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Méthodologie de recherche

Dans le document Une ergothérapie préventive (Page 40-43)

3 Cadre d’analyse

3.1 Méthodologie de recherche

Nous souhaitons d’abord solliciter les premières personnes concernées par la transition, les pré-retraités et jeunes pré-retraités eux-mêmes. Devant la grande diversité des formes de retraite, nous prenons le parti de traiter cette transition sans critère d’âge, en incluant les personnes selon la proximité de leur cessation d’activité professionnelle. Nous n’intégrons pas d’autres critères d’inclusion puisque, comme développé plus en amont, la prévention primaire s’adresse à toute personne d’un sous-groupe identifié, en l’occurrence ici les personnes vivant la transition vers la retraite. Ces dernières peuvent toutes être concernées par les risques de déséquilibre et de désengagement occupationnels. Une population assez large est d’abord ciblée, incluant les personnes dans une période maximale de cinq ans précédant ou suivant leur passage à la retraite.

Après réflexion et dans un souci de temps disponible pour le traitement des données recueillies, notre enquête est finalement limitée aux personnes retraitées depuis moins de cinq ans. Le constat d'un déséquilibre et/ou d’un désengagement occupationnel(s) chez les personnes récemment retraitées pourrait contribuer à justifier un accompagnement en amont de la retraite.

Concernant les professionnels de santé, du fait de la non-représentation des ergothérapeutes dans les programmes spécifiques de préparation à la retraite, nous avons cherché les professionnels exerçant dans le domaine plus large de notre thématique, celui de la prévention auprès des seniors.

Les ergothérapeutes animant des ateliers de prévention des chutes et d’aménagement du domicile destinés aux plus de 50 ans sont ainsi identifiés comme étant les plus concernés par notre sujet. Nous optons ensuite pour des entretiens avec un médecin gériatre réalisant des bilans de prévention dans le cadre du plan national de santé publique « bien vieillir », un médecin du travail ou un médecin généraliste. Ces derniers accompagnent les personnes tout au long de leur parcours de vie, ils peuvent donc se positionner comme témoins des périodes de transition et de leurs effets sur la santé de leurs patients. Rappelons en outre que le plan de la SNS 2018-2022 recommande, entre autres, de « s’appuyer sur la médecine du travail pour diffuser des messages sur le « bien vieillir » et améliorer la prévention et le repérage des risques de fragilité lors du départ à la retraite. » Cependant, dans un contexte de crise sanitaire liée au Covid-19, nous choisissons finalement de ne pas solliciter les médecins du travail et généralistes pour cette activité supplémentaire.

Enfin, en lien avec les concepts abordés en psychologie, il est jugé pertinent de recueillir l’avis d’un psychologue intégré dans les programmes de préparation à la retraite. Nous souhaitons ainsi bénéficier de l’expression de son expérience concrète sur cet accompagnement de la transition et questionner l’intérêt d’une approche interdisciplinaire intégrant l’ergothérapie.

3.1.2 Choix des outils

Pour le recueil de données, nous nous dirigeons spontanément dans un premier temps vers une méthode qualitative. Celle-ci semble plus en adéquation avec les concepts précédemment développés en lien avec les sciences humaines (science de l’occupation, sociologie, psychologie).

En ce sens, les entretiens paraissent pertinents pour questionner les représentations des professionnels de santé sur le sujet de recherche. Ils permettent en effet « un accès direct à la personne, à ses idées, à ses perceptions ou représentations » (Tétreault et Guillez, 2014, p.215).

La méthode de l’entretien permet également de s’assurer de la bonne compréhension de son interlocuteur et de reformuler les questions si besoin. Nous utilisons l’entretien semi-directif ou semi-structuré qui s’appuie sur une grille de questions ouvertes prédéfinies (cf annexe), mais dont l’ordre de passation peut varier. Ces questions ouvertes favorisent davantage l’expression que les questions fermées. En utilisant ce type d’entretien, l’interviewer doit aider son interlocuteur à approfondir les sujets évoqués tout en restant centré sur le thème de recherche (Ibid., p.23). Pour la préparation des entretiens, les questions sont élaborées en utilisant la trame d’un entretien de type compréhensif. Les grilles d’entretien sont donc structurées selon les trois temps suivants : I. Savoir et comprendre ; II. Evaluer et mesurer ; III. Se Projeter et imaginer.

Les trames d’entretien comportent 10 questions principales ainsi que des questions de relance.

Quelques questions destinées aux ergothérapeutes diffèrent de celles destinées aux autres professionnels interrogés. Dans un contexte de pandémie, les sept entretiens ont été réalisés par téléphone. Les trames des entretiens sont présentées en Annexes n°8 et 9.

