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Une ergothérapie préventive

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Academic year: 2022

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IFPEK Rennes

Institut de Formation en Ergothérapie

Une ergothérapie préventive

Aborder la retraite par le prisme de la transition occupationnelle

En vue de l’obtention du Diplôme d’État d’Ergothérapeute

UE 6.5 S6 : Évaluation de la pratique professionnelle et recherche

Caroline VASSEUR 2020

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IFPEK Rennes

Institut de Formation en Ergothérapie

Une ergothérapie préventive

Aborder la retraite par le prisme de la transition occupationnelle

En vue de l’obtention du Diplôme d’État d’Ergothérapeute

UE 6.5 S6 : Évaluation de la pratique professionnelle et recherche Sous la direction de Madame Aurore MOREL

Caroline VASSEUR 2020

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PRÉFET DE LA RÉGION BRETAGNE DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DE LA COHÉSION SOCIALE Pôle formation-certification-métier

ATTESTATION SUR L’HONNEUR, FRAUDES ET PLAGIAT, CODE DE LA PROPRIETE INTELLECTUELLE

Diplôme d’Etat d’Ergothérapeute Travaux de fin d’études :

Une ergothérapie préventive - Aborder la retraite par le prisme de la transition occupationnelle

Page à insérer par l’étudiant après la 1ère page de couverture de son travail de fin d’études Conformément à l’article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle du 3 juillet 1992 : « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque ».

J’atteste sur l’honneur que la rédaction des travaux de fin d’études, réalisée en vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’Ergothérapeute est uniquement la transcription de mes réflexions et de mon travail personnel.

Et, si pour mon argumentation, je copie, j’emprunte un extrait, une partie ou la totalité de pages d’un texte, je certifie avoir précisé les sources bibliographiques.

Le 20 Mai 2020

Signature de l’étudiant :

Fraudes aux examens :

CODE PENAL, TITRE IV DES ATTEINTES A LA CONFIANCE PUBLIQUE CHAPITRE PREMIER : DES FAUX

Art. 441-1 : Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques.

Le faux et l’usage de faux sont punis de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende.

Loi du 23 décembre 1901, réprimant les fraudes dans les examens et concours publics.

Art. 1er : Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’entrée dans une administration publique ou l’acquisition d’un diplôme délivré par l’Etat constitue un délit.

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Remerciements

Je tiens à remercier sincèrement et chaleureusement,

Celles et ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à rendre cette transition professionnelle possible,

L’ensemble de l’équipe pédagogique de l’IFPEK qui a accompagné ma progression au fil de ces trois ans,

Aurore Morel, ma directrice de mémoire, Perrine Sublett, ma référente pédagogique, ainsi que Pascale Le Mauff pour leur appui et leurs conseils,

Toutes les personnes, françaises et québécoises, professionnelles de santé ou non, dont la richesse des apports a permis à mon apprentissage et à ma recherche d’avancer,

Mes collègues de la promotion 2017-2020, pour leur accueil, et parmi eux tout particulièrement Claire, Xavier et surtout Sophie pour son amitié et nos nombreux échanges si précieux,

Ma famille et mes amis, pour leur soutien quotidien, et plus spécifiquement mon père, Clément et Gwénola pour leurs relectures attentives,

Alexandre, mon amour, pour son plein engagement avec moi dans ces années intenses,

Mes enfants, Isaac et Rosie, pour leurs doses de bonheur essentielles et pour avoir accepté que je sois parfois moins présente auprès d’eux, Ma mère, dont les encouragements inconditionnels ont été si forts qu’ils n’ont jamais cessé et qu’ils ne cesseront de m’accompagner dans cette nouvelle aventure professionnelle...

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« Demain ne sera pas comme hier.

Il sera nouveau et il dépendra de nous.

Il est moins à découvrir qu’à inventer. » Gaston Berger

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Résumé

Le passage à la retraite constitue une étape de vie qui met le quotidien à l’épreuve en bouleversant les rôles et les occupations. Ce mémoire questionne la légitimité de l’intervention de l’ergothérapeute pour accompagner positivement les personnes dans cette transition.

Une étude quantitative réalisée auprès de trente-deux jeunes retraités a permis d’explorer leur équilibre de vie et leur engagement dans les activités signifiantes. Leur besoin d’accompagnement et leur connaissance de l’ergothérapie ont également été recherchés. Parallèlement, une enquête qualitative a été conduite, s’appuyant sur l’analyse de sept entretiens semi-directifs réalisés avec quatre ergothérapeutes, deux médecins et une psychologue intervenant dans le domaine de la prévention auprès des seniors. Ses résultats reflètent l’intérêt des professionnels de santé pour le développement d’une approche préventive et occupationnelle de la transition vers la retraite. Ils en étayent les modalités en privilégiant l’interprofessionnalité.

L’influence des facteurs sociaux est développée en discussion. Il appartient aussi à la science de l’occupation de promouvoir le rôle de l’ergothérapie dans ce domaine de prévention.

Mots-clés : Ergothérapie, Transition occupationnelle, Retraite, Prévention, Équilibre de vie, Activités signifiantes.

Abstract

The transition to retirement is a life stage that puts daily life to the test by changing roles and occupations. This paper questions the legitimacy of occupational therapists’ intervention to positively support people in this transition.

A quantitative study of thirty-two young retirees explored their life balance and their involvement in meaningful activities. Their need for support and their knowledge of occupational therapy were also explored. At the same time, a qualitative survey was carried out, based on the analysis of seven semi-directive interviews with four occupational therapists, two doctors and a psychologist working in the field of prevention with senior citizens. Its results reflect the healthcare professionals’ interest in developing a preventive and occupational approach to the transition to retirement. They support the modalities of this approach by emphasizing interprofessionality.

Social factors’ influence is developed under discussion. It is also up to occupational science to promote the role of occupational therapy in this area of prevention.

Keywords: Occupational therapy, Occupational transition, Retirement, Prevention, Life balance, Meaningful activities.

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Sommaire

Introduction ... 1

1 Émergence du sujet ... 2

1.1 Questionnement de départ ... 3

2 Problématique : cadre exploratoire et théorique ... 4

2.1 La transition vers la retraite ... 4

2.1.1 Données démographiques et épidémiologiques ... 4

2.1.2 Les enjeux de la transition ... 5

2.1.3 Entretiens exploratoires ... 9

2.1.4 Transition occupationnelle ... 10

2.2 Équilibre de vie et équilibre occupationnel ... 11

2.3 Engagement occupationnel dans des activités signifiantes ... 12

2.4 Cadre conceptuel : le modèle « Do-Live-Well » ou « Vivez-Bien-Votre Vie » ... 15

2.4.1 Dimensions de l’expérience ... 16

2.4.2 Utilisation du temps et horaire de vie ... 17

2.4.3 Facteurs personnels et sociaux ... 18

2.5 L’accompagnement de la transition vers la retraite ... 18

2.5.1 Promotion de la santé et prévention ... 18

2.5.2 L’ergothérapeute, un acteur de prévention primaire et secondaire ... 23

2.6 Question de recherche et hypothèses... 30

3 Cadre d’analyse ... 31

3.1 Méthodologie de recherche ... 31

3.1.1 Population ciblée ... 31

3.1.2 Choix des outils ... 32

3.2 Analyse des questionnaires ... 34

3.3 Analyse des entretiens ... 39

3.3.1 Savoir et comprendre ... 39

3.3.2 Évaluer et mesurer ... 46

3.3.3 Se projeter et imaginer ... 48

3.4 Limites de l’étude ... 56

3.4.1 Limites du questionnaire ... 56

3.4.2 Limites des entretiens ... 57

4 Discussion ... 58

4.1 Analyse croisée du recueil de données et des apports théoriques ... 58

4.2 Confrontation à la question de recherche et aux hypothèses ... 61

4.3 Nouvelles perspectives ... 62

Conclusion ... 63

Bibliographie ... 64

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Abréviations et sigles

AGIRC Association Générale des Institutions de Retraite des Cadres ANFE Association Nationale Française des Ergothérapeutes

