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Social appraisal implicite: les évaluations des autres influencent-elles notre perception émotionnelle de manière implicite ?

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Master

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Social appraisal implicite: les évaluations des autres influencent-elles notre perception émotionnelle de manière implicite ?

MAENDLY, Vanessa

Abstract

La perception émotionnelle est sous l'influence des informations contextuelles et du social appraisal, opérationnalisé par la présence d'un visage contextuel évaluatif. Cette recherche a eu pour but d'investiguer l'influence implicite du social appraisal sur la reconnaissance d'expressions émotionnelles. Les participants, classés en deux groupes selon leur niveau d'anxiété sociale, ont évaluer des expressions dynamiques de peur ou de colère, accompagnées de visages contextuels masqués de peur, de colère, ou neutres. Bien que les deux groupes reconnaissent différentiellement une expression de peur en condition de non social appraisal, les résultats ont montré qu'une condition de social appraisal permet d'améliorer la perception de l'expression faciale de peur lorsqu'elle est présentée avec un visage contextuel cohérent, c'est-à-dire exprimant de la colère, et ceci chez les participants les moins anxieux comme les plus anxieux. Ces résultats suggèrent que le social appraisal influence, à un niveau de traitement implicite, la reconnaissance d'expressions émotionnelles.

MAENDLY, Vanessa. Social appraisal implicite: les évaluations des autres

influencent-elles notre perception émotionnelle de manière implicite ?. Master : Univ.

Genève, 2011

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:17724

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SOCIAL APPRAISAL IMPLICITE :

Les évaluations des autres influencent-elles notre perception émotionnelle de manière implicite ?

MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE LOBTENTION DE LA MAÎTRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE

ORIENTATIONS

PSYCHOLOGIE AFFECTIVE

PSYCHOLOGIE CLINIQUE

PAR

Vanessa Maendly (maendly6@etu.unige.ch)

DIRECTEURS DU MÉMOIRE

David Sander

Christian Mumenthaler

JURY

David Sander

Christian Mumenthaler Susanne Kaiser

GENÈVE,JUIN 2011 UNIVERSITÉ DE GENÈVE

FACULTÉ DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION

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Résumé

La perception émotionnelle est sous l’influence des informations contextuelles et du social appraisal, opérationnalisé par la présence d’un visage contextuel évaluatif. Cette recherche a eu pour but d’investiguer l’influence implicite du social appraisal sur la reconnaissance d’expressions émotionnelles. Les participants, classés en deux groupes selon leur niveau d’anxiété sociale, ont dû évaluer des expressions dynamiques de peur ou de colère, accompagnées de visages contextuels masqués de peur, de colère, ou neutres. Bien que les deux groupes reconnaissent différentiellement une expression de peur en condition de non social appraisal, les résultats ont montré qu’une condition de social appraisal permet d’améliorer la perception de l’expression faciale de peur lorsqu’elle est présentée avec un visage contextuel cohérent, c’est-à-dire exprimant de la colère, et ceci chez les participants les moins anxieux comme les plus anxieux. Ces résultats suggèrent que le social appraisal influence, à un niveau de traitement implicite, la reconnaissance d’expressions émotionnelles.

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Table des matières

1. Introduction ...1

2. Etat de la question ...4

2.1. L’influence du contexte sur la perception émotionnelle ...4

2.2. L’influence d’un contexte évaluatif sur les jugements affectifs...6

2.3. L’influence du social appraisal sur la perception émotionnelle...7

2.4. Etude du social appraisal à un niveau implicite ...9

3. Hypothèses ...13

4. Méthode...16

4.1. Population ... 16

4.2. Matériel ...16

4.2.1. Questionnaires d’anxiété ...16

4.2.2. Stimuli ...18

4.2.3. Equipement...19

4.3. Procédure ...20

4.4. Hypothèses opérationnelles...22

5. Résultats ...26

5.1. Reconnaissance générale des expressions cible ...26

5.2. Reconnaissance de l’expression de colère selon les informations contextuelles...28

5.3. Reconnaissance de l’expression de peur selon les informations contextuelles ...29

5.4. Tâche contrôle...32

6. Discussion...34

Bibliographie...41

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1. Introduction

Depuis de nombreuses années, plusieurs philosophes, théoriciens et autres grands psychologues se sont penchés sur le phénomène des émotions (voir Sander & Scherer, 2009).

Parmi diverses approches, les théories des évaluations cognitives postulent que ce sont les appraisals – ou évaluations d’une situation, basées sur certains critères – qui sont responsables de la production et de la différentiation des émotions. Ce serait donc différentes évaluations réalisées par un individu au sujet d’un événement, selon sa pertinence, ses implications, sa signification normative, ainsi que le propre potentiel de maîtrise de l’individu face à cet événement, qui produiraient différentes émotions (Scherer, 2001). Mais selon ces théories, les appraisals expliqueraient également les mécanismes de perception des émotions, notamment par un processus d’inférence. En effet, divers traits et indices faciaux observés sur un visage seraient utilisés pour inférer quelles opérations mentales et quels processus d’appraisal sont effectués par un individu en question, et pour ainsi décoder quelle est son expression faciale et son émotion (Sander, Grandjean, Kaiser, Wehrle, & Scherer, 2007). Les théories des appraisals permettent donc de construire des modèles empiriquement testables des mécanismes de production et de perception des émotions.

Mais ces théories des évaluations cognitives considèrent généralement que les appraisals reflètent le sens d’un événement pour une personne et ses implications pour son bien-être personnel, et les recherches dans ce domaine ont eu tendance à étudier les appraisals au niveau de l’individu, comme s’il était isolé socialement, c’est-à-dire sans prendre en compte l’effet éventuel du contexte social et culturel sur les processus d’appraisals (Manstead

& Fischer, 2001). Certains auteurs ont donc commencé à étudier le rôle d’autrui dans les situations émotionnelles (Jakobs, Fischer, & Manstead, 1997), et ceci amena Manstead et Fischer (2001) à développer le concept de social appraisal, qu’ils définissent en ces termes : évaluation des comportements, pensées ou sentiments d’autrui en réponse à un événement émotionnel, en plus de l’évaluation de l’événement en soi. Il s’agit donc bien ici de l’évaluation qu’un individu réalise au sujet de la réaction émotionnelle d’autrui dans une situation émotionnelle donnée, en plus de l’évaluation qu’il réalise sur cette dernière (Manstead & Fischer, 2001). Nous pouvons donc considérer le social appraisal comme l’évaluation de la façon dont autrui évalue lui-même un événement émotionnel. Ces auteurs stipulent que nos propres appraisals seraient fortement influencés par les réactions émotionnelles des autres personnes dans la même situation, que ce soit de manière explicite ou implicite.

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Selon ces mêmes auteurs, le social appraisal serait capable d’influencer non seulement la manière dont les émotions sont ouvertement exprimées par un individu, mais également l’expérience émotionnelle en soi, telle qu’elle est vécue par cet individu. Le social appraisal a donc un effet sur différents aspects de la production des émotions, tant en ce qui concerne leur expression que leur ressenti. Il semble aussi intéressant de se demander ce qu’il en est du cas, non plus de la production, mais de la perception des émotions.

La perception émotionnelle, du moins en ce qui concerne la perception des expressions faciales, est un phénomène complexe sur lequel agissent de nombreux facteurs.

