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C’est donc une équipe réduite qui pilote le F3C : le sélectionneur, Jérôme Baron, et Guillaume Mainguet à la relance de Produire au Sud et en 2011, Sandrine Butteau, une administratrice salariée par le festival de 1998 à 2002, qu’ils rappellent avec la volonté de sauver la structure. Elle occupe un poste d’attachée audiovisuelle à New-York à partir de 2006 (et reprendra le chemin de New-York en 2013). Elle aide

222 Entretien de l’auteur avec Guillaume Mainguet du 12/04/2016. En Annexes, Entretiens p. 80. 223 Document d’archives F3C, ibid.

la structure à mener sa transition vers plus de rigueur budgétaire et à sortir de cette période noire.

S. Butteau, G. Mainguet, J. Baron, Le Cinématographe, 33ème édition du F3C, 9/11/2011225.

Guillaume Mainguet226 prend les rênes de Produire au Sud et fait le même

constat que celui qui a pu être fait par l’auteur lors de la découverte des archives, c’est-à-dire que, hormis sur les années de constitution de l’atelier, les documents de préparation et de réflexion sur Produire au Sud manquent, et qu’il ne peut pas s’appuyer sur l’expérience d’un autre salarié pour pallier ces manques de ressources documentaires et organisationnelles. Les intervenants ont de plus été échaudés par l’annulation de l’édition 2009 et il faut se préparer à une reconquête :

« GM : En moins de six mois, on monte l'édition 2010 et d'une manière naturelle, en tout cas pas contraint et forcé mais dans une drôle d'atmosphère, je prends les rênes de

Produire au Sud. J'y vais. Sachant que je comprends très vite en ouvrant les dossiers que

ça va être compliqué parce qu'Élodie [Ferrer] n'a pas laissé que du beau linge derrière elle du point de vue des intervenants, qu'elle s'est laissée manger par Philippe Reilhac et qu'il n'a tellement jamais rien compris à Produire au Sud qu'il a fait tourner les talons à certains. […] Je comprends qu'il n'y a pas tous les éléments. Rien n'est écrit, il n'y pas

225 Conférence de presse au Cinématographe du 9/11/2011, album FlickR de Preview F3C (Preview est un journal porté par les étudiants de M2 d’Infocom de l’Université de Nantes depuis 2010). « Conférence de Presse F3C#33 », Le Cinématographe, Nantes, Preview 09/11/2010, https://www.flickr.com/photos/previewf3c/albums/72157627973300419, (consulté le 05/05/2016).

226Titulaire d’un DUT en animation culturelle à Rennes, Guillaume Mainguet a fait ses armes au poste de programmateur d’un cinéma Art et Essai de Bouguenais, au cinéma le Beaulieu. Il est ensuite recruté par Catherine Bailhache à l’Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche (« Communiqués de l’ACOR », ACOR, http://www.lacor.info/actualite/bienvenue/big_desktop.html, consulté le 24/04/2016), membre du Groupement National des Cinémas de Recherche (« Présentation », GNCR, http://www.gncr.fr/presentation, consulté le 24/04/2016), poste où il doit organiser des tournées suffisamment grandes chez les exploitants partenaires pour déclencher la création de copies chez les distributeurs pour des films choisis. Il rencontre tous les exploitants art et essai de l’Ouest et de France et constitue un réseau de professionnels de tous domaines du cinéma. Il quitte ce poste en 2005, et est embauché au F3C en 2007, sur la sensibilisation et aux actions pour le public jeune (Continent J), tout en menant des projets personnels d’écriture de films et réalise plusieurs courts et moyens métrages entre 2008 et 2016. Il coordonne Produire au Sud à partir de 2010. Il travaille actuellement à un projet de long métrage. Entretien de l’auteur avec Guillaume Mainguet, 12/04/2016. En Annexes, Entretiens pp. 81-82.

beaucoup de comptes-rendus, c'est assez parcellaire, compliqué et je n'ai pas de notions. Cela m'intéresse, c'est une raison supplémentaire de me relancer dans la structure si je veux rester. C'est un challenge, je pars de rien227. »

Avec humilité et opiniâtreté, il reprend contact avec tous les intervenants, les réseaux diplomatiques et apprend pendant deux ans les bases de ce qu’il doit savoir pour maîtriser les contenus des ateliers (coproduction internationale, fonds, budgets, etc.), au contact des « piliers de Produire au Sud228 ». À l’issue de cette période d’apprentissage intensif, il devient force de proposition pour la construction pédagogique et l’organisation de l’atelier. Il peut compter à ce moment sur l’expertise de Claire Lajoumard, qui a demandé à un autre producteur, Philippe Avril, de venir l’épauler dans cette période de transition :

CL : « À ce moment-là, je pense que j’ai fait un atelier seule [en 2010], Guillaume n’était pas encore là ou il venait d’arriver. Tout le contenu de Produire au Sud, il fallait quand même le construire, savoir qui venait, à quel moment, pour quoi faire. Ensuite, j’ai demandé à ce que Philippe Avril229 puisse faire ça avec moi, parce que ça faisait trop de

travail pour moi. Cela vient en plus de mon travail de productrice. On a remodelé des choses. Puis Guillaume a pris une part plus importante et ça a beaucoup facilité les choses. KL : Là, il y a une vraie coordination.

CL : Oui, il y a une vraie coordination de Produire au Sud, et c’est un peu moins de travail que ça n’était à l’époque230. »

Guillaume Mainguet monte l’édition 2010 avec un budget minimum (de l’ordre de 25 000 €231) et parvient grâce à son talent relationnel à faire revenir les

professionnels intervenants. Il prend les chemins des festivals internationaux, où il commence à promouvoir Produire au Sud à l’extérieur et cela fonctionne. Les dossiers affluent rapidement. Une vraie attente est là. Le programme est un modèle unique que ses petits moyens ne rendent pas moins utile voire indispensable au cinéma indépendant.

227 Entretien de l’auteur avec Guillaume Mainguet du 12/04/2016. En Annexes, Entretiens p. 84. 228 Entretien de l’auteur avec Guillaume Mainguet du 12/04/2016. En Annexes, Entretiens p. 84. 229 Philippe Avril est également producteur.

230 Entretien de l’auteur avec Claire Lajoumard du 12/12/2015. Entretiens p. 31.

231 On se rappelle que le budget de Produire au Sud est monté jusqu’à 100 000 € sous la direction de Guillaume Marion.