ARRCO Association pour le Régime de Retraite Complémentaire des salariés ARS Agence Régionale de Santé

CFPPA Conférence des Financeurs de la Prévention de la Perte d'Autonomie CNSA Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie

CPBVAA Centre de Prévention « Bien Vieillir » Agirc-Arrco

CRÉDOC Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie HAS Haute Autorité de Santé

IEV Inventaire de l’Équilibre de Vie

INPES Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé INSEE Institut National de la Statistique et des Études Économiques IRDES Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé LR® Lifestyle Redesign®

MOH Modèle de l’Occupation Humaine OMS Organisation Mondiale de la Santé PRS Projet Régional de Santé

QEAS Questionnaire sur l’Engagement dans les Activités Signifiantes SHARE Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe

SNS Stratégie Nationale de Santé

SPASAD Services Polyvalents d’Aide et de Soins à Domicile VBVV « Vivez-Bien-Votre Vie »

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Introduction

La vie de chacun de nous est faite de transitions nécessitant un remaniement dans nos activités.

Avec le vieillissement de la population, de nombreuses personnes arriveront à la retraite dans les prochaines années. Les manifestations récentes en lien avec le projet de réforme des retraites montrent combien le maintien de la qualité de vie après la transition est une préoccupation sociétale. Ce passage à la retraite implique de nombreux changements en modifiant, entre autres, la routine de vie, l’équilibre occupationnel, les rôles ainsi que les relations interpersonnelles (Jonsson, 2011). Ces changements sont vécus de façon différente selon les individus. Certains retraités n’ont aucun mal à s’engager dans de nouvelles activités alors que l’adaptation s’avère beaucoup plus difficile pour d’autres. Selon l’enquête Conditions de vie et aspirations du Crédoc1,

« les seniors2 sont en attente d'informations sur la prévention pour maximiser leurs capacités […]

Mais beaucoup disent avoir des difficultés à accéder à l'information sur le bien vieillir » (2016).

Dans une société où les individus se définissent en grande partie par leur travail, la retraite peut être difficile à anticiper sereinement, synonyme pour beaucoup de perte associée à la cessation d’activité et de vieillissement. Dès lors, l’enjeu est d’identifier les facilitateurs de cette transition.

En lien avec la science de l’occupation, l’impact de l’activité humaine sur le bien-être et la santé est un facteur à prendre en considération. Dans le cadre plus large de promotion de la santé, la prévention apparait comme un domaine de pratique essentiel à développer en ergothérapie.

Aussi, je souhaite étudier la pertinence d’une approche préventive de la retraite sous un angle occupationnel. Les conditions de sa mise en œuvre seront également recherchées.

La première partie de ce Mémoire d’Initiation à la Recherche en Ergothérapie expose mes sources de questionnements. Le cheminement jusqu’à la question de recherche est ensuite développé dans la problématique. Celle-ci s’appuie sur un cadre théorique et conceptuel ainsi que sur des entretiens exploratoires approfondissant les éléments-clés de cette étude, notamment la transition occupationnelle, l’équilibre de vie et les activités signifiantes. La troisième partie exploite les données issues d’une enquête mixte combinant un questionnaire et des entretiens semi-directifs.

La méthodologie y est présentée, puis les résultats recueillis sont analysés au regard du cadre exploratoire et théorique. Les limites de cette enquête sont également étayées. Enfin, la discussion croise l’ensemble des apports de cette étude pour les confronter à la question de recherche et aux hypothèses associées, et ouvrir la réflexion vers de nouvelles perspectives.

1 CRÉDOC : Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie

2 Seniors : en étymologie, du latin « le plus âgé ».(CNRTL, s. d.) Le Crédoc qualifie ainsi les personnes de 60 ans ou plus.(2016, p.13) Selon le rapport France Stratégie, « notion relative, voire subjective, puisqu’elle renvoie, dans le contexte du monde du travail, à la notion de fin de carrière. » Il s’agit le plus souvent de la tranche d’âge 55-64 ans selon les organisations internationales et les organismes d’études en France.

(Prouet et Rousselon, 2018, p.12)

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1 Émergence du sujet

Lors de mes années d’exercice comme infirmière en admissions psychiatriques, j’ai notamment eu l’occasion de prendre en soins Madame M, récemment retraitée, célibataire sans enfants, présentant un épisode dépressif caractérisé. Celle-ci avait toujours exercé comme pharmacienne et consacré la majeure partie de son temps à ce travail, sans autres activités productives ou de loisirs. Son entourage amical et familial étant très restreint et peu présent, ses principales relations aux autres avaient toujours été professionnelles. Dans ce contexte, la transition de la retraite qui ne semblait pas avoir été anticipée fut synonyme de repli et d’isolement social, avec une pratique d’activités essentiellement ménagères et routinières peu satisfaisantes pour elle. L’impact du retrait professionnel sur son état psychique était identifiable, avec l’expression d’un manque de confiance, d’une perte d’estime d’elle-même, d’une tristesse de l’humeur et d’un sentiment d’inutilité.

Par la suite, les cours dispensés durant la formation en ergothérapie sur les modèles conceptuels ont fait écho à cette situation. J’ai pu relier celle-ci à la perte d’une identité occupationnelle, d’un rôle social valorisé, celui de « travailleur », mais aussi à un déséquilibre occupationnel et à un déficit de participation sociale. Je me suis questionnée sur l’effet qu’aurait pu avoir l’intervention d’un(e) ergothérapeute auprès d’elle en amont pour prévenir son désengagement occupationnel.

L’identification de ma thématique de recherche n’a pas uniquement été le fruit de cette situation vécue bien précise, mais plutôt d’un parcours de vie. De multiples expériences m’ont amenée à me questionner sur l’intérêt de la prévention du déséquilibre occupationnel lors des transitions de vie. Diverses étapes de la vie telles que la maternité ou la paternité, la maladie ou encore le deuil bouleversent l’équilibre de vie. Ce bouleversement peut être aussi important lors de l’arrêt de l’activité professionnelle et le lien avec l’ergothérapie m’a semblé évident à ce sujet.

La transition peut être définie comme « ce qui n'est pas l'état normal mais constitue un état intermédiaire entre un état et un autre », une « transformation lente et progressive. » La transition désigne également le « passage d’un état à un autre (CNRTL). » La retraite signifierait ainsi le passage de l’état de travailleur à non travailleur. Selon Feldman, la retraite se définit comme la cessation complète des activités professionnelles (1994). L’encyclopédie Universalis donne de la retraite la définition suivante : « action de se retirer (d'un lieu, d'une activité). » Selon cette même encyclopédie, la prévention désigne l’« ensemble des mesures organisées pour prévenir certains risques », le risque signifiant un « danger plus ou moins probable » (Universalis, s. d.). Un déséquilibre occupationnel impactant lui-même l’état de santé peut être un risque identifié lors de la transition vers la retraite.