En effet, plusieurs études ont démontré que la reconnaissance d’expressions faciales émotionnelles est influencée par des traits de personnalité individuels (Fraley, Niedenthal, Marks, Brumbaugh, & Vicary, 2006), par certaines caractéristiques faciales du visage en question, comme la direction de son regard (Adams & Kleck, 2005 ; Sander et al., 2007), ainsi que par des facteurs contextuels, tels que le langage corporel (Meeren, Van Heijnsbergen & de Gelder, 2005), les informations contextuelles (Aviezer et al., 2008 ; Righart & de Gelder, 2008), ou d’autres émotions contextuelles (Fenske & Eastwood, 2003 ; Masuda et al., 2006) qui accompagnent l’expression à reconnaître.

Le contexte a donc un effet non négligeable sur nos propres perceptions et évaluations d’expressions faciales émotionnelles. Mais il convient de distinguer l’effet d’un simple contexte, tel que cité ci-dessus, de l’effet d’un contexte évaluatif – c’est-à-dire d’un contexte constitué d’un visage émotionnel qui réalise lui-même une évaluation sur un objet d’attention commune. C’est effectivement dans le cadre d’un contexte évaluatif que l’on peut parler de social appraisal et de l’influence des évaluations du visage contextuel sur nos propres évaluations, concernant un même événement émotionnel. Des recherches ont trouvé qu’un contexte évaluatif influence l’évaluation affective que l’on réalise sur certains objets (Bayliss, Frischen, Fenske, & Tipper, 2007), ainsi que les jugements d’attractivité d’une personne (Jones, DeBruine, Little, Burris, & Feinberg, 2007). Ces résultats confirment que les évaluations d’autrui dans un contexte donné affectent nos propres évaluations au sujet d’un objet d’attention conjointe.

Certaines études ont donc trouvé que le contexte et les informations qu’il contient influencent notre perception d’expressions émotionnelles, et d’autres recherches ont fourni les preuves qu’un contexte évaluatif a un impact sur nos propres évaluations et jugements de stimuli divers. A notre connaissance, seule l’étude de Mumenthaler et Sander (in revision) a réuni ces deux domaines d’investigation en s’intéressant à l’effet d’un contexte évaluatif spécifiquement sur la reconnaissance d’expressions faciales émotionnelles. Leurs résultats ont

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démontré qu’un visage contextuel évaluatif est effectivement pris en compte par les individus pour juger un visage émotionnel cible, et que ce qui a ainsi été défini comme le « social appraisal » a un impact sur la perception émotionnelle.

Nous savons désormais que les jugements d’expressions faciales sont influencés par les informations contextuelles, et notamment par la présence d’un contexte évaluatif, constitué d’un visage émotionnel qui regarde en direction d’une expression cible qu’il s’agit d’évaluer – on parle d’effet du social appraisal sur la perception émotionnelle. Il est maintenant nécessaire de se demander si cet effet est dû à une réflexion consciente de l’individu, qui interprèterait et donnerait du sens à ce qu’il voit dans son environnement de manière explicite, ou si un contexte évaluatif pourrait exercer un effet implicite sur la perception d’expressions émotionnelles, c’est-à-dire indépendamment de l’interprétation consciente et réfléchie de l’individu. Sachant que les stimuli pertinents sont traités en priorité par le système attentionnel (Brosch, Sander, & Scherer, 2007) et que de nombreux traitements émotionnels sont effectués à un niveau implicite (e.g., Murphy & Zajonc, 1993 ; Morris, Öhman, & Dolan, 1998 ; Whalen et al., 1998 ; Dimberg, Thunberg, & Elmehed, 2000 ; Nomura et al., 2004 ; Whalen et al., 2004 ; Eastwood & Smilek, 2005 ; Winkielman, Berridge, & Wilbarger, 2005 ; Li, Zinbarg, Boehm, & Paller, 2008), nous posons l’hypothèse qu’un contexte évaluatif peut influencer la perception émotionnelle, et ceci sans que les individus en soient conscients. En effet, nous pensons qu’un contexte évaluatif – à savoir un visage émotionnel qui réalise une évaluation sur un objet d’attention commune – est un élément pertinent qui devrait capter l’attention et être traité prioritairement par le système attentionnel, comme une grande partie des stimuli émotionnels. L’évaluation de ce contexte évaluatif – ou social appraisal – devrait ainsi influencer de façon implicite les jugements des individus en ce qui concerne une expression faciale donnée. Le but de cette étude est donc de répliquer les résultats de Mumenthaler et Sander (in revision), c’est-à-dire de trouver un effet du social appraisal sur le jugement d’expressions faciales émotionnelles cible, mais cette fois- ci en présentant un contexte évaluatif d’une durée très brève, qui ne permette pas un traitement élaboré et conscient de la part de l’individu.

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2. Etat de la question

2.1. L’influence du contexte sur la perception émotionnelle

Parmi les nombreuses recherches menées dans le cadre de la perception des expressions faciales émotionnelles, certaines d’entre elles se sont intéressées aux facteurs qui influencent notre reconnaissance des émotions. Parmi ces facteurs, on dénote des facteurs inhérents à l’individu, comme son style d’attachement (Fraley et al., 2006), des facteurs liés à l’expression faciale elle-même, comme l’orientation de son regard (Adams & Kleck, 2005 ; Sander et al., 2007), et également des facteurs contextuels. Il est en effet rare, dans la vie de tous les jours, qu’un visage émotionnel soit rencontré de manière isolée, hors de son contexte.

Il semble donc pertinent de considérer les informations contextuelles, qui s’avèrent moduler la reconnaissance des expressions faciales, tel que l’ont montré quelques études. Ainsi, l’idée de plusieurs chercheurs a été de présenter diverses expressions émotionnelles dans des contextes qui leur soient congruents ou non, afin d’observer un éventuel effet sur leur reconnaissance.

Meeren et collaborateurs (2005) ont étudié le contexte sous forme de langage corporel.

Ils ont montré à des participants des visages de peur et de colère, sur un corps adoptant lui- même une posture de peur ou de colère. Les résultats révèlent que lorsque le contexte est congruent avec l’expression faciale – c’est-à-dire lorsque l’expression corporelle correspond à l’émotion exprimée par le visage –, alors les expressions faciales émotionnelles sont mieux reconnues. En effet, les participants catégorisent plus rapidement et avec moins d’erreurs les expressions qu’ils voient dans une condition où le contexte est congruent, par rapport à une condition où le contexte est incongruent.

Aviezer et collaborateurs (2008), dans une recherche du même type, ont postulé que des configurations faciales identiques pouvaient être perçues différemment selon le contexte affectif dans lequel elles étaient présentées. Ces auteurs ont utilisé des images avec des visages de colère, de dégoût, de peur et de tristesse, présentés dans des contextes évoquant habituellement ces mêmes émotions ou non. Les différents contextes émotionnels ont pu être créés en manipulant le langage corporel, les gestes, ainsi que la manipulation de certains objets par le personnage représenté sur les images. Il s’est avéré que les participants font d’autant plus d’erreurs de catégorisation de l’expression faciale émotionnelle si celle-ci ressemble à l’émotion typiquement associée au contexte dans lequel l’expression est présentée. Par exemple, sachant que l’expression de dégoût a un degré de similarité élevé avec l’expression de colère, les résultats ont relevé qu’un visage de dégoût est plus souvent

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catégorisé comme un visage de colère lorsqu’il apparaît dans un contexte de colère (i.e., posture de colère, poing levé) Cette étude souligne donc bien l’importance des informations contextuelles dans le traitement d’expressions faciales – informations qui peuvent modifier, voire biaiser la perception émotionnelle en soi.

