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Concernant la collecte de données, précisons d’abord qu’afin d’assurer la validité de nos construits théoriques (Yin, 2014 ; Gibbert et al., 2008), nous avons cherché à obtenir différentes sources de données qualitatives. Il est ainsi possible de « trianguler » les perspectives de manière à refléter adéquatement la réalité étudiée. Autrement dit, nous avons observé le même phénomène avec différents types de données qualitatives afin d’effectuer des comparaisons et des recoupements à travers les différentes perspectives.

La principale méthode de collecte de données utilisée est l’entrevue (interview). Nous avons choisi ce type de méthode en raison du contact direct avec les individus qu’elle permet. L’échange qui s’établit durant une entrevue entre les chercheurs et les participants permet une transmission de détails abondante de la part des acteurs du milieu (Yin, 2011). L’entrevue offre également une vision directe sur les perspectives (insights) des gens rencontrés. Ces détails nous semblent importants afin de répondre adéquatement à la question de recherche. Plus spécifiquement, nous avons effectué des entrevues semi-structurées et des rencontres de groupe. Les prochains paragraphes expliquent la manière dont ces deux types d’entrevues ont été utilisés.

L’entrevue semi-structurée se situe à mi-chemin entre l’entrevue structurée et l’entrevue non structurée. L’entrevue structurée est réalisée à l’aide d’un questionnaire strict, pour lequel chaque question doit être énoncée de façon similaire pour tous les entretiens (Yin, 2011). La manière suivie pour consigner les réponses doit également être identique. Cette forme d’entrevue est très proche du sondage. À l’opposé, l’entrevue non structurée s’apparente à une conversation, ce qui encourage le participant à exprimer plus librement son point de vue. Il n’est pas nécessaire lors d’une entrevue

non structurée d’écrire les questions au préalable. Dans le cadre de cette thèse, nous avons préféré l’entrevue semi-structurée parce qu’elle permet les avantages de la tenue d’une conversation tout en ayant un guide d’entrevue qui évite les égarements et permet ainsi de revenir aux sujets à traiter. Elle permet également d’approfondir les questions ouvertes de types « comment » et « pourquoi » afin de bien comprendre le phénomène étudié.

Les entrevues semi-structurées ont été réalisées avant les rencontres de groupe, lors de la première phase d’entrevue. Leur rôle était notamment de bien comprendre le phénomène étudié, c’est-à-dire la réalisation de la planification forestière opérationnelle pour chaque cas d’étude. Elles ont duré en moyenne 1 heure 45 minutes. Les guides d’entrevue utilisés comportaient deux sections. La première concernait les questions visant l’intégration de systèmes et la structure organisationnelle de la chaîne d’approvisionnement. Dans cette section, nous voulions principalement comprendre de quelle manière les organisations sont structurées afin de réaliser la planification forestière et comment les acteurs fonctionnent au travers de celles-ci. Nous nous sommes aussi intéressés aux avantages et aux inconvénients qu’ils associent à cette organisation. La seconde section concernait les questions portant sur la collaboration dans les chaînes d’approvisionnement. Cette section suivait assez formellement le cadre théorique de Cao et Zhang (2013). Nous reviendrons plus en détail sur ce cadre théorique lorsque nous présenterons les grilles d’analyse (section 3.6). Pour terminer la description des guides d’entrevue, notons que la première section des guides d’entrevue a été adaptée au contexte organisationnel (présence ou absence de tierce partie). En effet, pour les cas d’étude sans tierce partie, nous avons plus particulièrement tenté de comprendre de quelle manière la planification forestière opérationnelle collaborative est réalisée sans le support d’une tierce partie. Nous avons également exploré les bénéfices potentiels de l’intégration de systèmes pour ces contextes de planification. Concernant la deuxième section des guides, celles-ci sont identiques pour tous les cas d’étude. Un exemple de guide d’entrevue avec tierce partie et un autre sans tierce partie figurent à l’annexe 1.

