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A propos de Dieu, Voltaire écrit : « L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger »109. Les deux chroniqueurs n’ont nullement l’intention de se hisser au niveau du Tout-Puissant.

Néanmoins, les deux auteurs sont, avant tout, créateurs et c’est bien dans ce sens qu’ils deviennent grands horlogers. Aussi bien Pierre III que Pero López de Ayala créent leurs propres micro-univers et les dirigent à leur guise avec dextérité. Ce trait est, peut-être, encore un peu plus accentué chez l’auteur catalan que chez le Castillan, le souverain considérant, pour des raisons évidentes et facilement compréhensibles, sa Chronique comme sa « chose ».

109 Pour une analyse complète des rapports entre Voltaire et la religion, voir ORIEUX, Jean (51.) : Voltaire (Paris : Flammarion, 1 999, 832 pages).

Les coulisses de Clio : l’écriture de l’Histoire comme jeu de marionnettes

Pour l’historien ou le simple amateur d’Histoire, lire une Chronique est un exercice fort enrichissant. C’est là, en effet, que sont rapportés les événements du règne écoulé et que sont révélés les secrets du Temps. Mais, cet exercice est encore plus intéressant lorsque, comme c’est le cas dans nos deux Chroniques de référence, un effort particulier est porté sur l’écriture et, plus particulièrement, sur la mise en scène de l’événement. C’est ainsi que les deux auteurs soignent avec beaucoup d’attention le traitement des faits, qu’ils soient majeurs ou mineurs.

L’on voit donc bien ici que l’Histoire, lorsqu’elle est mise en mots, change de statut pour devenir matière littéraire. Il se dégage des Chroniques écrites par Pierre III et Ayala, une surprenante esthétique du discours, provenant de leurs qualités d’orateur et d’homme de lettres. Dès lors, les deux œuvres deviennent des récits plaisants à lire.

La lecture des deux Chroniques nous permet, bien des siècles après, de connaître les secrets du pouvoir et de comprendre, pour mieux les lire, les mécanismes de l’Histoire. Cependant, afin de mieux faire entrer les lecteurs dans ce qu’il convient d’appeler l’antichambre de l’Histoire, les chroniqueurs doivent doter leurs écrits de mécanismes aptes à la décrypter. Il nous faut donc, nous lecteurs, analyser les dessous de l’Histoire, sa mise en scène et nous glisser en coulisses pour, après en avoir écarté le rideau et démaquillé ses interprètes, cerner son fonctionnement.

Distinction des personnages

Aussi bien dans la Chronique de Pierre III que dans celle de Pierre Ier, l’on a l’impression que le chroniqueur fonctionne comme une sorte de marionnettiste.

En effet, les auteurs, en un sens, jonglent avec leurs personnages et les

événements. En un mot, ils tirent leurs ficelles et les manipulent2. Le chroniqueur-grand horloger ordonne à sa guise son récit, faisant apparaître et/ou parler tel personnage à tel moment précis, en en changeant librement et en relatant l’événement à sa guise. Cette manipulation demande, de la part des chroniqueurs, une certaine dextérité et une organisation sans faille.

Avant de les faire entrer en action, les chroniqueurs doivent présenter à leurs lecteurs les personnages dont il est question. Cette présentation n’est pas la même pour tous et dépend, en réalité, de la qualité de la personne qui entre alors en scène. Nous allons, pour simplifier le propos, distinguer deux types de personnages : les personnages royaux, d’une part, et, d’autre part, les nobles.

Les personnages royaux

Chez les deux auteurs, l’entrée en scène des personnages royaux, qu’ils soient masculins ou féminins, se fait selon un rituel bien précis. Chez Pero López de Ayala, l’entrée en scène du personnage se fait en même temps que sa définition3 : l’auteur ne se contente pas de dire qu’il va parler de lui mais rajoute ses titres de noblesse. Ainsi, lorsqu’apparaissent, pour la première fois, Aphonse XI4 et son fils Pierre Ier, nous lisons :

« El muy alto principe e muy noble cauallero, rrey don Alfonso dezeno que assi ouo nonbre de los rreyes que rregnaron en Castilla e en Leon, fijo del rrey don Ferrando que

2 Lorsque nous parlons de manipulation, nous ne donnons pas à ce terme le sens de détournement volontaire et délibéré à des fins, par exemple, politiques de tel ou tel personnage du livre. En fait, nous gardons à l’esprit le geste du marionnettiste dans son théâtre.