Righart et de Gelder (2008), quant à eux, ont étudié le contexte sous forme de scènes émotionnelles. Dans leur recherche, les participants ont dû catégoriser des expressions faciales de dégoût, de peur et de joie, qui étaient présentées sur un arrière-plan dont la signification émotionnelle était congruente ou incongruente avec l’émotion en question – par exemple, un visage de dégoût présenté sur un fond d’ordures ou de fleurs, respectivement. Un effet de facilitation a été mis en évidence lorsque les expressions faciales sont présentées avec des scènes congruentes, puisque les participants font non seulement moins d’erreurs de catégorisation de l’expression émotionnelle, mais qu’ils répondent également plus rapidement. On retrouve donc dans cette étude un effet de congruence du contexte qui favoriserait la reconnaissance des expressions faciales.

Mais le contexte peut également être lui-même constitué de visages émotionnels.

Fenske et Eastwood (2003) ont par exemple mené une recherche où ils ont opérationnalisé le contexte en tant qu’expressions faciales schématiques. La tâche des participants était de juger le plus rapidement possible de l’affect d’un visage schématique cible – positif ou négatif – entouré d’autres visages schématiques dont l’affect était compatible ou non avec l’expression cible. Les résultats ont révélé que les temps de catégorisation sont améliorés lorsque les visages émotionnels sont présentés avec un contexte congruent, c’est-à-dire lorsque le contexte est composé de visages émotionnellement compatibles avec l’expression à évaluer.

De plus, la tendance à considérer les émotions d’individus faisant partie du contexte pour juger d’une émotion cible semble être en lien avec la culture. Ainsi, Masuda et collaborateurs (2006) ont étudié l’impact des différences culturelles sur la perception d’expressions faciales. Ils ont présenté à des participants japonais et américains des personnages sous forme de cartoons, qui pouvaient afficher des expressions neutre, de joie, de colère ou de peur. La tâche consistait à évaluer l’intensité de l’émotion du personnage au centre de l’image, lequel était entouré d’autres personnages contextuels qui pouvaient afficher la même émotion ou une émotion différente. Les auteurs ont trouvé que l’émotion du personnage central était jugée comme plus intense lorsque les personnages contextuels exprimaient une émotion congruente, et ce d’autant plus chez les participants japonais, par rapport aux participants américains. Cela signifie que les participants japonais sont plus

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influencés par les informations contextuelles pour juger d’une expression émotionnelle que ne le sont les participants américains.

En somme, l’ensemble de ces résultats suggère qu’il est important d’étudier la perception des expressions émotionnelles en prenant en considération les informations contextuelles. De manière générale, on peut parler d’un effet de congruence du contexte, qui facilite la reconnaissance d’expressions faciales. Cela signifie que les individus jugent mieux ou de manière plus rapide une expression émotionnelle en question lorsque celle-ci est présentée avec un contexte congruent. De plus, cet effet est également observé lorsque le contexte lui-même est composé d’expressions faciales émotionnelles.

2.2. L’influence d’un contexte évaluatif sur les jugements affectifs

Plusieurs auteurs se sont intéressés spécifiquement à l’influence d’un contexte évaluatif, c’est-à-dire d’un contexte sous forme de visage qui réalise lui-même une évaluation affective sur un objet d’attention commune, objet que le participant doit juger. Bayliss et collaborateurs (2007) ont présenté à des sujets des images sur lesquelles des objets étaient regardés ou non – donc évalués ou non – par un visage contextuel, lequel pouvait exprimer de la joie ou du dégoût. La consigne donnée aux participants était d’indiquer à quel point ils appréciaient l’objet qui leur était montré. Selon les résultats de cette étude, les objets qui sont observés par un visage joyeux sont mieux évalués que les items regardés par un visage exprimant du dégoût, alors qu’il n’y a pas de différence pour les objets qui ne sont pas regardés. C’est donc uniquement dans le cas d’attention conjointe que l’émotion contextuelle détermine à quel point l’objet est aimé et contribue à évaluer la signification de cet objet.

(Bayliss et al., 2007). Il faut donc pour cela que le visage contextuel réalise une évaluation explicite, c’est-à-dire qu’il regarde en direction de l’objet qu’il s’agit de juger.

Une autre étude, celle de Jones et collaborateurs (2007), a étudié la transmission sociale des préférences chez les humains. Pour ce faire, les auteurs ont utilisé un contexte évaluatif. Ils ont tout d’abord montré à des participants des visages masculins dont il s’agissait d’évaluer l’attractivité. Puis durant une phase d’observation, les participants ont simplement dû regarder ces mêmes visages masculins accompagnés d’un contexte évaluatif, c’est-à-dire regardés par un visage contextuel féminin, lequel pouvait afficher une expression neutre ou une expression de joie. Ensuite, les participants ont à nouveau dû évaluer l’attractivité des visages masculins. Les résultats ont démontré une augmentation des préférences chez les femmes pour les visages masculins qui avaient été regardés par un visage

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féminin souriant, par rapport à ceux qui avaient été regardés par un visage féminin affichant une expression neutre. C’est l’inverse qui s’est produit pour les participants hommes, qui eux ont préféré les visages masculins qui étaient regardés par un visage féminin ayant une expression neutre. Cette recherche prouve donc que les jugements individuels sont sous l’influence de nombreux facteurs, tels que le genre des participants, et notamment le contexte social. Ici, le contexte évaluatif, constitué de visages féminins souriants ou neutres, a modifié les préférences et l’attractivité perçue de certains visages masculins.

Ces deux recherches illustrent le fait que pour pouvoir parler d’un contexte évaluatif, il faut non seulement qu’il y ait un visage contextuel, mais il faut aussi que ce visage regarde en direction d’un objet d’attention conjointe, qui soit la cible explicite d’évaluation de celui-ci – des objets dans l’étude de Bayliss et collaborateurs (2007), et des visages masculins dans celle de Jones et collaborateurs (2007). De tels contextes influencent les évaluations des individus, que cela concerne leurs appréciations de certains objets ou leurs jugements d’attractivité vis-à-vis de personnes.

Bien que cela ne soit pas cité explicitement, nous pouvons dire que ces deux recherches illustrent une méthode parmi d’autres permettant l’étude du social appraisal. En effet, les participants considèrent quelle est l’évaluation affective, les sentiments ou la réaction émotionnelle d’autrui dans leur contexte, qui est reflétée par la direction de son regard ainsi que par son expression faciale, et intègrent cette donnée dans leur propre évaluation. On peut donc parler d’un effet du social appraisal sur les évaluations affectives.

2.3. L’influence du social appraisal sur la perception émotionnelle

Jusqu’à peu, l’étude du social appraisal à proprement parler s’est surtout centrée sur son impact sur le ressenti émotionnel, à savoir sur la manière dont les réactions émotionnelles d’autrui influencent le propre vécu subjectif d’un individu (e.g., Jakobs et al., 1997). D’autres études ont mis l’accent sur l’effet du social appraisal sur l’expression émotionnelle, c’est-à- dire sur la façon dont l’individu exprime son émotion en fonction des réactions émotionnelles d’autres personnes dans une situation sociale (e.g., Evers, Fischer, Mosquera, & Manstead, 2005). Cependant, Mumenthaler et Sander (in revision) se sont intéressés au rôle du social appraisal sur la perception émotionnelle. Sachant que les informations contextuelles influencent la perception des expressions faciales émotionnelles et que le social appraisal, un cas particulier d’influence contextuelle, a un effet sur les jugements affectifs individuels, ils

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ont décidé de réunir ces deux domaines d’investigation en étudiant spécifiquement l’impact du social appraisal sur la perception d’expressions faciales émotionnelles.

