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3.6 Technique d’analyse

3.6.3 Conduite des analyses qualitatives

Cette sous-section intègre les notions présentées aux sections précédentes du chapitre afin d’expliquer de quelle manière les informations collectées ont été analysées.

3.6.3.1 1ère vague d’entrevue : Entrevues semi-structurées (mars 2015 à février 2016)

Durant cette première vague d’entrevues, nous avons réalisé les entrevues semi-structurées. Rappelons que les guides d’entrevue ont été développés à partir d’éléments théoriques provenant

de la revue de la littérature. En outre, des analyses préliminaires ont été réalisées après la complétion de chaque cas d’étude. Ces analyses préliminaires visaient notamment à obtenir un échantillon adéquat pour réaliser nos analyses. Concrètement, nous avons formulé certains constats à partir de nos notes d’entrevue et d’écoutes des enregistrements. De plus, cette première exploration des données nous a permis d’évaluer si le niveau de collaboration des cas d’étude correspondait à la diversité de niveau de collaboration que nous désirions étudier. Nous avons complété le Tableau 7 de la section 3.4.4 avec cette première analyse. La constitution d’une base de données a aussi été entamée. Nous avons regroupé les enregistrements avec les différents documents répertoriés à partir de la littérature grise.

3.6.3.2 Analyses post entrevues semi-structurées (mars 2016 à septembre 2016)

Dans un premier temps, les entrevues semi-structurées ont été transcrites pour être analysées. Ces transcriptions ont été ajoutées à la base de données. Ensuite, face à la grande quantité d’information collectée, un premier classement a été effectué. Schnapper (2005) explique qu’une telle « réduction pragmatique » permet d’assurer qu’aucun élément n’a été oublié et d’expliciter certains constats initiaux. Ce premier classement a été réalisé avec le support du logiciel NVivo. Plus concrètement, nous avons parcouru l’ensemble des transcriptions et avons « codé » des portions d’entrevue. Autrement dit, nous avons classé l’information des entrevues semi-structurées selon de grands thèmes liés aux guides d’entrevue (p. ex. : « collaboration », « confiance », « partage d’information », « planification forestière »). Nous avons également classé de l’information rejoignant d’autres thèmes qui ne faisaient pas partie des catégories de nos grilles d’analyse (grilles qui seront présentées à la sous-section 3.6.4) (p. ex. : « certification » et « responsabilité et imputabilité »). La liste complète des codes est présentée à l’annexe 3. Il y a donc eu, pour reprendre les termes de Yin (2011), un premier effort de désassemblement et réassemblent des données (étapes 2 et 3, section 3.6.2). En effet, chaque dossier associé à un code est constitué d’extraits d’entrevues de l’ensemble des cas d’étude et qui se réfèrent à la nature de ce code. La constitution de ces dossiers facilite les analyses à venir.

La seconde étape a été l’utilisation des grilles d’analyse. Liées aux guides d’entrevue, ces grilles d’analyse découlent d’informations tirées de la revue de la littérature. En effet, conformément avec

notre approche déductive, nous avons retenu des cadres théoriques pour analyser les données. Ces grilles sont donc composées de facteurs théoriques provenant des cadres théoriques retenus. Nous avons alors passé au peigne fin les extraits d’entrevue codés au premier classement. Plus précisément, nous avons regardé les cas d’étude selon chacun des angles des grilles d’analyse. Nous voulions dégager de quelle manière se comporte les cas d’étude par rapport aux facteurs théoriques qui composent les grilles d’analyse retenues. Des explications pour chaque facteur théorique des grilles d’analyse ont été produites pour chaque cas d’étude. Ces explications ont pris la forme de mémos. En recherche qualitative, les mémos correspondent à un « journal de bord » à l’intérieur desquels l’ensemble des réflexions menées durant l’analyse sont rédigé. Ils comprennent notamment des passages d’entrevues, des notes d’analyse, des schémas. Ils permettent aux chercheurs d’articuler leurs réflexions. Les mémos s’avèrent aussi indispensables durant le processus d’analyse itératif ; ils permettent de revenir aux réflexions passées.

Durant cette période d’analyse, nous avons également comparé les données d’entrevue avec les différents documents répertoriés dans la littérature grise. Le résultat de cette première phase d’analyse est une synthèse présentant l’état de chaque facteur théorique des grilles d’analyse pour chacun des cas d’étude. Il s’agit d’une première interprétation formelle du phénomène à l’étude pour nos trois premiers objectifs de recherche (étape 4, section 3.6.2). En outre, il est important de préciser que nous avons constaté à ce moment qu’il manquait certaines informations, notamment des précisions sur la performance de la planification. Une attention particulière a été portée sur ces aspects durant la 2e vague d’entrevue.

