• Aucun résultat trouvé

La structure globale de la manifestation n'a pas été retouchée pour le deuxième rendez-vous de Produire au Sud : les participants bénéficient d'une formation à la coproduction internationale sous forme d'un séminaire d'une semaine à Nantes accueilli au lycée Guist'hau, enrichi d'une journée de colloque le 24 novembre 2001, et enfin, de trois journées parisiennes émaillées de visites et rencontres diverses, l'ensemble se déroulant du 20 au 30 novembre 2001. L'organisation de la deuxième édition est confiée à Christian Boudier89, recruté en

tant que directeur du séminaire, associé au Consortium Européen d'Écriture pour l'Image (ou CEPI). Dans le bilan90 qu'il dresse de cette édition apparaissent des

différences d'approche conséquentes avec la première édition, justifiant donc qu'on

89 Christian Boudier a une activité récente de producteur, il est responsable de la lettre d'information Ciné- Finances, comme cela apparaît dans l'article d’Hervé Bentégeat, « Production : gros plan sur deux succès », L’Express, Économie, Actualité économique,16/07/1992, http://lexpansion.lexpress.fr/actualite- economique/production-gros-plan-sur-deux-succes_1378696.html, (consulté le 12/02/2016).

la qualifie encore d'expérimentale. Il met en exergue la posture singulière du F3C, qui « affirme sa spécificité en s'adressant directement aux producteurs » par le biais d'une formation quand de nombreux festivals (Rotterdam, Sundance, Amiens) font à l'époque le choix de proposer des aides financières en amont (aides à l’écriture, à la production).

Il y a tout de même une grande nouveauté en 2001. En effet, les réflexions qui ont été menées suite à la première édition et aux préconisations de Dominique P. Chastres amènent les organisateurs à repenser l'atelier et à inviter les réalisateurs pour y intégrer un retour sur les scénarios et des consultations avec des experts. Cette modification va entraîner un changement structurel important dans l'organisation de Produire au Sud. Un extrait du bilan de Christian Boudier évoque ce tournant91. Le Consortium Européen d'Écriture pour l'Image est « une organisation

nouvelle qui regroupe en France plusieurs acteurs liés à l'écriture comme Initiative Films (mené par Isabelle Fauvel), la revue Synopsis, les éditions Dixit [...].92 » Cette

structure est chargée de s'occuper de recruter les experts en écriture et les consultants qui vont accueillir les réalisateurs pour travailler concrètement sur leurs scénarios. Le CEPI choisit quatre consultants pour encadrer les neuf projets retenus pour cette édition et le bilan des participants indique qu’ils sont satisfaits de la qualité des prestations. D'autant que certains réalisateurs du Sud ne voyaient pas forcément ce regard étranger posé sur leur travail d'un œil favorable au départ. Le problème du suivi se pose, car de nombreux professionnels du Sud souhaiteraient que la collaboration puisse se poursuivre au-delà de l'atelier, mais ces prestations supplémentaires ne sont à l’époque pas financées, le budget du Festival n'incluant pas une relecture des projets a posteriori. C'est un manque dans la qualité du service pointé à la fois par Christian Boudier et par le Consortium Européen d'Écriture pour l'Image. Les consultants en scénario recrutés par le Consortium sont Gaia Guasti93,

Lou Inglebert94, Emmanuelle Mougne95 et Gilles Cahoreau96.

91 Document B 10, Christian Boudier, « Produire au Sud », bilan de l'édition 2001. Voir extrait en Annexes p. 16.

92 On ne trouve plus trace du Consortium aujourd'hui. La revue Synopsis s'est éteinte en 2005. En revanche, Initiative Films est toujours en activité, FAUVEL Isabelle, « Notre métier, accélérateur de particules », http://www.initiativefilm.com/?page_id=6, ainsi que les éditions Dixit, « La transmission du savoir dans l’audiovisuel », Dixit, http://www.dixit.fr/home.php, (consultés le 10/02/2016).