Pour tester cet effet, ils ont présenté à des participants deux visages sur un écran, l’un au centre et l’autre en périphérie, pouvant afficher des expressions neutres, de colère, de joie et de peur. L’orientation du regard du visage en périphérie a été manipulée de sorte à créer une condition de social appraisal, dans laquelle ce visage regardait et donc évaluait le visage au centre de l’écran, ou une condition de non social appraisal, où le visage en périphérie de l’écran regardait à l’opposé du visage central. La tâche des participants consistait à évaluer, sur différentes échelles émotionnelles, l’intensité de l’émotion perçue sur le visage central.

Les résultats ont montré, de manière générale, un effet de congruence du contexte pour les émotions de colère et de joie, puisque celles-ci ont été mieux reconnues en présence d’un visage contextuel congruent, c’est-à-dire exprimant la même émotion que celle du visage cible. L’émotion de peur, par contre, a souvent été catégorisée comme de la surprise, même avec un visage contextuel congruent. En effet, ces deux expressions émotionnelles partagent un certain nombre de caractéristiques faciales similaires, et sont donc souvent confondues (e.g., Rapcsak et al., 2000). Il semblerait ainsi que la présence d’informations contextuelles congruentes ne suffise pas à désambiguïser l’expression faciale de peur (Mumenthaler &

Sander, in revision).

En plus de cet effet classique de congruence du contexte, les résultats de cette recherche ont pu mettre en évidence l’influence du social appraisal sur la perception d’expressions faciales émotionnelles. En effet, dans des conditions où le visage contextuel affiche non seulement une expression congruente, mais de plus regarde en direction du visage cible, ou l’évalue, alors les données indiquent que les expressions de peur, de colère et de joie sont mieux reconnues. Il est intéressant de noter qu’une condition de social appraisal permet donc d’améliorer la reconnaissance, entre autres, de l’expression de peur, qui est alors significativement moins confondue avec l’expression de surprise.

Finalement, Mumenthaler et Sander (in revision) ont pu souligner un cas particulier du social appraisal où il existe un lien de cohérence entre l’émotion contextuelle et l’émotion à évaluer. Contrairement à un lien de congruence, où à la fois le visage en périphérie et le visage au centre de l’écran expriment la même émotion, un lien de cohérence est caractérisé par une relation de causalité entre une émotion particulière et une autre. C’est le cas, par exemple, pour l’émotion de colère, qui peut souvent engendrer une réaction de peur chez autrui. Les résultats de l’étude ont d’ailleurs démontré qu’une expression faciale de peur est mieux reconnue lorsqu’elle est regardée par un visage contextuel de colère. Inversement, une

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expression faciale de colère est mieux reconnue lorsqu’elle est observée par un visage en périphérie de peur. On parle donc ici d’un effet de cohérence, qui n’existe que lorsqu’un visage émotionnel contextuel réalise une évaluation explicite sur un visage émotionnel cible – donc en condition de social appraisal –, ce qui rend alors ce lien particulier de causalité évident entre lesdites émotions (Mumenthaler & Sander, in revision).

Au final, cette étude a pu répliquer l’effet de congruence généralement trouvé dans les recherches sur la reconnaissance d’expressions faciales émotionnelles qui tiennent compte des informations contextuelles. De plus, celle-ci a pu confirmer l’hypothèse selon laquelle le social appraisal joue un rôle important sur la perception émotionnelle. Entre outre, le social appraisal permet une meilleure catégorisation d’expressions faciales présentées avec un contexte congruent, et permet également de créer un lien de cohérence entre des émotions différentes.

2.4. Etude du social appraisal à un niveau implicite

L’étude de Mumenthaler et Sander (in revision) a utilisé des visages dynamiques présentés durant plusieurs secondes et affichant des expressions émotionnelles selon un déroulement temporel précis ; d’abord les deux visages apparaissaient à l’écran, puis le mouvement du regard du visage contextuel se dirigeait en direction ou à l’opposé du visage cible, étant suivi par l’apparition de l’expression faciale sur le visage central, pour se terminer par la survenue de l’expression émotionnelle sur le visage en périphérie. On peut donc se demander si l’effet du social appraisal serait dû à une réflexion consciente de l’individu, qui comprendrait la signification de l’expression centrale après en avoir tiré une explication plausible selon l’émotion contextuelle, mais également selon le lien temporel et causal entre les deux visages émotionnels. Dans ce cas, l’effet du social appraisal sur la perception émotionnelle serait dû à un traitement explicite réalisé par les participants.

Cependant, la littérature nous parle de nombreux traitements émotionnels qui sont effectués de manière implicite. En effet, plusieurs recherches ont pu démontrer que les individus sont sensibles aux informations émotionnelles, et notamment aux visages, sans pour autant qu’ils les perçoivent consciemment (pour une revue, voir Eastwood & Smilek, 2005).

La méthode la plus célèbre pour étudier la perception implicite est probablement celle du masquage, qui consiste à présenter un visage émotionnel cible suivi d’un masque – un stimulus visuel censé bloquer la perception consciente du visage cible. Mais il faut pour cela que l’intervalle de temps entre la présentation de la cible et celle du masque soit assez bref,

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afin que l’observateur n’ait pas conscience du stimulus cible (Milders, Sahraie, & Logan, 2008), qui devrait alors être traité uniquement à un niveau implicite. Des études de neuroimagerie ont d’ailleurs démontré une activation au niveau cérébral pour des visages émotionnels masqués, donc perçus non consciemment (Pessoa, 2005). Certains auteurs ont mis en évidence une réponse précoce de l’amygdale en réaction à des visages masqués de peur (Whalen et al., 1998), et ceci même pour des stimuli représentant uniquement un regard de peur (Whalen et al., 2004), ou encore en réponse à des visages masqués de colère (Morris et al., 1998 ; Nomura et al., 2004). Ces études démontrent qu’un traitement implicite a bien lieu, sans pour autant que les participants ne rapportent explicitement avoir vu les visages émotionnels.

Au-delà d’une activation cérébrale précoce, ces visages émotionnels masqués, bien qu’ils ne soient pas consciemment perçus, peuvent influencer le comportement des participants (Winkielman et al., 2005), ou leur communication émotionnelle, via une modification de leur propre configuration faciale, correspondant quelque peu à l’expression masquée leur ayant été présentée (Dimberg et al., 2000). Plus intéressant encore, de tels visages peuvent moduler les évaluations affectives des individus. Par exemple, Murphy et Zajonc (1993) ont prouvé que la présentation de visages émotionnels masqués influençait, selon la valence de ces derniers, les jugements affectifs de stimuli nouveaux auxquels ils avaient été associés. En effet, leurs résultats ont montré que les participants rapportent une augmentation de leurs préférences pour des symboles chinois lorsque ceux-ci ont été précédés de visages masqués de joie, ainsi qu’une diminution de leurs préférences pour des symboles qui ont été précédés de visages masqués de colère. Une étude plus récente, celle de Li et collaborateurs en 2008, a trouvé le même effet. Les auteurs ont présenté des expressions faciales de surprise à des participants, expressions dont la valence émotionnelle est plutôt ambiguë, et qu’il s’agissait justement d’évaluer. Il est ressorti des résultats que les participants ont évalué plus négativement ces expressions faciales de surprise si elles avaient été précédées de visages masqués exprimant de la peur, en comparaison à des visages masqués affichant une expression de joie, bien que les sujets ne rapportent aucune perception consciente des visages masqués.

Ces études démontrent donc que certains stimuli émotionnels, dont les expressions faciales, sont traités très rapidement et de manière automatique par le système attentionnel, et influencent ainsi les comportements et jugements subséquents des individus, sans pour autant qu’ils en aient conscience. Nous pouvons donc dire que les visages émotionnels sont traités même à un niveau implicite. Ce serait en fait tous les stimuli pertinents, peu importe leur

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valence propre, qui seraient traités prioritairement par le système attentionnel, et ceci indépendamment de la volonté ou de la conscience des individus (Brosch et al., 2007).

