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PROPOSITION D'UN MODELE CONCEPTUEL

L A DYNAMIQUE DES ESPACES : LES PROCESSUS

L'instanciation : première dimension de la dynamique des espaces

L‟ensemble des recherches sur la dynamique des systèmes, et en particulier les travaux sur la systémique, montrent que la dynamique d‟un phénomène s‟exprime d‟une façon complexe d‟une part par le comportement - les différentes formes de réalisation ou instanciation des propriétés des objets considérés - et d‟autre part par l‟émergence de nouvelles propriétés, c‟est la transformation ou évolution. Nous avons donc l‟expression d‟une dynamique complexe : instanciation – transformation. Le comportement décrit les changements d‟état d‟une propriété sur son domaine de définition. Chaque état de la propriété représente alors une instanciation de cette propriété. L‟instanciation, telle que définie, possède une propriété fondamentale pour la suite des travaux de modélisation, qui est la propriété d‟endomorphisme. Les différents intérêts de cette définition et de sa propriété vont être décrit ici et démontrés avec le modèle de représentation proposé. La première conséquence de cette propriété est que l'instanciation n'est pas une propriété ou une relation particulière sur un espace. En effet, l'instanciation ne construit pas un espace d'évolution de la propriété mais une représentation de la trace des évolutions de cette propriété. C'est-à-dire que rien ne permet d‟affirmer que la réunion des comportements de deux propriétés distinctes décrivent un espace; seule une relation permettra de déduire une instance sur une propriété en fonction d'une instance sur autre propriété et réciproquement. L'instanciation est un phénomène endomorphe.

La propriété d'endomorphisme de l'instanciation est aussi capitale pour la conceptualisation d'un système car elle permet à n'importe quel observateur de décrire la chose perçue depuis son point de vue ; le point de vue du système ne s‟impose que lorsqu'on considère son comportement.

En effet, même si la vision retranscrite du système est celle que d'autres systèmes ont sur lui, l'analyse du comportement sera toujours effectuée vis-à-vis de ce système sur lui-même. Enfin, il est devient possible de considérer le comportement conjoint de système indépendants en limitant l'impact de la distorsion sur les interfaces. En effet, la liaison entre comportements de systèmes disjoints ne peut se faire à partir de leurs instances mais qu'à partir de l'observation des relations existant entre leurs propriétés et non à travers les propriétés intrinsèques des systèmes observés. En substance, la propriété d‟endomorphisme de l‟instanciation implique que le comportement et l‟espace de propriétés sont deux concepts de représentation bornés.

On peut alors affirmer que l'instanciation crée une dimension commune non pas à des espaces mais à des comportements sous forme de partitions des états de l'espace. L'instanciation dimensionne la dynamique du comportement d'un espace à partir son origine (état initial); c'est-à- dire que du concept défini par des propriétés (attributs et opérations), l'instanciation crée une réalisation de ce concept munie d'un état et d'un comportement, qu'on appelle un objet ou système. De même cette propriété est importante dans la démarche de raffinement. En effet, si on décide de raffiner la description d‟une propriété, toute décomposition supplémentaire de cette propriété respectera l'instanciation du niveau supérieur. C‟est à dire que la décomposition d'une propriété ne peut être se faire qu'à partir d'une spécialisation, et, inversement toute généralisation d'un comportement décrira un sous espace des propriétés de niveau inférieur.

Nota : on retrouve là une caractéristique essentielle des systèmes de sécurité, à savoir que leur comportement doit être parfaitement prédictible, c‟est à dire que leur espace de comportement doit être parfaitement maîtrisé. Ainsi en sécurité une bonne conception n‟est valable que sur un environnement identifié pour une finalité donnée. A contrario, la transformation n‟étant pas prise en compte celle-ci doit donc évitée en exploitation.

La transformation : seconde dimension de la dynamique des espaces

La grande majorité des auteurs insistent sur le fait que, pour un système évolué, la stabilité n'est que dans la finalisation. Un système évolué est par définition un système capable d‟auto organisation afin d‟achever un objectif donné. Dans ce cas, la poursuite de l‟objectif et assurée non pas par une évolution des propriétés descriptives du système mais par une évolution de leur organisation. L‟organisation des propriétés étant établie à partir des relations, c‟est donc l‟évolution de celles-ci qui peut modifier ou faire émerger de nouvelles propriétés. Cependant la transformation considérée sous ce seul point de vue ne prend en compte que les capacités d‟auto adaptation d‟un système.

Pour fournir une définition ouverte de la transformation il faut revenir au principe d‟entropie de la systémique et en particulier au principe d‟irréversibilité. Ce principe postule qu‟un système va toujours vers un état de stabilité et jamais l‟inverse. Pour obtenir un passage de l‟état stable vers un état instable il est nécessaire de faire un apport au système. D‟après la définition que nous avons fourni d‟un système, c'est-à-dire celle d‟un espace de propriétés et de relations, cet apport doit soit :

affecter une propriété ou une relation existante : unité sémantique ou domaine de définition,

consister en l‟apport d‟une nouvelle propriété ou relation.

