-ce que la stabilité institutionnelle, c'est-à-dire l'absence de précarité quant au statut de l'établissement, a un effet propre sur ce type de discours? D'autre part, si les négociations avec les institutions externes sont bonnes et que la pression exercée par les demandes sociales est moindre, l'émergence d'un discours épistémologique est peut-être facilitée. Par contre s'il y a risque de remaniement institutionnel ou incertitude quant aux financements des œcherches, la réflexion épistémologique peut sembler superflue et céder le pas à un débat plus socio-institutionnel. Celte piste de leciure conduii à penser que le discours épistémologique serait un indicateur d'une conjoncture haute et forte au sein d'une institution.

LE DISCOURS SUR LA COLLABORATION ENTRE