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Quelques marques de subjectivité

Pierre III et les quatre vertus cardinales

5. Quelques marques de subjectivité

Comme le laisse entendre le titre de notre troisième section- Je est un autre-, les deux Chroniques réunissent un certain nombre de figures de l’ego. Nous avons précédemment vu comment le moi narré devenait narrateur, nous avons analysé comment Pierre III nous présentait un Pierre III au carré et nous avons constaté à quel point il se souciait de la recherche de l’image. Il convient, à présent, de s’arrêter sur l’expression d’une autre voix des chroniqueurs : les marques de subjectivité.

Ces marques sont au nombre de trois- le don d’ubiquité, le non-dit et le désaccord- et sont autant de moyens auxquels les chroniqueurs font appel pour laisser entendre leurs voix et leurs avis. Elles constituent une nouvelle manifestation et une nouvelle démonstration de force, du moi dans les deux Chroniques.

Le don d’ubiquité

L’une des caractéristiques du récit des deux chroniqueurs- pour ne pas dire l’une de leurs qualités- réside dans leur capacité, leur don à toujours se trouver au bon endroit, au bon moment. En effet, ils se trouvent toujours là où le lecteur ne les attend pas, dans un souci de l’informer du mieux possible sur tout : le lecteur doit tout connaître et cela demande donc, de la part du chroniqueur, un effort particulier. En ce sens également, les deux auteurs méritent leur surnom de grand horloger puisqu’ils jouissent d’une qualité qui échappe aux Hommes (entendons par là tous les non-chroniqueurs) et qui va même jusqu’à relever du divin. Les chroniqueurs ont donc un œil sur tout et sont présents- dans l’action-constamment, même si leur présence effective au moment des faits évoqués est incertaine. Si l’on appliquait aux deux Chroniques la terminologie de Gérard Genette, l’on dirait que la narration est de type extradiégétique-homodiégétique, voire hétérodiégétique91 et omniscient92. En d’autres termes, le chroniqueur sait tout parce qu’il voit et entend tout. Cependant, soulignons-le d’emblée, ce don d’ubiquité n’est pas infaillible. Ainsi, la principale remarque qu’il faut formuler concerne la véracité des faits énoncés. De ce fait, comment est-il possible de rapporter un événement que le chroniqueur ne pouvait connaître ? Nous verrons plus loin des exemples illustrant notre propos et qui posent des limites aux qualités dont jouissent aussi bien Pero López de Ayala que Pierre III.

Maîtrise des sens et scission du je

Dans les deux œuvres, le don d’ubiquité revendiqué par leurs auteurs ne se manifeste pas sous la forme d’un instinct non maîtrisé. Bien au contraire,

91 GENETTE, Gérard (120.) : Figures III (Paris: Seuil, 1 972, 285 pages, pp. 255-259). Selon l’auteur, un récit extradiégétique- homodiégétique comporte un « narrateur au premier degré » (p.

255), ce qui est le cas de la Chronique de Pierre III. Pour sa part, le narrateur d’un récit de type extradiégétique- hétérodiégétique « raconte une histoire d’où il est absent » (Id.), ce qui est, en partie, exact pour l’œuvre d’Ayala puisque celui-ci, à de rares moments devient acteur de l’Histoire.

92 GENETTE, Gérard (121.) : Nouveau discours du récit (Paris: Seuil, 1983, 119 pages, pp. 48-52). Les deux narrateurs voient et savent tout.

préférant, afin de préserver le confort de lecture de leur public, amener ce dernier vers une connaissance non pas abrupte mais raisonnée des faits, les chroniqueurs font preuve, une fois encore, de rigueur. C’est ainsi que leur don est hiérarchisé : celui-ci est rendu possible par l’utilisation de deux sens, l’ouïe et la vue, le premier prenant, bien souvent, le dessus sur l’autre. Mais, surtout, ces deux sens crédibilisent le récit en lui donnant plus de poids. De cette manière, en ces temps où la mémoire- comme le rappelaient les chroniqueurs dans leurs prologues- et la voix étaient si importantes93, affirmer l’authenticité d’un événement en revendiquant le fait de l’avoir entendu conférait de l’autorité à la narration. De même pour la vue puisque le témoignage visuel ne pourrait susciter aucune contestation. Par conséquent, l’ouïe et la vue sont les sens les plus développés des deux chroniqueurs, peut-être même en généralisant quelque peu, de tous les chroniqueurs. Ceci signifie que le don d’ubiquité passe par le fait de bien entendre et de bien voir. Le parfait chroniqueur est donc l’homme qui sait se montrer discret, écoutant les autres et mémorisant leurs paroles ainsi que leurs gestes, et qui, par la suite, tel l’artiste, les dépeint et les reconstitue, tentant d’approcher, par leur travail, la perfection.