Néanmoins, le fait d‟apporter une nouvelle propriété à un espace ne se traduit pas forcément par une transformation de celui-ci vis-à-vis des projets d‟action par lesquels il se définit ; il est nécessaire que la propriété apportée établisse de nouvelles relations avec les

propriétés initiales. On retrouve le postulat décrit précédemment qui affirme que la transformation n‟est pas le produit d‟une simple évolution des caractéristiques mais le produit d'un changement de l‟organisation, donc des relations. Bien sûr, il n‟est en aucun cas exclu que le système à nouveau stabilisé n‟ai pas certaines de ses propriétés transformées.

On a donc une approche de la transformation plus large que la simple capacité d‟auto adaptation d‟un système. La transformation est une notion complémentaire de la dynamique du comportement. En effet, l‟instanciation est un phénomène endomorphe qui décrit les successions d‟état que peut prendre une propriété, alors que la transformation est un phénomène exomorphe et irréversible qui décrit un nouvel espace. Il est important de noter qu‟une fois la transformation effectuée, la propriété d‟endomorphisme de l‟instanciation conduit à un nouveau système stable.

Une des conséquences immédiates de l‟expression de cette dynamique complexe va se retrouver dans la capacité d'évolution du modèle soit par les changements survenant dans son environnement soit en prenant en compte les différentes étapes du cycle de vie d'un système à travers ses propriétés. Par exemple, la formation, va correspondre à l'adjonction de propriétés au domaine de connaissance global du système mais aussi des opérateurs humains. Il sera alors possible de modéliser le système de connaissance comme un ensemble de propriétés dont la mise en relation avec le système va transformer le système, et ainsi d'évaluer l'impact de telle ou telle formation.

Par contre, un des effets de la transformation doit être pris en compte dans la modélisation pour conserver au modèle sa capacité à être affiné par morceau ; en effet, chaque modification d‟une propriété d‟un espace, de manière chaque apport que va représenter un complément d‟analyse ou de connaissance va créer un nouveau système qui va se stabiliser à nouveau. Pour être robuste, le modèle du système devra alors définir un espace sur lequel les évolutions du modèle lui-même restent endomorphes. Nous verrons dans un chapitre suivant de ce mémoire comment la définition d‟un modèle de système général permet de prendre en compte cet aspect de mise en relation d'espaces à finalités différentes.

C

ONCLUSION

Tout ce qui a été écrit dans ce chapitre peut se résumer ainsi :

Il est permis de conceptualiser un objet ou un système de manière générale comme un espace favorable à un projet d‟action.

Il est permis de conceptualiser les objets par leur propriétés, le concept de propriété portant unité sémantique (sens) et domaine de définition (les différents états que peut avoir la propriété).

Il est permis de conceptualiser l‟organisation des objets par les relations s‟établissant entre les propriétés, le concept de relation portant unité sémantique et domaine de définition (caractéristiques du lien). La relation est assimilable à une propriété d‟espace.

Il est permis de conceptualiser la dynamique d‟un système sous une forme complexe instanciation – transformation.

Le concept d‟instanciation décrit la dynamique du comportement d‟une propriété, c'est-à- dire les suites d‟états que peut prendre cette propriété.

Le concept de transformation décrit la dynamique de la mise en relation de propriétés, c'est-à-dire l‟évolution de l‟espace contenant ces propriétés lors de leur mise en relation. Le concept de processus est l‟expression particulière de la dynamique instanciation – transformation associé à un espace de départ et à un objectif donné.

De manière générale le processus décrit les comportements et évolutions d‟un système dans le but d‟achever un objectif donné. Mais un processus peut aussi décrire la somme des

comportements et évolutions qui ont conduit à un résultat donné. Le processus est bien l‟expression d‟une dynamique complexe instanciation – transformation relative à un projet d‟action. Cependant, la notion de processus est une vision réductrice de la dynamique car la transformation étant irréversible le processus est alors perçu comme une suite ordonnée. Ainsi il est aisé de percevoir un système à partir soit d‟un espace et d‟une suite de transformations - comportements, soit d‟un espace et d‟une suite de transformation aboutissant à un espace favorable à un comportement donné.

Cette perception d‟un système et de sa dynamique à partir des seuls processus peut conduire à une analyse incomplète : en ne considérant que les processus on oublie la notion de système comme espace favorable à un projet d‟action, en particulier favorable à des projets d‟actions indésirables. C'est la raison pour laquelle espaces et processus sont indissociables dans l'approche proposée.