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ET LA CROISSANCE MONETAIRE AU MMA

2 L E FINANCEMENT MONETAIRE DU DEFICIT BUDGETAIRE AU MMA

2.3 M ODE DE FINANCEMENT DES DEFICITS BUDGETAIRES AU MMA

Sur la base du mode de financement des agents économiques, Hicks (1974) a permis de distinguer entre les économies d’endettement et les économies de marchés financiers. Le choix entre le financement obligataire et le financement monétaire dépend en partie du type de système financier qui existe dans ces deux économies. Dans les économies de marché, la finance directe permet aux offreurs et aux demandeurs de capitaux de se confronter directement sans passer par des intermédiaires. A travers l’émission de titres, les demandeurs peuvent collecter le financement dont ils ont besoin.

Dans une économie d’endettement les emprunteurs font appel au secteur bancaire pour leur besoin de financement. Cette méthode de finance indirecte repose sur l’intervention des intermédiaires financiers. Dans ce type de système, le financement des investissements publics bénéficie généralement d’un accès privilégié aux crédits bancaires en raison notamment de l’absence de marchés financiers de titres privés. Par ailleurs, le secteur bancaire constitue une source de financement non négligeable pour l’Etat lorsque celui-ci a besoin de combler ses besoins de financement. L’accès de l’Etat aux ressources bancaires lui est possible dans la mesure ou le secteur bancaire est un secteur étatique qui dépend essentiellement du refinancement de la Banque Centrale. Le système économique au MMA, comme il a été montré plus haut, semble présenter les caractéristiques d’une finance indirecte ou l’Etat monopolise tout le système financier. Cette situation de monopole peut se voir à travers l’analyse du mode de financement du budget.

L’analyse de la structure de financement du déficit budgétaire au Maghreb et au Machrek a été possible grâce au tableau 20 ci-dessous qui nous donne la répartition du financement domestique par type de créancier. Les données ont été calculées en pourcentage du financement total sur la période 1981-1989. La lecture de ce tableau permet de voir que les deux principaux pays exportateurs de pétroles, l’Algérie et l’Egypte, faisaient plus appel à la Banque Centrale pour le financement de leur budget. Nous pouvons même dire que le financement du budget en Egypte reposait sur les ressources de la Banque Centrale dont l’intervention n’a pas cessé de s’accroître à travers les années.

Tableau 29 : Structure de financement du déficit budgétaire en pourcentage du financement total

.

Egypte 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 Financement total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 1-étranger 33,30 15,05 13,96 7,89 14,31 4,79 12,06 -6,72 -10,30 2-doméstiquee 66,70 84,95 86,04 92,11 85,69 95,21 87,94 106,72 110,30 2-1 non bancaire 15,88 5,29 12,01 13,01 10,03 17,70 12,55 21,82 19,00 2-2 bancaire 46,44 12,16 24,87 13,72 7,33 -1,22 -6,58 -7,65 -5,09 2-3 Banque Centrale 4,38 67,50 62,56 75,72 81,68 89,39 105,59 107,32 115,32 Jordanie 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 Financement total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 1-étranger 60,83 51,23 41,57 75,52 91,46 66,31 17,05 5,09 68,88 2-doméstiquee 39,17 48,77 58,43 24,48 8,54 33,69 82,95 94,91 31,12