3 Par définition, nous entendons les qualités principales dont jouit celui ou celle de qui l’on parle et qui trouve sa place dans la Chronique. Nous développerons ce point au cours de la troisième partie. Voir pp. 232- 241.

4 Cette apparition ne doit pas nous étonner outre mesure, Ayala réussissant ainsi à assurer la transition entre la Chronique de ce roi et celle qu’il est en train d’écrire, c’est-à-dire celle de son successeur.

gano a Gibraltar e Alcabdete, e nieto del rrey don Sancho que gano a Tarifa e bisnieto del rrey don Ferrando que gano a Seuilla e a Cordoua e la Frontera. »5

et :

« Luego que el rrey don Alfonso morio en el rreal de Gibraltar, segund dicho auemos, todos los señores e caualleros que estauan con el en el dicho rreal, e assy todos los de los rregnos de Castilla e de Leon despues que lo supieron, tomaron por su rrey e por su señor al infante don Pedro su fijo primero legitimo heredero, fijo de la rreyna doña Maria su muger, fija del rrey don Alfonso de Portogal. El qual infante don Pedro estaua quando el rrey don Alfonso su padre fino, en la çibdat de Seuilla. E era en hedat de quinze años e siete meses. E rregno a veinte e ocho dias de março del dia que su padre fino. E fue este rrey don Pedro el primero rrey que en Castiella assy ouo nonbre. »6

La présentation des deux souverains se fait suivant le même modèle : évocation du nom du roi et de sa généalogie. Cependant, la comparaison de ces deux premiers portraits suscite des interrogations de notre part. En effet, il existe un déséquilibre apparent entre les portraits d’Alphonse XI et de Pierre Ier. De cette manière, le premier est qualifié de muy alto principe e muy noble cauallero alors qu’aucune de ces qualités n’est attribuée dans ce premier portrait de Pierre Ier…

Peut-être ne devons-nous pas nous en étonner : le roi Alphonse XI étant décédé, Pero López de Ayala lui rédigerait une épitaphe sous la forme de cet hommage. A l’inverse, peut-être est-ce délibérément que l’auteur réalise ce double portrait quelque peu écorné dans le cas de Pierre Ier, connaissant, pour avoir vécu cette période, le bilan peu élogieux du règne du souverain. Nous remarquerons également que Ayala préfère parler du roi Pierre comme d’un enfant légitime d’Alphonse XI, écartant de la sorte les rumeurs qui coururent à propos de l’illégitimité du roi7.

5 CRP (2.), Volume I, 1 350, chapitre I, p. 1.

6 Ibid., Volume I, 1 350, chapitre II, p. 6.

7 Dans son prologue, Jerónimo Zurita écrit : « Y tambien sabemos, que no quiso decir lo que estuvo muy derramado por el vulgo, que parecia justificar aquella empresa del Infante Don Pedro de Portugal, y la que tomó muy de veras el mismo Conde Don Enrique, mayormente habiendo salido con ella para sí y sus sucesores, que era lo que se divulgó por infinitas gentes : que el Rey Don Pedro no fué hijo del Rey Don Alonso, antes fué trocado por recelo y temor del Rey, no teniendo hijo varon de la Reyna, y teniendo tantos de Doña Leonor de Guzman, como se halla