Parler de hiérarchisation au sein de ce don d’ubiquité, ce n’est pas seulement distinguer les deux principaux sens qui s’expriment, c’est aussi en mesurer les effets sur la narration. En effet, les chroniqueurs doivent considérer non plus un même je mais deux : le je narrateur et le je acteur. Dans le premier cas, il s’agit, pour le chroniqueur de retranscrire les propos qu’il a entendus, ce qui sous-tend

93 « La société européenne, jusque tard dans le XVIème siècle, apparaît obsédée par le souci de

« garder en perpétuelle mémoire » ce qui fonde sa communauté : d’où cet appétit d’entendre et de raconter, cette tendance à extraire, de n’importe quoi, des leçons de vie. Les diverses formes poétiques m’apparaissent comme l’émanation de ce besoin. Ainsi, la « matière de France », selon Jean Bodel, vers 1 200, a pour qualité propre d’être « vraie », et d’apparaître telle chaque jour : cette matière, c’est la poésie des chansons de geste, stylisant une « histoire orale », dans l’acception que l’on donne aujourd’hui à cette expression. », ZUMTHOR, Paul (145.) : « Les traditions poétiques », Jeux de mémoire- aspects de la mnémotechnie médiévale (124.) (Sous la direction de ZUMTHOR, Paul et de ROY, Bruno) (Montréal: Les presses de l’Université de Montréal, 1 985, pages 11-21, p. 11).

son absence au moment des faits. En revanche, dans le deuxième cas, le chroniqueur dévoile ce qu’il a effectivement entendu puisque, à l’inverse, il était présent au cours de ces événements. Le don d’ubiquité est donc l’occasion pour nous d’observer la scission qui se produit au sein même de la narration. La différence entre ces deux je est fondamentale car elle nous permet d’assister à ce curieux auto-fonctionnement des chroniqueurs, scindant leurs voix en deux.

Un paradoxe : le chroniqueur absent des faits racontés

Les manifestations du je narrateur, c'est-à-dire du chroniqueur absent lors des faits sont les moins fréquentes. En effet, les auteurs font rarement appel au passé, préférant plutôt faire référence à des événements plus récents. En ce qui concerne Pero López de Ayala, nous pouvons citer le chapitre XVIII de la deuxième année du règne de Pierre Ier. L’auteur revient sur les conséquences de la conquête de Tolède, en 1 085, par Alphonse VI de Castille :

« Deuedes saber que, por quanto auemos fecho mençion de la çibdat de Toledo, conuiene que digamos algunas cosas que acaesçieron en la su conquista, por que los de Toledo ouieron de auer algunas costunbres que han oy en dia. »94

Le chroniqueur ne pouvait être présent au moment des faits, c’est donc pourquoi il éprouve le besoin de justifier ses dires en renvoyant à une Chronique précédente :

« E commo quier que en las coronicas de Castilla que fablan de quando el rrey don Alfonso gano a Toledo, fallaredes commo paso la pleytesia que el rrey don Alfonso fizo con los moros vezinos de Toledo, quando la gano e la conquisto. E por quanto atañe a la materia presente, diremos dende algunas cosas, espeçialmente que lo dize en la coronica antigua, segund que se falla en otros libros antiguos que fablan dello e son abtenticos, e avn segund que finco por rremembranza de generaçion en generaçion fasta oy. »95