Nous avons mené 27 entrevues semi-structurées. Le détail de ces rencontres est présenté dans le Tableau 8. La colonne « organisation supplémentaire » souligne qu’une entrevue a été réalisée avec un BGA s’approvisionnant dans plusieurs régions. Le total de personnes rencontrées est supérieur au nombre d’entrevues puisque pour dix organisations, plusieurs personnes souhaitaient participer à l’entrevue. Baribeau et Germain (2010) expliquent que des entrevues de groupe s’avèrent moins

fertiles que des entrevues individuelles puisque les participants ont tendance à transmettre moins d’information personnelle que durant une rencontre individuelle. Toutefois, considérant notre unité d’analyse, les organisations qui participent à la planification forestière opérationnelle, nous avons choisi d’accueillir ces forestiers qui désiraient nous exprimer leur point de vue. En effet, malgré les potentielles altérations à la façon dont les planificateurs forestiers pourraient livrer leur message, notre unité d’analyse se situe au niveau des organisations qui participent à la planification forestière opérationnelle. Nous cherchions donc à obtenir la perspective de « l’organisation ». Par conséquent, rencontrer au même moment tous les forestiers intéressés à nous transmettre de l’information sur leur implication à la planification forestière opérationnelle s’avérait pertinent pour la recherche.

Tableau 8. Précisions sur les entrevues semi-structurées.

Cas I Cas II Cas III Cas IV Cas V Organisation

supplémentaire Total Occurrence du nombre de participants aux entrevues Un 5 4 1 4 2 1 17 Deux 0 1 3 1 2 0 7 Trois 1 0 1 0 0 0 2 Quatre 0 0 0 0 1 0 1

Total des personnes

rencontrées 8 6 10 6 10 1 41 Nombre d’organisations rencontrées 6 5 5 5 5 1 27 Durée des enregistrements (heures) 913 10 9 7 10 1 46

Les rencontres de groupe ont été réalisées après la complétion des analyses des entrevues semi- structurées. Ces rencontres avaient trois objectifs principaux : évaluer plus directement la performance de la planification forestière opérationnelle, valider notre compréhension de l’information collectée durant la première phase et récolter certaines informations jugées manquantes. Selon Baribeau et Germain (2010), l’entrevue de groupe est l’objet de plusieurs définitions allant du focus group à la discussion de groupe convergente, en passant par les groupes de discussion. Considérant cette latitude conceptuelle, nous avons développé nos rencontres de groupe comme une variante de l’entrevue semi-structurée. Nous avons ainsi formé des groupes à 13 Une entrevue n’a pas été enregistrée conformément à la demande des personnes rencontrées. Le temps

partir des frontières des cinq cas d’étude. Pour chaque cas, nous avons invité les participants des entrevues semi-structurées à y participer. Nous avons aussi offert aux planificateurs forestiers qui n’avaient pas participé à la première vague d’entrevues de se joindre aux rencontres de groupe. Nous avons donc tenu cinq rencontres de groupe. Les synthèses des analyses des entrevues semi- structurées ont été utilisées pour la confection des guides d’entrevue de groupe. Ces guides d’entrevue ne sont pas présentés en annexe en raison du nombre important de détails confidentiels concernant chaque cas d’étude. En lisant attentivement ces documents, il serait possible de compromettre l’anonymat des cas d’étude.

Ensuite, concernant le commentaire de Baribeau et Germain (2010) sur les limites des entrevues de groupe, Fern (2010) précise que dans une configuration avec des entrevues individuelles en première phase, il s’agit d’un design très fécond. De plus, nous avons choisi la rencontre de groupe en raison de deux principaux avantages. Il est d’abord possible d’avoir accès à un grand nombre de participants rapidement. Ensuite, les rencontres de groupe permettent de faire émerger certaines représentations sociales. Cet avantage nous a permis d’évaluer avec les participants les modèles d’interactions entre une tierce partie et les organisations qui participent à la planification forestière que nous avions développée. En groupe, les participants ont pu confirmer ou infirmer nos modèles d’interactions hypothétiques.

Finalement, en plus des entrevues semi-structurées et des rencontres de groupe, nous avons réalisé de l’analyse documentaire et fait de l’observation non participante lorsque possible. Nous avons ainsi parcouru différents documents de la littérature grise pour chaque cas d’étude. Les premiers documents à avoir été parcourus ont été les plans d’aménagement forestier intégré (PAFI). Par la suite, nous avons cherché des documents décrivant les organisations rencontrées, des études économiques ainsi que des mémoires portant sur le régime forestier de 2010. Il a aussi été possible d’observer deux rencontres de comités mixtes. Nous avons en fait réalisé l’observation non participante d’une rencontre du comité mixte pour deux cas d’étude (une observation dans deux cas d’étude pour un total de deux observations). Il a été intéressant d’assister en direct aux différents échanges. Nous avons pu ainsi obtenir une perspective authentique de leurs interactions. Malheureusement, l’accès à ces rencontres n’a pas été possible pour tous les cas d’étude.