93 Gaïa Guasti est titulaire d'un diplôme de la Fémis en scénario (1996). Elle est auteur et coauteur de scénarios et auteur de littérature jeunesse. Elle a collaboré au film d'Elena Hazanof, La Traductrice (2006). 94 Lou Inglebert est co-scénariste d'Un homme d'honneur (2012).

95 Emmanuelle Mougne est productrice à la société Laterna Magica, elle est aussi scénariste et monteuse. Elle a travaillé comme journaliste au Cercle de Minuit où elle était en charge du théâtre et du cinéma. Elle a travaillé également comme consultante en scénario avant collaborer avec Jihong Joo ou Marion Laine. 96 Gilles Cahoreau a été journaliste avant de devenir scénariste pour la télévision (PJ) puis pour des films

d'auteur, dont une coproduction avec la Namibie, Dust (Richard Pakleppa, qui a d'ailleurs fondé une société de production avec Bridget Pickering, qui avait participé à la première édition de Produire au Sud, est aussi un acteur connu pour Les Textiles (Franck Landron, 2004). Il enseigne l’écriture du scénario à l’université de Bordeaux III et au sein du Programme MEDIA Cinémamed, Aristote.

D'autres professionnels invités font partie du réseau de producteurs européens ACE97, qui devient ainsi partenaire du festival. La structure ACE ne propose à

l'époque que des formations pour les réalisateurs européens et n’a pas encore développé d’ateliers vers les publics professionnels du Sud. Il n'a pas été possible de déterminer si c'est le partenariat avec Produire au Sud qui a incité ACE à évoluer dans ce sens, mais depuis quelques années (2009), cette structure a en quelque sorte rejoint Produire au Sud sur son terrain et tissé de nombreux partenariats avec des pays du Sud. Elle organise également des ateliers à destination des cinéastes dans leur pays (au Chili, en Chine, au Japon)98. Il sera expliqué dans la

suite de la présentation historique comment Produire au Sud s’est d’une certaine manière fait « distancer » par d’autres plates-formes dans les années 2007-2010.

Dans le rapport de Christian Boudier, il apparaît que le F3C ambitionne via son atelier Produire au Sud de délivrer un label d'excellence pour les projets qu'il accompagne et de se mettre au niveau de très grands festivals internationaux de cinéma. Aussi, le budget de la manifestation est fortement revu à la hausse, passant de 257 888 francs en 2000 à 469 176 francs (soit 71 525,05 €) en 2001, un budget presque deux fois plus conséquent. Ces choix budgétaires sont justifiés par les frais occasionnés par l'augmentation du nombre de stagiaires qu'il faut loger et nourrir, ainsi que par la rémunération des consultants en écriture. Pour financer ces nouvelles dépenses, des partenaires nouveaux s'associent à Produire au Sud en complément de la Ville de Nantes, du Conseil Général de la Loire-Atlantique et de la Région des Pays de la Loire et le CNC qui ont renouvelé leur soutien initial : le ministère des Affaires étrangères – qui contribue par une subvention au fonctionnement de l'événement, en plus des billets d'avion que peuvent fournir certaines ambassades – la fondation GAN et l'Atelier du Cinéma Européen (ACE). Par ailleurs, un grand nombre d'intervenants au séminaire, conviés pour animer un temps de formation ou participer aux tables-rondes, viennent gracieusement. En outre, suivant les préconisations de Dominique P. Chastres, le contenu des interventions et des tables-rondes se veut plus concret : « un "mode d'emploi" des coproductions/cofinancements/distribution en Europe des films du Sud ». Le colloque, lui, aborde une toute autre thématique et est intitulé Les Mille et Une

Histoires du Sud. Il se place plutôt du côté de la connaissance et de la perception du

cinéma du Sud en Europe et des thématiques qui y sont traitées, de la narration.

97 Ateliers du Cinéma Européen : ACE est une plate-forme pour les producteurs et réalisateurs européens, créée en 1993 pour faire « avancer la cause du cinéma indépendant ». Elle s’est depuis ouverte aux réalisateurs non-européens. Voir la présentation faite d’ACE par l’atelier nantais. Document d'Archives L109, Communication sur ACE, 2003. Annexes p. 18.