2-1 non bancaire -7,69 12,22 n.a n.a n.a n.a n.a n.a -2,80

2-2 bancaire 30,74 0,58 n.a n.a n.a n.a n.a n.a 15,14

2-3 Banque Centrale 16,12 35,96 n.a n.a n.a n.a n.a n.a 18,78

Maroc 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 Financement total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 1-étranger 67,41 60,87 42,84 78,66 47,81 -1,90 14,25 61,43 36,68 2-doméstiquee 32,59 39,13 57,16 21,34 52,19 101,90 85,75 38,57 63,32 2-1 non bancaire -2,37 17,69 -30,12 -10,69 9,67 66,80 69,47 -36,52 20,37 2-2 bancaire 12,49 9,78 43,24 12,44 41,93 60,65 44,89 61,24 42,85 2-3 Banque Centrale 23,39 14,52 44,04 19,59 0,59 -25,55 -28,61 13,85 0,10 Tunisie 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 Financement total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 1-étranger 103,03 70,73 61,92 47,77 56,07 48,53 14,33 51,82 28,55 2-doméstiquee -3,03 29,27 38,08 52,23 43,93 51,47 85,67 48,18 71,45 2-1 non bancaire -11,09 13,52 28,42 24,28 16,54 22,60 47,90 28,30 46,19 2-2 bancaire 55,83 23,18 11,03 23,92 33,74 25,43 33,43 15,05 21,38 2-3 Banque Centrale -47,77 -7,43 -1,37 4,04 -6,35 3,44 4,34 4,83 3,89 Algérie 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 Financement total 100 100 100 100 100 100 100 100 100

1-étranger n.a n.a n.a -0,06 0,18 0,19 1,87 1,39 5,68

2-doméstiquee n.a n.a n.a 100,30 99,88 99,81 98,13 98,61 94,32

2-1 non bancaire n.a n.a n.a 50,59 86,58 26,53 27,20 32,13 10,23

2-2 bancaire n.a n.a n.a 49,71 13,30 73,28 70,93 66,48 84,09

dont Banque Centrale n.a n.a n.a 44,80 9,95 44,67 42,09 31,93 55,23

Source: Government Finance Statistics Yearbook.

En Algérie, l’intervention de la Banque Centrale est restée en moyenne de 40% du financement totale. Le reste du financement était réparti entre le secteur bancaire et non bancaire mais la contribution des Banques était plus importante. Dans les autres pays, le financement budgétaire reposait plus sur la dette extérieure comme le montre bien le cas du Maroc et de la Tunisie. L’intervention des autorités monétaires est restée ponctuelle (Maroc). Le reste du financement était partagé selon les pays entre les

banques et le financement obligataire. Ce dernier a commencé à augmenter progressivement au Maroc et en Tunisie suite à la mise en place des réformes financières vers la seconde moitié de la décennie quatre-vingt.

Le manque de données sur la répartition du financement budgétaire en Jordanie ne nous permet pas de connaître l’importance du financement de chaque secteur ; mais le faible niveau de financement externe durant les années 1987 et 1988 et l’importance du taux d’inflation durant ces deux années laisse penser que le financement monétaire était important27.

L’analyse de la structure de financement budgétaire au MMA a permis ainsi de révéler que le secteur bancaire était un des principaux intervenants dans le financement du budget. Ce dernier reposait totalement ou partiellement soit sur la participation de la Banque Centrale (Algérie et Egypte) ou de la Banque Centrale et des Banques locales (Jordanie, Tunisie et Maroc). Malgré la croissance du financement obligataire dans certains pays (Tunisie et Maroc), la participation du secteur bancaire restait importante (Maroc). Le reste du financement était compensé par le recours à l’endettement extérieur.

C

ONCLUSION

:

Nous avons essayé tout au long de ce chapitre d’analyser la répression financière au MMA à travers les instruments et les indicateurs qui la caractérisent. Notre objectif était de mesurer le degré de répression financière et ses effets sur le développement financier. La méthodologie que nous avons choisi a consisté à suivre une démarche progressive qui s’est basée sur l’identification des instruments de répression utilisés par ces pays ainsi que la mesure du niveau du développement financier.

Ainsi, le système financier au MMA était assujetti à la politique des réserves obligatoires non rémunérées et au contrôle direct de crédit qui se distinguait par des taux préférentiels au profit des secteurs prioritaires. La principale conséquence de cette politique est apparue à travers la baisse du niveau de développement du système

financier. Cette baisse se caractérisait par une épargne liquide et une dynamique bancaire très faible ainsi qu’une faible diversification des actifs financiers. Par contre la répression financière n’a pas eu des effets négatifs importants sur les crédits privés dont le ratio (CP/CI) était comparable à celui des pays développés.

Une économie réprimée ne se caractérise pas seulement par la répression des taux ou le faible développement de son système financier. Les analyses économiques ont bien montré que dans une telle économie les taux d’inflation et la croissance monétaire sont généralement élevés. De même, le financement du déficit budgétaire puise ses ressources de l’émission monétaire. C’est la raison pour laquelle nous avons orienté notre recherche dans la deuxième section vers l’analyse des pressions inflationnistes au MMA. Pour cela nous avons examiné la relation entre l’inflation et la croissance monétaire à travers le test de causalité de Granger. Les résultats de ce test n’étaient pas concluants. Nous avons trouvé en effet, une relation de causalité entre les deux variables par région, mais l’application du même test par pays n’a révélé cette relation que pour l’Algérie et la Jordanie.

