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Pierre III et les quatre vertus cardinales

6. Le discours des narrateurs

Force est de constater que, même s’ils font place aux personnages de l’Histoire pour s’exprimer, les deux chroniqueurs accaparent la parole et monopolisent la voix dans leurs œuvres. Arrivé à ce point de l’étude, nous devons nous interroger sur les modes d’expression des narrateurs, c’est-à-dire sur la construction et l’exécution de leurs discours. C’est, pour nous, l’occasion de constater qu’une fois encore, rien n’est laissé au hasard, aussi bien dans la Chronique de Pierre III que dans celle de Pero López de Ayala.

L’organisation du discours dans la Chronique de Pierre III

Les discours offerts par les deux auteurs sont d’une remarquable organisation.

Effectivement, les chroniqueurs les composent, non pas au gré de leurs envies, mais selon un certain nombre de phases rigoureusement respectées. Comme nous allons le voir, l’on assiste à une véritable codification du discours, ce qui nous amène à considérer les deux auteurs comme de parfaits rhétoriciens.

Par définition, la rhétorique correspond à l’art de bien construire un discours150. Au Moyen Age, la construction du discours était asservie à un certain nombre de

« parties », selon le terme de Curtius, que le locuteur- orateur ou écrivain- se devait de respecter : l’inventio, la dispositio, l’elocucio, la memoria et l’actio151.

150 « La rhétorique, c’est au sens littéral l’art de bien construire un discours. Ce principe initial s’est développé au cours des temps jusqu’à devenir une science, un art, un idéal de vie, voire même un des piliers de la civilisation antique. », CURTIUS, Ernst Robert (42.) : La littérature européenne et le Moyen Age latin (Paris : P.U.F., 1 991, 960 pages, p. 123).

151 « En tant qu’art libéral, la rhétorique se divise en cinq parties : inventio, dispositio, elocutio, memoria et actio. », Ibid., p. 131.

« Le système commence par un classement : on décompose la rhétorique en quatre parties, lesquelles représentent les quatre phases par lesquelles passe celui qui compose un discours, ou par lesquelles il est censé passer. En fait, ces parties sont surtout les grands chapitres des traités de rhétorique.

Quelles sont ces parties ? Pour ne pas créer de confusion, nous leur garderons leur nom

De plus, avec Aristote, l’on distinguera trois types d’éloquence : l’éloquence délibérative ou genus deliberativum, l’éloquence judiciaire ou genus judiciale et, enfin, l’éloquence épidictique ou panégyrique- genus demonstrativum, celle-ci prenant, peu à peu, le pas sur les deux premières152. A présent, si nous portons à nouveau notre attention sur les parties du discours que nous avons distinguées, il apparaît que celles-ci, à leur tour, se divisent en sous-catégories. Ainsi, l’inventio, laquelle est la partie essentielle du discours153, se compose de cinq moments importants : l’exordium ou proemium, la narratio, l’argumentatio ou probatio, la

La deuxième est la disposition (taxis), c’est-à-dire la mise en ordre de ces arguments, d’où résultera l’organisation interne du discours, son plan.

La troisième est l’élocution (lexis), qui ne concerne pas la parole orale, mais la rédaction écrite du discours, son style. C’est ici que se placent les fameuses figures de style, auxquelles certains, dans les années soixante, réduisaient la rhétorique !

La quatrième est l’action (hypocrisis), c’est-à-dire la prononciation effective du discours, avec tout ce qu’il peut impliquer d’effets de voix, de mimiques et de gestique. A l’époque romaine, on ajoutera à l’action la mémoire. », REBOUL, Olivier (134.) : Introduction à la rhétorique : théorie et pratique (Paris : P.U.F., 1 994, 242 pages, pp. 55- 56).

152 « Les genres oratoires sont au nombre de trois ; car il n’y a que trois sortes d’auditeurs. Trois éléments constitutifs sont à distinguer pour tout discours : celui qui parle, le sujet sur lequel il parle, celui à qui il parle ; c’est à ce dernier, j’entends l’auditeur, que se rapporte la fin. Or, il faut nécessairement que l’auditeur soit ou spectateur ou juge, et que le juge prononce ou sur le passé ou sur l’avenir ; celui qui prononce sur l’avenir, c’est, par exemple, le membre de l’assemblée ; celui qui prononce sur le passé, le juge ; celui qui prononce sur le talent de l’orateur, le spectateur ; il y a donc nécessairement trois genres de discours en rhétorique : le délibératif, le judiciaire, l’épidictique. », ARISTOTE (258.) : Rhétorique (Paris : Gallimard, 1 998, 297 pages, 1 358 a b, p.

