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Système général espace opérant

M ODELISATION D ' UN ESPACE DECISIONNEL ASSOCIE

Le modèle établi précédemment permet d'identifier les espaces par lesquels se définit le carrefour. Cependant, on constate que la décision de chaque conducteur est l'élément clé dans l'occurrence d'une collision et qu'il est nécessaire de compléter l'expression de comportement de la propriété décision[{stopper, passer},"décision"] par des relations avec d'autres propriétés de l'espace opérant. Si nous considérons n‟importe quel objet technique nous constatons qu‟il agit (ou réagit) toujours suivant le même principe : Sans énergie et sans entrée, il n‟y a production d‟aucune sortie. Dans le cas de l‟être humain, sa capacité créatrice implique que sa simple présence dans l‟environnement d‟un système en fait un acteur du comportement de celui-ci.

Intéressons nous à la phase de fonctionnement normal d‟un feu routier, sous sa forme sémantique :

"passer"Xj + "stopper si possible"Xj+1 + "stopper"Xj+2

Cette expression correspond au comportement souhaité d'un conducteur en présence d'un feu. Dans le chapitre précédent nous avons considéré l'espace de décision du carrefour en partant d'un monde idéal dans lequel chaque conducteur appliquait les règles du code de la route. En fait l'espace de décision décrit est celui de la décision attendue or la particularité des systèmes à composante humaine est la forte individualité et la forte créativité des comportements. Cependant, ceci ne remet pas en cause le modèle du carrefour, c'est l'un des principaux intérêts de l'approche proposée. Ceci se traduit par le fait que pour certaines phases du fonctionnement du carrefour le comportement des véhicules ne peut plus être considéré systématique mais s'individualise fortement. Remarquons que dans une approche purement espaces, nous sommes obligé de considérer le carrefour dans son ensemble, si nous passons en approche proposée espaces - processus, nous avons alors pour un même espace général du carrefour des espaces instanciés dont certains offrent un comportement stable et par conséquent systématique et d'autres un comportement moins systématique. Nous retrouvons les phases stables du fonctionnement du feu (signaux au vert et au rouge) le comportement des véhicules correspond au comportement attendu alors que pendant les phases de transition le comportement des conducteurs s'individualise fortement. On observe cette individualisation pendant :

les phases de transition, c'est-à-dire les phases de jaune, voire de début de rouge dans certaines villes ou certains pays,

les phases où la consigne est moins impérative comme le jaune clignotant, ou chacun franchi le carrefour suivant son interprétation ou sa connaissance du code de la route.

Le constat que nous faisons de l'individualité de la décision peut se traduire sur notre modèle par l'existence d'un système particulier qui par l'occurrence d'un événement "arrivée sur le carrefour" dévient partie de l'espace de décision du système carrefour. En application du principe de modélisation que nous avons retenu, ce système est alors composé lui-même d'un espace opérant, d'un espace de connaissance et d'un espace de décision. La représentation du modèle général devient alors la suivante :

Système général

espace opérant espace de connaissance couleur.etat => comportement espace de décision connaissance transcription sémantique perception interprêtation action

Figure 39 : modèle général d'un carrefour

Le modèle général du carrefour exprime le fait que nous construisons un espace véhicule - feu dont le véhicule est l'espace de décision, le feu est l'espace opérant et l'expression de comportement définit l'espace de connaissance, mais aussi, que le carrefour est un espace plus complexe constitué aussi d'espaces conducteur – carrefour.

Ce dernier point est intéressant car dans la définition générale du modèle l'espace opérant du conducteur contient une image de l'espace opérant du feu, par contre pour une instance particulière de cet espace l'espace opérant du conducteur contient l'image d'une réalisation du feu. En d'autres termes, le modèle de l'espace opérant du conducteur contiendra dans son expression générale l'expression de comportement du feu – vert.Xm+.jaune.Xm+1+rouge.Xm+2- alors qu'une instance donnée se traduira par une instance couleurXm.

De même, l'espace de connaissance du conducteur contiendra l'expression du carrefour : eteint.eteint.Xk + clignotant.clignotant.Xk + ((vert.Xj+jaune.Xj+1+rouge.Xj+2).rouge.Xm+2).Xk+ (vert.Xm+.jaune.Xm+1+rouge.Xm+2).rouge.Xj+2).Xk

Si à partir d'un modèle de décision nous décidons de l'appliquer au modèle du carrefour, il s'établit instantanément un couplage entre l'espace opérant et espaces de connaissance.

Nous constatons aussi que la structure du modèle général se reproduit dans les deux sens macro vers micro modélisation et micro vers macro modélisation. Il est ainsi possible d'aborder un problème depuis n'importe quel point de vue sans remettre en question le modèle de représentation.

Appliquée au modèle humain, le système de décision "conducteur" est donc composé d'un espace opérant – perception et action- d'un espace de connaissance – mémoire – et d'un espace de décision. Ce modèle humain très sommaire reprend pourtant la représentation du système de décision humain tel qu'il est représenté dans différents travaux.

En dehors des aspects connaissances, intelligence et sensibilité, le comportement humain se caractérise par sa capacité d‟initiative et sa réponse aux émotions. Antonio DAMASIO (directeur du département neurologique de l‟université de l‟Iowa) a fait le constat expérimental [DAMASIO99] que deux mécanismes sont à l‟œuvre dans le processus de prise de décision. D'une part la voie de la raison utilise les connaissances et la logique. D'autre part, un mécanisme par lequel l‟émotion rétrécit le champ de décision, simplifie la tâche de la raison. Damasio postule que le souvenir des émotions passées, réactivées par un circuit neuronal qui prend en compte les modifications corporelles liées à l‟émotion va ainsi influencer et marquer la décision finale en activant l‟attention sur les conséquences à venir en interférant avec la raison. Ces marqueurs sont issus de notre mémoire émotionnelle qui crée peu à peu des catégories (joie, deuil…) reliant l‟image d‟objets ou d‟évènements avec des états corporels (somatiques) plaisants ou déplaisants. Le rappel des informations contenues dans ces marqueurs peut être conscient ou inconscient.

images liées à la

situation Options d'actions

Activation d'expériences émotionnelles antérieures Anticipation des résultats futurs

Situation Raisonnement Décision

Figure 40 : modèle de DAMASIO du système humain

L‟humain ne peut donc être considéré comme un simple système réactif, ou de prise de décision logique, quoiqu‟une bonne formation tende à réaliser ce dernier objectif. Il devient donc difficile de définir un modèle générique de prise de décision. Il n‟est évidemment pas question de reproduire un modèle ou un autre qui fait appel à des mécanismes émotionnels complexes. Par contre, le propos de Damasio met en évidence que le système humain doit voir le modèle de raisonnement basé sur la connaissance et la logique enrichi par un système concurrentiel parallèle, lié à l‟expérience. Nous retrouvons là, les composantes de notre modèle général :

Un système opérant : perception, exécution.

Un système de décision : logique, émotions, objectifs.

Le propos de ce mémoire n'est pas d'aborder la modélisation de l'esprit humain mais de monter qu'il est possible à travers l'approche proposée de coupler un modèle ou une autre sans remettre en question, le modèle général du système sur lequel on choisit de travailler.

Dans un premier temps on peut constater que si on considère le système complet carrefour conducteur du point de vue du carrefour, nous aboutissons alors à un modèle général traduisant un couplage entre les systèmes :

l'espace opérant défini un espace de connaissance associé qui en est l'image sémantique.

L'espace de décision intègre un espace de la perception du carrefour, et un espace de la connaissance qu'a le conducteur du carrefour.