L’existence de cette relative relation de causalité, nous a poussé à approfondir notre analyse afin de voir comment la monnaie affecte t-elle l’inflation. Pour cela nous avons étudié les déterminants de la masse monétaire dans ces deux régions. Les résultats que nous avons obtenus ont révélé que les variations de la masse monétaires étaient imputables à celles de la base. Les variations de la base sont liées à la fois à la croissance des crédits à l’Etat et à la baisse des crédits à l’économie.

La dernière étape de notre analyse a consisté à étudier la structure de financement du déficit budgétaire. Cette étude nous a été possible en faisant une répartition des modes de financement budgétaire par type de créancier. Nous avons ainsi constaté que le secteur bancaire était un des principaux intervenants dans le financement budgétaire dans ces pays. La part de la Banque Centrale dans ce financement était plus importante en Egypte et en Algérie alors que dans les autres pays le financement budgétaire était partagé entre la Banque Centrale et les banques locales.

27 Les pratiques bancaires trop risquées des banques jordaniennes ont poussé la Banque Centrale a injecté sur le marché bancaire environ 500 millions de dollars soit 10% du PIB en 1989 sous forme de facilités de caisse. Cette injection s’est reflétée dans la croissance de la masse monétaire (de 15% par rapport à 1988) et a crée ainsi de fortes tensions inflationnistes, voir chapitre 5.

Ce chapitre a permis ainsi de mettre en lumière les caractéristiques de la répression financière au MMA. L’administration des taux d’intérêt au-dessous du niveau du marché ainsi que le contrôle direct de l’intermédiation financière a constitué une entrave au développement du système financier. Par ailleurs, le financement monétaire du déficit budgétaire a accéléré les pressions inflationnistes et a entraîné l’Etat dans une situation économique difficile à gérer. Celle-ci était caractérisée par des taux d’inflation élevés, des déficits budgétaires accentués et une forte croissance monétaire en raison, notamment, de la participation du secteur bancaire dans le financement du déficit budgétaire. Le chapitre suivant montrera, par un modèle théorique et une estimation économétrique, Comment l’Etat, par la recherche de ressources financières nécessaires à ses dépenses, est arrivé à entraver l’activité du système financier.

ANNEXE 1 : LES PRINCIPAUX INDICATEURS DE DEVELOPPEMENT AU MMA.

Considérés comme des pays à revenus intermédiaires, les pays du Maghreb et du Machrek arabe (MMA) couvrent une région qui s’étend des côtes atlantiques à l’Ouest jusqu’à l’Asie à l’Est, longeant ainsi le littoral sud méditerranéen au Nord et le Sahara au Sud soit une superficie de 4.083.000 km2 (1,65 fois la surface de l’Union Européenne et 7,4 fois la surface de la France). La population totale de cette région a atteint 142 millions d’habitants en 2002 soit 2,29% de la population mondiale. La position géographique et stratégique de la région ainsi que le potentiel humain qu’elle détient, fait d’elle un important acteur dans les relations économiques et financières avec l’étranger notamment avec les pays industrialisés.

Tableau 1: structure du produit intérieur brut.

PIB en millions de dollars Agriculture En% du PIB Industrie En% du PIB Services En% du PIB Taux de croissance moyen (1990-2002) Taux de croissance 2003 Algérie 55914 10 53 37 0,3 6,8 Maroc 36093 16 30 54 0,8 5,5 Tunisie 21024 10 29 60 3,1 6 Egypte 89854 17 33 50 2,5 3,1 Jordanie 9301 2 26 72 0,9 3 U. Européenne 6648492 2 28 70 1,7 R. intermédiaire 5139306 9 34 54 2

Source : Banque Mondiale : World Development Indicators (2004).

