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4. Méthode

4.2. Matériel

4.2.1. Questionnaires d’anxiété

La LSAS est un questionnaire de 24 items, dont 11 items se rapportent à des situations d’interaction sociale (e.g., « Aller à une petite fête », « Téléphoner à quelqu’un qu’on connaît peu », « Etre le centre d’attention », etc.), et 13 items à des situations de performance (e.g.,

« Utiliser un téléphone en public », « Travailler sous le regard de quelqu’un », « Essayer de flirter avec quelqu’un », etc.). Pour chaque item, le sujet doit indiquer son niveau de peur ou d’anxiété, ensuite cotée sur une échelle de 0 à 3 (aucune = 0, légère = 1, modérée = 2, sévère = 3) ; de plus, il doit indiquer son évitement de la situation énoncée, ensuite coté sur une échelle de 0 à 3 (jamais = 0, à l’occasion = 1, souvent = 2, généralement = 3). On évalue donc un score d’anxiété et un score d’évitement pour chacune des deux dimensions d’interaction sociale et de performance. Un score total est calculé en additionnant ces quatre sous-scores. L’étude de validation de la version anglaise de cette échelle, de Heimberg et collaborateurs (1999), nous rapporte une bonne consistance interne avec des alphas de Cronbach suffisamment fiables (! > .80) pour les différents sous-scores. De même, ces auteurs nous rapportent des scores hautement corrélés entre les sous-échelles d’anxiété et d’évitement, concernant la dimension des interactions sociales et des performances (r > .90).

Les différents scores ne semblent pas mesurer des construits distincts (Heimberg et al., 1999), c’est pourquoi nous avons choisi de considérer uniquement le score total de la LSAS. L’étude de Yao et collaborateurs (1999) sur la version française de cette échelle nous rapporte une bonne validité empirique, permettant de bien distinguer les scores d’un groupe clinique, qui sont significativement supérieurs à ceux d’un groupe contrôle. Cette version possède, entre autre, une bonne validité concourante, puisque ses scores corrèlent avec d’autres mesures d’anxiété sociale, comme le sous-score de phobie sociale obtenu par le Fear Questionnaire de Marks et Mathews (1979, cités par Yao et al., 1999), ainsi que les cognitions négatives en situation sociale, mesurées par le Test d’Auto-évaluation des Pensées en Interaction Sociale de Glass et collaborateurs (1982, cités par Yao et al., 1999). De plus, la LSAS est sensible au changement et montre une diminution significative des scores dans une population d’individus phobiques sociaux ayant suivi un traitement cognitivo-comportemental (Yao et al., 1999).

La FNE est un questionnaire mesurant plus précisément la composante cognitive de l’anxiété sociale. Elle est composée de 30 items portant sur l’appréhension du jugement d’autrui ou l’attente d’une évaluation négative d’autrui, ainsi que la détresse engendrée par une telle évaluation (e.g., « J’ai souvent peur de paraître ridicule ou de me comporter d’une façon absurde », « J’ai peur que les autres me trouvent des défauts », « J’ai peur d’être désapprouvé(e) », etc.). Le participant doit répondre par « vrai » ou « faux » à chacun des items, qui reçoit alors un score de 1 point s’il indique une peur des évaluations négatives. Un score total est obtenu en additionnant les points aux 30 items. Les données de validation de la traduction française de la FNE, de Musa, Kostogianni et Lépine (2004), nous rapportent un

coefficient Kuder-Richardson 20 élevé (KR20 = .94) qui dénote d’une consistance interne satisfaisante. La version française de la FNE possède également une bonne validité empirique, permettant de distinguer les scores d’un groupe clinique de sujets anxieux sociaux qui sont significativement supérieurs aux scores d’un groupe contrôle, et une bonne validité convergente avec le trait d’anxiété, mesuré par l’Inventaire d’Anxiété Etat-Trait de Spielberger et collaborateurs (1983, cités par Musa et al., 2004), ainsi qu’avec la LSAS (r = .55, p < .001) (Musa et al., 2004). Dans notre échantillon de 103 participants, les scores à la LSAS corrèlent significativement avec les scores à la FNE (r = .47, p < .05). La moyenne des scores à la FNE est de 15.60 (SD = 5.86), et la moyenne des scores à la LSAS de 40.79 (SD = 17.69).

4.2.2. Stimuli

Les stimuli utilisés ont été repris de l’étude de Mumenthaler et Sander (in revision). Ils consistent en des visages émotionnels dynamiques en 3 dimensions, créés à l’aide du programme FACSGen (Roesch et al., 2010, cités par Mumenthaler & Sander, in revision).

