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Médiation culturelle

Dans le document Liste des figures et des tableaux (Page 20-23)

1. Problématique

1.2 État de la question

1.2.2 Médiation culturelle

Il existe plusieurs concepts pour décrire le rapport communicationnel entre le musée et ses publics, tel qu’éducation, interprétation et même action culturelle. Dans le cadre de ce mémoire, nous retenons le concept de médiation pour son potentiel plus universel, pouvant se manifester de différentes façons dans les musées et la culture, telles que l’éducation, l’architecture, et les objets.

Dans le chapitre sur ce concept, nous nous intéressons plus particulièrement à la médiation culturelle qui sera décrite en faisant appel à des auteurs s’étant intéressés à la médiation en contexte muséal.

Selon Chaumier et Mairesse, les origines de la médiation en Occident résident chez les philosophes précepteurs des princes et rois. Il s’agissait des premières techniques d’éducation, de transmission

du savoir afin de guider un élève vers la connaissance, à son rythme et dans le cadre d’une relation privilégiée.

Cette source est marquée par la dialectique de la tradition socratique. Érigeant l’art du dialogue comme manière de raisonner et de s’élever à la connaissance sensible et à la connaissance intelligible, il s’agit de mieux comprendre, et d’abord de mieux se comprendre. (Chaumier et Mairesse, 2013 : 65-66)

Le but est alors de comprendre au lieu de croire, et ce, par le dialogue, par l’art de la parole, le médiateur étant un orateur (Ibid.).

Le terme médiation est souvent associé au domaine juridique. Chaumier et Mairesse évoquent l’appel à un médiateur dans le cadre d’un conflit armé et soulignent que le terme de médiation est utilisé en droit pour désigner le processus par lequel deux parties adverses tentent de régler un litige à l’amiable à l’aide d’un tiers neutre. Lacerte décrit ces manifestations ainsi :

Les médiations sociales sont les plus connues. Elles englobent les médiations publiques d’ordre juridique, syndical et international, les médiations privées entre des individus (médiations conjugales et familiales) mais aussi celles qui opposent des individus et des groupes. Toutes ces médiations évoquent la notion de conflit où un middle man est appelé à résoudre les litiges par des stratégies de compromis pouvant possiblement mener à des ententes mutuelles. (Lacerte, 2007b : 11)

La création de « conditions d’une vraie relation de communication » (Chaumier et Mairesse, 2013 : 72) est fondamentale dans un processus visant à rapprocher des parties en situation de conflit. Dans ce genre de situation, il y a une incompréhension de l’Autre menant à une impasse dans la résolution de problèmes. La compréhension et l’acceptation de l’Autre sont perçues comme une perte de soi se manifestant, entre autres, par un refus de dialogue. La médiation est considérée comme étant utile afin de rétablir un rapport communicationnel avec l’introduction d’un tiers neutre.

Le Dictionnaire encyclopédique de muséologie décrit la médiation en milieu muséal comme étant l’implication d’un tiers, souvent issu de la fonction éducative, dans la relation entre les objets et les visiteurs afin de favoriser la compréhension de l’Autre, son appropriation, son partage. L’ouvrage considère la médiation comme étant une stratégie de communication à caractère éducatif contemporaine :

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Il s’agit donc d’une stratégie de communication à caractère éducatif qui mobilise autour des collections exposées des technologies diverses, pour mettre à la portée des visiteurs des moyens de mieux comprendre certaines dimensions des collections, et de partager des appropriations. (Desvallées et Mairesse, 2011 : 216)

La médiation est donc une stratégie de communication portant sur l’ensemble des représentations symboliques définissant l’identité d’un individu ou d’une collectivité et qui, dans le cadre muséal, implique la rencontre d’entités distinctes dans le but de réduire l’espace qui les sépare et les maintient dans l’incompréhension, au sens propre comme au figuré (Montpetit, 2011). Aussi, Montpetit souligne que le concept est non seulement fondé sur les besoins des visiteurs, mais aussi sur sa volonté de participer à l’appropriation des témoins matériels et immatériels de l’humanité par eux. En effet, il les considère comme étant indispensables pour se connaître soi-même, car une véritable connaissance de soi ne peut se faire sans une médiation avec l’Autre. La médiation se veut être davantage qu’une simple approche, elle est synonyme de transformation du musée-temple décrit par Cameron (Cameron, 1992) en musée-espace-public :

[…] ceux qui prêchent pour l’accessibilité à tous, et notamment envers ceux qui ne disposent pas des codes culturels préalables, vont entendre transformer le lieu par le recours aux médiations et à la pleine reconnaissance du musée comme espace public.

Même si des préalables existent, c’est au cours des quarante dernières années qu’une montée en puissance des services d’animation et de mise à disposition du musée comme espace de vie, voire comme espace communautaire de dialogues va s’imposer.

(Chaumier, 2011a : 103)

Enfin, l’éducation n’est pas synonyme d’inclusion sociale, alors que la médiation culturelle, par ses caractéristiques principales, s’adapte à tous les publics dans un souci d’accessibilité intellectuelle, physique et économique (Ibid.).

Selon Chaumier et Mairesse, la sociologie considère la culture comme étant essentielle à la

compréhension globale de l’Autre. Les auteurs soulignent les propos de Pierre Bourdieu, selon qui, pour que la communication puisse s’établir, les deux parties doivent utiliser le même langage et avoir le même bagage culturel pour décoder le message. Suite à ses études concluant que les capacités communicationnelles des individus et le facteur économique ne suffisent pas à expliquer les

différences entre individus et les groupes sociaux d’une même société, Bourdieu propose le concept de capital culturel pour compléter les capitaux économique et symbolique. « Ce capital culturel

résulte d’une socialisation, largement inconsciente, qui colporte des valeurs, des références et des représentations qui orientent et conditionnent la manière de se situer dans la société. » (Chaumier et Mairesse, 2013 : 83) Aussi, Chaumier et Mairesse soulignent le travail de l’interprète pouvant entrer dans ce type d’origines de la médiation, puisqu’ il « […] convient de mettre en relation des cultures différentes, hétérogènes, éloignées. » (Ibid. : 84)

Dans le cadre de cette recherche, l’intérêt de la communication est non seulement élargi au-delà de l’exposition seule, mais porte son attention plus spécifiquement sur les pratiques éducatives qui sont aussi utilisées comme média. Dans une réflexion plus globale, l’ensemble des outils de

communication déployés par le musée sera abordé dans le chapitre portant sur la médiation. Le questionnement de cette recherche, puisant ses sources dans la vocation sociale des musées, concentre sa réflexion autour de la fonction éducative en raison du but recherché par cette action, soit de développer l’être humain et ses facultés. Toutefois, le concept de médiation culturelle sera privilégié dans les chapitres suivants, par opposition au terme éducation. Cela permettra non seulement de discuter plus largement d’éducation muséale en tant que média et de réfléchir sur le rôle du médiateur, mais aussi d’adopter une approche théorique centrée sur l’accessibilité du musée pour tous.

Dans le document Liste des figures et des tableaux (Page 20-23)