3.6.3.3 2e vague d’entrevue : Rencontres de groupe (octobre 2016 à janvier 2017)

Rappelons que les formulaires des rencontres de groupe ont été développés à partir des synthèses des cas d’étude. Ces formulaires sont également basés sur les grilles d’analyses. Comme mentionné précédemment, nous cherchions à évaluer plus directement la performance de la planification forestière opérationnelle, valider notre compréhension de l’information collectée durant la première phase et récolter certaines informations jugées manquantes pour atteindre les objectifs fixés. Les observations non participantes ont aussi été réalisées à cette étape. Les notes d’observation ont été ajoutées à la base de données. Concernant les enregistrements des rencontres de groupe, des

comptes rendus ont été produits à la suite d’écoutes ultérieures. Les enregistrements et les comptes rendus ont aussi été ajoutés à la base de données.

3.6.3.4 Analyses post rencontre de groupe (février 2017 à décembre 2018)

À partir de ces nouvelles données, nous avons d’abord bonifié les synthèses des cas d’étude. Nous avons ainsi pu préciser de quelle manière se comportent les cas d’étude par rapport aux facteurs théoriques des grilles d’analyse. Par la suite, conformément à notre technique d’analyse, nous avons réalisé des comparaisons et des itérations afin de répondre à la question de recherche selon les perspectives des trois premiers objectifs de recherche, c’est-à-dire les perspectives systémique, sociologique et informationnelle. Plus précisément, nous avons d’une part comparé les particularités des différents cas d’étude entre eux. D’autre part, nous avons confronté nos explications entre les différentes sources de données (entrevues semi-structurées, rencontres de groupe, documents et observations non participantes) ainsi qu’entre les différents niveaux d’agrégation (données brutes et données agrégées par code du premier classement). Ces comparaisons visaient à valider les explications dégagées. Par ailleurs, cet exercice d’analyse s’inscrit dans les fondements de l’herméneutique. L’herméneutique est décrite par Paillé et Mucchielli (2012) comme une théorie et une pratique de la compréhension et de l’interprétation. Ces auteurs ajoutent que « la compréhension et l’interprétation sont au cœur de l’analyse qualitative, et aucune tradition philosophique ne cerne mieux l’économie du comprendre et la pratique de l’interprétation que l’herméneutique. » (2012, p. 103). En effet, l’herméneutique consiste à l’interprétation de textes dans leur contexte historique et particulier. Le chercheur réalise ainsi une opération de réflexivité qui vise non seulement à prendre compte de la position de ce dernier vis-à-vis de l’objet d’étude, mais également à faire la part des choses face à l’ensemble du matériel à analyser. Paillé et Mucchielli (2012) précisent dans cet ordre d’idée que la relation entre le sujet-analyste (le chercheur) et le matériel à analyser exige alors l’établissement d’une relation constituée « d’allers-retours entre le tout et les parties, d’échanges entre l’analyste et le texte, de dons de sens de la part de l’interprète et de résistances de la part du réel, de découvertes et de constructions, nées du passé et arrivant de l’avenir, legs d’une communauté mais aussi contribution à celle-ci » (p. 115). C’est au cours de cette démarche caractérisée notamment par de multiples allers-retours entre la lecture attentive des données provenant de l’enquête terrain et la production d’explication théorique qui nous a permis de

produire les résultats des chapitres de développement. De nouveaux mémos ont été rédigés durant cette période afin de supporter cet exercice d’analyse et de réflexion.

Les résultats sont présentés aux sous-sections 4.3, 5.3 et 6.3 des chapitres 4, 5 et 6. Ces sections sont constituées d’une portion descriptive qui explique en détail pour chaque cas d’étude de quelle manière se comportent les acteurs pour chaque facteur théorique. Ensuite, des tableaux synthétisent ces résultats. Ces tableaux contiennent aussi des signes « + » qui expriment le résultat de notre exercice de comparaison entre les cinq cas d’étude. Ces signes indicatifs de la « performance » pour chaque facteur théorique sont valables uniquement dans cet exercice de comparaison entre les cas. En d’autres mots, ils représentent une appréciation « relative » de la performance de chaque facteur entre les cinq cas d’étude. Par conséquent, cinq signes « + » représentent une atteinte « très bien » du facteur, tandis qu’un seul signe « + » représente une évaluation plutôt faible du facteur en comparaison avec les autres cas d’étude.

Finalement, c’est aussi au cours de cette période d’analyse que nous avons confronté nos explications à la littérature. Ces comparaisons ont permis de discuter les résultats présentés aux sections 4.3, 5.3 et 6.3. Ces discussions sont présentées aux sections 4.4, 5.4 et 6.4. Ces sections offrent les réponses à la question de recherche selon les perspectives systémique (chapitre 4), sociologique (chapitre 5) et informationnelle (chapitre 6). Pour terminer, la Figure 13 schématise la conduite de nos analyses.

Figure 13. Schéma synthétisant la collecte de données et les analyses.