Avec des ressources naturelles importantes composées essentiellement de pétrole, de gaz naturel et de phosphate, la région du MMA se caractérise par sa grande disparité au niveau de la superficie, la population et de la répartition des ressources naturelles. La surface de l’Algérie dont les 2/3 sont composés de désert fait 26 fois la surface de la Jordanie alors que l’Egypte compte 70,5 millions d’habitants (en 2002) soit 48% de la population totale de la région. La Jordanie est le pays le plus petit de la région en terme de surface et de population puisqu’il ne compte que 5,3 millions d’habitants (en 2002) pour une superficie de 89000 km2.

La population du MMA, dont la moitié est urbaine, est caractérisée par sa forte progression. Le taux de croissance moyen annuel de la population a été estimé à 2,25% entre 1975 et 2002 soit 1,6 fois plus que le taux de croissance des pays à revenu intermédiaire et 3,75 fois plus que le taux de croissance des pays de l’OCDE. Ce taux est comparable dans presque tous les pays sauf en Jordanie où il est estimé à 3,7% sur la même période. Cette forte croissance fait du MMA un important détenteur de potentiel humain. En effet, plus de la moitié de la population de cette région a moins de 15 ans.

Tableau 2 : Principaux indicateurs sur la population au MMA.

Pays Superficie en milliers de km2 Population totale en millions Taux de croissance moyen annuel de la population (1975-2002) Population urbaine en pourcentage de la population totale Densité (population/ km2) Algérie 2382 31,3 2,5 58,3 13 Maroc 447 30,1 2 56,8 66 Tunisie 164 9,7 2 63,4 63 Egypte 1001 70,5 2,2 42,1 67 Jordanie 89 5,3 3,7 78,9 58

OCDE à revenu élevé 32397 911 ?6 0,6 77,3 31

Revenu intermédiaire 67886 2720,7 1,4 61 77

UE 2474 305 n.a n.a 125

Source : PNUD, rapport mondiale sur le développement humain (2004) Banque Mondiale : World Development Indicators (2004).

Cette forte progression augmente la demande de travail et par conséquent le chômage dont le taux dépasse le taux des pays à revenu intermédiaires et de l’Union européenne28 (29,8% de la population active en Algérie en 2002 contre 5,4% en Jordanie). La faible offre de travail privilégie la main d’œuvre masculine négligeant ainsi la participation de la femme dans le marché de travail. La faible participation féminine (22,7% de chômage féminin contre 5% de chômage masculin en Egypte en 2002) s’explique, en plus des contraintes économiques, par des considérations traditionnelles et religieuses qui conditionnent le travail de la femme et limitent sa participation dans des secteurs biens déterminés notamment le secteur des services. En effet, la participation de la femme a été estimée à 54% du total de la main d’ouvre dans le secteur des services au Maroc et en Egypte entre 1995 et 2002.

Les indicateurs relatifs au développement des ressources humaines sont plus ou moins satisfaisants. Le taux de mortalité infantile est en continuelle baisse puisqu’il a été estimé à 32 pour mille en 2002 contre 36 pour 1000 en 1997. Cette baisse a été cependant, différente selon les pays. Ce taux a été en nette amélioration en Egypte alors qu’il s’est dégradé en Algérie. L’espérance de vie à la naissance en 2002 a nettement baissé par rapport à 1997 dans tous les pays notamment en Tunisie. Seule l’Egypte fait exception avec une légère amélioration.

Tableau 3 : Indicateurs de Développement humain.

PIB par habitant en $ Taux de mortalité infantile pour 1000 enfants Espérance de vie à la naissance 1997 2002 1997 2002 1997 2002 Algérie 1549 1785 1997 2002 1997 2002 Maroc 1320 1218 32 39 71 69,7 Tunisie 2145 2149 51 39 67 52,9 Egypte 1254 1354 30 21 70 55,6 Jordanie 1182 1799 51 35 67 68,8 OCDE n.a 29000 29 27 71 56,5

Revenu intermédiaire n.a 5908 n.a 5 n.a 70,4

Source : PNUD, rapport mondiale sur le développement humain (2004)

Banque Mondiale : World Development Indicators (2004).

L’amélioration des indicateurs du développement humain semble avoir un effet positif sur la pauvreté qui a reculé dans tous les pays du MMA (12% en 2002 contre 17% en 1997). La population pauvre est plus importante dans les zones rurales comme le montre le tableau 4.