30).

153 « La partie essentielle est l’inventio. », CURTIUS, Ernst Robert (42.) : La littérature européenne…, op. cit., p 133.

refutatio et, enfin, la peroratio ou epilogus154. Le discours comprend aussi un certain nombre de topoi destinés à convaincre le lecteur ou l’auditeur.

Par ce bref rappel, nous sommes revenu sur les principales étapes de la rhétorique antique qu’un discours prononcé ou écrit au Moyen Age devait scrupuleusement observer. Or, l’on se rend compte, à la lecture de la Chronique de Pierre III, que l’organisation du discours fait strictement appel à cette tradition, comme nous allons, à l’instant, tenter de le démontrer.

Le thème de la modestie dans le prologue

Lors de notre première partie, nous nous sommes attaché aux thèmes abordés au cours de l’introduction de l’œuvre de Pierre III. Notre tâche consiste maintenant à en analyser la structure et à en dégager le fonctionnement interne.

Si nous nous référons à Cicéron155, nous pouvons mesurer à sa juste valeur l’importance de la captatio benevolentiae dans l’introduction du discours.

L’auteur doit, grâce à ce moyen, faire appel aux sentiments du lecteur, dans le but de le rendre benivolum, attentum, docilem, de sorte que le discours qui a été écrit soit mieux accueilli par celui-ci156. La lecture des textes de Cicéron nous apprend également que l’auteur devait adopter une attitude modeste et faite d’humilité157. Même si cela doit sembler quelque peu paradoxal, malgré la conscience qu’il a de sa toute-puissance tout au long de son œuvre, Pierre III, au cours de son

154 « (L’inventio) est elle-même fondée sur les cinq parties qui composent le discours juridique : 1°

Exordium ou proemium ; 2° Narratio, c’est-à-dire l’exposition des faits ; 3° Argumentatio ou probatio (preuve) ; 4° Refutatio (réfutation des allégations de l’adversaire) ; 5° Peroratio ou epilogus. Cette division fut également adaptée aux autres genres de discours. », Id.

155 De inventione, I, 16, 21 (in CICERON (262.), Opera Omnia, Milan : Guillaume le Signere, 1 498, non paginé).

156 « L’introduction avait pour but de rendre l’auditeur benivolum, attentum, docilem. Dans la péroraison, l’orateur faisait appel aux sentiments des auditeurs pour les mettre dans l’ambiance nécessaire. », CURTIUS, Ernst Robert (42.) : La littérature européenne…, op. cit., p. 133.

157 « Prece et obsecratione humili ac supplici utemur », De inventione, op. cit., I, 16, 22.

introduction, répond à ces critères définis par l’auteur latin. Cependant, sa condition de souverain l’en empêchant, ces traits de modestie ne sont pas exagérés : ici, point d’excuses au sujet d’une langue inculte ou grossière, point de remarques sur son éventuel manque de talent faisant de lui un piètre écrivain158 ; la modestie, chez Pierre III, s’exprime à travers sa soumission à Dieu.

Nous avons déjà eu l’occasion de commenter l’omniprésence de Dieu dans le prologue de la Chronique et nous n’y reviendrons pas. En revanche, nous assignerons une nouvelle fonction aux passages tout droit tirés de la Bible. Ainsi, dès les premiers mots de son œuvre, le roi paraît se soumettre à Dieu : « Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam »159. Or, nous savons que le topos de modestie pouvait se retrouver sous la forme d’une formule extraite de l’ Ancien Testament160. C’est donc à partir de cette sentence, ici tirée du Psaume CXV, que le roi peut commencer son œuvre et se montrer totalement soumis au Créateur. Nous remarquerons, d’ailleurs, une certaine constante chez les chroniqueurs catalans qui, presque tous, usent de ce topos de soumission à Dieu : Jacques Ier ainsi que Ramon Muntaner le font alors que seul Bernat Desclot s’y montre indifférent160bis.

158 « Tantôt l’auteur reconnaît son insuffisance générale, tantôt il avoue que sa langue est rude et inculte (rusticitas) », CURTIUS, Ernst Robert (42.) : La littérature européenne…, op. cit., p. 155.