Celui-ci permet de contrôler et de modifier les paramètres des muscles du visage selon un déroulement temporel précis. Il est ainsi possible de manipuler l’expression émotionnelle ainsi que la direction du regard de chaque visage de synthèse de manière fine et dynamique.

Ces stimuli ont l’avantage d’avoir été validés selon trois dimensions : genre, crédibilité et émotion intrinsèque (Roesch et al., 2010, cités par Mumenthaler & Sander, in revision), ce qui nous a permis de ne choisir que les avatars dont le genre était le mieux défini, qui avaient été évalués comme les plus crédibles, et qui ne présentaient pas d’émotions lorsqu’ils étaient montrés avec une expression neutre (Mumenthaler & Sander, in revision).

Pour la présente étude, nous avons sélectionné 32 avatars de genre masculin, pouvant présenter 3 expressions faciales – neutre, colère, peur – avec un regard direct, ou dévié vers la gauche ou la droite selon un angle fixé à 18° pour les deux côtés (Mumenthaler & Sander, in revision). Tout d’abord, une croix de fixation d’une durée de 300 ms apparaissait au centre de l’écran, suivie d’une séquence dans laquelle un visage central apparaissait à l’écran, accompagné d’un visage flashé en périphérie de l’écran. Des images statiques ont en fait été superposées les unes aux autres afin de créer une séquence dynamique représentant l’apparition d’une expression faciale sur le visage que les participants devaient évaluer. La durée totale de la séquence, composée de 21 frames de 10 ms chacune, était donc de 210 ms.

Durant cette séquence, le visage central apparaissait premièrement au centre de l’écran avec

une expression neutre et un regard direct. Ce visage, à l’aide d’images statiques superposées les unes aux autres, exprimait une expression de colère ou de peur, d’un état neutre à son apex. Vu d’une distance approximative de 60 cm, celui-ci avait une taille de 17.8° par 13.3°

d’angles visuels vertical et horizontal, respectivement. Après 50 ms, le visage en périphérie de l’écran était flashé, aléatoirement présenté à gauche ou à droite du visage central durant 30 ms, intervalle de temps généralement considéré comme le seuil de la conscience (Pessoa, 2005). Ce visage, que nous appellerons « visage contextuel », consiste également en une succession d’images statiques. Durant les 10 premières ms, ce visage avait un regard direct et une expression neutre. Lors des 10 ms suivantes, le même visage contextuel et statique était présenté, mais ayant subi un mouvement du regard en direction ou à l’opposé du visage central. Finalement, lors des 10 dernières ms, ce même visage contextuel et statique avec un regard dévié affichait une expression de colère, de peur, ou gardait une expression neutre. La superposition de ces images statiques nous a permis de créer une séquence dynamique également pour le visage contextuel. Afin de créer une condition de social appraisal, où ce visage contextuel regarde en direction du visage central, la taille du visage contextuel était plus petite que celle du visage central, dans le but de créer un effet de profondeur et d’accentuer cet effet (Mumenthaler & Sander, in revision). Dans une condition de non social appraisal, le visage contextuel était également de taille plus petite mais regardait à l’opposé du visage central. Le visage contextuel avait donc toujours une taille de 15.2° par 11.4°

d’angles visuels vertical et horizontal, respectivement. Puis, afin de bloquer la perception consciente de ce visage contextuel, il était immédiatement suivi par 6 masques statiques de 10 ms chacun, se superposant les uns aux autres, et d’une durée totale de 60 ms. Chaque masque a été créé à partir du visage contextuel précédent, en réassemblant de manière aléatoire d’infimes parties du visage contextuel, de sorte à ce que le masque garde la forme et les mêmes propriétés perceptives que le visage contextuel, sans qu’il représente encore les traits internes d’un visage ou une émotion (cf. Figure 1).

4.2.3. Equipement

L’expérience a été développée grâce au programme MatLab avec la « Psychophysics Toolbox extensions » (Brainard, 1997 ; Pelli, 1997 ; cités par Mumenthaler & Sander, in revision) et administrée par le « MatLab Component Runtime ». Nous avons fait passé l’expérience sur un MacBook Pro relié à un écran « Dell » avec un écran de 17’’, une

résolution de 1024 ! 768 et taux de rafraîchissement de l’image de 100 Hz, sur lequel les participants ont visualisé ces séquences et réalisé la tâche expérimentale.

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