C OMPORTEMENT THERMO - HYDRO - MECANIQUE DES MATERIAUX CIMENTAIRES
II.6 Loi de comportement thermo-poro-élastique (approche micro )
p = pl -Sl pg - pl -U (2.85)
Dans cette expression U lénergie libre des interfaces, représente la contribution des effets de tensions superficielles qui devient de plus en plus prépondérante lorsque lhumidité relative diminue :
( )
=
ò
S1l c l lU p S dS (2.86)
Les auteurs montrent que la prise en compte de ce terme peut rendre compte des effets de lénergie de surface sur le retrait de séchage des matériaux cimentaires. Notons que certains auteurs obtiennent les relations de compatibilité à partir de raisonnements micromécaniques. Ce sera lobjet de la section suivante. Les différents modèles présentés ci-dessus supposent que le squelette solide du milieu poreux est homogène. Dans le cas des matériaux cimentaires fortement hétérogène avec un caractère multi-échelle, il est difficile de mettre en uvre ce genre de modèles pour estimer les propriétés poro-élastiques quand on sait par exemple que le coefficient de compressibilité de la phase solide ks intervient directement dans les différentes expressions. Une alternative à ce type de modèles est lapproche micromécanique et qui a été privilégiée dans cette étude. Il sagit dincorporer à léchelle macroscopique des informations dont on dispose au sujet de la microstructure et de la physique se jouant à léchelle microscopique. Un des intérêts de lapproche réside dans le fait que les formulations macroscopiques homogénéisées sont établies en considérant les constituants de base du milieu poreux et en estimant de façon plus réaliste leurs interactions compte tenu de leurs dispositions, formes, orientations etc .
II.6 Loi de comportement thermo-poro-élastique (approche micro )
Lapproche micromécanique vise à déduire à partir dinformations sur les différentes phases constitutives du matériau à une échelle quon qualifie de microscopique, les propriétés homogénéisées du matériau à une échelle qui elle est macroscopique. Il sagit dune substitution des propriétés locales par des propriétés moyennes ou équivalentes. Cette démarche de manière générale se décline en trois phases : la représentation du volume élémentaire représentatif du matériau qui permet de bien séparer les deux échelles, la localisation qui est la résolution du problème posé sur les frontières du volume élémentaire et enfin lhomogénéisation des propriétés effectives du matériau.
69 II.6.1. Représentation : notion de VER
La démarche micromécanique repose sur la définition dun volume élémentaire représentatif VER du matériau hétérogène. Il sagit du volume qui représente le mieux possible les informations issues de la microstructure du matériau (mécanismes locaux, morphologie et orientation des différentes phases constituantes, etc. ) mais malgré tout suffisamment simple pour permettre une résolution du problème posé. Le choix de ce volume élémentaire représentatif doit répondre aux conditions de séparation déchelles. Dans le cas dun milieu aléatoire on différencie trois longueurs caractéristiques : L est la longueur caractéristique de la taille de la structure ou de louvrage étudié, l la longueur caractéristique du VER et d la longueur caractéristique de la taille des hétérogénéités. Pour que la méthode dhomogénéisation puisse être valable, lordre de grandeur de la longueur caractéristique du VER doit satisfaire les deux conditions suivantes :
- l est suffisamment petit devant L de façon à garantir que le matériau homogène équivalent défini à léchelle macroscopique puisse être traité comme un milieu continu sur lequel les outils classiques de différenciation et dintégration sont applicables et sur lequel on est en mesure de déterminer les champs de contraintes et de déformations.
- l est suffisamment grand devant la taille des hétérogénéités ou des pores, ce qui confère au VER son caractère représentatif de la statistique des hétérogénéités et permettant ainsi de caractériser son comportement par une loi homogène.
En résumé les deux conditions sécrivent : d ll LL. Ces deux conditions sont illustrées sur la Figure 2.8.