Tableau 4 : Indicateur de pauvreté au MMA.

Population en dessous du seuil de pauvreté en pourcentage de la population totale (vivant avec –

1$ par jour) * 1989-1994

Population en dessous du seuil de pauvreté en pourcentage de la population totale (vivant avec

–1$ par jour)* 1990-2001

Rurale Urbaine Totale Rurale Urbaine Totale

Algérie 30,3 14,7 22,6 16,6 7,3 12,2

Maroc 18 7,6 13,1 27,2 12 19

Tunisie 13,1 3,5 7,4 13,9 3,6 7,6

Egypte 23,3 22,5 22,9 n.a n.a 16,7

Jordanie 15 n.a n.a 11,7

*Les estimations sont celles de la dernière année disponible pour la période.

Source : PNUD, rapport mondiale sur le développement humain (2004)

Banque Mondiale : World Development Indicators (2004).

Au niveau de l’éducation, les statistiques ont enregistré un taux inquiétant d’analphabétisation estimée à 32,28% en 2002 contre 37,42% en 1997 (pour une population au-dessus de 15 ans). Bien que ce taux semble être en baisse, les chiffres enregistrés restent élevés. Ce taux reste très disparate d’un pays à un autre et varie entre 49,2 % au Maroc à seulement 9,1% en Jordanie. Ce taux est cependant beaucoup plus important pour les femmes notamment au Maroc ou il est à plus de 60%.

Tableau 5 : Indicateurs du niveau d’éducation.

Taux d’alphabétisation des adultes Taux brut de scolarisation (du primaire au supérieur)

Masculin Féminin Total Masculin Féminin Total

Algérie 59,6 78 68,8 72 69 70

Maroc 63,3 38,8 50,8 61 52 57

Tunisie 83,1 63,1 73,1 74 75 75

Egypte 67,2 43,6 55,4 80 72 76

Jordanie 95,5 85,5 90,5 76 77 77

OCDE n.a n.a n.a 93,40 89,29 91,34

R.intermédiaire 92 83 87,5 n.a n.a 71

Pays arabes 76 55 65,5 n.a n.a 60

Source : PNUD, rapport mondiale sur le développement humain (2004)

L’important taux d’analphabétisation au MMA nous laisse perplexe devant les résultats obtenus en terme de scolarisation. Le taux total de scolarisation du primaire au supérieur n’a pas cessé en effet, de s’améliorer durant la décennie quatre-vingt et quatre vingt-dix jusqu'à atteindre le seuil de 74%. Ce taux baisse si nous incluons le Maroc où le niveau d’éducation reste faible par rapport à ses voisins. Le taux de scolarisation au primaire est beaucoup plus important puisqu’il a été estimé à 92,2% entre 1999 et 2002.

Au niveau géopolitique, la situation géographique des pays du MMA, ajoutée à l’instabilité politique dans certains pays de la région (Algérie, Egypte), place la sécurité parmi les premiers objectifs des autorités politique. Les dépenses militaires sont ainsi très élevées. Elles ont constitué un peu plus de 4% du PIB pour l’ensemble des pays du MMA pour l’année 2002. La Jordanie est le pays qui consacre le plus d’argent pour son avec des dépenses estimées à 8,4% du PIB contre 2% seulement en Tunisie sur la même année. L’importance de ces dépenses s’explique notamment par la situation géographique très instable de ce pays qui fait face aux effets du conflit israélo-palestinien qui l’oblige à se préparer à des éventuelles attaques de la part de ses voisins. En plus de l’instabilité géographique, certains pays du MMA vivent une grande instabilité interne en raison de conflits politiques ou religieux (Algérie) ce qui les placent dans la catégorie des pays les plus risqués. L’indice de risque international par pays indique un taux peu satisfaisant pour l’Algérie (52%)29.

En dépits des problèmes climatiques qui caractérisent cette région: faiblesse des ressources en eau, sécheresse, désertification et manque de terres arables (par exemple la surface cultivable est de 2,8% en Egypte et de 3,2% en Algérie en % de la surface totale), les pays du MMA bénéficient d’une panoplie de ressources naturelles tels que le pétrole, le gaz naturel et la phosphate30.

