CHAPITRE 5 : RESULTATS DE L’ANALYSE QUANTITATIVE
5.4.3. La maîtrise et l’utilisation des technologies et des outils
80% des enseignants qui ont déclaré avoir rencontré des problèmes techniques pour l’utilisation du CTN appartiennent à ce groupe (Valeur test : 4,24 ; probabilité : <
0,001). Tous considèrent que le CTN n’est pas facile à utiliser (Valeur test : 2,36 ; probabilité : 0,009) et tous disent également ne pas avoir accès facilement à l’ENT (Valeur test : 2,03 ; probabilité : 0,021).
5.4.4. La perception de l’ergonomie du CTN
Les enseignants de ce groupe ont un avis négatif sur l’ergonomie du CTN. Ainsi, pour ces sept enseignants, le CTN n’est pas utile pour le travail (Valeur test : 2,36;
probabilité : 0,002), 57, 14% d’entre eux considèrent que le CTN est une surcharge de travail (Valeur test : 3,47 ; probabilité : < 0,001) et 42,86% pensent que leurs élèves n’utilisent pas le CTN (valeur test : 2,41 ; probabilité : 0,008). De plus, 57,14% croient que les élèves et leurs parents n’ont pas tous accès au CTN (Valeur test : 3,47 ; probabilité : < 0,001).
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En résumé : Les enseignants qui ont abandonné l’usage du CTN sont des femmes, avec moins de 5 ans d’enseignement, qui ont rencontré des problèmes techniques liés à l’utilisation du CTN. De plus, elles ont une perception négative de l’utilité, l’utilisabilité et de l’acceptabilité de l’outil.
5.5. Les enseignants qui n’utilisent jamais le CTN (8 enseignants) 5.5.1. Les variables démographiques
L’analyse statistique développée révèle une tendance des enseignants d’EPS à déclarer n’avoir jamais utilisé le CTN (Valeur test : 1,62; probabilité : 0,053). Ils représentent en effet 28,57% des enseignants de ce groupe. Par ailleurs, il faut noter que les enseignants de plus de 60 ans ont également tendance à appartenir à ce groupe. (Valeur test : 3,23 ; probabilité : 0,001).
5.5.2. La maîtrise déclarée et l’utilisation des technologies et des outils
Nous observons que 42,86% des enseignants qui appartiennent à ce groupe n’utilisent pas l’ENT (Valeur test : 1,62 ; probabilité : 0,053)
En ce qui concerne la maîtrise des technologies « on line » nous avons observé que:
50% de ces enseignants déclarent ne jamais utiliser les réseaux sociaux.
(12,5% débutent et 37,50% ont déclaré en avoir une maîtrise moyenne) (Valeur test : 1,64 ; probabilité : 0 ,005)
28,57% de ces enseignants ont signalé être en train d’apprendre à utiliser le CTN et ont déclaré que de ne pas être formés pour utiliser le CTN est une des causes de sa non-utilisation (Valeur test : 2,05 ; probabilité : 0,020).
5.5.3. La perception de l’ergonomie du CTN
Ces enseignants ont un avis négatif sur l’ergonomie du CTN et de l’ENT. Ainsi, la totalité du groupe pense que le CTN n’est pas utile pour son travail (Valeur test : 2,86 ; probabilité : 0,002), ni facile à utiliser (Valeur test : 2,36 ; probabilité : 0,009).
De plus, 71,43% d’entre eux croient que ni les parents ni les élèves n’utilisent le CTN (Valeur test : 2,51 ; probabilité : 0,006). De plus, nous trouvons dans ce groupe 66,67% des enseignants qui se positionnent contre l’usage du CTN (Valeur test : 2,49 ; probabilité : 0,006). En ce qui concerne l’ENT, 85,71 % des enseignants de ce groupe pensent qu’il n’est pas utile pour leur travail (Valeur test : 1,81 ; probabilité : 0,035) et 42,86% qu’il constitue une perte de temps (Valeur test : 2,81 ; probabilité : 0,003).
Tous disent ne pas avoir accès facilement à l’ENT (Valeur test : 2,03 ; probabilité : 0,021).
Enfin, 40% des enseignants qui considèrent que le CTN n’a pas une utilité pédagogique se trouvent dans ce groupe (Valeur test : 2,05 ; probabilité : 0,020).
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En résumé : Nous trouvons dans ce groupe les enseignants qui, d’une manière générale, n’ont pas recours aux différentes technologies spécifiées dans l’enquête, et qui déclarent ne pas maîtriser leurs usages. La plupart de ces enseignants se positionne contre l’usage du CTN. De fait, il n’est pas étonnant d’observer qu’ils ont un avis négatif concernant l’ergonomie du CTN. L’âge et la discipline ont tendance à caractériser ce groupe. En effet, les membres de ce groupe ont tendance à appartenir à des disciplines non-scientifiques comme l’EPS et à avoir plus de 60 ans.
6. Synthèse
Notre échantillon de 141 enseignants est majoritairement constitué par des utilisateurs du CTN (80% ont déclaré l’utiliser très souvent ou souvent et 9%
rarement). Cela peut s’expliquer par le fait que notre enquête a été réalisée en ligne : les enseignants qui n’utilisent pas du tout internet n’ont pas pu avoir accès à l’enquête. Nous avons rencontré les non-utilisateurs lors d’entretiens individuels réalisés dans la deuxième partie empirique de notre recherche. Néanmoins, il faut souligner que même si l’échantillon des non-utilisateurs est petit, nous avons pu mettre en évidence certaines tendances qui ont facilité leur caractérisation.