Pour définir la santé j’ai d’abord souhaité retenir la définition qu’en a donné l’Organisation Mondiale de la Santé en 1946 : « un état de complet bien-être physique, mental et social, et [qui]

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ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (OMS, 1946). La santé est une notion subjective, globale, contextuelle et multidimensionnelle. Ainsi deux personnes ayant la même maladie peuvent avoir un état de santé complètement différent. La définition de la promotion de la santé donnée par la Charte d’Ottawa en 1986 m’a semblé plus complète pour définir la santé :

Pour parvenir à un état de complet bien-être physique, mental et social, l’individu, ou le groupe, doit pouvoir identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou s’y adapter. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie ; c’est un concept positif mettant l’accent sur les ressources sociales et personnelles, et sur les capacités physiques. (OMS, 1986, p.1)

1.1 Questionnement de départ

Ma réflexion à ce propos a suscité de nombreuses questions : Dans quelle mesure l’équilibre occupationnel impacte-t-il la santé ?

Le risque de déséquilibre occupationnel est-il majoré au moment de la retraite ?

Comment les personnes retraitées ou proches de la retraite abordent-elles cette transition de vie ? Par quels moyens peuvent-elles trouver un nouvel équilibre occupationnel qui soit satisfaisant ? Qu’est-ce qui peut favoriser leur maintien dans des activités signifiantes ?

Comment le temps rythmé par le travail peut-il se restructurer ?

Existe-t-il des méthodes préventives du déséquilibre et du désengagement occupationnels auprès de cette population ?

Les ergothérapeutes sont-ils engagés dans cette prévention ?

Face à toutes ces questions, je suis arrivée à la question de départ suivante :

« Quelle est la place de l’ergothérapie lors de la transition de vie de la retraite ? »

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2 Problématique : cadre exploratoire et théorique 2.1 La transition vers la retraite

2.1.1 Données démographiques et épidémiologiques

« Aujourd’hui, les personnes âgées de plus de 60 ans représentent 1/4 de la population et pourraient en représenter 1/3 en 2040. Avec l’augmentation de l’espérance de vie, évolution se maintenant de façon prévisionnelle jusqu’en 2070, l’horizon temporel des personnes quittant le monde professionnel s’est également allongé » (Santé publique France, 2019). (Cf. Annexe n°1).

En 2017, selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques, l’espérance de vie a été estimée à 27,5 ans pour les femmes de 60 ans et 23,2 ans pour les hommes au même âge (Insee, 2018). En 1980, l’espérance de vie masculine à la naissance était de 70 ans en France.

Ainsi, avec une projection sur cinq ans, il était difficile pour l’homme retraité à 65 ans d’élaborer de nouveaux projets de vie. « Le mode de vie dominant était alors celui du repos et du repli sur la sphère privée » (Petit, 2016, p.24). Les personnes retraitées peuvent aujourd’hui davantage s’impliquer dans cette étape de leur parcours de vie. Par ailleurs, cette transition entre vie professionnelle et retraite autrefois dichotomique peut désormais prendre des formes diverses.

Les jeunes retraités se montrent de plus en plus actifs, s’engageant dans des pratiques diversifiées : bénévolat, formation, voyages, travail, loisirs, famille…

Cependant, « de récents travaux montrent une évolution moins favorable de l’espérance de vie sans incapacités dans les dernières années par rapport aux décennies précédentes » (Santé publique France, 2019). On estime, selon cette même source, que le nombre de personnes âgées dépendantes continuera d’augmenter, passant de 1,2 millions en 2012 à 2,3 millions d’ici 2060.

Ces chiffres alarment sur la nécessité d’agir, non plus pour allonger la durée de vie mais pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées vieillissantes. L’Insee confirme cette progression défavorable : « Si les tendances démographiques récentes et l’amélioration de l’état de santé se poursuivaient, la France hors Mayotte compterait 4 millions de seniors en perte d’autonomie en 2050, soit 16,4 % des personnes âgées de 60 ans ou plus (contre 15,3 % en 2015) » (Larbi et Roy, 2019). Ces prévisions négatives incitent à l’engagement dans des actions préventives pour maintenir au maximum l’autonomie3, l’indépendance4 et la qualité de vie5 des personnes âgées

3 Autonomie : « faculté de se déterminer par soi-même, de choisir, d'agir librement » (CNRTL, s. d.).

4 Indépendance : « capacité de réaliser ses activités de la vie quotidienne sans aide » (Meyer, 2013, p.110).

5 Qualité de vie : « perception qu'a un individu de sa place dans l'existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes…concept très large influencé de manière complexe par la santé physique du sujet, son état psychologique, son niveau d'indépendance, ses relations sociales et sa relation aux éléments essentiels de son environnement. » (WHO, 1993).

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et ainsi réduire les coûts de santé des aînés. Le recul de l’âge du départ à la retraite ne fait que renforcer cette nécessité de prévention.6

Depuis 2004, l’enquête SHARE7 interroge à travers toute l'Europe les personnes âgées de plus de 50 ans à deux ans d’intervalle. D’après les données de la première vague SHARE 1, la retraite peut être la cause de symptômes dépressifs qui apparaissent généralement quelques années après l’événement (IRDES8, 2011). Selon les données du Baromètre santé 2010 de l’Inpes9, une personne sur cinq au sein de la population des 55-85 ans « est ou a été en état de souffrance psychologique au cours des douze derniers mois (épisode dépressif caractérisé, détresse psychologique ou pensées suicidaires). » Si les taux sont inférieurs à ceux des personnes plus jeunes, ils doivent néanmoins susciter la vigilance, compte tenu des enjeux de santé associés et de leur implication dans l’aggravation des troubles liés au vieillissement (Léon et Beck, 2014, p.68). La majorité des personnes vivent de façon positive le changement lié à leur départ à la retraite. Selon Emmanuel Crenner, se basant sur les données de l’Insee de 2003, seuls 9 % des retraités ont qualifié l’année dans laquelle a eu lieu leur départ à la retraite de « mauvaise période » (2006, p.49). Mais en lien avec les projections démographiques déjà évoquées, nous pouvons envisager une augmentation conjointe de la proportion des personnes pour lesquelles la transition vers la retraite s’inscrit dans une période difficile. Les chiffres du Baromètre santé de l’Inpes révèlent aussi une plus grande vulnérabilité des personnes en fin de parcours professionnel (55-64 ans). « Des programmes favorisant le développement d’actions centrées sur l’adaptation à la retraite […] chez les plus de 55 ans pourraient dès lors présenter un bénéfice en termes de prévention du mal-être » (Léon et Beck, 2014, p.71).

Mais sur quels facteurs de risque10 agir ? Les précédentes estimations incitent à étudier les enjeux du passage à la retraite et leur lien avec l’état de santé ultérieur.

2.1.2 Les enjeux de la transition

La retraite est une transition dans la vie qui peut être aisée ou difficile, planifiée ou inattendue.

Étant influencée par des facteurs externes et internes, cette expérience est propre à chaque personne. Les relations sociales, la situation financière et l'état de santé sont fréquemment cités

6Selon l'article L161-17-2 du Code de la sécurité sociale : « L'âge d'ouverture du droit à une pension de retraite […] est fixé à soixante-deux ans pour les assurés nés à compter du 1er janvier 1955 » (Ministère de la Santé et des Solidarités, 2011). La réforme en cours vise à inciter les assurés à partir plus tard. Le droit de partir en retraite à 62 ans devrait être conservé, mais l'âge moyen de départ passerait à 63 ou 64 ans. Le rapport préconise de modifier cet âge d'équilibre en fonction de l'évolution de l'espérance de vie.

7 SHARE : Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe : enquête longitudinale, multidisciplinaire et internationale concernant plus de 80 000 européens, réalisée depuis 2004 dans vingt-sept pays européens.

8 IRDES : Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé

9 INPES : Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé

10 Facteur de risque : « Situation sociale ou économique, état biologique, comportement ou

environnement qui est lié, éventuellement par une relation de cause à effet, à une vulnérabilité accrue à une maladie, à des problèmes de santé ou à des traumatismes déterminés » (OMS, 1998, p.20).

