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E FFET DE LA REPRESSION FINANCIERE SUR L ’ OFFRE DE CREDIT AU

M & est la variation de la base monétaire

2.2 E FFET DE LA REPRESSION FINANCIERE SUR L ’ OFFRE DE CREDIT AU

MMA.

Comme nous l’avons expliqué dans le paragraphe 1 de la section 1 de ce chapitre, le modèle que nous nous proposons d’analyser est un modèle qui met l’accent sur l’effet de la répression financière (aspect très restrictif de la politique monétaire) sur l’offre de crédit bancaire. L’équation d’offre de crédit sous sa forme réduite, sera appliquée à la région du MMA sur la période de 1969 à 2000. Elle se présente comme suit:

Lit = α0+α1 (Marge) it + α2 (Public) it + α3 (E)it + α4(E2) it + zit

(+) (-) (-) (+)

Lit représente les crédits bancaires au secteur privé en millions de dollars constants du pays i à la date t.

Publicit représente les créances à l’Etat en millions de dollars constants du pays i à la date t.

Margeit est la marge bancaire (différence entre les taux créditeurs et débiteurs) du pays i à la date t.

E et E2 sont les mêmes variables utilisées dans la fonction de demande de monnaie.

zit est le terme d’erreur. Ce terme est composé de deux éléments aléatoires. Ces éléments sont indépendants entres eux et des variables explicatives et d’espérance nulle.

ui représente les effets spécifiques individuels. Pour chaque équation: zit =uiit

Comme pour la fonction de demande de monnaie, nous avons vérifié la stationnarité de nos séries par l’application d’un test de racine unitaire en panel

(Phillips-Peron). Toutes les variables étaient non stationnaires. Après une première

différentiation, nous avons obtenu des variables I(0), (voir annexe 2 du chapitre). Nous avons choisi d’estimer la fonction d’offre de crédit en données de panels à effets fixes. Le F test rejète au seuil de 1%, l’absence d’effets spécifiques. Comme dans la fonction de demande de monnaie, le problème d’hétéroscédasticité a été corrigé par une méthode de type White : «Panel Corrected Standard Errors (PCSE) ». Cette méthode permet de corriger l’hétéroscédasticité inter-pays, (voir annexe 2 et 3 du chapitre3).

Tableau 2 : Résultats de l’estimation de la fonction d’offre de crédits bancaires.

Nombre d’observations : 155 Nombre de groupe : 5 Période d’estimation : 1969-2000

L Coefficients P-value probabilités

Public Marge E E2 c -0.812 0.600 -0.698 0.213 3.206 -7.245 2.154 -2.572 3.674 3.217 0.000 0.032 0.067 0.001 0,001

Test effets fixes: Ch (2) : 3.612; Probabilité Ch (2) : 0,007 R2 : 0.70

DW : 2.098

Les résultats de l’estimation semblent satisfaisants. Les signes des coefficients correspondent parfaitement aux prédictions du modèle et les valeurs obtenues sont toutes significatives. La répression financière semble avoir un effet négatif très important sur l’activité de crédit des banques au MMA. Ce résultat ne fait que confirmer la situation financière très restrictive des banques de cette région durant la période de répression. En effet, les politiques d’encadrement et l’application de taux préférentiels au profit du secteur public ne permettaient pas aux intermédiaires financiers d’avoir une politique de crédit qui leur est propre. Par ailleurs, l’obligation des banques de combler les besoins financiers de l’Etat est une contrainte supplémentaire qui a freiné la politique de crédit. Le signe de la variable « public » révèle le poids que constituent les créances à l’Etat sur l’activité bancaire.

L’effet de retournement exprimé par la variable E2 montre l’emprise de l’Etat sur l’activité bancaire. Plus la répression est forte, plus les banques sont obligées de répondre aux politiques de crédit de l’Etat. La croissance de l’offre bancaire devient ainsi une croissance forcée qui ne répond à aucune initiative de la part des banques. Par ailleurs, l’effet de retournement qui exprime le passage d’une situation de répression sévère à une situation de répression modérée révèle que le changement de la politique économique n’implique pas forcément une amélioration rapide de la politique de crédit des banques lorsque celles-ci présentent un faible niveau d’efficacité.

Cette remarque fait rappeler la notion de clubs de convergence citée plus-haut dans lesquels les économies présentant un faible niveau de développement financier mettent plus de temps à retrouver un niveau d’équilibre élevé. Ces économies ne vont atteindre, dans les meilleurs des cas, qu’un niveau de développement de second rang. Les réformes du secteur financier ne peuvent pas se faire par de simples décisions politiques en l’absence d’un savoir-faire en matière de gestion de crédit, d’allocation de ressources ou tout simplement en marketing. Le difficile décollage d’une véritable politique de crédit au MMA peut être exprimé mathématiquement par la dérivation de l’équation d’offre de crédit par rapport à la variable E. Nous avons ainsi:

L= - 0,812public + 0.6Marge - 0,0.698E + 0,213 E2 + 3,206

63 . 1 0 698 . 0 427 . 0 0 = ⇔ = − ⇔ = E E dE dL

Ainsi, en présence d’équilibres multiples, il est difficile de concevoir une politique qui permettra d’échapper à un équilibre bas sauf si des changements institutionnels arrivent à donner une impulsion au secteur financier de sorte à lui faire changer de trajectoire comme il s’est produit pour les pays asiatiques.