94 CRP (2.), Volume I, 1 351, chapitre XVIII, p. 57.

95 Id.

Ici, l’autorité est la Chronique, mais également la mémoire (remembranza de generacion en generacion). Chez Pierre III aussi, l’on constate la présence du même procédé. De fait, le roi écrit, pour justifier le refus de son oncle d’accéder au trône :

« Damunt havem dit que parlarem en quina manera venc la primogenitura a nostre pare, el rei N’Anfós, e puis com hac los regnes. E així és cert que el dit infant En Jacme, oncle nostre, qui era primogènit del dit senyor rei En Jacme, avi nostre, era forts en just ícia, e, estant primogènit, féu de grans justícies per tota la terra. E, segons que havem oït dir, lo dit infant don Jaime fo en Daroca e feïa aquí inquisicions contra algunes persones generoses, de les quals deïa hom que entenia a fer justícia. E lo rei En Jacme, qui llavors era en Catalunya, tramès-li cartes fort expresses, que ell en tot cas se partís d’aquells processes que entenia a fer, per la qual cosa ell fon molt torbat e hac-se’n a jaquir. E llavors dien alguns que volc renunciar al regne. »96

Pierre III révèle, comme il l’écrit lui-même, ce qu’il a entendu dire : E, segons que havem oït dir, lo dit infant don Jaime fo en Daroca e feïa aquí inquisicions contra algunes persones generoses, de les quals deïa hom que entenia a fer justícia. Lui non plus ne pouvait être présent à ce moment-là et il justifie son propos par son témoignage oral. En revanche, Pierre III va plus loin dans ses tentatives de justification, peut-être même paradoxalement puisque sa condition de roi lui confère tout de même un certain crédit qui se répercute jusque dans ses propos. En effet, lorsqu’il souhaite évoquer une prophétie faite à propos de Ferdinand IV, dans laquelle l’image du roi de Castille est noircie, il dit qu’il l’a entendue de la bouche de personnes dignes de foi : « segons que havem oït recontar a persones dignes de fe »97. Par conséquent, aussi bien Pierre III que Pero

96 CPC (1.), chapitre I, paragraphe 2, p. 1 007.

97 Ibid., chapitre VI, paragraphe 2, p. 1 124.

La prophétie est la suivante : « E açò fon per ordinació de Déu, car, segons que havem oït recontar a personnes dignes de fe, en Castella hac un rei apellat Ferrando, qui fo rei vituperós e mal nodrit e desastruc, e parlà moltes vegades reprenent e dient que, si ell fos, com Déus creà lo món, e en fos creegut, Déus no haguera creades ne fetes moltes coses que féu e creà e que n’haguera creades e fetes moltes que no n’havia fetes. E açò tenia en son enteniment e en parlava sovent ; per què nostre senyor Déu, veent la sua mala e folla opinió, tramès-li una veu en la nit, la qual dix aitals paraules : « Per tal com tu has represa la saviesa de Déu, d’açí a vint dies morràs, e en la quarta generació finarà ton regne ». E semblants paraules tramès Déus a dir en aquella mateixa nit e hora

López de Ayala cherchent l’approbation de leurs lecteurs en leur assurant qu’ils peuvent croire ce qu’ils lisent : l’un faisant appel aux Chroniques, l’autre à de sérieux propos. Le je narrateur s’exprime donc de façon similaire chez Pero López de Ayala et chez Pierre III. Ce sont bien là les seuls points communs puisque, concernant le je acteur, les deux auteurs se distinguent l’un de l’autre.

De l’emploi des verbes d’écoute

Rédiger une Chronique, écrire l’Histoire, nécessite, de la part de son auteur, une grande capacité d’écoute et de mémoire qui lui permettent de rassembler toutes les informations nécessaires afin de traiter au mieux l’événement.

Justement, puisque nous parlons d’écoute, il est intéressant de mesurer sa place dans les deux Chroniques.