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comme ayant une incidence sur la retraite (Jonsson, Josephsson et Kielhofner, 2001). Il a été constaté que cette transition modifiait significativement ou interrompait les routines quotidiennes, les relations sociales, les rôles (familiaux et sociétaux), l’estime de soi, les soutiens sociaux et l’emploi du temps (Rosenkoetter et Garris, 1998) (Marlene M. Rosenkoetter, 2001).

On pourrait supposer un sentiment de joie et de liberté à l’idée de quitter le monde professionnel pour ce qui s’apparenterait à de longues vacances. Mais cette période de vie, transition entre vie professionnelle et retraite, est paradoxale dans la mesure où elle induit aussi de profonds remaniements identitaires et bouleverse les rôles sociaux. Le sentiment d’utilité souvent associé au travail et l’identité professionnelle qui s’est construite au fil des années sont alors questionnés (Morel-Bracq, 2015). La retraite correspond à la perte d’un rôle professionnel. Ce rôle reste majeur dans notre société. Ceux qui ne se sentaient exister qu’à travers leur activité professionnelle pourront vivre sa cessation comme une rupture. La « retraite réussie » est ainsi favorisée par l’investissement de centres d’intérêt préexistants. Cette transition implique une réorganisation du temps et des activités (Trivalle, 2008, p.438). En psychologie, la continuité

« se perçoit dans le type de contact maintenu, dans les activités poursuivies, mais aussi, dans les modalités de faire face aux épreuves de la vie. » Cette continuité serait un facteur de protection de la santé mentale. À contrario la rupture, qui « met l’accent sur la coupure d’avec le monde du travail et des statuts qui lui sont affiliés », menace la santé mentale de l’individu. Le passage à la retraite met ainsi en jeu les capacités de résilience du sujet (Bouteyre et Lopez, 2005, p.43).

Malgré l’allongement de l’espérance de vie, la retraite marque le début d’une adaptation progressive à la vieillesse. « Près d’une personne sur cinq associe le fait d’être âgé à la retraite » (Credoc, 2016, p.19). Rappelons qu’une personne âgée peut être qualifiée comme telle à partir de 60 ans de vie selon le critère fixé par l’OMS (2016a).

Selon Bernard Hervy, le passage à la retraite détermine notre entrée dans le groupe social

« retraités et personnes âgées » de façon définitive. Cet auteur différencie le vieillissement habituel et le vieillissement difficile des rôles sociaux. Le vieillissement habituel commence généralement une dizaine d’années avant la retraite, lorsque les enfants quittent le domicile familial. Le rôle des parents est alors modifié et le nouveau rôle de grands-parents apparaît souvent ensuite. La retraite implique la transformation du rôle principal de travailleur, mais également de rôles secondaires : collègue, formateur, militant… « Le passage de ces étapes comporte toujours des risques de rupture, des transformations non réussies ou non assumées : il s’agira du « syndrome du nid vide » pour la transformation du rôle de parent, de la montée des suicides dans les deux ans qui suivent la retraite, des dépressions qui suivent le veuvage... » (2008). La transition vers la retraite nécessite une préparation psychologique car, impliquant l’adaptation à une situation nouvelle, elle constitue souvent une période de crise (Delbrouck et al., 2011). Dans le vieillissement difficile des rôles sociaux, le rôle n’est plus seulement transformé mais supprimé. « La disparition des rôles sociaux entraîne aussi la détérioration de

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l’image de soi, la perte de l’envie de vivre, et parfois l’apparition de maladies, les aspects physiologiques, psychologiques et sociaux étant en constante interaction » (Hervy, 2008). La question de l’identité occupationnelle est ainsi à prendre en compte. L’emploi dote les personnes d’une identité professionnelle en lien avec l’importance de son poids temporel, mais aussi du statut social et des responsabilités et relations qu’il confère. L’enjeu pour les retraités est de retrouver une temporalité après la vie professionnelle ainsi qu’une nouvelle identité sociale.

Selon le sociologue Vincent Caradec, cette adaptation sera favorisée, par la « désocialisation professionnelle anticipée », « une prise de distance par rapport à l’investissement professionnel au cours des derniers mois ou des dernières années de l’activité professionnelle » (2008, p.164).

L’approche culturelle et sociale est identifiée par Mélissa Petit, docteure en sociologie, comme un des nombreux critères influençant la façon dont la retraite sera abordée. Ainsi, les québécois par exemple sont davantage tournés vers une « interpénétration des temps tout au long du parcours de vie », intégrant notamment le bénévolat dans les activités pratiquées quelle que soit l’étape de leur parcours. Les français quant à eux opèrent une séparation plus tranchée entre les différentes périodes de leur vie. Ce cloisonnement contribue à restreindre la diversité des activités des personnes retraitées (Petit, 2016, p.41). Mais la division dichotomique travail-retraite s’atténue et la transition entre ces deux temps s’opère moins franchement, la retraite étant devenue « un processus qui peut s’étaler sur la longue durée » (Ibid., p.185).

L’organisation du temps lors du parcours de vie antérieur aura également un impact sur la retraite future. Un individu ayant laissé le travail envahir toutes les sphères de sa vie n’abordera certainement pas la retraite de la même façon que celui qui sera parvenu à contenir le travail dans un espace-temps dédié. « Les manières d’organiser son temps pendant la vie professionnelle et principalement celles en fin de carrière ont un impact non négligeable sur l’organisation du temps à la retraite » (Ibid., p.87-88). Cet aspect temporel fait écho à la situation d’appel de cette recherche, celle de Mme M, ayant vécu de nombreuses années selon une temporalité occupationnelle privilégiant très largement son travail et se trouvant en difficulté pour ajuster une nouvelle temporalité à la retraite. Par ailleurs, le temps structuré par le travail lors de la vie active devient une période de temps choisi, instaurant un nouveau rapport au temps que la personne retraitée se trouve libre d’organiser.

Pour les personnes en couple, souvent peu habituées à partager autant de temps au quotidien, la vie à deux doit elle aussi se réorganiser pour retrouver un équilibre.

De même, la retraite ne sera pas vécue de la même façon selon qu’elle aura été subie ou choisie.

L’aspect économique est un autre élément pouvant influencer le vécu de cette transition. Si les retraités sont deux fois moins pauvres que l’ensemble de la population, 12 % des retraités ont un niveau de vie inférieur à 1 140 euros par mois. En 2016, selon l’enquête Emploi de l’Insee plus

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d’un retraité sur deux se trouvait en situation de cumul emploi-retraite à 65 ans ou plus et cette tendance s’accroit (Drees11, 2018). La forme de la retraite est ainsi en pleine mutation.

En complément des précédents apports psychosociologiques, la science de l’occupation permet de mieux comprendre la manière dont les individus abordent leur passage à la retraite. Face aux faibles données retrouvées dans le contexte français, nous nous sommes également penchés sur des études réalisées à l’étranger et dans le cadre plus large de l’Europe. Leurs résultats dépendent d’un contexte économique et social particulier ; ils sont donc à considérer avec une distance critique. Nous nous sommes ainsi référés à une étude suédoise menée par Hans Jonsson (Jonsson, Josephsson et Kielhofner, 2001). Son projet de thèse intitulé « Anticiper, expérimenter et valoriser la transition de travailleur à retraité : une étude longitudinale de la retraite en tant que transition occupationnelle » a donné lieu à cinq études réalisées auprès d’une trentaine de suédois et suédoises suivies depuis leur pré-retraite (à 63 ans) jusqu’à leur retraite établie (à 70 voire 73 ans) (Pierce, 2016). Parmi les résultats de ces études, certains points-clés ont été identifiés :

- Une diminution de la qualité de vie à la retraite a été exprimée par ceux qui n’avaient pas pu substituer aux valeurs liées au travail des valeurs similaires ou nouvelles.