Nous soulignons que la plupart des enseignants de notre échantillon utilisent le CTN depuis 1 an (28%), voire plus de 2 ans (48%). Cela peut s’expliquer par le fait que l’enquête a été adressée aux collèges qui ont déclaré avoir déployé le CTN durant l’année scolaire 2008-2009. Il faut souligner aussi que parmi les enseignants enquêtés nous avons trouvé des enseignants « pionniers » dans l’usage du CTN. Ainsi, 20 enseignants ont déclaré avoir commencé à utiliser l’outil au moins deux avant qu’il ne soit disponible dans leur établissement.
Nous avons observé que les variables qui ont une relation significative pour la formation des niches d’usages du CTN sont : la discipline, l’utilisation de l’ENT, le type d’utilisation que les enseignants font du CTN, ainsi que la perception de l’ergonomie du CTN. Pour les non-usagers (enseignants qui ont déclaré avoir abandonné ou n’ont jamais utilisé le CTN), dont le nombre est faible (moins de 10 enseignants) nous avons pu observer que les variables telles que la discipline, le genre, l’ancienneté d’enseignement, l’utilisation d’Internet, l’utilisation de l’ENT, la maîtrise des technologies, ainsi que la perception de l’ergonomie du CTN, ont une tendance à avoir une relation de dépendance avec le non-usage de l’outil.
Globalement, il est possible de noter un effet disciplinaire important : les enseignants des disciplines scientifiques semblent être ceux qui utilisent le plus régulièrement le CTN, tandis que les enseignants des disciplines artistiques et sportives ont tendance à ne l’utiliser qu’occasionnellement, voire jamais.
La fréquence d’utilisation de l’ENT est similaire à la fréquence d’utilisation du CTN.
Cette relation est explicable par le fait que le CTN fait partie de l’ENT. En ce qui
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concerne la maîtrise déclarée des technologies, comme on aurait pu s’y attendre, les enseignants qui n’ont jamais utilisé le CTN ont une tendance à déclarer qu’ils ne maîtrisent pas la plupart des technologies présentes dans l’étude y compris Internet.
En revanche, il est étonnant d’observer que ceux qui ont abandonné l’utilisation du CTN ont déclaré avoir une excellente maîtrise de presque toutes ces technologies.
Nous soulignons aussi que ces derniers ont évoqué comme raison de non-utilisation du CTN le fait d’avoir rencontré des problèmes techniques et le manque de formation.
Nous avons également observé que les utilisateurs occasionnels du CTN ont une tendance à déclarer une excellente ou très bonne maîtrise pour l’utilisation des réseaux sociaux. Tandis que pour les utilisateurs réguliers ou très réguliers du CTN nous n’avons pas trouvé de relations significatives avec la maîtrise déclarée des être importante pour caractériser les enseignants qui ont abandonné l’utilisation du CTN mais non les autres classes. Il est possible d’observer que ceux qui abandonnent réduit pas le temps de préparation de leurs cours.
Quant aux utilisateurs occasionnels et aux non-utilisateurs du CTN, l’outil est difficile à utiliser, il n’est pas utile, ni utilisé par les parents et leurs élèves. Selon eux, il constitue une surcharge de travail. Parmi ceux qui n’ont jamais utilisé le CTN certains enseignants se disent contre son usage.
En ce qui concerne le type d’usage du CTN, l’analyse statistique a mis au jour le fait que la plupart des enseignants se limitent à faire un usage plutôt gestionnaire et qui ne se différencie pas des usages qu’ils ont fait de la version papier de l’outil et des usages prescrits. Ainsi, la majorité des enseignants ont signalé consigner dans le CTN les mêmes informations qu’ils consignaient dans le CTP : les titres de la séance et les devoirs à faire par l’élève.
En observant les usages et les non-usages du CTN, dans chaque groupe, il apparait que les utilisateurs occasionnels n’écrivent jamais les devoirs à faire et que leur usage
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se limite à noter seulement les titres de la séance. Tandis que parmi les utilisateurs très réguliers et réguliers nous trouvons des enseignants qui font des usages plus diversifiés que le seul fait de consigner les titres de la séance et les devoirs à faire. Ces derniers considèrent que l’outil numérique peut être aussi utilisé pour impliquer les parents dans la scolarité de leurs enfants.
Nous notons des différences entre les utilisateurs « très réguliers » et « réguliers » du CTN lorsqu’il s’agit de motiver le travail en groupe des élèves : les premiers ont déclaré ne jamais utiliser le CTN dans ce but, tandis que les utilisateurs réguliers ont déclaré l’utiliser quelques fois dans cet objectif.
Nous remarquons que l’agenda de l’élève (ou cahier de textes papier de l’élève) coexiste avec le CTN. Cela est en cohérence avec la prescription du gouvernement, dont la circulaire n°136 dit explicitement que : « Le cahier de textes numérique ne dispense pas chaque élève de continuer à tenir un cahier de textes individuel » (Ministère de l’Éducation Nationale, 2010). Nous avons observé également que le cahier de textes numérique est utilisé, par certains utilisateurs très réguliers, conjointement au courriel de l’ENT. D’autres, utilisateurs réguliers, ont déclaré l’utiliser conjointement à un espace de stockage en dehors de l’ENT.
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