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3.4 Échantillon

3.4.1 L’échantillonnage

L’échantillonnage en recherche qualitative ne doit pas être abordé de la même manière qu’en recherche quantitative. Il existe une distinction entre la représentativité d’un phénomène social et le concept de représentativité statistique (Gobo, 2004). En recherche quantitative, le chercheur est souvent préoccupé par la généralisation statistique du comportement d’un groupe étudié (l’échantillon) vers sa population. En recherche qualitative, c’est plutôt la généralisation de la nature du processus étudié qui préoccupe le chercheur. En d’autres mots, en recherche qualitative les observations sur le terrain alimentent une réflexion théorique, mais elles ne permettent pas d’établir un ensemble de relations statistiques entre l’échantillon et la population.

Gobo (2004) propose dans cet ordre d’idée que la généralisation soit basée sur l’idée de représentativité sociale. L’objectif est de miser sur une observation détaillée des relations entre les « variables », plutôt que de viser une évaluation numérique des sujets portant ou non la ou les caractéristiques étudiées. Par conséquent, la généralisation devient un résultat pratique et contingent, liée à la variabilité du sujet de recherche, et non à l’exercice de règles mathématiques statistiques.

Ainsi, conséquemment avec notre stratégie de recherche et nos objectifs, nous avons réalisé un échantillonnage comparatif et théorique (Patton, 2015). Notre échantillonnage vise donc, d’une part, à sélectionner des cas qui seront comparés de manière à étudier les similarités et les différences significatives entre ceux-ci et ainsi produire des explications qui répondront à la question de recherche et aux objectifs fixés. D’autre part, comme mentionné à la section 3.2, nous suivons une approche déductive de recherche. Notre échantillonnage vise alors également à sélectionner des cas qui représentent adéquatement des manifestations des construits théoriques à l’étude.

Nous avons donc établi des critères d’échantillonnage à partir de notre revue de la littérature dans le but de comparer les cas d’étude entre eux. Ces critères ont été formulés en se basant sur deux concepts théoriques principaux : la littérature associée à l’intégration de systèmes et au concept de Fournisseur-Intégrateur ainsi que la littérature qui porte sur la collaboration dans les chaînes d’approvisionnement. De plus, il faut ajouter que notre unité d’analyse sous-entend une composante territoriale intrinsèque. En effet, l’exercice de la planification forestière est lié à son contexte territorial spécifique. Nous avons donc ajouté un critère « territorial » à nos critères comparatifs et théoriques : la variabilité régionale des forêts du Québec. Ces trois critères d’échantillonnage sont présentés dans les prochains paragraphes.

3.4.1.1 Structure organisationnelle : intégration de systèmes

Dans les travaux d’Azouzi et al. (2011, 2012), des initiatives d’intégration de systèmes avaient déjà été identifiées au Québec et ailleurs dans le monde. Elles avaient alors été décrites, mais n’avaient toutefois pas été l’objet d’une étude empirique. Dans le cadre de cette thèse, nous sommes intéressés par l’étude de différents types de tierces parties qui jouent le rôle d’intégrateur-système dans la planification forestière opérationnelle collaborative. Nous visons donc à obtenir un gradient d’intégration de systèmes variant de l’absence d’une tierce partie à une grande implication de la tierce partie dans la planification forestière de manière à saisir les différents apports de l’intégration de systèmes à la planification forestière.

Il faut ajouter que nous avons saisi l’opportunité d’observer une tierce partie qui participe à la planification forestière dans la province de l’Ontario. Ces observations venaient adéquatement compléter celles réalisées au Québec puisque la tierce partie observée en Ontario est très impliquée

à la planification forestière, comparativement à ce que nous avons vu au Québec. D’un point de vue méthodologique, la sélection d’un cas d’étude dans cette région n’est pas problématique puisque les forêts sont très similaires à celles du Québec. Le tissu industriel de cette province ressemble également à celui du Québec. Finalement, bien que le processus de planification ontarien soit différent, les principes fondamentaux demeurent similaires.

3.4.1.2 Collaboration dans les chaînes d’approvisionnement

La qualité de la collaboration constitue un autre critère d’échantillonnage. La littérature propose différents éléments pour juger de la collaboration dans une chaîne d’approvisionnement. Nous avons choisi d’utiliser le cadre conceptuel de Cao et Zhang (2013) pour guider cette portion de l’échantillonnage. Nous expliquerons plus en détail à la section 3.6 les raisons ayant motivé le choix de ce cadre conceptuel. Pour le moment, de la même manière que pour le critère d’échantillonnage précédent, nous cherchons des cas d’étude avec une variation du niveau de collaboration. Ce critère d’échantillonnage est cependant plus difficile à évaluer a priori. Préalablement aux entrevues semi- structurées, nous avons donc questionné quelques forestiers sur leurs perceptions du niveau de collaboration dans différentes régions du Québec. Nous avons ainsi été en mesure d’identifier certaines régions qui offraient un gradient intéressant de collaboration. Ce n’est toutefois qu’après nos entrevues semi-structurées que nous étions en mesure de valider le niveau de collaboration. Le processus itératif de sélection qui sera présenté à la sous-section 3.4.3 s’est avéré particulièrement utile pour cette portion de la recherche. Nous avons ajusté en cours de route la sélection des cas d’étude afin d’avoir un échantillon qui d’une part, offrait différents niveaux de collaboration, et d’autre part répondait adéquatement aux autres critères d’échantillonnage. Pour terminer, nous avons aussi porté une attention au nombre d’usines par territoire étudié. Il semble que l’ampleur des défis de collaboration soit proportionnelle au nombre de BGA participant à la planification collaborative. Nous y reviendrons dans les chapitres 4, 5 et 6.

3.4.1.3 Variabilité régionale des forêts du Québec

Dans une perspective de production de bois, les forêts du Québec possèdent une certaine variabilité régionale. Les peuplements du sud de la province sont favorisés par une température plus clémente,

ce qui permet entre autres l’existence d’un plus grand nombre d’espèces ainsi qu’un taux accroissement plus élevé. Les régions plus au nord n’ont pas cette diversité d’espèce ni ces taux d’accroissement. On y retrouve majoritairement des essences résineuses comme le sapin et l’épinette. Ces caractéristiques biologiques ont un impact sur le nombre de produits qu’il est possible de produire à partir des forêts. On peut résumer que lorsqu’il y a plusieurs essences d’arbre, on peut s’attendre à d’obtenir davantage de produits différents et on peut donc penser qu’il est envisageable de retrouver davantage de types d’usines. On peut également supposer que dans les régions où il y a davantage d’usines, il devrait y avoir davantage d’interactions entre les planificateurs. Nous avons donc considéré la localisation des cas d’étude afin d’avoir une représentation adéquate de cette diversité « bio-industrielle ».