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Les différentes méthodes pédagogiques en formation paramédicale infirmière 38

CHAPITRE 1 : LA FORMATION INFIRMIÈRE

1.2. La formation infirmière en France

1.2.5. Les différentes méthodes pédagogiques en formation paramédicale infirmière 38

pédagogiques en formation paramédicale

infirmière

Au cours des trois années de formation des étudiants en soins infirmiers, de multiples artéfacts peuvent servir pour l’apprentissage, de la théorie jusqu’à l’application pratique auprès d’un patient réel.

Figure 1 : Les différentes méthodes pédagogiques selon une interprétation personnelle issu de la lecture « la simulation en santé : de la théorie à la pratique » (BOET et al., 2013)

Depuis les années 1970, la formation des professionnels de santé intègre la méthode pédagogique d’apprentissage par problème. Les étudiants sont mis en présence d’un cas

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clinique et par recherche d’informations et de mise en corrélation de ces informations, ceux-ci doivent identifier le problème de santé et tenter de le résoudre. André Tricot (Tricot, 2017), suite des méta-analyses de la littérature abondante sur cette thématique, lui permet d’affirmer « l’apprentissage par problème est mieux évalué par les étudiants que des approches classiques à l’enseignement, la pratique clinique est elle aussi meilleure et les connaissances factuelles et cliniques, en revanche, ne profitent pas de cette approche. […] Plus précisément, les compétences ou connaissances qui bénéficient le plus de la pédagogie par problème même quand l’évaluation est réalisée des années après la fin de la formation sont : faire face à l’incertitude, prendre en compte les aspects légaux et éthiques du soin, communiquer (Wood, 2003) ».

Cette méthode pédagogique par problème permet d’appuyer l’apprentissage en ainsi atteindre l’apprentissage visé par la compréhension de l’étudiant ayant été confronté à cette méthode pédagogique : on comprend mieux ce que l’on fait et pourquoi on le fait.

Selon une étude de 2015 (Darris & Quebre, 2016), la simulation dans les IFSI était utilisée en premier lieu dans l’apprentissage des compétences relationnelles, puis pour l’apprentissage des gestes techniques et en troisième position, pour l’apprentissage du raisonnement clinique. Il ressort également de cela que la méthode pédagogique par jeu de rôle est une méthode préférentiellement utilisée dans l’apprentissage des compétences relationnelles.

En ce qui concerne l’apprentissage des gestes techniques et procéduraux, l’utilisation de mannequin de basse fidélité reste l’artéfact le plus utilisé.

Les jeux sérieux (ou serious game) sont quasi inexistants dans les méthodes pédagogiques, et la simulation hybride ou l’utilisation de mannequins haute-fidélité restent peu utilisées dans les IFSI.

Un état des lieux réalisé par l’Agence Régionale en Santé Île-de-France entre juillet 2017 et octobre 2017 (Conférence de la réunion de lancement de la politique régionale en matière de simulation le 29 juin 2018). La présentation de cet état des lieux a porté sur les 60 IFSI et 7 facultés de médecine en Île-de-France. Cet état des lieux montre que seulement 17% des IFSI utilisent de la haute-fidélité au sein de leurs établissements avec en moyenne deux séances de deux heures par an et par étudiant ; 47 % utilisent de la moyenne fidélité, avec une moyenne de deux séances de deux heures par an par étudiant ; et que 100% des IFSI utilisent de la basse-fidélité. Dans les autres méthodes de simulation utilisées, il ressort que 83% des IFSI font de la simulation avec un patient simulé ou standardisé (imitation d’un patient ayant une

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problématique de santé), 18% utilisent des sérious games et 58% des IFSI utilisent un simulateur de vieillissement.

Concernant l’état des lieux au niveau université, seules trois universités en Île-de-France disposent d’une plateforme de simulation et les quatre autres universités disposent d’un laboratoire de simulation. 5% des étudiants infirmiers utilisent une plateforme de simulation universitaire.

Cet état des lieux permet de constater que tous les IFSI pratiquent la simulation, mais avec des matériels différents.

Les objectifs de la région, au regard de cet état des lieux, sont de favoriser l’accès des étudiants infirmiers à une plateforme de simulation haute-fidélité, mais également de favoriser l’interdisciplinarité (notamment avec les étudiants en médecine) et de favoriser les innovations pédagogiques.