Cette configuration- nom du personnage royal suivi de ses qualifications ou définitions- est respecté tout au long de la Chronique que ce soit pour une femme ou pour un roi non chrétien. Dans le cas de la femme, celle-ci se définit, non pas par elle-même mais, comme si elle ne se suffisait pas, par un homme, que celui-ci soit son père, son mari, son fils ou son frère. Ainsi, lorsque Pero López de Ayala parle de Marie, la mère de Pierre Ier, il écrit : « de la rreyna doña Maria, su madre del dicho rrey. »8 De même, Eléonore de Guzmán, la mère d’Henri II, se définit par Alphonse XI de qui elle est la favorite9. Pour le cas du souverain infidèle, nous nous réfèrerons à l’évocation de Albulhacen « rrey de Fez e de Marruecos e de Tunez e de Tremeçen e de Sujulmeça. »10

Nous le voyons donc, l’entrée en scène et la présentation du personnage royal est un exercice, chez Pero López de Ayala, rigoureusement codifié, chacun se définissant soit par des qualités qu’on lui attribue, soit par des titres gagnés, soit par l’attachement à une personne.

Chez Pierre III, les choses sont différentes. Effectivement, contrairement au chroniqueur castillan, l’auteur définit le personnage royal- autre que

lui-même-escrito en la Historia que compuso ó mandó ordenar el Rey Don Pedro de Aragon, su enemigo: y no parece haberle dexado Don Pedro Lopez de escribir por el honor de la Reyna Doña María su madre, pues de su vida en diversos lugares señala que no fué la que debiera, y que por esta causa fué muerta en Portugal ; pero á lo que se puede juzgar, dexólo por no referir cosa que no era de calidad que se pudiese aprovechar della el Rey Don Enrique ; lo qual nunca se le opusiera por ningun adversario justificando su sucesion, aunque le llamasen tirano, como el Rey Don Enrique le llamaba. », Crónica del rey don Pedro (7.) (Madrid : Biblioteca de Autores Españoles, 1 875, pages 395- 614 , p. 396).

Le passage en question de la Chronique de Pierre III est le suivant : « E dix-se per alguns que aquest rei Pere no fo fill del dit rei N’Anfós, ans fo camjat, per dubte del pare, qui tenia contínuament una dona de Castella de nobles gents, la qual era apellada per tot son regne la Rica Dona, de la qual hac molts fills mascles », CPC (1.), chapitre VI, paragraphe 1, pp. 1 123-1 124.

8 CRP (2.), Volume I, 1 350, chapitre III, p. 8. C’est nous qui soulignons.

9 « …de quien el dicho rrey don Alfonso ouiera fijos », Id. Il semble évident que le sujet principal soit, ici, le roi alors que Eléonore n’est qu’un simple « repère ».

10 Ibid., Volume I, 1 350, chapitre I, p. 1.

non pas par ses titres mais par l’émission de son propre jugement. Ainsi, il écrit, à propos du roi de Majorque :

« En aquest terç capítol és declarat en qual manera lo rei de Mallorques, qui era vassall e hom nostre lige, tractà e s’esforçà en denegar la senyoria alodial e la feeltat de què ens era tengut per lo regne de Mallorques e comdats e terres que tenia per nós en feu nostre. »11

et de Pierre Ier de Castille :

« En aquest sisè capítol és contengut e declarat lo fet de la guerra, la qual lo rei de Castella iniquament e maliciosa s’esforçà de fer contra nós rei En Pere dessús dit e nostres sotsmeses. E aquella continuà nou anys, qui començaren en l’any de nostre senyor Déu mil e tres-cents cinquant-sis, e feniren en l’any de mil e tres-cents seixanta-cinc que cessà la dita guerra, per gran punició que Déus li tramés, així com aquell qui havia feta guerra injusta e contra tota raó, car nós en pau ferma érem ab lo rei N’Anfós, pare del dit rei qui era apellat Pere. »12

Ces deux exemples révèlent le système d’introduction, dans la Chronique, des personnages royaux : il s’agit, avant tout, de les présenter non pas pour ce qu’ils sont mais par rapport à ce qu’ils sont pour Pierre III, celui-ci fonctionnant alors comme point de repère essentiel. La figure du roi-écrivain est donc centralisatrice dans la mesure où elle canalise et organise les portraits royaux. Dès lors, si chez Ayala le personnage royal se définissait en fonction de ce qu’il était, de son essence, en revanche, chez Pierre III, le centre de gravité est déplacé. Plus que jamais, la distinction entre explication et justification prend corps ici : Ayala cherche à tout dire pour donner aux lecteurs les éléments qui lui permettront de comprendre les événements qui se succèderont jusqu’à la chute de Pierre Ier, tandis que Pierre III passe outre ces détails et préfère se concentrer sur ce qui lui semble essentiel, c’est-à-dire s’exprimer sur les torts de chacun et justifier, de la sorte, sa réponse.