Au vu des résultats des équations de demande de monnaie et d’offre de crédit bancaire, il apparaît claire que la répression financière au MMA affecte négativement le L

E E=1.63

système financier et freine son développement. L’importance de la répression financière au MMA laisse penser que ces pays risquent de se trouver dans une situation de piège de sous développement si des transformations institutionnelles n’accompagnent pas la politique de libéralisation financière. Nous entendons par-là, la mise en place d’infrastructures physiques, financières, juridiques et humaines qui seront amenées à assurer un bon fonctionnement d’une économie de marché.

C

ONCLUSION

.

L’objectif de ce chapitre était de montrer l’effet de la répression financière sur le système financier à travers la fonction de demande de monnaie des agents et les fonctions d’offre de dépôt et de crédit bancaire. Pour cela nous avons construit un modèle théorique dans lequel nous avons montré analytiquement que la répression financière réduit l’activité bancaire et affecte la demande de monnaie des agents à travers les coûts de transaction. La répression permet aussi à l’Etat d’extraire des recettes conséquentes de seigneuriage.

L’estimation économétrique de ce modèle que nous avons appliquée aux pays du MMA sur la période 1969-2000, à confirmé l’effet négatif de la répression financière sur les fonctions de demande de monnaie et d’offre de crédit. Les résultats que nous avons obtenus ont montré aussi que les deux fonctions deviennent insensibles à la répression à partir d’un certain seuil.

Cette constatation a été possible par l’introduction de la variable E2 dans les deux fonctions afin d’exprimer l’effet de retournement ou de changement de situation. Le signe de cette variable étant positif, a suggéré deux interprétations. En ce qui concerne la fonction de demande de monnaie, le signe positif de la variable E2 fait rappeler que dans une économie ou la répression financière est très élevée, la notion de demande de monnaie disparaît. Plus la répression est forte, plus les agents sont obligés de détenir de la monnaie. La demande de monnaie exprime dans ce cas la croissance de la taxe d’inflation. Le même constat peut être fait pour la fonction d’offre de crédit bancaire. Plus la répression est forte, plus les banques sont obligées de répondre à la politique de crédit de l’Etat et l’offre de crédit devient ainsi proportionnelle au degré de la répression.

La seconde remarque que suggère la variable E2 concerne le changement de situation c’est à dire le passage d’une situation de répression sévère à une répression modérée (situation de libéralisation financière). Le signe positif de la variable E2 fait penser au phénomène d’équilibres multiples qui peuvent conduire à l’apparition de clubs de convergence. En effet, dans une économie ou le niveau de développement financier est initialement faible (répression très élevée), le changement de la politique économique (déréglementation des taux, libéralisation des marchés etc) n’aura qu’un effet très faible sur l’évolution de celui-ci. Les réformes financières ne vont conduire qu’a une situation de second rang en raison de l’existence d’un processus cumulatif : faible niveau d’épargne en raison du faible niveau du revenu. Cette situation conduit à une accumulation de capital peu dynamique et peu efficace qui va contribuer à maintenir l’économie dans un équilibre bas, Berthélemy et Varoudakis (1996a, 1996b, 1998).

Les résultats que nous avons obtenus par l’analyse économétrique, ne nous permettent pas à ce stade d’analyse, d’établir des conclusions sur la situation actuelle du système financier dans ces pays. Cette analyse nous a juste révélé que les effets de la répression financière sur le développement financier ont conduit à l’existence d’une situation financière particulière caractérisée notamment par une insensibilité des agents et du système bancaire à la forte répression financière qui a existé. Mais les effets de la répression financière n’ont pas concerné uniquement le système financier. La main mise de l’Etat sur l’ensemble du système économique a aussi affecté d’autres secteurs sensibles. Les politiques d’investissement adoptées par les pays du MMA ont eu la particularité de faire intervenir le système bancaire comme unique fournisseur de liquidité. L’Etat pouvait ainsi orienter les entreprises publiques vers la réalisation de ses projets de développement en leur assurant la garantie de système bancaire. Cette politique n’a eu cependant, que des effets de très court terme sur la croissance. Le choc pétrolier des années quatre-vingt a en effet montré les limites de cette politique suite à la baisse des revenus externes. L’effet négatif de la répression financière sur la croissance devenait bien apparent. Cet effet, sera étudié dans le chapitre suivant.