Cette partie concerne lapplication de lapproche micromécanique aux milieux poreux saturés et partiellement saturés. Ceci a fait lobjet de plusieurs études dans la littérature notamment (Bourgeois 1997; Chateau et Dormieux 1998; Dormieux et al. 2002; Dormieux et al. 2006; Giraud et al. 2007). Les équations du comportement thermo-poro-élastique présentées précédemment sont établies en sappuyant sur les outils classiques de la thermodynamique des milieux continus.
Dans cette section on vise à déterminer ces mêmes équations par homogénéisation. La démarche consiste par un changement déchelle à caractériser le comportement effectif macroscopique du milieu poreux à partir de lexploitation des informations issues de léchelle microscopique.
II.7.1 Conditions saturées
On se place dans le cas dune condition aux limites en déformation homogène. On considère un VER constitué dune phase solide élastique linéaire Ws et de la porosité Wp telle que
s p
W = W ÈW . On suppose que la frontière ¶W du VER est constituée uniquement de la phase solide. On sintéresse particulièrement à la part du comportement liée aux déformations du squelette et non pas aux phénomènes de transport de la phase liquide par rapport au squelette solide. On représente les efforts intérieurs dans le fluide par un champ de pression uniforme et on néglige les contraintes visqueuses et les fluctuations de la pression de fluide p. La formulation du problème (P) sécrit :
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où Gsl désigne linterface entre la phase solide et liquide et n la normale unité sortant du solide.
La connectivité du réseau poreux est prise en compte par le fait que la pression du fluide p est considérée comme un paramètre de chargement indépendant. On peut réécrire la loi de
Cette contrainte sp peut donc être interprétée comme une « précontrainte » dans les pores. On rappelle que lon veut exprimer la loi de comportement macroscopique, i.e. la relation entre
Ce problème nest autre que le problème classique dhomogénéisation présentée dans la section II.5. La déformation microscopique est reliée à la déformation macroscopique par la relation :
( )
x( )
x :E¢ = ¢
e
( ) ( ) ( )
x :EE¢ (2.164)La contrainte macroscopique correspondant sécrit :
( ) ( )
x : x W :E hom :E¢= ¢ = ¢= ¢
S s
( ) ( ) ( ) ( ) (
x :x :) ( ) ) ( )
xx W ::EEEEE¢ hom :EE¢ (2.165)avec homhom le tenseur délasticité homogénéisé.
2- Le second problème est celui où on considère uniquement la précontrainte sp
(
E=0 :)
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Léquation (2.168) permet alors décrire :
( ) ( )
W( ) ( ) ( )
W( ) ( )
WEn utilisant lexpression de la précontrainte de léquation (2.162), on a :
( )
macroscopique nulle :S¢¢ = -pB. On obtient donc pour le tenseur de Biot la relation :( )
Cest la première équation détat de la poro-élasticité. Lorsque la phase solide est isotrope on a
=3 +2
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avec Ash la composante hydrostatique du tenseur de localisation de la déformation de la phase solide : ==AAshsh ++++AAAAsdsd .
Pour obtenir la seconde équation détat du milieu poreux, on utilise la variation de la porosité lagrangienne dans les deux problèmes (P) et (P). Elle sécrit de manière générale :
f f- 0 =f0tr e Wp (2.174)
et comme e e= ¢+e¢¢ on a f f- 0 =f0
(
tr e¢ Wp +tr e¢¢ Wp)
.Dans le problème (P) la combinaison des équations (2.164) et (2.171) donne :
1 1 B E
p p
: : :
f0 e¢ W =f0 WW =BBB: (2.175)
Ensuite dans le problème (P) la moyenne volumique de la déformation macroscopique sur W étant nulle on peut écrire :
( )
p s
f0 e¢¢ W = - -1 f0 e¢¢ W (2.176) où e¢¢ Ws est la moyenne volumique de la déformation sur la phase solide. Le comportement élastique de cette phase solide permet décrire :
(
1-f0)
¢¢ Ws = -(
1 f0)
s : ¢¢ Wss En combinant cette dernière relation avec léquation (2.177) on obtient :( )
1 p 1 1 B
: p : s :
f0 e¢¢ W = s :
(( ( ( (
-fff00111+ (2.179) Finalement la variation totale de porosité peut sécrire sous la forme :B E p
Dans le cas dune matrice homogène et isotrope le module de Biot du squelette solide prend la forme :
94 constitué dune phase liquide et dune phase gazeuse. La particularité de cette configuration réside dans les tensions de surface générées par linterface liquide/gaz. Ces tensions de surface sont connues pour impacter le comportement macroscopique et sont prises en compte explicitement dans ce paragraphe. Les tensions de surface en loccurrence liquide/solide existent aussi dans le cas du matériau saturé mais sont souvent négligées pour des raisons pratiques. Dans le domaine poreux Wp on distingue la partie occupée par la phase liquide Wlpet celle occupée par la phase gazeuse Wgp. On note pl la pression de la phase liquide et pg la pression de la phase gazeuse.
La configuration initiale est celle du matériau saturé et caractérisée par une contrainte macroscopique nulle S= pl =0. Les contraintes microscopiques s0s dans la phase solide dans cette même configuration initiale ne sont donc pas nulles puisquelles sont équilibrées par les tensions qui sexercent sur linterface liquide/solide gsl (Dormieux et al 2004) :
(
1)
dans les pores sécrit (Dormieux et al 2004) :( ) ( ) ( )
linterface Ga. Cette dernière équation peut se réécrire sous la forme :( ) ( ) ( )
La décomposition du problème en sous problèmes élémentaires comme dans le cas du problème du matériau saturé conduit à lexpression suivante de la précontrainte macroscopique :
95 droite de cette dernière équation est nulle et on a :
( )
avec Bg et Bl respectivement les tenseurs de Biot gazeux et liquide du milieu poreux :
( ) ( )
B 1 p B 1 p
g l
g =fg :
( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )
x Wppp et B B BBBBBBBllll =ffllllllllll11::( ) ( ( )
xx WWp (2.189)Finalement on peut écrire comme dans le cas du matériau saturé la loi de comportement sous la forme :
ou de manière équivalente sous la forme :
( )
avec Bg le tenseur de Biot du milieu partiellement saturé. On remarque quen négligeant le terme associé aux tensions de surface on retrouve lexpression de la contrainte effective de Bishop comportement présentée dans la section précédente.
II.8 Conclusion
Nous avons à travers ce chapitre tout dabord montré la complexité des phénomènes intervenant dans les problèmes THM pour les matériaux cimentaires. Un grand nombre de paramètres et grandeurs physiques interviennent dans les équations, et ceux-ci varient généralement en fonction des variables détat du système. Lidentification expérimentale de ces paramètres est souvent couteuse et nest souvent possible quà un degré de précision relativement faible. Lapproche
« macro » basée sur la thermodynamique des processus réversibles permettant didentifier un certains nombre de paramètres du couplage THM à savoir le coefficient de Biot et le module de Biot a été exposée. La seconde approche qui consiste à utiliser les informations de la microstructure du matériau et den déduire à travers des techniques dhomogénéisation les
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propriétés macroscopiques du matériau a également été abordée. Cest cette dernière approche que nous avons adoptée dans la modélisation proposée dans le chapitre suivant. Elle est totalement liée aux schémas dhomogénéisations choisis. Cest en cela que nous avons passé en revue les schémas qui sont fréquemment utilisés dans le cadre de lhomogénéisation des matériaux cimentaires. Une analyse comparative entre ces schémas a ensuite été faite permettant de discriminer ceux qui seraient à priori les plus adaptés à notre cas détude.
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