Une fois connu cet état de fait, l’on ne s’étonnera pas de la présence de présentations peu avantageuses. Citons, par exemple, cette diatribe lancée à l’encontre de la belle-mère de Pierre III, d’origine castillane- Eléonore, sœur

11 CPC (1.), chapitre III, paragraphe 1, p. 1 037.

12 Ibid., chapitre VI, paragraphe 1, p. 1 123.

d’Alphonse XI- et des Castillans dans leur ensemble, par le père du souverain et reprise par celui-ci :

« -Senyor, esto no consentria el rei don Alfonso de Castella, hermano nuestro, que ell no los degollase todos./ E lo senyor rei respòs:/- Reina, reina, el nostre poble és franc, e no és així subjugat com és lo poble de Castella, car ells tenen a nós com a senyor, e nós a ells com a bons vassalls e companyons. »13

L’inimitié entre Pierre III et sa belle-mère étant notoire, nous ne nous étonnerons pas de la teneur du propos dans lequel le souverain se vante des relations qu’il entretient avec ses sujets : car ells tenen a nós com a senyor, e nós a ells com a bons vassalls e companyons.

Un premier cas particulier : Pierre III

Ce qui est, peut-être, le plus digne d’intérêt dans l’entrée en scène des personnages royaux, a lieu lorsque l’écrivain Pierre III décide de faire intervenir le personnage Pierre III. L’enjeu est, cette fois-ci, de taille puisque auteur et roi ne faisant qu’un, il s’agit, pour l’auteur, de se construire une image destinée à durer.

Comme Pero López de Ayala le faisait pour les souverains présents dans sa Chronique, Pierre III se définit par sa lignée. A ce titre, il est le seul à être caractérisé par son essence :

« Lo senyor rei N’Anfós, pare nostre, fon fill del rei En Jacme e de la reina dona Blanca, filla del rei Carles, avi e àvia nostre. Aquests rei e reina, avis nostres, hagueren en llur vida deu fills, ço és, cinc mascles e els altres cinc dones. »14

Puis, ayant abordé sa généalogie, venant son tour, il dit :

« Après nasquem nós, e nasquem lo primer digmenge de setembre, ço és, a cinc dies de setembre en l’any que hom comptava mil e tres-cents denou. E nasquem en Balaguer, e nengú, segons que après havem oït contar, no es pensava que visquéssem. E per ço lo dit

13 Ibid., chapitre I, paragraphe 48, p. 1 020.

14 Ibid., chapitre I, paragraphe 1, p. 1 006.

dia nos batejaren en la cambra en una conca ; e batejà’ns En Jai, capellà de nostra mare, e fon nostre padrí En Not de Montcada. »15

Ce passage est fort intéressant pour plusieurs raisons. La première, c’est que Pierre III s’auto-définit : il décline son identité et celle de ses parents, comme dans le premier exemple. La deuxième est que le roi-chroniqueur laisse entrevoir au lecteur que le fait qu’il survive était compromis- E nasquem en Balaguer, e nengú, segons que après havem oït contar, no es pensava que visquéssem-, ce qui est important à double titre : d’une part, le roi écrit, de cette manière, que Dieu ne l’a pas abandonné et qu’il était l’élu de Dieu pour monter sur le trône ; d’autre part, ce passage n’est pas sans rappeler, une fois encore, celui de la Chronique de Jacques Ier au cours duquel son auteur nous apprenait les circonstances merveilleuses16 de sa naissance17. Une nouvelle fois, nous voyons ici un point

15 Ibid., chapitre I, paragraphe 1, p. 1 007.

16 Il s’agit du terme qui revient le plus souvent. Voir, par exemple, DELPECH, François (151.) : Histoire et légende: essai sur la genèse d' un thème épique aragonais (la naissance merveilleuse de Jacques Ier) (Paris : Publications de la Sorbonne- Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1 993, 165 pages).