- Le sentiment de satisfaction à l’égard de la vie à la retraite a pu être mis en corrélation avec la présence d’occupations très investies en termes d’engagement. Et inversement.

Le concept d’occupation très investie nommée « engaging occupation » par Hans Jonsson a ensuite donné lieu, en 2006, au projet « Do It Now » en Australie, sous l’égide du Dr Alison Wicks, au Centre Australasien des sciences de l’occupation. Vingt programmes financés par le gouvernement ont été proposés à 171 personnes âgées d’au moins 55 ans. Ce projet visait à favoriser chez ces personnes la prise de conscience de l’importance de se projeter sur leurs futures activités et de rester engagées dans des activités dans la communauté une fois leur retraite établie. Ces programmes ont permis aux participants d’agir de façon positive sur leur mode de vie à la retraite par l’augmentation des activités très investies (Wicks, 2006).

En Europe, les données de l’enquête SHARE 1 ont permis de répondre partiellement à l’effet du maintien en activité sur l’état de santé ultérieur. Un suivi longitudinal à travers de nouvelles vagues de l’enquête devrait apporter des réponses plus fiables en se basant sur une durée d’étude plus importante. La première vague a cependant permis d’identifier l’impact positif des activités professionnelles, extra-professionnelles ou physiques sur la réserve cognitive des personnes de 50 à 65 ans. Cette étude « ouvre des perspectives intéressantes dans le développement de politiques d’activités diverses dans la prévention du vieillissement cognitif. » (Laferrère, 2007, p.9) Par ailleurs, l’enquête SHARE 1 a permis de montrer l’effet de la participation sociale sur l’augmentation du nombre de personnes de 50 ans et plus déclarant être en bonne ou très bonne santé (Sirven et Godefroy, 2009, p.76‑97). « De plus forts taux de participation sociale pourraient

11 DREES : Direction de la Recherche, des Études et de l’Évaluation des Statistiques

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améliorer l’état de santé et réduire les inégalités au sein de l’échantillon entier et au sein de chaque pays. Les politiques de vieillissement en bonne santé basées sur la promotion de la participation sociale pourraient donc bénéficier à la population âgée en Europe » (IRDES, 2011, p.40).

Les résultats des recherches menées par Heaven et ses collaborateurs ont également permis de conclure à un effet bénéfique des interventions ciblant les rôles sociaux sur la santé et le bien- être des personnes retraitées (2013).

Finalement, l’enjeu global du passage à la retraite semble être l’évitement de la rupture au profit d’une certaine continuité. Sous l’angle occupationnel, les différentes études évoquées reflètent l’importance du rééquilibrage temporel, de la participation sociale et de l’engagement des personnes retraitées dans des activités signifiantes pour promouvoir leur santé. La prise en compte des activités dans l’anticipation de cette transition semble alors primordiale.

Ce défi suscite des interrogations concernant les moyens préventifs à mettre en oeuvre.

2.1.3 Entretiens exploratoires

Afin d’étayer les questionnements pré-cités et de nous diriger vers la question de recherche, des entretiens exploratoires ont été réalisés avec des personnes retraitées, des ergothérapeutes spécialisées en promotion de la santé, gériatrie et science de l’occupation. Parmi ces différentes rencontres, les propos de personnes récemment ou prochainement retraitées confirment l’existence d’un remaniement occupationnel lors de la retraite.

L’une d’elles, ergothérapeute cadre de santé, a participé à une intervention de préparation à la retraite et les recommandations données n’ont trouvé que peu d’écho dans sa situation. L’apport de conseils généralistes concernant les activités à entreprendre et la manière de consommer lui est apparu peu adapté à ses besoins singuliers. Elle exprime par ailleurs son intérêt à considérer le passage à la retraite comme une transition occupationnelle et la nécessité de défendre cet angle de vue auprès des institutions.

La seconde ergothérapeute sollicitée était anciennement cadre de santé dans le domaine de la prévention. Elle a pris sa retraite mais continue d’enseigner ponctuellement. Celle-ci explique s’être inscrite dans de nombreuses associations, avec son mari, dès leur arrivée à la retraite. Mais elle a finalement très vite abandonné tous ces engagements pour se recentrer sur son réel besoin : celui de nager et « prendre du temps » pour elle. Elle a ensuite identifié cette inscription immédiate à de multiples activités comme une réponse au « bien vieillir » possiblement vécu alors comme un impératif sociétal. Parmi nos lectures, un ouvrage sociologique vient appuyer ce sentiment. Les auteurs y exposent des recherches francophones récentes et expliquent l’injonction paradoxale du « bien vieillir » qui s’applique comme un devoir de participation à l’économie sans être une concurrence pour les plus jeunes actifs (Hummel, Isabelle et Caradec, 2014).

Le troisième échange a eu lieu avec une ergothérapeute exerçant en Belgique dans un service de

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gériatrie aiguë après avoir travaillé en hôpital de jour gériatrique. Lors d’une conférence sur l’équilibre occupationnel, celle-ci a pris conscience du bouleversement que pouvait engendrer le passage à la retraite. À travers son activité professionnelle, elle mesure l’impact de cette transition sur l’état de santé des personnes âgées qu’elle accompagne : « c’est une impression récurrente chez la plupart de mes patients : « tout s’est dégradé à partir de ma retraite ». » Dans le cadre de ses fonctions, il lui est régulièrement demandé, de façon plus ou moins explicite, de rétablir un équilibre occupationnel chez les personnes qu’elle suit. Mais elle relate des situations pour lesquelles cet équilibre semble très difficile, voire même impossible à retrouver du fait d’une prise en compte trop tardive de cet aspect occupationnel. Ainsi, selon ses propos, « il y a un gros travail de prévention qui devrait être fait auprès de cette population et ça commence dès la retraite, et même avant […] On peut tous apprendre de l’équilibre occupationnel. »

Les ergothérapeutes interrogées dans ce contexte exploratoire ont toutes reconnu la pertinence de considérer la transition vers la retraite sous un angle occupationnel.

2.1.4 Transition occupationnelle

Parler de transition occupationnelle dans le contexte d’une recherche en ergothérapie nécessite de définir en premier lieu l’occupation mais aussi la science de l’occupation.

La science de l’occupation est une discipline fondamentale née aux États-Unis il y a une trentaine d’années. Son objet d’étude étant l’occupation, elle vise à « produire des savoirs disciplinaires ou interdisciplinaires pour soutenir l’exercice de l’ergothérapie, […] améliorer la compréhension et apprécier la complexité de l’occupation humaine dans l’environnement sociétal ». Cette science permet la conception et la révision des cadres conceptuels et « contribue à légitimer les approches occupationnelles autour de l’engagement, de la participation, de la transition ou de la justice occupationnelle. » Son apport contribue à valoriser l’ergothérapie sur le plan scientifique (Meyer, 2018, p.14).

Polatajko et ses collaborateurs ont défini l’occupation comme « une activité ou un ensemble d’activités réalisées avec constance et régularité qui apportent une structure à laquelle des individus et une culture accordent une valeur et une signifiance » (2013, p.23).