Ce qui surprend, à la lecture de la Chronique castillane, c’est la quasi absence de verbes relatifs à l’audition ou de termes dérivés du verbe oír. La raison en est la suivante : le je acteur n’éprouve pas le besoin de dire qu’il a vraiment entendu les discours qu’il rapporte, ceux-ci étant introduits directement. Le verbe oír semble même être uniquement l’apanage des seuls personnages et lecteurs et, paradoxalement, non pas celui du chroniqueur, comme si celui-ci se refusait à livrer ses secrets. Ainsi, nous relevons : « E quando Iohan Ferrandez de Henestrosa ouo dicho estas palabras que auedes oydo al dicho maestre don Fadrique rrespondiole el maestre e dixole… »98 ou encore « E el maestre de Santiago quando esto oyo, ouo grand miedo… »99, ces exemples s’appliquant,

a un home sant de l’orde dels frares preïcadors qui era en lo monestir de Burgos, lo qual frare preïcador les denuncià al germà del dit rei de Castella, qui lladoncs era en Burgos. E, haüt acord entre ells, anaren al rei per dir-li ço que el dit frare havia oït de part de Déu, e en secret digueren-lo-hi. Lo qual rei los atorgà ésser ver que en aquella mateixa nit hac semblant veu de part de Déu.

E així com Déus lo havia manat e dit, lo dit rei finà sos dies, e en la quarta generació que es seguí finà lo seu regne. », Id.

98 CRP (2.), Volume I, 1 356, chapitre I, p. 229 C’est nous qui soulignons.

99 Id. C’est nous qui soulignons.

respectivement, aux lecteurs et aux personnages. D’ailleurs, dans une démarche remarquablement didactique, le je acteur dit et le lecteur écoute et apprend, de là, les apparitions relativement fréquentes de formules du type « segund adelante oyredes »100 ou encore « fecho lo que auedes oydo »101. A de rares occasions, le je acteur emploie à son compte le verbe oír : « Despues que el rrey don Pedro partio de Toro, segund auemos oido e se fue para Segouia, finco su chançelleria en Toro »102. L’on peut se demander alors si l’emploi de la première personne du pluriel n’est pas fait pour parler uniquement de Pero López de Ayala. De ce fait, le je acteur, par cette unique apparition du verbe oír, qui lui est attribuée, révèle son hypothétique présence au moment des faits.

Cependant, ces sources orales ne sont pas sans danger. D’une part, elles peuvent nuire à l’image du chroniqueur, tel que nous le comprenons, à la lecture de ce passage :

« Despues que el rrey tomo la villa de Palençuela e vio que don Tello su hermano non venia, fue a Tordesillas e fizo alli fazer vn torneo muy grande de çincuenta por çincuenta.

E segund dizian algunos de sus priuados despues, que aquel torneo mando el rrey fazer estonçe por que tenia fecha fabla que muriese ay don Fadrique maestre de Santiago, el qual estaua ay estonçe e entrara en aquel torneo ; pero non se pudo fazer, ca non quiso el rrey descobrir este secreto a los que entraron en el torneo que auian de fazer esta obra e por tanto çeso. »103

Ici, le chroniqueur a été acteur et a entendu les paroles prononcées par les favoris du roi, paroles qu’il retranscrit. Cependant, il est notable de constater que Pero López de Ayala préfère se protéger en affirmant : segund decian…. Dans ce cas-là, l’écoute devient périlleuse pour le je acteur.

100 Ibid., Volume I, 1 356, chapitre II, p. 233. C’est nous qui soulignons.

101 Ibid., Volume I, 1 356, chapitre III, p. 235. C’est nous qui soulignons.

102 Ibid., Volume I, 1 354, chapitre XXXIX, p. 197. L’on peut également citer : « El rrey don Pedro partio de la çibdat de Burgos despues que pasaron estas cosas que auemos oydas, e vinosse a Valladolid » (Ibid., Volume I, 1 351, chapitre XII, p. 48). C’est nous qui soulignons.