Comme de nombreuses recherches l’ont illustré, les informations contextuelles et les réactions émotionnelles d’autrui sont prises en compte lors des évaluations affectives des individus, et semblent donc être une source d’information pertinente, permettant probablement de mieux comprendre son environnement et de pouvoir réagir de manière adaptée à son contexte social. Nous pouvons donc postuler que le social appraisal est un élément pertinent spécifiquement pour le décodage d’une expression faciale émotionnelle, puisqu’il permet une lecture plus fine de celle-ci (voir Mumenthaler & Sander, in revision), et qu’un contexte évaluatif devrait ainsi capter l’attention et être traité à un niveau automatique et rapide. Le but de cette étude est donc de pouvoir tester l’effet implicite du social appraisal sur la perception émotionnelle, en présentant un visage contextuel masqué et en observant son effet sur le jugement d’une expression faciale cible.

Il existe toutefois des différences interindividuelles importantes quant à la façon dont l’attention est allouée aux visages émotionnels. Par exemple, plusieurs recherches ont montré que chez une population de personnes anxieuses et phobiques sociales, on observe de manière générale un biais d’attention sélective vers les stimuli indiquant une source de menace ou de danger potentiel (Beck & Clark, 1997), comme des visages de peur ou de colère ; c’est-à-dire que des individus qui présentent un niveau élevé d’anxiété orientent leur attention spatiale et leur regard vers des indices de menace, plus que ne le font des individus présentant un faible niveau d’anxiété (e.g., Mogg, Philippot, & Bradley, 2004; Mogg, Garner, & Bradley, 2007) Or, chez les anxieux sociaux, ce biais est présent même pour des visages masqués (Mogg &

Bradley, 2002 ; Li et al., 2008). Cela signifie que ces stimuli, auxquels ils sont singulièrement sensibles du fait de leur anxiété, captent leur vigilance de manière particulièrement précoce et automatique, même s’ils sont traités implicitement. L’étude de Li et collaborateurs (2008) illustre ce biais, puisqu’elle a trouvé que des expressions faciales de surprise sont jugées plus négativement par les participants si elles ont été précédées par des visages masqués de peur, en comparaison à des visages masqués de joie, et ce essentiellement chez les participants les plus anxieux. Cela suggère que des visages émotionnels masqués modifient la valence des jugements d’expressions de surprise des participants, et que cet effet varie en fonction de leur niveau d’anxiété. Dans la présente étude, nous allons donc prendre en compte cette variable individuelle et nous attendre à ce que des visages contextuels masqués influencent implicitement la perception émotionnelle des individus en général, et ce d’autant plus chez

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des personnes anxieuses sociales, qu’il s’agisse d’expressions de peur ou de colère, auxquelles elles sont particulièrement sensibles.

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3. Hypothèses

La présente recherche a donc pour objectif d’étudier la perception émotionnelle sous l’influence implicite du social appraisal, afin de découvrir si les évaluations des autres, même si elles sont présentées en dehors du champ de la conscience, modifient notre propre jugement d’expressions émotionnelles. Il sera donc demandé à des participants d’évaluer des expressions faciales cible, alors qu’un visage émotionnel contextuel sera présenté, qui pourra être évaluatif ou non, de sorte à intégrer dans cette étude les connaissances et les attentes concernant l’influence des informations contextuelles et l’impact du social appraisal sur la reconnaissance d’expressions émotionnelles. Mais afin de pouvoir tester si le social appraisal a un effet sur la perception émotionnelle à un niveau implicite, il convient de flasher ces visages contextuels durant une période extrêmement brève et de les masquer, afin qu’ils ne permettent pas un traitement explicite de la part des participants. De plus, l’anxiété sociale de ces derniers sera prise en compte, une variable individuelle modulant la sensibilité à certaines expressions menaçantes, et l’attention allouée à leur traitement. Pour cette étude, le focus sera mis exclusivement sur les expressions faciales de peur et de colère.

De manière générale, nous nous attendons à un effet implicite de congruence du contexte sur la perception émotionnelle. Selon les données de diverses recherches, nous savons qu’une expression faciale est mieux catégorisée lorsqu’elle est présentée avec des informations contextuelles congruentes (Fenske & Eastwood, 2003 ; Masuda et al., 2006 ; Aviezer et al., 2008 ; Righart & de Gelder, 2008 ; Mumenthaler & Sander, in revision).

D’autre part, il a été prouvé que les visages émotionnels ont une influence implicite sur les jugements évaluatifs des individus (Murphy & Zajonc, 1993 ; Li et al., 2008). Nous postulons donc un effet implicite de congruence du contexte pour l’émotion de colère, à savoir qu’une expression faciale cible de colère sera mieux reconnue en présence d’un visage contextuel congruent, c’est-à-dire exprimant la même émotion, même si ce dernier est présenté en dessous du seuil de la conscience. Conformément aux résultats de Mumenthaler et Sander (in revision), nous ne nous attendons pas à trouver cet effet pour une expression cible de peur, puisque des informations contextuelles congruentes, même explicites, ne suffisent pas à désambiguïser cette émotion, souvent catégorisée comme de la surprise (e.g., Rapcsak et al., 2000 ; Mumenthaler & Sander, in revision).

Du reste, lorsque le contexte est congruent, nous posons l’hypothèse d’un effet implicite supplémentaire du social appraisal sur la perception émotionnelle ; c’est-à-dire qu’une condition de social appraisal devrait améliorer d’autant plus la perception

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émotionnelle avec un contexte congruent. Pour qu’une telle condition soit réalisée, il faut que le visage contextuel regarde en direction du visage cible tout en exprimant une certaine émotion, de sorte à créer une réaction ou évaluation émotionnelle vis-à-vis de ce dernier. En effet, la littérature a démontré qu’un contexte évaluatif, c’est-à-dire un contexte qui réalise une évaluation explicite sur un objet quelconque, influence les jugements affectifs des individus (Bayliss et al., 2007 ; Jones et al., 2007), et notamment leur reconnaissance d’expressions faciales (Mumenthaler & Sander, in revision). On parle donc bien de social appraisal, puisque selon sa définition, les réactions émotionnelles ou appraisals d’autrui présent dans le contexte sont pris en compte par l’individu et intégrés dans ses propres processus d’évaluation d’une expression cible. Par ailleurs, puisque les visages émotionnels masqués ont un impact sur les évaluations affectives (Murphy & Zajonc, 1993 ; Li et al., 2008), nous postulons qu’un visage contextuel non seulement congruent, mais de plus évaluatif, bien qu’il soit présenté en dehors du champ de la conscience, améliorera la reconnaissance des expressions cible de colère et de peur. En effet, il semble que l’expression faciale de peur soit désambiguïsée en condition de social appraisal (Mumenthaler & Sander, in revision), et nous nous attendons à retrouver cet effet à un niveau implicite. Au final, cela revient à dire qu’un effet de congruence du contexte sera encore plus fort en condition de social appraisal, tant au niveau de la reconnaissance de l’expression de colère que de celle de peur. Nous parlerons donc d’un effet implicite du social appraisal sur la perception émotionnelle.