« Les transitions occupationnelles sont définies comme une interruption dans la vie d’une personne créant une discontinuité nécessitant ainsi l’établissement d’un nouvel équilibre de vie » (Blair, 2000)(cité par Bourque, 2017, p.14). Ces transitions peuvent se présenter à tout moment de la vie. L’enfant, dès son plus jeune âge, quitte son environnement familial pour apprendre à socialiser avec ses pairs dans le milieu scolaire. Le départ du domicile parental, l’entrée dans la vie professionnelle, l’arrivée d’un enfant, le deuil, et bien-sûr la retraite seront autant d’autres transitions occupationnelles majeures potentiellement vécues. En 2013, Polatajko et ses collaborateurs distinguent et analysent trois types de transitions occupationnelles : la macro, la méso et la micro. Les transitions de type « macro » correspondent aux étapes de vie

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précédemment citées, influencées par le contexte socioculturel dans lequel chacun évolue. Ainsi, une même transition sera vécue différemment selon les cultures, les valeurs, etc. Les transitions de type « méso » sont définies comme des transitions dans les occupations. Il s’agira par exemple de s’adapter au changement de routine entre une journée au travail et une journée de repos. Enfin, la transition est qualifiée de « micro » « lorsqu’une personne arrête une occupation pour en changer, et ce, dans un même contexte » (Polatajko et al., 2013, p.68).

Si la transition vers la retraite peut être identifiée comme « macro », celle-ci comporte de multiples transitions de type « micro ». Les micro-transitions occupationnelles ont lieu lorsqu’on débute une nouvelle occupation mais aussi lorsqu’on en retrouve une antérieure. Selon Francine Ferland, la perte du rôle de travailleur peut engendrer une perte de sens dans le quotidien, ainsi qu'un sentiment de vide et d’inutilité. Il importe alors de trouver des activités d’intérêt pour redonner un sens à sa vie et satisfaire son besoin d’action. « Ce peut être l’occasion de s’adonner à des activités de loisirs qui intéressaient la personne dans le passé et qu’elle n’a jamais eu (ou pris) le temps de faire » (Morel-Bracq et al., 2015, p.39). Lors de l’étude phénoménologique britannique de Pettican et Prior, les participants ont d’ailleurs mentionné l’importance de la planification de la retraite afin de savoir comment utiliser le temps disponible à l’issue de la transition (Pettican et Prior, 2011).

Il s’agit ainsi de parvenir à retrouver un équilibre.

2.2 Équilibre de vie et équilibre occupationnel

L’équilibre de vie et l’équilibre occupationnel sont des concepts souvent confondus mais tout aussi importants à considérer lorsque l’on s’intéresse à la transition vers la retraite.

Selon Pentland et Mc Coll, l’équilibre de vie est « la mesure selon laquelle une personne construit sa vie et la mène en toute intégrité par rapport à ses valeurs personnelles, ses forces et ce qui a du sens pour elle » (2008, p.135). En 2012, Matuska a proposé une définition de l’équilibre de vie selon deux grands principes : la congruence et l’équivalence. La congruence correspond au

« rapport entre le temps désiré et le temps réellement consacré aux activités ». L’équivalence désigne « la satisfaction envers le temps passé à réaliser des activités pour répondre aux quatre besoins fondamentaux suivants : (1) santé et sécurité physique, (2) relations interpersonnelles gratifiantes, (3) défis, engagement et compétence et (4) sens à sa vie et identité personnelle positive » (Lacroix et al., 2018, p.104). Cet équilibre favoriserait la diminution du stress et l’augmentation du bien-être avec des effets positifs consécutifs sur la santé mentale et physique (Matuska, 2012a)( 2012b). Cette définition tient également compte du contexte extérieur et de l’influence de l’environnement physique et social (Matuska et Christiansen, 2008). « Un meilleur équilibre de vie […] est significativement associé à un niveau inférieur de stress, à une meilleure santé physique et mentale et à une qualité de vie supérieure » (Larivière et Levasseur, 2016, p.112).

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L’équilibre occupationnel a été décrit dès 1922 par Adolph Meyer, l’un des principaux fondateurs de l’ergothérapie aux États-Unis, comme un équilibre entre quatre domaines d’occupation (Big Four) : le travail, les loisirs, le repos et le sommeil (Meyer, 1922). En 1997, Wilcock et ses collaborateurs ont identifié un lien significatif entre l’équilibre occupationnel et la santé (Wilcock et al., 1997). Selon une autre définition, l’équilibre occupationnel est envisagé comme la perception individuelle d’avoir la bonne quantité d’occupations et le bon degré de variation entre ces occupations [Traduction personnelle](Wagman, Håkansen et Björklund, 2012, p.326). Pour Wilcock (2015), l’équilibre occupationnel est unique à chacun et il y a déséquilibre lorsque l’engagement des personnes dans des occupations variées ne répond pas à leurs besoins physiques, mentaux, sociaux ou de repos. Enfin, selon Moll, Gewurts, Krupa, Law, Larivière et Levasseur (2015), l’équilibre occupationnel correspond à l’inclusion des huit dimensions de l’expérience qui seront détaillées plus loin dans le cadre du modèle « Vivez-Bien- Votre Vie ». Francine Ferland confirme que les activités de la personne doivent être variées :

« [elles] doivent lui permettre de satisfaire ses besoins biologiques, psychologiques, intellectuels et sociaux, qui sont des besoins communs à tout être humain. » Elle insiste également sur l’importance d’une notion « hautement subjective », l’équilibre de l’horaire de la personne. Pour viser cet équilibre, l’horaire de la personne doit lui procurer un sentiment de contrôle sur son quotidien, la satisfaction de s’impliquer dans des activités signifiantes et de remplir différents rôles sans prépondérance majeure de l’un d’entre eux (Morel-Bracq et al., 2015, p.40).

L’équilibre, subjectif par nature, correspond donc plutôt à un processus qu’à un but en tant que tel. Les transitions de vie telles que la retraite bousculent l’équilibre occupationnel et impliquent d’effectuer des changements dans son style de vie pour se sentir équilibré. Ces modifications peuvent être plus ou moins aisées à mettre en œuvre et nécessitent parfois un accompagnement.

L’équilibre de l’horaire étant favorisé par une implication dans les activités signifiantes, intéressons-nous à présent à ce dernier concept fortement lié à celui de l’engagement.

2.3 Engagement occupationnel dans des activités signifiantes

Rappelons à nouveau les résultats des études de Jonsson et ses collaborateurs ayant mis en corrélation un sentiment de satisfaction à l’égard de la vie à la retraite avec la présence d’« engaging occupations ». Ce terme désigne des occupations très investies, soit des occupations que la personne réalise avec un haut niveau d’engagement (Jonsson, Josephsson et Kielhofner, 2001). Parmi les différents facteurs caractérisant les occupations très investies, Jonsson a également identifié le fait que celles-ci soient « vécues comme positives et hautement signifiantes ». Les autres particularités des occupations très investies selon Jonsson sont les suivantes :

- Une participation intense en durée et régularité - Un ensemble cohérent d’activités

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- L’implication d’une communauté de personnes partageant un intérêt comun - Donnent une identité à l’individu

- Souvent relatées comme analogues au travail

- Evoluent vers un engagement ou une responsabilité (Pierce, 2016, p.231).

Le psychosociologue Elian Djaoui associe le « signifiant » au psycho-affectif et définit une activité signifiante à travers le sens que lui attribue la personne, « dans la mesure où un certain nombre de ses « besoins » psychiques trouvent satisfaction (sécurité, maîtrise de l’environnement, autonomie, reconnaissance, épanouissement de soi, estime de soi, créativité…) » (Morel-Bracq et al., 2015, p.211). Meyer a quant à elle rassemblé les éléments retrouvés dans divers écrits ergothérapiques pour proposer cette définition de l’engagement occupationnel : « le sentiment de participer, de choisir, de trouver un sens positif et de s’impliquer tout au long de la réalisation d’une activité ou d’une occupation »(2013, p.155).