17 Nous lisons dans sa Chronique que sa naissance était inespérée et qu’il a échappé, dans son berceau, à un attentat : « Ara comptarem en qual manera nós fom engenrats, e en qual manera fo lo nostre naiximent. Primerament en qual manera fom engenrats nós. Nostre pare lo rei En Pere no volia veser nostra mare la reina, e esdevenc-se que una vegada lo rei nostre pare fo en Llates, e la reina nostra mare fo en Miravalls. E venc al rei un ric-hom, per nom Guillem d’Alcalà, e pregà’l tant que el féu venir a Miravalls, on era la reina nostra mare. E aquella nuit que abdós foren a Miravalls, volc Nostre Senyor que nós fóssem engenrats. E, quan la reina nostra mare se sentí prenys, entrà-se’n a Montpestller. E aquí volc Nostre Senyor que fos lo nostre naiximent en casa d’aquells de Tornamira, la vespra de nostra dona sancta Maria Candeler. E nostra mare, sempre que nós fom nats, envià’ns a sancta Maria, e portaren-nos en los braces, e deïen matines en l’església de nostra Dona : e tantost com nós meseren pel portal cantaren Te Deum laudamus. E no sabien los clergues que nós deguéssem entrar allí : mas, entram quan cantaven aquell càntic. E puis llevaren-nos a sent Fermí : e quan aquells qui ens portaven entraren per l’església de sent Fermí, cantaven Benedictus Dominus Deus Israel. E, quan nos tornaren a la casa de nostra mare, fo ella molt alegra d’aquestes pronòstigues que ens eren esdevengudes. E féu fer dotze candeles totes d’un pes e d’una granea, e féu-les encendre totes ensems, e a cada una mes sengles noms dels

commun avec Jacques Ier et avec son œuvre : Pierre III croit se savoir protégé par Dieu comme l’avait été précédemment son ancêtre. Le fait de retrouver ces circonstances entourant la naissance du roi cérémonieux est un autre élément permettant de relier les deux œuvres entre elles.

Les personnages nobles

La deuxième catégorie de personnages regroupe les membres de la noblesse.

Lorsque les chroniqueurs les font entrer en scène, ils se définissent, non par leur généalogie, ce qui est le privilège des rois, mais par leurs possessions… et, à travers ces possessions, le souverain, puisque celui-ci peut, à sa guise, faire et défaire la fortune des familles. Le roi est donc, dans les deux œuvres, le point de repère.

Les exemples sont nombreux ; nous n’en citerons que deux. Ayala explique comment Pierre Ier place ses hommes afin de préparer au mieux son conflit contre les maures :

« E el rrey don Pedro puso sus fronteros contra tierra de moros, de los quales enbio al infante don Ferrando su primo, marques de Tortosa, señor de Albarrezin, fijo del rrey don Alfonso de Aragon e de la rreyna doña Leonor, hermana del rrey don Alfonso de Castilla, su adelantado mayor de la frontera, a la villa de Eçija. »18

Pierre III fait de même lorsqu’il évoque son expédition contre le roi de Majorque :

apòstols, e promès a Nostre Senyor que aquella que pus duraria, que aquell nom hauríem nós. E durà més la de sent Jacme bé tres dits de través que les altres. E per açò e per la gràcia de Déu havem nós nom En Jacme. En així nós som venguts de part de la que fo nostra mare e del rei En

apòstols, e promès a Nostre Senyor que aquella que pus duraria, que aquell nom hauríem nós. E durà més la de sent Jacme bé tres dits de través que les altres. E per açò e per la gràcia de Déu havem nós nom En Jacme. En així nós som venguts de part de la que fo nostra mare e del rei En