103 Ibid., Volume I, 1 356, chapitre IV, p. 237.

D’autre part, il est possible de critiquer le fondement même du don de Pero López de Ayala. Ainsi, à la différence de Pierre III, le chroniqueur castillan revient, par moments, sur des faits qu’il ne pouvait pas connaître. Par exemple, il écrit sur le Comte de Cardona et Bernal de Cabrera, amiral d’Aragon, tous deux hommes de Pierre III, en affirmant que ce qu’il évoque est la vérité :

« Enpero la verdat es esta, que ellos todo lo supieron e quisieronlo fazer mas non tenian pan para la compaña de las galeas, ca ellos cuydaron que la batalla seria luego e non tomaron pan mas de para quinze dias e era ya gastado. »104

De même, comment Pero López de Ayala pouvait-il connaître des choses secrètes, comme il se plaît à le répéter par moments ? L’on peut douter, non pas de l’événement, mais de l’assurance affichée par le chroniqueur qui, de toute évidence, ne pouvait en avoir de connaissance directe. Cependant, même si son assurance peut surprendre, l’on ne peut pas accuser Pero López de Ayala de malhonnêteté intellectuelle au moment d’informer le lecteur. En effet, l’on constate chez lui un rejet des sources non prouvées, des rumeurs. Dans ce sens, le passage suivant est particulièrement intéressant. Ayala y évoque l’attitude de Men Rodríguez, attitude contestée et contestable s’il en est puisque ce dernier se vit accusé de trahison vis-à-vis de Pierre Ier, mettant ainsi en cause sa loyauté et son honneur. Le chroniqueur présente les choses comme suit :

« E algunos dixieron despues que el Men Rodriguez dixera esto al mossen Beltran con arte e que fuera en conssejo por que el rrey don Pedro fuesse escarnesçido commo despues fue. E avn dizian que maguer que Men Rodriguez fue despues preso con el rrey don Pedro, quando el fue preso, que todo fue con arte e sabiduria del dicho Men Rodriguez por quanto despues dio el rrey don Enrrique al dicho Men Rodriguez en Gallizia dos lugares, que son Alariz e Milmanda en tenençia e a Oynbra por juro de heredad… » 105

Ainsi, dans un premier temps, Pero López de Ayala se réfère à des on dit qu’il remet, tout de suite en cause :

104 Ibid., Volume I, 1 359, chapitre XIX, p. 322.

105 Ibid., Volume II, 1 369, chapitre VIII, p. 288.

« (…) pero esto non paresçio despues asy, que Men Rodriguez era buen cauallero e non era de creer que el fiziesse tal cosa contra su señor, ca despues desto touo el sienpre la parte del rrey don Pedro e morio teniendo su partida del rrey don Pedro. » 106

Il y a donc dans l’écriture d’Ayala une certaine honnêteté puisqu’il refuse d’écrire ce qui n’est pas prouvé. C’est ce qui se retrouve lorsqu’il évoque l’attitude ambigüe de Martín López de Córdoba. Celui-ci tente de brouiller le roi et ses sujets les plus puissants de Cordoue107. Il se réfère à de supposés arrangements entre le prince de Galles et le roi de Castille. La conclusion en est la suivante :

« E los de Cordoua que esto oyeron, plogoles mucho del desabenimiento que entendieron que era entre el rrey e el prinçipe, e otrossi por saber la voluntad del maestre Martin Lopez ; enpero si esto era assy o non, non se sabe, saluo que algunos caualleros de Cordoua dixeron al rrey don Enrrique despues que Martin Lopez fablara con ellos, todo esto. »108

A travers ces deux exemples, l’on voit bien que le chroniqueur relate tout mais, lorsque cela s’avère nécessaire, n’hésite pas à prendre de la distance avec ce qu’il écrit. Il y a, chez lui, deux je acteurs : un premier qui correspond à sa présence effective au moment des faits et un deuxième qui a à voir avec sa présence effective aussi, non pas à l’événement, mais à sa divulgation, cette dernière source étant, comme nous venons de le voir, parfois remise en doute.

Deux types d’écoute : l’écoute passive et l’écoute active

106 Id.

107 « E Martin Lopez por poner escandalo entre el rrey e los de la çibdat de Cordoua, dixoles vn dia a algunos de los mayores que el prinçipe de Gales non se pagaua de las maneras del rrey e que

107 « E Martin Lopez por poner escandalo entre el rrey e los de la çibdat de Cordoua, dixoles vn dia a algunos de los mayores que el prinçipe de Gales non se pagaua de las maneras del rrey e que