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M & est la variation de la base monétaire

2.1 L A FONCTION D ’ OFFRE DE CREDIT DANS LA LITTERATURE

Les différentes études relatives à l’offre de crédit bancaire ont souvent mis l’accent sur les banques des pays développés. On trouve peu d’études sur l’offre bancaire des pays en développement en raison de la politique de crédit très restrictive dans ces pays. Ces études mettent l’accent sur deux idées principales. La première concerne l’impact de la baisse de l’offre du crédit bancaire sur les décisions d’investissement des emprunteurs alors que la seconde concerne l’effet et les canaux de transmission de la politique monétaire sur les décisions d’offre de crédits.

Les études de l’effet de la politique d’offre de crédit sur les décisions d’investissement se basent sur l’idée d’imperfection du marché de crédit qui met en évidence le problème d’asymétrie informationnelle. L’idée centrale de ces études se résume dans le fait que l’importance du coût d’information que les banques obtiennent sur les entreprises demandeuses de crédits est tellement élevé que les banques éliminent de facto les petites entreprises dont les rendements des crédits estimés sont plus faibles, Stiglitz et Weiss (1981). Une politique restrictive de crédit additionnée à ces caractéristiques de marché fera baisser essentiellement l’offre de crédits aux petits emprunteurs et pourrait même être une source de perturbation de l’activité économique, Bernanke et Blinder (1988).

L’analyse de l’effet de la politique monétaire sur l’offre de crédits bancaires, part de l’idée, très partagée, que le principal élément par lequel la politique monétaire affecte l’offre de crédit est la variation des réserves bancaires. Celle-ci peut se produit de plusieurs façons. Nous pouvons citer à titre d’exemple les opérations de vente de titres par la Banque Centrale dans le cadre d’actions d’open-market. Ce type d’opération augmente à la fois les réserves des banques et la demande de ces titres par les agents. Les opérations de réescompte changent aussi le volume des réserves et des emprunts bancaires. Ces opérations affectent le ratio réserves-dépôts et réserves-crédits. Pour faire face à ces variations, la théorie bancaire souligne que les banques ajustent leur portefeuille en augmentant leurs crédits et leurs titres, Smant (2002).

Plusieurs conditions ont été soulignées pour que la politique monétaire visant l’offre de crédit soit effective, Kashyap et Stein (1994). La première condition nécessite que la politique monétaire affecte directement le volume total de l’intermédiation bancaire. A ce titre, les réserves obligatoires ont toujours été utilisées comme argument de contrôle monétaire. Cependant les pratiques bancaires dans les systèmes financiers développés ont montré que la politique des réserves obligatoires n’affecte que faiblement l’offre de crédit, Romer et Romer (1990). La seconde condition souligne le lien entre le volume total de l’intermédiation et l’offre de crédit bancaire. Pour que ce lien existe, les banques doivent considérer les crédits et les titres comme des substituts imparfaits. La troisième condition repose sur l’aspect macroéconomique de l’offre de crédits. En effet, l’offre de crédit repose sur l’idée que les banques constituent le principal fournisseur de fonds pour les demandeurs d’emprunt. Ceci suppose l’inexistence d’autres sources d’emprunts ou leur faible substituabilité avec les banques. Dans ce type de cas, la politique monétaire qui vise la croissance des taux débiteurs ou une restriction quantitative de crédit, affecte directement l’offre de crédit bancaire.

Les analyses de l’effet du contrôle monétaire sur l’activité bancaire ont mis l’accent sur les méthodes que les banques utilisent afin d’ajuster leurs crédits (dépôts et actifs monétaires et non monétaires) aux variations de la politique monétaire, Romer et Romer (1990). Ces études ont fait ressortir plusieurs faits stylisés liés au contrôle monétaire restrictif. Bernanke et Blinder (1992), ont montré que la politique monétaire restrictive mesurée par la variation des taux de la Reserve Bank a réduit la détention des dépôts et des titres détenus par les banques au cours des neuf premiers mois qui ont suivi la décision de la baisse des taux. La baisse des crédits était plus faible mais elle a coïncidé avec la croissance du taux de chômage. L’offre de crédits bancaires est resté maintenu malgré la baisse des dépôts grâce aux émissions de titres bancaires.

D’autres auteurs ont mis l’accent sur la relation entre la politique monétaire, l’offre de crédit et l’activité économique mesurée par la production industrielle en pourcentage du produit. Ces études ont montré que la croissance de l’offre de crédits bancaires précédent les variations de l’activité économique, Bernanke (1986), Lown (1990). Khan (1991) examine la relation entre la politique monétaire et les mouvements

des crédits bancaires aux Etats Unis d’Amériques. Il constate que la relation entre ces deux variables est dominée par les variations du taux de croissance.

Les mesures d’instruments de la politique monétaire, appliquées aux banques américaines, ont souvent été rapprochées aux taux d’intérêt de court terme tels que les taux sur les bons de trésor ou encore à des opérations ponctuelles qui visent des actions anti-inflationnistes Romer et Romer (1989). Malgré les résultats positifs obtenus par ces auteurs, ces mesures ont été jugées insuffisantes pour expliquer l’effet de la politique monétaire sur l’offre de crédit. Morris et Sellon, Jr (1995) trouvent en effet, que l’erreur de mesure dans le choix des taux d’intérêt de court terme comme instrument de la politique monétaire vient du fait que les variations des taux d’intérêts émanent de facteurs autres que la politique monétaire et que la baisse de l’offre de crédits dans certaines banques n’étaient pas liée aux taux d’intérêt. Les variations des taux étaient souvent le résultat d’une combinaison d’actions ordinaires et d’actions spécifiques. Les mesures d’actions anti-inflationnistes utilisées par Romer et Romer (1989) ont subi le même type de critiques dans la mesure ou Morris et Sellon, Jr (1995) trouvent que ces actions ont tenu compte de facteurs externes tels que les chocs pétroliers.

Toutes les études d’offre de crédit citées ci-dessus ont été appliquées à un système bancaire développé dont les actions commerciales émanent des décisions de chaque banque. L’effet de la politique monétaire n’était donc pas aussi direct sur les décisions d’offre de crédit. Comme nous l’avons expliqué plus haut, les banques arrivaient à contourner les contraintes de la politique monétaire en émettant de nouveaux titres qui leurs permettaient de maintenir le même volume de liquidité.

Le système bancaire qu’on se propose d’estimer ne présente pas les mêmes caractéristiques des systèmes étudiées dans les analyses précédentes. Il s’agit d’un système embryonnaire, très souvent étatique comme est le cas de la plus part des banques des pays en développement. L’analyse de l’effet du contrôle monétaire sur l’offre de crédit bancaire sera donc différente des études précédentes.