Par contre, lorsque le contexte n’est pas congruent (i.e., lorsque le visage contextuel exprime une autre émotion que celle du visage cible), nous pensons qu’une condition de social appraisal aura une influence implicite sur la perception émotionnelle, mais ceci uniquement s’il existe un lien de cohérence entre l’expression cible et l’expression contextuelle. En effet, ce n’est qu’en condition de social appraisal (i.e., lorsque le visage contextuel regarde en direction du visage cible et réalise une évaluation émotionnelle de celui-ci) que ce lien particulier peut être mis en évidence en créant une relation de causalité entre deux émotions différentes (Mumenthaler & Sander, in revision). C’est le cas pour une émotion de peur chez un individu qui peut, dans bien des cas, être causée par une émotion de colère chez quelqu’un d’autre. Nous nous attendons donc, en condition de social appraisal, à ce qu’une expression faciale cible de peur soit mieux reconnue lorsque le visage contextuel exprime de la colère. Inversement, nous pensons qu’une expression faciale cible de colère sera mieux catégorisée lorsque le visage contextuel affichera de la peur. Comme précédemment, et selon la littérature sur l’influence des visages émotionnels masqués sur les

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jugements affectifs (Murphy & Zajonc, 1993 ; Li et al., 2008), nous nous attendons à trouver cet effet lorsque le visage contextuel est flashé au-dessous du seuil de la conscience. Nous parlerons d’un cas particulier du social appraisal que nous appellerons un effet implicite de cohérence du contexte sur la perception émotionnelle.

Finalement, nous postulons un effet dû à l’anxiété sociale des individus. Sachant que la phobie sociale est une variable individuelle qui renforce la sensibilité aux stimuli menaçants (Beck & Clark, 1997 ; Mogg et al., 2004 ; Mogg et al., 2007), même si ceux-ci sont masqués (Mogg & Bradley, 2002), nous posons l’hypothèse que les expressions faciales émotionnelles cible seront mieux reconnues par les participants les plus anxieux, que le visage contextuel exprime de la peur ou de la colère. Cet effet dû à l’anxiété devrait donc renforcer chacun des trois effets postulés ci-dessus – effet implicite de congruence du contexte, effet implicite du social appraisal et effet implicite de cohérence du contexte sur la perception émotionnelle – pour les participants présentant un niveau relativement élevé d’anxiété sociale, en comparaison des participants les moins anxieux, puisque qu’ils sont particulièrement sensibles aux visages de colère et de peur, même si ceux-ci ne sont pas perçus consciemment.

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4. Méthode

4.1. Population

Cent trois participants ont été recrutés au sein d’un cours de psychologie de deuxième année de Bachelor à l’Université de Genève. Avant de débuter l’expérience, les participants ont rempli des questionnaires d’anxiété sociale, ceci afin de nous permettre de créer deux groupes de participants, en séparant les étudiants les plus anxieux des étudiants les moins anxieux. Les questionnaires utilisés étaient les versions françaises de la Liebowitz Social Anxiety Scale (LSAS ; Liebowitz, 1987, cité par Heimberg et al., 1999) et de la Fear of Negative Evaluation scale (FNE ; Watson & Friend, 1969).

Afin d’avoir une mesure plus robuste de l’anxiété sociale, nous avons donc décidé de croiser les résultats à ces deux questionnaires afin de ne sélectionner que les participants qui avaient un score au dessus de la moyenne à la fois à la LSAS et à la FNE, pour former le groupe « haute anxiété » (Groupe HA), ainsi que les participants qui avaient un score au- dessous de la moyenne à la fois à la LSAS et à la FNE, pour former le groupe « légère anxiété » (Groupe LA). Ainsi, les participants qui ont obtenu un score supérieur à la moyenne à l’un des questionnaires, mais inférieur à la moyenne dans l’autre questionnaire, n’ont pas été retenus pour cette étude.

Dans notre échantillon, 56 étudiants remplissant nos critères de sélection ont donc été invités à participer à l’étude, sur lesquels 46 personnes se sont présentées. Les données de 5 participants ont dû être exclues, du fait qu’ils n’appartenaient à aucun des deux groupes créés.

Sur ces 41 participants, le Groupe LA était formé de 23 étudiants et le Groupe HA de 18 étudiants. Afin de pouvoir réaliser des analyses statistiques sur des groupes comparables, nous avons exclu aléatoirement 5 participants du Groupe LA. L’échantillon final est donc composé de 36 étudiants, d’une moyenne d’âge de 21.69 ans (SD = 2.23). Le Groupe LA est constitué de 18 étudiants (12 femmes et 6 hommes), et le Groupe HA de 18 étudiants également (15 femmes et 3 hommes).

4.2. Matériel

4.2.1. Questionnaires d’anxiété

La LSAS est un questionnaire de 24 items, dont 11 items se rapportent à des situations d’interaction sociale (e.g., « Aller à une petite fête », « Téléphoner à quelqu’un qu’on connaît peu », « Etre le centre d’attention », etc.), et 13 items à des situations de performance (e.g.,

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« Utiliser un téléphone en public », « Travailler sous le regard de quelqu’un », « Essayer de flirter avec quelqu’un », etc.). Pour chaque item, le sujet doit indiquer son niveau de peur ou d’anxiété, ensuite cotée sur une échelle de 0 à 3 (aucune = 0, légère = 1, modérée = 2, sévère = 3) ; de plus, il doit indiquer son évitement de la situation énoncée, ensuite coté sur une échelle de 0 à 3 (jamais = 0, à l’occasion = 1, souvent = 2, généralement = 3). On évalue donc un score d’anxiété et un score d’évitement pour chacune des deux dimensions d’interaction sociale et de performance. Un score total est calculé en additionnant ces quatre sous-scores. L’étude de validation de la version anglaise de cette échelle, de Heimberg et collaborateurs (1999), nous rapporte une bonne consistance interne avec des alphas de Cronbach suffisamment fiables (! > .80) pour les différents sous-scores. De même, ces auteurs nous rapportent des scores hautement corrélés entre les sous-échelles d’anxiété et d’évitement, concernant la dimension des interactions sociales et des performances (r > .90).

Les différents scores ne semblent pas mesurer des construits distincts (Heimberg et al., 1999), c’est pourquoi nous avons choisi de considérer uniquement le score total de la LSAS. L’étude de Yao et collaborateurs (1999) sur la version française de cette échelle nous rapporte une bonne validité empirique, permettant de bien distinguer les scores d’un groupe clinique, qui sont significativement supérieurs à ceux d’un groupe contrôle. Cette version possède, entre autre, une bonne validité concourante, puisque ses scores corrèlent avec d’autres mesures d’anxiété sociale, comme le sous-score de phobie sociale obtenu par le Fear Questionnaire de Marks et Mathews (1979, cités par Yao et al., 1999), ainsi que les cognitions négatives en situation sociale, mesurées par le Test d’Auto-évaluation des Pensées en Interaction Sociale de Glass et collaborateurs (1982, cités par Yao et al., 1999). De plus, la LSAS est sensible au changement et montre une diminution significative des scores dans une population d’individus phobiques sociaux ayant suivi un traitement cognitivo-comportemental (Yao et al., 1999).