De nombreuses études ont permis de mettre en lumière le lien entre l’engagement occupationnel et la santé. Selon Eric Trouvé, « il est démontré que l’engagement dans des occupations est un facteur de bien vieillir, de santé et de qualité de vie » (2011). Selon les études recensées par Lacroix et ses collaboratrices, la perception d’un meilleur engagement dans des activités signifiantes est associé à une estime de soi et une qualité de vie supérieures, à une maîtrise de sa vie, au bonheur, à une satisfaction envers la vie et la participation sociale, à un vieillissement réussi et à une meilleure santé physique et mentale (Lacroix et al., 2018). Les mêmes auteures conçoivent la notion d’activité signifiante comme partie intégrante du concept d’engagement (2018, p.12).

Un autre concept peut être connecté à celui de l’engagement, il s’agit du « flow » ou expérience optimale (Csikszentmihalyi, 1975). L’expérience optimale se produirait lorsque la personne s'engage dans une activité avec des objectifs clairs et des défis au niveau de ses compétences. Son attention est alors portée sur des éléments extérieurs plutôt que sur elle-même. Si le défi se situe au-delà des capacités de la personne, il pourra générer de l’anxiété ou de la frustration. Il pourra au contraire procurer de l’ennui s’il est jugé trop facile. Le flow, aussi nommé jouissance autotélique, est défini par certaines personnes comme le plus haut niveau de bien-être (Emerson, 1998). Selon cette théorie, « les personnes qui vivent des expériences optimales dans leurs activités quotidiennes se déclareraient plus heureuses » (Csikszentmihalyi et Patton, 1997, p.169).

Les expériences optimales peuvent être considérées comme une partie importante de l’occupation très investie [Traduction personnelle](Jonsson, Josephsson et Kielhofner, 2001, p.430). L’atteinte du flow pourrait s’inscrire comme un objectif lors de la transition emploi-retraite.

La forme de l’occupation est aussi à considérer. Nelson la définit comme un ensemble de circonstances objectives, physiques et socioculturelles externes à la personne et qui influencent sa performance occupationnelle [Traduction personnelle] (1996, p.776). Par exemple, la forme

(23)

de l’activité « préparer un repas » fait référence à la réalisation de ses différentes étapes (lire la recette, etc). La forme de l’occupation est indissociable du sens que lui donne la personne qui constitue, selon Nelson, une construction active, un processus d’interprétation. La même activité

« préparer un repas » pourra alors être pratiquée pour sa forme mais aussi pour le sens qu’elle lui confère (faire plaisir à ses proches). La signification donnée par une personne à une activité dépend à la fois de la forme occupationnelle et de la structure de développement de la personne, soit son expérience perceptuelle, symbolique et affective [Traduction personnelle] (1996, p.776).

Ainsi, une personne retraitée pourrait souhaiter reprendre une activité pratiquée antérieurement pour sa forme et/ou pour sa signifiance. Prenons l’exemple du football. Si un retraité veut jouer au football comme dans sa jeunesse afin d’activer son corps, celui-ci va renouer avec cette activité pour la forme. Toutefois, selon la signification personnelle qu’il donne à cette occupation, ce retraité peut vouloir reprendre cette occupation uniquement pour le sens qu’il lui attribue. Par exemple, s’il désire renouer avec la pratique du football parce que ce sport était une occasion de retrouver ses amis, mais qu’il ne peut plus le faire actuellement en raison de son état de santé, ce dernier pourra alors décider d’organiser des rencontres avec ses amis dans un autre contexte afin de retrouver le caractère signifiant de cette ancienne occupation. Il renouera ainsi avec le sens de l’occupation « football » et non avec la forme de celle-ci.

Lors de l’étude phénoménologique de Pettican et Prior, les participants mentionnent également l’importance de l’engagement dans des occupations signifiantes en lien avec l’augmentation de leur bien-être ressenti. À la retraite, certains d’entre eux veulent développer des activités capables de remplacer les aspects positifs de leur travail. Il s’agit alors de transposer le sens attribué à leur activité professionnelle dans d’autres occupations à la retraite. Il est donc essentiel de déterminer le sens accordé par les pré-retraités à leur travail (2011). Une personne retraitée pourra par exemple s’engager dans des activités de bénévolat pour maintenir ou retrouver le sentiment d’utilité sociale qui attribuait auparavant un caractère signifiant à son activité professionnelle.

Aussi, le défi du maintien de l’engagement à la retraite pourra se situer à la mesure du niveau d’engagement professionnel antérieur.

Il semble finalement que plus l’engagement occupationnel d’une personne est important, plus la perception que celle-ci a de sa santé et de son bien-être est positive. A contrario, le désengagement occupationnel favoriserait le mal-être et la dépression.

Le maintien de cet engagement occupationnel constitue donc un enjeu de santé lors de la retraite.

L’utilisation d’un modèle ergothérapique doit permettre de structurer notre mobilisation des différents concepts pré-cités pour aborder la transition vers la retraite.

(24)

2.4 Cadre conceptuel : le modèle « Do-Live-Well » ou « Vivez- Bien-Votre Vie »

D’après Marie-Chantal Morel-Bracq, « un modèle conceptuel est une représentation mentale simplifiée d’un processus qui intègre la théorie, les idées philosophiques sous-jacentes, l’épistémologie et la pratique » (2017, p.2).

Le modèle canadien « Do-Live-Well » ou « Vivez-Bien-Votre Vie » semble pertinent pour théoriser cette recherche car il met en lumière les liens existants entre l’occupation (« ce que les gens font tous les jours »), la santé et le bien-être en s’appuyant sur des données probantes. Ce modèle de référence en ergothérapie préventive publié en 2015 a été conçu par des ergothérapeutes canadiennes. Il promeut l’équilibre occupationnel et l’engagement dans des activités signifiantes, points-clés de la présente étude, selon une approche individuelle et collective. Il élargit le discours actuel sur la promotion de la santé pour prendre en compte les résultats en matière de santé et de bien-être liés à l’engagement dans un large éventail d'activités physiques, mentales, sociales, cognitives et productives. Selon Moll, Gewurts, Krupa, Law, Larivière et Levasseur, ce cadre conceptuel est « conçu pour faciliter la réflexion individuelle, la défense d’intérêts communautaires et le dialogue à l’échelle du système sur l’impact des occupations quotidiennes sur la santé et le bien-être » (Moll et al., 2015, p.9).

Le modèle « Vivez-Bien-Votre Vie » explore différents concepts catégorisés ainsi : - Les dimensions de l’expérience

- L’utilisation du temps et de l’horaire de vie - Les facteurs personnels et sociaux

Tous ces éléments sont identifiés comme impactant la santé et le bien-être.

Figure 1 - Do Live Well - Description du modèle (Do Live Well, 2015)

(25)

Nous avons interrogé une ergothérapeute canadienne ayant contribué à élaborer ce modèle. Selon ses propos, en Amérique du Nord la planification de la retraite est particulièrement axée sur l’aspect financier « mais néglige le bouleversement occupationnel que cela génère ». Le modèle

« VBVV12 » lui parait approprié pour le passage à la retraite puisque « cette transition amène à se repositionner sur son horaire de vie », sur « ce qui donnera du sens, etc. » Elle n’a cependant pas connaissance d’utilisation concrète du modèle par des ergothérapeutes dans ce contexte actuellement.

Les différents concepts du modèle sont explicités ci-après.