159 CPC (1.), prologue, 1, p. 1 003.

160 « L’autorité de la Bible faisait que le topos antique était souvent combiné avec des formules venues de l’Ancien Testament, par lesquelles l’auteur se rabaissait lui-même. », CURTIUS, Ernst Robert (42.) : La littérature européenne…, op. cit., p. 156.

160bis La Chronique de Desclot commence par ces mots : « Ací comença lo llibre que En Bernat Desclot dictà e escriví dels grans feits e de les conquestes que feeren sobre sarraïns e sobre altres gents los nobles reis que hac en Aragó qui foren de l’alt llinyatge del comte de Barcelona.

Aquest comte de Barcelona havia una germana molt bella e de gran valor, e donà-la per muller a l’emperador de Castella ; de la qual dona hac dos fills, e la u hac nom don Sanxo, qui fo rei de Castella, e l’altre hac nom don Ferrando, qui fo rei de Leon.

A cap d’un temps morí la germana del comte de Barcelona, emperadrits de Castella, e l’emperador pres altra muller, una dona cosina germana de l’emperador d’Alemanya, e hac d’ella una filla qui hac nom dona Sanxa ; e donaren-la a muller al rei don Alfonso d’Aragó, qui fo fill del comte de Barcelona. E d’aquest rei don Alfonso fo fill lo rei En Pere d’Aragó, e el comte de Proença e En

C’est donc par ce procédé que Pierre III explique son accession au trône et justifie son pouvoir : seul Dieu est responsable de son destin. Il nous faut nous demander dans quelle mesure Pierre III respecte les règles du genre et, feignant d’adopter une attitude soumise au Seigneur, ne se sert pas, finalement, de ce topos pour, à l’inverse, faire l’éloge de sa personne, de son règne et de sa politique.

Nous savons que les Anciens usaient fréquemment du topos relatif à leur supposée et feinte faiblesse161. Or, c’est ce que fait Pierre III à un moment précis de son prologue : juste après l’exposition des principes qu’il fait siens et sur sa comparaison implicite avec certaines figures bibliques et juste avant ce que nous sommes tenté d’appeler sa déclaration d’intention sur les éléments fondateurs de son œuvre. Il s’agit donc d’un moment clé de ce prologue. Le souverain affirme alors :

« En les quals paraules són mostrades dues coses, ço és, molt evident cognició de humanal fragilitat, com diu : Non nobis, Domine, non nobis ; deguda exaltació a la Ferrando, qui era abat de Muntaragó, e tres filles. Del rei En Pere fo fill lo rei En Jacme, aquell qui conquès Mallorques e València ab tot lo regisme. E d’aquest rei En Jacme e madona la reina, qui fo filla del rei d’Hongria, eixí lo rei En Pere d’Aragó, qui fo lo segon Alexandri per cavalleria e per conquesta.

Ara leixarem a parlar de tots los reis qui foren après lo comte de Barcelona e parlarem en qual manera lo bon comte de Barcelona gasanyà lo regisme d’Aragó. », LRP (9.), prologue, p. 405.

Muntaner écrit : « En nom de Nostre Senyor ver Déus Jesucrist e de la sua beneita mare, madona Santa Maria, e de tots los seus beneits sants e santes, amén.

Per ço com deute és que cascun deja retre gràcies e mercès a Déu e a la sua beneita Mare, de la gràcia e mercè que li fa, e encara que no la deja tenir cel.lada, ans ho deu manifestar per ço que cascun per veritat que qui bé fa ne pensa ne tracta, Déus li en ret bon mèrit, e si fa lo contrari li vendrà, si doncs no se n’esmena enaixí que el mal, aitant con pusca, faça tornar en bé, con a Déu res no pot ésser amagat. », CRM (14.), prologue, p. 667.

Pour l’œuvre de Jacques Ier, nous renvoyons à la page 32 de notre travail.