Il a paru également plus approprié de prime abord d’utiliser cette même méthode d’enquête auprès des personnes vivant la transition vers la retraite afin d’interagir avec elles sur leur vécu subjectif.

Mais l’utilisation d’outils (questionnaires auto-administrés) déjà existants et utilisés en ergothérapie a semblé adéquate afin d’étudier les niveaux d’équilibre et d’engagement occupationnels des personnes retraitées, éléments-clés de cette étude. L’association du questionnaire avec un entretien semi-directif auprès des retraités aurait été idéale mais le critère-temps s’est posé en obstacle. Une méthode plus quantitative a donc finalement été privilégiée, par le biais du questionnaire, permettant de toucher davantage de personnes. Ce type d’enquête

« associe l’identité sociale des personnes interrogées […] à leurs activités pour établir un rapport de causalité » (Singly, 2016, p.16). Les outils sélectionnés, l’Inventaire de l’équilibre de vie (IEV) et le Questionnaire sur l’engagement dans les activités signifiantes (QEAS), ont été détaillés dans la partie théorique de ce mémoire. Ils sont intégrés dans un unique questionnaire avec utilisation de l’application Google Forms. Certains items de l’IEV ont cependant été modifiés en effectuant des regroupements d’activités par catégories afin d’en réduire la longueur sans modifier le mode de construction originel. Le jardinage rejoint ainsi par exemple les activités

de plein air, répertoriées dans le même domaine. De même, l’item « Lire » est regroupé avec l’énoncé « Raconter des histoires ». Les sous-échelles des quatre capacités contribuant au maintien de l’équilibre de vie ont donc été réaménagés avec l’attribution de nouveaux numéros sans modifier le mode de cotation initial. Rappelons les quatre capacités étudiées : (1) satisfaire ses besoins de santé et de sécurité ; (2) avoir des relations satisfaisantes ; (3) se sentir engagé, être mis au défi ; (4) donner du sens et une identité positive. La grille de correspondance suivant la révision des sous-échelles est disponible en Annexe n°10. Par ailleurs, ce questionnaire ayant été traduit en version francophone par des ergothérapeutes québécoises, il a fallu modifier certains termes en préservant leur sens. L’expression « magasiner » est par exemple remplacée par « faire les magasins (shopping) ». De plus, suite aux remarques des personnes testeuses, nous choisissons de déplacer l’item « Prendre soin de mon hygiène personnelle et me laver », initialement positionné en première place, vers la deuxième place, après l’item concernant le sommeil. Il s’agit de ne pas évoquer un sujet trop personnel et possiblement vécu de façon intrusive de prime abord.

Le QEAS, également détaillé précédemment, est quant à lui intégré quasiment tel quel. Seul le terme « niveau de défi adéquat » est transformé en « niveau de défi qui me convient » pour une meilleure compréhension. Selon Singly, « un questionnaire sur une pratique ou un ensemble de pratiques doit comprendre deux parties : celle sur l’objet proprement dit et celle permettant d’en approcher les déterminants sociaux » (2016, p.27). Nous avons ainsi ajouté quelques questions fermées, à choix multiples, afin de mieux cerner les personnes interrogées ; celles-ci concernant le genre, le statut civil, l’ancienneté de la retraite, le cumul emploi-retraite, la catégorie socio-professionnelle, la satisfaction à l’égard des activités réalisées, le souhait d’accompagnement pour s’adapter à la transition, la connaissance de l’ergothérapie et l’intérêt à son égard pour cet accompagnement. Trois questions ouvertes viennent clore le questionnaire. Elles interrogent le motif du besoin ou de l’absence de besoin d’accompagnement, les professionnels identifiés pour mener celui-ci et enfin la manière dont l’ergothérapeute pourrait accompagner cette adaptation.

Ce questionnaire est consultable en Annexe n°11.

Dans le contexte d’une recherche qualitative, la finalité de l’utilisation des questionnaires est surtout d’appuyer notre analyse par des données quantitatives visant l’exploration et les exemples.

Ce questionnaire a été diffusé par l’intermédiaire de mailing incluant le lien vers celui-ci. Cette méthode semble plus rapide et facilitante pour le recueil et l’analyse ultérieure des résultats. Le lien a été partagé au sein d’un entourage proche en invitant chacun à le diffuser auprès de ses propres connaissances correspondant aux critères d’inclusion. De nombreuses associations dédiées aux personnes retraitées ont également été contactées, mais ce deuxième moyen de diffusion s’est avéré peu efficace, possiblement en lien avec l’activité réduite de celles-ci en contexte de crise sanitaire.

Dans le document Une ergothérapie préventive (Page 40-43)