Figure 2.8 : Différentes échelles caractérisant la structure et son matériau constitutif
II.6.2. Localisation
Lorsque le VER est défini, la seconde étape du processus est la « localisation ». Il sagit ici dobtenir les relations entre les grandeurs microscopiques et macroscopiques par la résolution du problème posé sur le domaine W occupé par le VER. Deux sortes de conditions aux limites sont possibles à imposer : les conditions aux limites homogènes en déformation et les conditions aux limites homogènes en contrainte.
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II.6.2.1 Conditions aux limites en déformation
Dans ce cas on impose sur le contour ¶W du VER le champ de déplacement affine
( )
=u x E . x avec E la déformation macroscopique homogène et u x
( )
le champ de déplacement local. Léquilibre du domaine devant être assuré en labsence des forces de volumes, on a (Dormieux et al. 2006) : spatiale des déformations locales induites par le champ de déplacement appliqué. En se plaçant dans le cadre de lélasticité linéaire, le problème de localisation posé sur W est le suivant :( ) ( ) ( ) ( )
( )
x est le tenseur dordre 4 délasticité dans le domaine W. Le problème est linéaire et admet une solution unique. Le champ de déformation e associé au champ de déplacement dépend linéairement de la déformation macroscopique E sous la forme :( )
x =( )
x :E " ÎWxe
( ) ( ) ( ) ( )
x :x : (2.91)est un tenseur du quatrième ordre appelé tenseur de localisation en déformation. En utilisant léquation (2.89) on montre aisément que sa moyenne dans tout le VER est le tenseur identité dordre 4 :
== (2.92)
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Par ailleurs il dépend de la position x dans le domaine W et possède les propriétés de symétrie mineures c'est-à-dire ijklijkl == jikljikl == ijlkijlk == jilkjilk. Par contre la symétrie majeure nest pas assurée :
ijkl ¹¹ klij ijkl ¹ klij.
II.6.2.2 Conditions aux limites homogènes en contrainte
Ici on impose sur la frontière ¶W une condition en effort Tdtel que Td = × n. est le tenseur des contraintes macroscopiques de Cauchy et n le vecteur normal unitaire extérieur au domaine.
En appliquant le théorème de Gauss on trouve de la même manière que dans le cas des conditions aux limites en déformation que la contrainte macroscopique est la moyenne spatiale des contraintes locales induites par leffort appliqué sur le contour ¶W soit :
1
( )
W x d
= W =
W
ò
s s (2.93)
De manière analogue au cas des conditions homogènes en déformations le problème posé sur le VER sécrit :
avec
( ) ( )
xx le tenseur de souplesse microscopique. La linéarité du problème permet de relier la contrainte à chaque point x à la contrainte macroscopique par la relation suivante :( )
x =( )
x : s
( ) ( )
x : (2.95)est le tenseur dordre 4 de localisation en contraintes et possède les mêmes caractéristiques que le tenseur (symétrie mineure et absence de symétrie majeure) :
== (2.96)
II.6.3. Homogénéisation
Il sagit ici de déterminer lexpression du comportement moyen du milieu équivalent. Pour cela deux approches sont envisageables : lapproche directe et lapproche énergétique. Introduisons tout dabord le lemme de Hill-Mandel.
II.6.3.1 Lemme de Hill-Mandel
Soient un champ de contrainte statiquement admissible (div
(
s( )
x)
=0 dansW) et e( )
x unchamp de déformation cinématiquement admissible. Si ces deux champs, non nécessairement
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associés, vérifient la condition de contrainte homogène au contour ou déformation homogène au contour, alors on a :
Linterprétation mécanique est que la moyenne spatiale du travail des efforts internes microscopiques correspond au travail macroscopique.
II.6.3.2 Approche directe
La loi de comportement à léchelle microscopique permet décrire pour les deux sortes de conditions aux limites en déformation :
( )
x =( ) ( )
x : x =( )
x :( )
x :Es
( ) ( ) ( ) ( ) ( )
x :x :eeeeeeee( )
xxx( ) ( )
x :( ) ( )
x :E (2.99) et en contraintes :( )
x =( )
x :( )
x =( ) ( )
x : x :e