1.2.6. Le genre et les TIC

La formation infirmière en France est en très grande majorité féminine. Pour preuve, le rapport de la DREES de 2016 (Croguennec, 2018) indique que sur les 92 286 étudiants, nous avons 15 519 hommes contre 76 767 femmes soit un rapport de 16,8 % d’hommes pour 83,2% de femmes.

La sociologie des usages depuis les années 1980 a relevé l’importance du genre dans l’appropriation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Néanmoins, les résultats demeurent parcellaires, surtout en France, car le genre est traité dans des études plus généralistes. Josiane Jouet précise que les usages de la technologie est imprégné culturellement par la domination masculine et que pour la majorité des femmes, la technologie demeure un simple outil utilitaire « Le fossé dans l’acculturation des deux sexes aux technologies informatisées se remarque dès l’enfance et l’adolescence dans les usages des jeux vidéo auxquels s’adonnent beaucoup plus de garçons que de filles. Certes, ces dernières pratiquent ce loisir, mais de façon moins intensive et moins frénétique que les garçons. [..] Il est ainsi significatif que toutes les études européennes et américaines relèvent la prépondérance de la dimension utilitaire et fonctionnelle dans les usages sociaux des TIC développés par les femmes. Même si les femmes utilisent aussi le potentiel récréatif des TIC,

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leurs usages s’inscrivent davantage dans une démarche de rationalité, paradoxe pour le genre supposé dénué de cette qualité. (Jouet, 2003, p.53-86)

Des théories sur l’acceptation des technologies ont pris un compte cette dimension du genre. Par exemple, la théorie unifiée de l’acceptation et de l’usage des technologies de l’information (UTAUT) de Venkatesh, en 2003, regroupe les théories existantes depuis 1996 sur l’acceptation des technologies (Venkatesh, Morris, Davis, & Davis, 2003, p.425-478) sur l’intention d’utiliser une technologie :

Figure 2 : Théorie unifiée de l'acceptation et de l'usage des technologies de l'information (UTAUT)

Les différentes variables du modèle expliquent l’intention d’usage et l’usage de la technologie. Nous avons tout d’abord, l’attente de performance qui correspond au degré de croyance que l’individu aura sur l’utilisation de la technologie pour l’aider à accroître sa performance. Cette dimension comprendra, l’utilité que percevra l’individu, sa motivation extrinsèque (l’attrait de la réussite), l’adéquation de la technologie à la tâche proposée ainsi que les résultats que l’individu espère vis-à-vis de cette tâche.

La deuxième variable est la variable d’attente d’effort, c’est-à-dire la facilité d’utilisation perçue de la technologie.

La troisième variable est l’influence sociale qui correspond au degré d’importance qu’un individu entrevoit sur le fait que les autres l’incitent dans l’utilisation de cette technologie. La quatrième variable correspond aux conditions facilitatrices, c’est-à-dire le degré de croyance d’un individu de l’existence d’une organisation en soutien à cette technologie.

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Sur ces quatre variables principales, 4 autres variables vont renforcer ou non celles-ci, le genre, l’âge, le niveau d’expérience vis-à-vis des technologies et l’obligation ou non d’utiliser cette technologie.

Pour faire un lien avec les deux premiers sous-paraphes, les étudiants infirmiers de la génération des Milléniales (génération Y) sont plus en recherche de technologie adhérent aux nouvelles technologies, génération ultra connectée. De plus, la spécificité du genre féminin très important dans ce type de formation nécessite également de prendre en compte ce paramètre à la fois de la génération et à la fois du rapport du genre aux technologies.

Les technologies éducatives sont des outils numériques utilisés en pédagogie. L’enseignement via ces outils numériques, à ce jour, questionne de nombreux chercheurs sur leurs plus-values dans les apprentissages académiques. André Tricot et Franck Amadieu ont travaillé sur un ouvrage sur les attentes ou les mythes autour des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement en octobre 2014, il ressort de cela qu’« il est tout à fait impossible de savoir aujourd’hui, si ces innovations améliorent les apprentissages des élèves de façon générale » (Tricot, 2017)