La FNE est un questionnaire mesurant plus précisément la composante cognitive de l’anxiété sociale. Elle est composée de 30 items portant sur l’appréhension du jugement d’autrui ou l’attente d’une évaluation négative d’autrui, ainsi que la détresse engendrée par une telle évaluation (e.g., « J’ai souvent peur de paraître ridicule ou de me comporter d’une façon absurde », « J’ai peur que les autres me trouvent des défauts », « J’ai peur d’être désapprouvé(e) », etc.). Le participant doit répondre par « vrai » ou « faux » à chacun des items, qui reçoit alors un score de 1 point s’il indique une peur des évaluations négatives. Un score total est obtenu en additionnant les points aux 30 items. Les données de validation de la traduction française de la FNE, de Musa, Kostogianni et Lépine (2004), nous rapportent un

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coefficient Kuder-Richardson 20 élevé (KR20 = .94) qui dénote d’une consistance interne satisfaisante. La version française de la FNE possède également une bonne validité empirique, permettant de distinguer les scores d’un groupe clinique de sujets anxieux sociaux qui sont significativement supérieurs aux scores d’un groupe contrôle, et une bonne validité convergente avec le trait d’anxiété, mesuré par l’Inventaire d’Anxiété Etat-Trait de Spielberger et collaborateurs (1983, cités par Musa et al., 2004), ainsi qu’avec la LSAS (r = .55, p < .001) (Musa et al., 2004). Dans notre échantillon de 103 participants, les scores à la LSAS corrèlent significativement avec les scores à la FNE (r = .47, p < .05). La moyenne des scores à la FNE est de 15.60 (SD = 5.86), et la moyenne des scores à la LSAS de 40.79 (SD = 17.69).

4.2.2. Stimuli

Les stimuli utilisés ont été repris de l’étude de Mumenthaler et Sander (in revision). Ils consistent en des visages émotionnels dynamiques en 3 dimensions, créés à l’aide du programme FACSGen (Roesch et al., 2010, cités par Mumenthaler & Sander, in revision).

Celui-ci permet de contrôler et de modifier les paramètres des muscles du visage selon un déroulement temporel précis. Il est ainsi possible de manipuler l’expression émotionnelle ainsi que la direction du regard de chaque visage de synthèse de manière fine et dynamique.

Ces stimuli ont l’avantage d’avoir été validés selon trois dimensions : genre, crédibilité et émotion intrinsèque (Roesch et al., 2010, cités par Mumenthaler & Sander, in revision), ce qui nous a permis de ne choisir que les avatars dont le genre était le mieux défini, qui avaient été évalués comme les plus crédibles, et qui ne présentaient pas d’émotions lorsqu’ils étaient montrés avec une expression neutre (Mumenthaler & Sander, in revision).

Pour la présente étude, nous avons sélectionné 32 avatars de genre masculin, pouvant présenter 3 expressions faciales – neutre, colère, peur – avec un regard direct, ou dévié vers la gauche ou la droite selon un angle fixé à 18° pour les deux côtés (Mumenthaler & Sander, in revision). Tout d’abord, une croix de fixation d’une durée de 300 ms apparaissait au centre de l’écran, suivie d’une séquence dans laquelle un visage central apparaissait à l’écran, accompagné d’un visage flashé en périphérie de l’écran. Des images statiques ont en fait été superposées les unes aux autres afin de créer une séquence dynamique représentant l’apparition d’une expression faciale sur le visage que les participants devaient évaluer. La durée totale de la séquence, composée de 21 frames de 10 ms chacune, était donc de 210 ms.

Durant cette séquence, le visage central apparaissait premièrement au centre de l’écran avec

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une expression neutre et un regard direct. Ce visage, à l’aide d’images statiques superposées les unes aux autres, exprimait une expression de colère ou de peur, d’un état neutre à son apex. Vu d’une distance approximative de 60 cm, celui-ci avait une taille de 17.8° par 13.3°

d’angles visuels vertical et horizontal, respectivement. Après 50 ms, le visage en périphérie de l’écran était flashé, aléatoirement présenté à gauche ou à droite du visage central durant 30 ms, intervalle de temps généralement considéré comme le seuil de la conscience (Pessoa, 2005). Ce visage, que nous appellerons « visage contextuel », consiste également en une succession d’images statiques. Durant les 10 premières ms, ce visage avait un regard direct et une expression neutre. Lors des 10 ms suivantes, le même visage contextuel et statique était présenté, mais ayant subi un mouvement du regard en direction ou à l’opposé du visage central. Finalement, lors des 10 dernières ms, ce même visage contextuel et statique avec un regard dévié affichait une expression de colère, de peur, ou gardait une expression neutre. La superposition de ces images statiques nous a permis de créer une séquence dynamique également pour le visage contextuel. Afin de créer une condition de social appraisal, où ce visage contextuel regarde en direction du visage central, la taille du visage contextuel était plus petite que celle du visage central, dans le but de créer un effet de profondeur et d’accentuer cet effet (Mumenthaler & Sander, in revision). Dans une condition de non social appraisal, le visage contextuel était également de taille plus petite mais regardait à l’opposé du visage central. Le visage contextuel avait donc toujours une taille de 15.2° par 11.4°

d’angles visuels vertical et horizontal, respectivement. Puis, afin de bloquer la perception consciente de ce visage contextuel, il était immédiatement suivi par 6 masques statiques de 10 ms chacun, se superposant les uns aux autres, et d’une durée totale de 60 ms. Chaque masque a été créé à partir du visage contextuel précédent, en réassemblant de manière aléatoire d’infimes parties du visage contextuel, de sorte à ce que le masque garde la forme et les mêmes propriétés perceptives que le visage contextuel, sans qu’il représente encore les traits internes d’un visage ou une émotion (cf. Figure 1).

4.2.3. Equipement

L’expérience a été développée grâce au programme MatLab avec la « Psychophysics Toolbox extensions » (Brainard, 1997 ; Pelli, 1997 ; cités par Mumenthaler & Sander, in revision) et administrée par le « MatLab Component Runtime ». Nous avons fait passé l’expérience sur un MacBook Pro relié à un écran « Dell » avec un écran de 17’’, une

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résolution de 1024 ! 768 et taux de rafraîchissement de l’image de 100 Hz, sur lequel les participants ont visualisé ces séquences et réalisé la tâche expérimentale.

4.3. Procédure

Nous avons commencé par demander à des participants de deuxième année, dans le cadre d’un cours de psychologie à l’Université de Genève, de remplir les échelles d’anxiété sociale – LSAS et FNE – de manière anonyme, en s’identifiant uniquement au moyen d’un code personnel. Puis les participants ont été sélectionnés selon ce code pour former les deux groupes d’anxiété – Groupes HA et LA. Lors de leur recrutement, nous leur avons présenté la liste de l’ensemble des codes des personnes qui étaient invitées à participer à l’étude, sans leur expliquer ce choix, et leur avons uniquement annoncé que le but de cette dernière était d’évaluer la reconnaissance d’expressions faciales émotionnelles dynamiques. Les participants ont été convoqués dans une salle de l’Université de Genève disposant d’un ordinateur afin d’effectuer la tâche. Dès leur arrivée, ils s’installaient devant l’ordinateur et il leur était tout d’abord demandé de remplir un formulaire de consentement, puis de nous transmettre quelques données démographiques. Suite à cela, la consigne leur était donnée d’abord oralement, puis par écrit sur l’ordinateur. Leur tâche consistait à évaluer l’expression faciale du visage qui apparaîtrait au centre de l’écran selon différentes échelles émotionnelles.

Les participants étaient informés du fait que s’ils ne donnaient aucune réponse sur l’une de ces échelles, cela signifierait que le visage au centre de l’écran n’exprimait pas du tout l’émotion en question. Ils étaient également avertis qu’il n’y avait pas de bonne ou de Figure 1. Exemples de stimuli utilisés. 1) Visage central avec un regard direct et une expression de peur ; 2) Visage contextuel avec un regard dévié et une expression de colère ; 3) Masque

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mauvaise réponse, et étaient invités à répondre de la manière la plus spontanée possible. Ils étaient finalement informés de la durée de l’étude (environ 30 minutes).