L’Algérie, le Maroc et la Jordanie comptent ensembles 1/3 de la production mondiale en phosphate. Le Maroc détient à lui seul 40% des réserves mondiales. Ces ressources font de la région du MMA un important exportateur en ressources naturelles (95% des recettes en devises découlent des exportations du pétrole et du gaz naturel en Algérie) ce qui la rend très vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux.

29 International Country Risk Guide (ICRG) est un indice synthétique calculé chaque mois sur la base de 22 éléments regroupés en 3 catégories (Politique, finance et économie). La valeur de l’indice est comprise entre 0 et 100. Plus l’indice est faible plus le risque est élevé. Les valeurs rapportées pour l’Algérie sont celles de février 99.

L’importance des exportations (7% des exportations des pays à revenu intermédiaire tranche supérieure en 2002) ainsi que les effets positifs des réformes économiques adoptés durant la décennie quatre-vingt-dix, ont permis aux pays du MMA de présenter un PIB de 212.186 millions de dollars en 2002 soit 12,41% du PIB des pays à revenu intermédiaire tranche supérieure. L’Egypte, le pays qui présente le PIB le plus élevé, compte à lui seul 42,34% du PIB de la région MMA (la part de la Jordanie n’est que de 4,38%).

Au niveau externe, les relations commerciales des pays du MMA avec l’étranger, bien que très diversifiées, semblent avoir une préférence pour l’Europe avec 54% des exportations et 38% des importations en 2001. les Etats Unis d’Amérique et le Canada viennent en seconde position avec 10,6% des exportations et 7,24% des importations pour la même année. L’activité d’exportation repose essentiellement sur les combustibles (98,1% pour l’Algérie en 2000 et 36,9% pour l’Egypte en 1999), les produits manufacturiers (77% pour la Tunisie, 66% pour la Jordanie et 64% pour le Maroc en 2001, ) et quelques produits agricoles (21% pour la Maroc en 2001). Les importations se limitent aux produits alimentaires (13,7 pour le Maroc en 2000) et les produits manufacturiers (75% pour la Tunisie, 67% pour l’Algérie, 63% pour le Maroc en 2000 et 62% pour la Jordanie en 2001).

Structure des exportations au MMA par région en 2001 (en %)

Autres 21%

Afrique 5% Acie de l 'est et asie

occidentale 9% USA -Canada 11% Europe 54 %

Structure des importation au MMA par région en 2001 (en %)

Autres 47 %

USA -Canada 7% Acie de l 'est et asie

occidentale 6% Afrique 2% Europe 38 %

Source : World Development Indicators (2004)

Malgré ces indicateurs économiques plus ou moins satisfaisants, les pays du MMA souffrent de la lourdeur de leur dette extérieure qui, malgré sa baisse par rapport aux années quatre-vingt-dix, reste très élevée (43% du PIB en 2002 contre 69,38% en 1990). Des performances ont pourtant été observées au niveau du paiement du service de la dette qui a baissé de moitié entre 1990 et 2002 (6,3% du PIB contre 11,08). Cette baisse revient notamment à l’annulation d’une partie de la dette extérieure de l’Egypte et de la Jordanie par les Etats Unis suite aux aides qu’elle a reçue par ces deux pays pendant la guerre du Golf.

Cette baisse revient aussi à la signature de plusieurs accords de rééchelonnement de la dette avec le Fond Monétaire International et le Club de Paris : Algérie (1994, 1995,1997), Egypte (1991), Jordanie (1989, 1992 et 1994) et Maroc (1990 et 1992). Le Maroc est le seul pays de la région dont le service de la dette a augmenté sur la même période (6,9% du PIB en 1990 contre 10,2% en 2002).

Tableau 6: Dette extérieure au MMA.

Dette Extérieure en millions de dollars Service de la dette en % du PIB

1990 2002 1990 2002 Algérie 28.149 22.800 14,2 7,5 Maroc 25.017 18.601 6,9 10,2 Tunisie 7.690 12.625 11,6 6,8 Egypte 33.017 30.750 7,1 2,3 Jordanie 8.333 8.094 15,6 6,3

Pays arabes n.a n.a 4 2,3

Revenu intermédiaire n.a n.a 3 6,3