161 « L’orateur fait remarquer sa faiblesse (exusatio propter infirmitatem), sa préparation insuffisante (si nos infirmos, imparatos… dixerimus, Quintilien, IV, 1, 8). », CURTIUS, Ernst Robert (42.) : La littérature européenne…, op. cit., p. 154.

supernal majestat, com diu : sed nomini tuo da gloriam. Deïm primerament que es mostra molt evident cognició de humanal fragilitat, com diu Non nobis, Domine, non nobis, com nós, dit rei En Pere d’Aragó, havem aquesta conixença clara e evident de nós e dels altres purs hòmens, que no som bastants, quant és de part nostra, a algun bé, per què dien les paraules Non nobis, Domine non nobis, ço és, no a nós per nostra pròpria prudència, no a nós per astúcia del nostre poble, no encara a nós per nostra subtilitat, no a nós per dictament dels nostres consellers, no així mateix a nós per nostra saviesa, no a nós per la multitud del poble a nós subjugat, no encara a nós tots del reial llinyatge, no a nós per diversitat de nacions a nós subjugades, no a nós de l’orde dels cavallers qui porten la Creu, no a nós per les companyies dels peons, no encara a nós del regne d’Aragó nadius, no a aquells qui d’altres regnes e terres són venguts en ajuda nostra, sia donada e atribuïda glòria, com tots no som sinó pols e terra, e som poble del Senyor qui ens ha creats e ovelles del seu peiximent, ut habetur, Psalmo LXXVIII. E per açò havem ésser per Ell guiats e endreçats, e, per tal, a Ell deu ésser donada la glòria e honor : per què lo tema sed nomini tuo da gloriam, on se monstra deguda exaltació a la supernal majestat, com al Creador és deguda la glòria e honor per tal com Ell sol és infinit en potència, per què algun no li pot contrastar ; sol per què tot bé ha d’Ell davallar, e sol immens en saviesa, per tal com Ell ha hom endreçar ; sol bo sens terminació, piadós e misericordiós sens mesura, perquè Ell ha de misèria, tribulació e afanys l’hom delliurar ; sol eternal, immortal e immutable, sens tot defalliment, per què Ell devem molt honrar. Per açò diu l’apòstol Prima ad Thim., I° cap.°: Regi seclorum immortali et invisibili, soli Deo, honor e gloria. »162

C’est ainsi que les propos tenus par le roi sont pour le moins ambigus.

Effectivement, si, d’une part, il parle de sa faiblesse par rapport à Dieu, exprimant, une nouvelle fois, sa soumission au Seigneur- En les quals paraules són mostrades dues coses, ço és, molt evident cognició de humanal fragilitat, com diu : Non nobis, Domine, non nobis ; deguda exaltació a la supernal majestat, com diu : sed nomini tuo da gloriam-, d’autre part, il se livre à un long panégyrique de sa personne : Deïm primerament que es mostra molt evident cognició de humanal fragilitat, com diu Non nobis, Domine, non nobis, com nós, dit rei En Pere d’Aragó, havem aquesta conixença clara e evident de nós e dels altres purs hòmens, que no som bastants, quant és de part nostra, a algun bé, per què dien les paraules Non nobis, Domine non nobis, ço és, no a nós per nostra pròpria prudència, no a nós per astúcia del nostre poble, no encara a nós per nostra subtilitat, no a nós per dictament dels nostres consellers, no així mateix a nós per nostra saviesa, no a nós per la multitud del poble a nós subjugat, no encara a nós tots del reial llinyatge, no a nós per diversitat de nacions a nós subjugades, no a nós de l’orde dels cavallers qui porten la Creu, no a nós per les companyies dels peons, no encara a nós del regne d’Aragó nadius, no a aquells

162 CPC (1.), prologue, paragraphe 5, p. 1 005.

qui d’altres regnes e terres són venguts en ajuda nostra, sia donada e atribuïda glòria, com tots no som sinó pols e terra, e som poble del Senyor qui ens ha creats e ovelles del seu peiximent, ut habetur, Psalmo LXXVIII . De cette manière, il vante ses propres qualités- la prudence et la sagesse notamment, et en cela, il s’affirme comme un roi rêvé- et il montre à quel point il est craint et respecté, en particulier lorsqu’il rédige quelques lignes au sujet des nombreux peuples qui subissent sa domination. De plus, il use d’un même procédé rhétorique qui consiste à répéter la même formule : no a nós…, no a nós per…. Par conséquent, le topos relatif à la faiblesse de l’auteur est bel et bien présent, mais il est détourné au point que l’on soupçonne Pierre III de ne pas y croire… Ce prologue se situe ainsi à mi-chemin entre tradition et ambiguité.