2.4.1 Dimensions de l’expérience

La première dimension, Activer son corps, son esprit et ses sens se réfère aux activités qui stimulent les capacités physiques, intellectuelles et les cinq sens. « Selon les données probantes, l’engagement dans cette dimension améliore la forme physique, la force et la santé mentale et est associé à la réduction des risques de mort prématurée et de maladies » (Warburton, Charlesworth, Ivey, Nettlefold, & Bredin, 2010, cités par Moll et al., 2015, p.13). Il a été démontré que la participation à des activités stimulantes sur le plan cognitif, ainsi que l'engagement productif dans les activités sociales et de loisirs intellectuellement stimulants réduisent le risque de déclin cognitif à un âge avancé (Depp, Harmell, & Vahia, 2012; Valenzuela & Sachdev, 2009, Ibid.).

La deuxième dimension, Créer des liens avec les autres, implique de s’engager dans des activités favorisant des relations soutenantes et gratifiantes permettant de se sentir intégré socialement.

Les personnes socialement intégrées et bénéficiant d’un réseau social soutenant ont une meilleure santé mentale, un niveau de bien-être subjectif plus élevé et des taux de morbidité et de mortalité plus faibles (Holt- Lundstad, Smith, & Layton, 2010, Ibid.). L'appartenance, la connectivité et l'interdépendance favorisées par l'engagement occupationnel sont en corrélation positive avec le bien-être (Suh & Koo, 2008, Ibid.).

La troisième dimension, Contribuer à la communauté et à la société se réfère à toute action reliée à contribuer à la société ou la communauté, qu’elle soit réalisée contre rémunération ou non. Le bénévolat est lié à des taux de mortalité et de dépression plus faibles, à une plus grande capacité fonctionnelle et à une amélioration de la santé et du bien-être perçu des personnes âgées (Gottlieb & Gillespie, 2008 ; Grimm, Spring, & Dietz, 2007 ; Onyx & Warburton, 2003, Ibid.).

La quatrième dimension, Prendre soin de soi, implique de prendre soin de sa santé physique, émotionnelle et spirituelle en étant à l’écoute des motivations, valeurs et croyances qui nous importent. Prendre soin de soi par des activités telles que le yoga, la pleine conscience, la méditation et le temps passé dans la nature, peut avoir un impact positif important sur la santé

12 VBVV : « Vivez-Bien-Votre Vie »

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mentale ou émotionnelle et la satisfaction de vivre (Keng, Smoski, & Robins, 2011 ; Köhn, Persson Lundholm, Bryngelsson, Anderzén-Carlsson, & Westerdahl, 2013, Ibid.).

La cinquième dimension, Construire sa prospérité, comprend les activités permettant une sécurité financière et sociale. S'engager dans des activités productives, significatives et rémunérées offre aux individus un moyen de parvenir à la sécurité économique et sociale et contribue à prévenir les effets néfastes de la pauvreté (McKee-Ryan, Song, Wanberg, & Kinicki, 2005, Ibid.). Certains retraités font par exemple le choix de reprendre une activité rémunérée pour compenser une pension de retraite ne leur permettant pas de subvenir à leurs besoins.

La sixième dimension, Développer et exprimer son identité personnelle, implique de développer ses intérêts, préférences, valeurs ainsi que ses forces personnelles. Les personnes s’engageant dans cette dimension ont une meilleure santé mentale et un taux inférieur de comportements à risque pour la santé.

La septième dimension, Développer ses capacités et son potentiel, implique de développer des compétences, des connaissances et des habiletés afin de d’actualiser son soi idéal. Le fait de développer sa croissance personnelle favorise l’auto-efficacité et une plus grande confiance en soi pour essayer de nouvelles activités et reprendre le contrôle de sa vie (Hammond, 2004, Ibid.).

La huitième et dernière dimension de l’expérience, Vivre du plaisir et de la joie, est reliée à la participation à des activités qui procurent un bien-être. Le fait de participer à des activités plaisantes, procurant du bonheur, augmente le niveau de satisfaction envers la vie, diminue la pression artérielle, procure la perception d’un meilleur fonctionnement physique et améliore la santé en général (Pressman et al., 2009, Ibid.).

2.4.2 Utilisation du temps et horaire de vie

Cinq éléments-clés en lien avec l’utilisation du temps et l’horaire de vie peuvent avoir des répercussions positives sur la santé et le bien-être sous condition de leur bon dosage. Chacun de ces éléments s’étend sur un continuum où chaque extrémité est liée à un risque potentiel pour la santé. Ainsi par exemple, en termes d’engagement, investir trop d'énergie émotionnelle peut conduire à des problèmes tels que la fatigue ou l'épuisement (Gallagher, 2013, Ibid., p.15).

Le premier élément est l’engagement et le deuxième élément est le sens personnel. Ces deux premiers éléments se réfèrent à l’engagement dans les activités signifiantes précédemment développé. Les adultes âgés qui créent un sens personnel malgré la perte de leurs rôles sociaux ont des taux plus élevés de résilience et de satisfaction à l’égard de leur vie (Krause & Shaw, 2003 ; Wong, 1989, Ibid.). Inversement, la perte de sens à l'âge adulte a été mise en lien avec une mauvaise santé mentale (Wong, 1989, Ibid.).

Le troisième élément relié à l’utilisation du temps et l’horaire de vie est l’équilibre, concept également détaillé plus en amont.

(27)

Le quatrième élément réunit le choix et le contrôle. Avoir un sentiment de contrôle sur l’utilisation de son temps et de son horaire de vie, en déterminant soi-même ses activités, est un élément-clé pour la santé et le bien-être. Des recherches ont démontré qu’avoir du choix et du contrôle sur ses activités favorise l’efficacité personnelle, l’estime de soi, la motivation et le pouvoir d’agir (Bandura, 1982, Ibid.). Cependant, le fait d’avoir trop de choix peut être un facteur de stress chez certaines personnes.

Enfin, le cinquième élément comprend les routines. Les routines sont des modèles de comportement ou d'emploi du temps réguliers, répétitifs et prévisibles, incluant les habitudes, les rituels et les rythmes de vie (Christiansen & Townsend, 2010, Ibid., p.16). Lors d’une transition de vie telle que la retraite, ces routines peuvent être perturbées. Idéalement, elles doivent être flexibles afin de s’adapter aux imprévus de la vie (Moll et al., 2015).

2.4.3 Facteurs personnels et sociaux

Les facteurs personnels comprennent les caractéristiques individuelles telles que l’âge, le sexe, le statut social, la culture et l’état de santé. Ces facteurs peuvent influencer ce qu’une personne veut faire, est capable de faire et ce qui est attendu d’elle. Aussi, une personne nouvellement retraitée dotée d’une personnalité persévérante s’engagera probablement plus facilement dans des activités signifiantes qu’une personne plus indolente. Cet engagement facilité impactera également de façon positive les dimensions de l’expérience ainsi que son horaire de vie et son utilisation du temps.

Les facteurs sociaux, englobent l’environnement physique, institutionnel et socioculturel d’une personne. Par exemple, les valeurs priorisées par une société peuvent grandement influencer les investissements politiques et les possibilités de participation à des activités qui en résulteront (Do Live Well, 2015).

Nous avons nourri notre recherche sur la retraite d’apports conceptuels ; explorons à présent le cadre socio-politique et les modalités de l’accompagnement de cette transition occupationnelle.

2.5 L’accompagnement de la transition vers la retraite 2.5.1 Promotion de la santé et prévention

Selon la définition de l’OMS publiée dans la charte d’Ottawa en 1986, « la promotion de la santé

a pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de leur propre santé et davantage de moyens de l'améliorer » (OMS, 1986, p.1). Elle se décline en cinq axes que sont l’élaboration de politiques favorables à la santé, la création d’environnements favorables, le renforcement de l’action communautaire, l’acquisition d’aptitudes individuelles et la réorientation des services de santé. Dans une perspective plus restreinte, la prévention a été définie par l’OMS en 1948 comme

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