Après avoir pris connaissance des consignes, les participants commençaient par effectuer un entrainement de 5 essais qui leur permettait de se familiariser avec la tâche.

Ensuite, chaque participant passait par l’ensemble des 12 conditions expérimentales : 2 (Social Appraisal : social appraisal vs non social appraisal) ! 2 (Emotion cible : peur vs colère) ! 3 (Emotion contextuelle : peur vs colère vs neutre). Chacune de ces conditions comprenant 8 essais, les participants réalisaient alors un ensemble de 96 essais divisés en deux blocks de 48 essais chacun, séparés par une pause afin d’éviter des effets de fatigue.

Pour chaque essai, les participants visionnaient une courte séquence d’une durée de 210 ms, durant laquelle un visage apparaissait au centre de l’écran et exprimait graduellement une émotion de peur ou de colère. Pendant ce temps, un visage contextuel était flashé en périphérie de l’écran, regardant en direction du visage cible (condition de social appraisal) ou à l’opposé (condition de non social appraisal), et affichant une expression de colère, de peur ou une expression neutre. Ce visage contextuel était immédiatement masqué. Après chaque séquence, une fenêtre apparaissait à l’écran, demandant aux participants d’évaluer à quel point le visage apparu au centre de l’écran exprimait chacune des 5 émotions suivantes : peur, colère, tristesse, dégoût et surprise. Ces 5 échelles émotionnelles consistaient en des barres horizontales représentant un continuum allant de « très peu » à « beaucoup », sur lesquelles les participants pouvaient indiquer à quel point le visage perçu exprimait une émotion en question, sur les échelles de leur choix. L’ordre de présentation des échelles au cours de tous les essais était le même pour chaque participant, mais a été randomisé d’un participant à l’autre.

Suite à cela, les participants étaient encore sollicités afin d’effectuer une tâche contrôle, nous permettant de nous assurer qu’ils ne rapportent pas avoir perçu consciemment l’émotion sur le visage contextuel. Durant cette tâche contrôle, la consigne donnée aux participants était à nouveau d’évaluer l’émotion du visage au centre de l’écran, mais en utilisant des catégories d’émotions plutôt que des échelles émotionnelles. Comme précédemment, chaque participant passait par l’ensemble des 12 conditions expérimentales, chacune d’elles ne comprenant pour cette tâche-ci que 2 essais. Ainsi, les participants visualisaient 24 séquences semblables à celles de la tâche expérimentale. Après chaque essai, une fenêtre apparaissait à l’écran, sur laquelle il leur était d’abord demandé d’indiquer quelle était l’émotion du visage central, à l’aide des touches du clavier. Ils devaient appuyer sur la touche « a » pour « aucune émotion », « p » pour « peur », « t » pour « tristesse », « c » pour

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« colère », « s » pour « surprise » et « d » pour « dégoût ». Puis il leur était demandé s’ils avaient perçu un visage en périphérie de l’écran. Ils devaient appuyer sur la touche « o » du clavier pour indiquer que oui, et sur la touche « n » du clavier pour indiquer que non. Sur la même fenêtre, un énoncé leur demandait ensuite s’ils avaient perçu une émotion sur le visage en périphérie de l’écran, question à laquelle ils pouvaient répondre à l’aide des touches suivantes : « a » pour « aucune émotion », « p » pour « peur », « t » pour « tristesse », « c » pour « colère », « s » pour « surprise » et « d » pour « dégoût ». Tous les 4 essais, une fenêtre avec la consigne réapparaissait à l’écran, afin de leur rappeler que leur tâche consistait à évaluer le visage au centre de l’écran.

Un éventuel effet dû à l’identité des visages a été contrôlé en répartissant de manière aléatoire les avatars dans 2 groupes. Pour la tâche principale, 24 avatars ont été utilisés pour les visages cible et 8 avatars pour les visages contextuels, sur un total de 32 avatars. Pour la tâche contrôle, 6 avatars ont été utilisés pour représenter les visages cible et 2 avatars pour les visages contextuels, sur un total de 8 avatars. Dans les deux tâches, chacun des avatars devait exprimer chaque expression de son groupe – à savoir 3 émotions pour le groupe des visages contextuels et 2 émotions pour le groupe des visages cible – et être présenté dans une condition de social appraisal ainsi que de non social appraisal. De plus, les différentes combinaisons possibles de paires d’avatars présentées à l’écran ont été contrôlées de sorte à ce que chacune de ces paires apparaisse le même nombre de fois dans la tâche expérimentale ainsi que dans la tâche contrôle. De même, l’émotion des visages contextuels a été contrebalancée selon l’identité des visages cible de manière à ce que chaque avatar cible soit présenté avec un avatar contextuel exprimant chacune des trois expressions possibles (colère, peur ou neutre), et ceci à la fois dans une condition de social appraisal et dans une condition de non social appraisal.

4.4. Hypothèses opérationnelles

En ce qui concerne l’effet implicite de congruence du contexte sur la perception émotionnelle (Hypothèse 1), nous nous attendons donc à ce qu’un visage cible de colère obtienne des scores plus élevés sur l’échelle de colère lorsqu’il est présenté avec un visage contextuel exprimant de la colère plutôt qu’avec un visage contextuel neutre. Cet effet devrait

apparaître en condition de non social appraisal et en condition de social appraisal (cf. Tableau 1). De plus, dans de telles conditions, nous postulons que les scores du Groupe

HA seront plus élevés sur l’échelle de colère, en comparaison des scores du Groupe LA.

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A ceci s’ajoute un effet implicite du social appraisal sur perception émotionnelle (Hypothèse 2). En effet, une situation de social appraisal est censée améliorer la perception émotionnelle en situation de congruence. Lorsque l’émotion contextuelle est congruente avec l’émotion cible, nous posons l’hypothèse qu’un visage cible de colère obtiendra des scores plus élevés sur l’échelle correspondante en condition de social appraisal, par rapport à une condition de non social appraisal. De même, lorsque l’émotion contextuelle est congruente avec l’expression du visage central, nous postulons qu’un visage cible de peur obtiendra des scores plus élevés sur l’échelle émotionnelle de peur dans une condition de social appraisal, en comparaison à une condition de non social appraisal. Et puisque le social appraisal permet de désambiguïser l’émotion de peur (Mumenthaler & Sander, in revision) qui est souvent confondue avec celle de surprise (e.g., Rapcsak et al., 2000 ; Mumenthaler & Sander, in revision), nous nous attendons également à ce qu’un visage cible de peur, lorsqu’il est présenté avec un visage contextuel de peur, obtiennent des scores moins élevés sur l’échelle de surprise dans une condition de social appraisal, en comparaison à une condition de non social appraisal (cf. Tableau 2). De plus, nous posons l’hypothèse que dans des conditions de congruence contextuelle et de social appraisal, les participants du Groupe HA devraient juger une expression cible de colère à l’aide de score plus élevés sur l’échelle de colère, en comparaison des scores des participants du Groupe LA. Concernant l’expression centrale de peur, nous nous attendons à ce que les participants du Groupe HA la jugent à l’aide de score plus élevés sur l’échelle de peur, et moins élevés sur l’échelle de surprise, par rapport au Groupe LA.

Tableau 1

Hypothèse 1 : scores à différentes échelles émotionnelles selon les conditions, les émotions centrales et les émotions contextuelles.

H Condition Emotion centre

Emotion

contexte Echelle Condition Emotion centre

Emotion

contexte Echelle NSA Colère Colère Colère > NSA Colère Neutre Colère H1

SA Colère Colère Colère > SA Colère Neutre Colère Note. H = Hypothèse ; NSA = Non Social Appraisal ; SA = Social Appraisal

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