Le corps du discours : première configuration

Comme Pierre III faisait confiance à la réthorique antique concernant la conception de son prologue, il fera de même avec le reste de son œuvre. De ce fait, il respecte une organisation discursive divisée en cinq parties que nous avons déjà définies. Cependant, l’originalité du travail d’écriture de Pierre III réside dans la diversité de l’application de ce schéma. En effet, peut-être afin d’éviter le taedium du lecteur, l’auteur use de deux configurations différentes pour mieux exposer son propos et le rendre indiscutable et digne de foi.

La première configuration est la suivante : à la tête de chaque chapitre, le souverain condense, en quelques lignes, la matière qui sera traitée et en fournit d’emblée la conclusion.

La formulation introductive

Dans ce premier type de configuration, la formulation introductive est brève et laconique. Ainsi, l’auteur écrit : « En aquest terç capítol és declarat en qual manera… »163, « En aquest quart capítol és declarat en qual manera… »164, « En aquest capítol és contengut com nós, rei En Pere… »165, « En aquest sisè capítol és contengut e declarat lo fet de la guerra… »166. Ces formules introductives ne présentent pas de grand intérêt du fait de leur caractère à la fois bref et peu travaillé, mais elles servent à observer le calque que le roi utilise pour rédiger.

Narratio, argumentatio et refutatio

En revanche, à d’autres moments du discours, Pierre III fait preuve de plus d’inventivité et montre ses qualités d’orateur. Cela commence au moment de la narratio, de l’argumentatio et de la refutatio, c’est-à-dire au moment où, selon la tradition, l’auteur expose les faits, les prouve et triomphe de son adversaire.

De cette façon, à la suite de ces formules types d’introduction, un même schéma est appliqué. Ainsi, Pierre III écrit :

« … lo rei de Mallorques, qui era vassall e hom nostre lige, tractà e s’esforçà en denegar la senyoria alodial e la feeltat de què ens era tengut per lo regne de Mallorques e comdats e terres que tenia per nós en feu nostre.»167,

« … les nostres gents dels regnes d’Aragó e de València, ço és, barons e cavallers, e llocs dels òrdens, e ciutats e viles quaix per major partida, feren contre nós unions… »168,

« … fem consideració e avinença ab lo duc e comú de Venècia contra lo duc e comú de Gènova, e de tots los afers qui es seguiren après la dita confederació. E conté-s’hi primerament com l’estol nostre, de què fo capità lo noble En Ponç de Santa Pau, passà ensems ab l’estol de Venècia a les parts de Romania, e de la batalla que els dits dos estols hagueren ab l’estol de Gènova qui era en les mars del lloc de Pera, pres Costantinoble ; e com, en l’any après sigüent, lo noble En Bernat de Cabrera, capità del nostre estol, ab vint

163 Ibid., chapitre III, paragraphe 1, p. 1 037.

164 Ibid., chapitre IV, paragraphe 1, p. 1 090.

165 Ibid., chapitre V, paragraphe 1, p. 1 111.

166 Ibid., chapitre VI, paragraphe 1, p. 1 123.

167 Ibid., chapitre III, paragraphe 1, p. 1 037.

168 Ibid., chapitre IV, paragraphe 1, pp. 1 090- 1 091.

galees del venecià, se combaté ab l’estol de Gènova en les mars de l’Alguer, e aquell ab la gràcia de Déu vencé e desbaratà, e n’hac trenta-tres galees ab tota llur xurma ; e encara pres lo lloc de l’Alguer qui ens era rebel.le ; e com, après, lo dit lloc de l’Alguer e el jutge d’Arborea se rebel.laren contra nós ; e, durant la dita guerra, nós, per la dita rebel.lió, haguem personalment a passar en la illa de Sardenya, feent nostra execució contra lo dit jutge… »169,

« (…) la qual (guerra) lo rei de Castella iniquament e maliciosa s’esforçà de fer contra nós rei En Pere dessús dit e nostres sotsmeses. E aquella continuà nou anys, qui començaren en l’any de nostre senyor Déu mil e tres-cents cinquanta-sis, e feniren en

« (…) la qual (guerra) lo rei de Castella iniquament e maliciosa s’esforçà de fer contra nós rei En Pere dessús dit e nostres sotsmeses. E aquella continuà nou anys, qui començaren en l’any de nostre senyor Déu mil e tres-cents cinquanta-sis, e feniren en