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Chapitre 1- État des connaissances et ses limites

3. Éléments ayant une incidence sur la réinsertion sociale des hommes judiciarisés

3.7 Maisons de transition

Tout d'abord, une autre méthode mise en place pour faciliter la transition entre la vie en milieu carcéral et la vie à l'extérieur des murs de la prison sont les maisons de transition. Sommairement, elles offrent un cadre résidentiel et une transition dite planifiée en donnant la chance aux personnes judiciarisées d'entretenir des interactions avec la société. Également, elles permettent des contacts avec la famille proche et élargie et favorisent des rencontres avec des employeurs potentiels (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, 2013). Les résidents représentent des individus en processus de libération graduelle, qui sont en démarche d'intégration sociale ou de réintégration sociale. Ils peuvent avoir été référés par la Cour ou provenir du système correctionnel (Association des services de réhabilitation du Québec, 2016b). De plus,

les maisons de transition permettent aux individus de combler leurs besoins de base (hébergement, nourriture, etc.) ; ils peuvent alors poursuivre leurs démarches de réinsertion sociale, notamment la recherche d’emploi et le développement personnel. Elles offrent des programmes qui varient d’une ressource à l’autre : toxicomanie, délinquance sexuelle, gestion de la colère, etc. (Association des services de réhabilitation du Québec, 2016b, paragr. 2).

Il existe, au Québec et au Canada, trois différents types de maisons de transition. Le premier type de maisons de transition est le Centre résidentiel communautaire (CRC). Ces maisons de transition offrent des programmes pris en charge par des professionnels (travailleurs sociaux, criminologues, etc.) et sont gérées par des bénévoles siégeant sur un conseil d'administration (Association des services en réhabilitation du Québec, 2016b).

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Le deuxième type de maison de transition, le Centre d'hébergement communautaire (CHC), est géré différemment. En effet, ce sont des personnes possédant une expérience de vie significative, des para-professionnels, qui soutiennent fermement la solidarité humaine. Certains professionnels en intervention peuvent également être engagés (Association des services en réhabilitation du Québec, 2016b).

Le troisième type de maison de transition, le Centre correctionnel communautaire (CCC), est un centre géré par le Service correctionnel du Canada, ce qui signifie que seuls des individus provenant de prisons fédérales sont pris en charge (Gouvernement du Canada, 2014). Ces personnes peuvent avoir obtenu une permission de sortie avec escorte, une libération conditionnelle de jour, une libération conditionnelle totale, une libération d'office ou encore, une libération d'office avec résidence (Association des services en réhabilitation du Québec, 2016b). Malgré que ces établissements communautaires se retrouvent au sein de la collectivité, ils sont considérés comme ayant une sécurité minimale. D'autre part,

ils fournissent un environnement de vie très structuré et sécuritaire qui intègre les activités suivantes : surveillance en tout temps, surveillance exercée par des agents de libération conditionnelle sur place, couvre-feux et privilèges de sortie et procédures de signature à l’entrée et à la sortie (Gouvernement du Canada, 2014).

Finalement, certains d'entre eux offrent divers programmes spécifiques aidant à la réinsertion sociale, tels que de l'aide pour trouver un emploi et la possibilité d'effectuer du bénévolat (Gouvernement du Canada, 2014).

Les maisons de transition semblent, d'emblée, être une mesure intéressante, mais il est possible de constater, au sein de la littérature, certaines limites et critiques.

D'une part, selon une étude menée par le Service correctionnel du Canada (2015c) auprès d'hommes purgeant une peine d'emprisonnement à l'intérieur du pénitencier,

la plupart des détenus ne se pensaient pas capables de s'habituer à la liberté qu'ils auraient dans une maison de transition sans finir par en profiter. Ils ont soutenu qu'ils ne tarderaient pas à réintégrer la prison à cause d'un manquement aux règles ou d'une nouvelle infraction (paragr. 6).

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Plus spécifiquement, il n'a pas été abordé au sein de cette étude de quelle façon les anciens détenus finiraient par en profiter. Par contre, l'évocation d'un manquement aux règles ou d'une nouvelle infraction mène à penser que les maisons de transition apportent un nouveau sentiment de liberté aux détenus qui peut être difficile à gérer. Ainsi, ils pourraient adopter des comportements qui vont à l'encontre de leurs conditions de sortie, ce qui réfère au fait « d'en profiter ». Les propos ci-haut sont inquiétants et démontrent la crainte des détenus en ce qui concerne leur futur retour au sein de la communauté. La liberté, nouvellement acquise, apporte son lot d'anxiété pour ces hommes.

D'autre part, une enquête sur les Centres correctionnels communautaires (CCC) met en évidence plusieurs lacunes et défis entourant le transfert des prisonniers entre le pénitencier, les maisons de transition et la collectivité. De prime abord, les personnes judiciarisées consultées pour réaliser cette étude assurent ne pas avoir l'impression d'être prêtes lorsque le moment est venu de vivre un transfert vers un Centre correctionnel communautaire (CCC). En effet, il a été possible de constater qu'un « manque de services et de soutien prélibératoires plaçait de nombreux délinquants dans des situations de vulnérabilité potentielle » (Gouvernement du Canada, 2014, paragr. 22). Qui plus est, les hommes judiciarisés démontraient déjà certaines difficultés à répondre à leurs besoins dès leur arrivée à l'intérieur du CCC, notamment ceux n'ayant pas encore d'emploi ou ne pouvant exercer un travail rémunéré pour des raisons médicales. Finalement, les résultats de la présente enquête démontrent également que les besoins des hommes un peu plus vulnérables ne seraient pas toujours répondus. Par exemple, certains Centres communautaires correctionnels ne possèderaient pas de travailleurs sociaux présents sur place ou encore, d'infirmiers (Gouvernement du Canada, 2014).